Entreprendre Pour Apprendre pousse les jeunes à expérimenter entrepreneuriat et transition écologique

Avec les « Mini-Entreprises », l’association fait vivre des parcours d’entrepreneuriat pour collégiens et lycéens. Silvia Duché et Clément Marques reviennent sur les liens avec l’écologie.


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Pourquoi cet article ?

J’avais été invité à participer au jury d’une journée de créativité « Mini-Entreprise » (taille S, pour les connaisseurs 😉 le 15 novembre dernier au lycée Pierre-Joël Bonté de Riom. Clément et Silvia, que je connaissais par ailleurs depuis l’époque du Connecteur, m’avaient sollicité au titre de Tikographie, et j’avais été impressionné de l’organisation et du rendu de la dizaine de projets présentés par les groupes de lycéens en section bois ayant travaillé une journée (seulement !) sur un projet d’entreprise.

J’en ai d’ailleurs tiré un article, publié dans le Connecteur, que voici

La fascination des jeunes pour les thématiques de transition écologique autour de la construction – c’était le thème de la journée du 15 novembre – m’a donné envie d’en savoir plus, et de creuser le sujet avec Silvia et Clément. J’ai donc pu m’entretenir avec eux fin décembre, et le résultat est dans cet article.

Par ailleurs, Silvia et Clément vont relancer le dispositif Climathon en 2022 (celui qui avait abouti à la journée du 15 novembre), dans le cadre de la Clermont Innovation Week qui aura lieu du 6 au 16 avril. On en reparlera dans ces colonnes 🙂


Et je profite de ce premier article de 2022 pour vous souhaiter une très bonne année pour vous et vos proches. Bien sûr, j’espère comme tout le monde que la pandémie se calmera un peu, mais surtout j’espère que nous aurons collectivement l’occasion de réfléchir à la signification de cet événement mondial pour notre société et ses relations à la nature … et que nous en tirerons quelques actions constructives en retour, au lieu de bêtement faire comme avant en nous disant que les nouveaux vaccins suffiront.

Damien

Les principaux points à retenir

  1. Silvia et Clément constatent la montée en puissance des thématiques liées à la transition écologique dans les concours d’entrepreneuriat qu’ils organisent pour les lycéens et les collégiens – dans le cadre d’Entreprendre Pour Apprendre Auvergne-Rhône-Alpes. Or, les thématiques sont proposées par les enseignants, en lien avec leurs classes : il s’agit donc d’une tendance de fond émanant des jeunes. Selon Clément, écologie et ESS concerne 40% des projets d’EPA dans la région.
  2. Dans leur « traitement » de la thématique écologique, les jeunes favorisent nettement l’économie circulaire et la proximité : ils cherchent à minimiser les déchets, à utiliser au mieux les matériaux présents dans leur environnement direct (et, de même, à travailler avec des partenaires locaux). La gouvernance est aussi très « horizontale », avec beaucoup de partage de responsabilités et d’intelligence collaborative.
  3. Enfin, EPA demande à ce qu’une partie des bénéfices des projets, le cas échéant, soit reversés à une association locale choisie par les jeunes. Pour Silvia, c’est un élément clé des projets qui met en avant les valeurs développées par les jeunes dans leur initiative.
  4. Du côté de l’Education Nationale, Silvia et Clément indiquent qu’une démarche E3A existe pour valoriser la démarche de transition écologique au sein des établissements scolaires, à travers de la sensibilisation ou des projets concrets comme des ruches, de la réduction de déchets alimentaires, du compostage … et certains projets EPA s’inscrivent dans ce cadre.
  5. Le dispositif déployé par EPA pour les scolaires réside dans les parcours de Mini-Entreprises : de trois tailles (S, M, L), leur durée s’étage de une demi-journée de créativité à plusieurs mois en parallèle des cours. Tous les parcours sont initiés et encadrés par les enseignants, avec l’accord du chef d’établissement et le soutien de mentors locaux venant du monde de l’entreprise. Ils permettent d’acquérir par la pratique de nombreuses compétences et savoir-faire, dont le travail en équipe, la prise de risque, et les premières approches de la gestion de projet entrepreneurial (étude de marché, faisabilité, prototypage, gestion financière …).
  6. Chaque année, un événement ouvert au public est organisé pour mettre en avant les projets de Mini-Entreprises du territoire. Les jeunes viennent les présenter par des stands et un jury remet de nombreux prix thématisés, dont un sur l’ESS qui inclut la dynamique de transition écologique. A Clermont, il a traditionnellement lieu à Polydôme.
  7. Mais l’impact sur les enseignants est sans doute aussi important : pour Silvia et Clément, les Mini-Entreprises les poussent à développer un relationnel différent avec les jeunes, à avoir une relation d’équipe avec eux, et à les pousser à se dépasser, à apprendre par l’erreur, à être autonomes. Au final, ils sortent d’une logique de note sur 20, ce qui les prépare mieux à la vie professionnelle.
  8. Pour aller plus loin, Silvia et Clément travaillent à pérenniser le Climathon, basé sur la Mini-Entreprise mais dans le cadre de la Clermont Innovation Week, en 2022. Ils souhaitent aussi expérimenter la Mini-Entreprise en version adaptée pour des jeunes à partir de 10 ans.

L’intervenante : Silvia Duché

Fondatrice et directrice de Melting Trad ; vice-présidente d’Entreprendre pour Apprendre pour l’académie de Clermont


Chef d’entreprise d’origine italo-portugaise, Silvia a créé son agence de traduction Melting Trad il y a 15 ans, et continue à la développer aujourd’hui.

Elle se passionne pour le soutien à l’entrepreneuriat : « j’aurais rêvé de suivre un parcours de Mini-Entreprise ! » confie-t-elle. En 2016, elle se rapproche d’Entreprendre pour Apprendre et devient vice-présidente pour l’académie de Clermont-Ferrand.

« L’entrepreneuriat est d’utilité publique, tout le monde doit connaître ces pratiques » estime-t-elle. « Et les jeunes sont notre avenir. Il faut leur donner l’occasion de se dépasser ! »

Voir le profil LinkedIn de Silvia

Crédit photo : Silvia Duché (DR)

L’intervenant : Clément Marques

Coordinateur territorial Entreprendre Pour Apprendre – bassin de l’Allier et Haute-Loire


Le père de Clément est enseignant en menuiserie à Riom ; cela a probablement développé l’appétence de Clément pour la pratique manuelle mais, plus largement, pour « l’autonomie de compétences, locale comme personnelle » précise-t-il. « Pour la transition écologique, il faut intégrer l’aspect construction, avec de simples consignes pour débuter, puis un retour d’expérience et une généralisation dans un second temps. L’intellectualisation vient à la fin du processus ! »

Au sortir de ses études à Clermont, Clément se lance en indépendant dans le conseil en permaculture, mais bifurque rapidement pour rejoindre Entreprendre Pour Apprendre. « C’est là que je me sentais plus légitime » estime-t-il. En 2019, il devient coordinateur territorial pour EPA sur le bassin de l’Allier et sur la Haute-Loire.

« Entreprendre Pour Apprendre correspond tout à fait à ma vision de la transition écologique : on y apprend en faisant, ce n’est pas de la théorie de l’entreprise » conclut-il. Aujourd’hui, il participe à la création d’un éco-hameau à Charbonnière-les-Varennes, avec l’ambition d’y habiter prochainement.

Crédit photo : Clément Marques (DR)

La structure : Entreprendre Pour Apprendre

Association membre de la fédération nationale Entreprendre Pour Apprendre, organisant des activités de sensibilisation à l’entrepreneuriat pour les collégiens et les lycéens


Fédération de quinze associations loi 1901, Entreprendre Pour Apprendre [EPA] « interconnecte l’école et l’entreprise«  (selon son site web) en organisant des « aventures entrepreneuriales » dédiées aux jeunes collégiens et lycéens. Son activité se réalise dans le cadre d’un agrément avec le Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports.

Les activités d’EPA favorisent l’apprentissage et l’expérience de l’entrepreneuriat par la pratique, mais aussi le travail de groupe, la créativité, la prise de risque et l’épanouissement personnel. Dans ce cadre, le principal dispositif d’EPA est la Mini-Entreprise – avec trois « tailles » différentes, des parcours d’une demi journée à plusieurs mois de travail en parallèle des cours. Elle permet de développer plusieurs niveaux de compétences, selon le temps passé : créativité, synthèse, présentation, coordination de groupe, mais aussi des savoir-faire plus classiques du monde de l’entreprise comme le commercial, la logistique, l’étude de marché, la faisabilité, le prototypage, la gestion financière …

En Auvergne-Rhône-Alpes, EPA forme ainsi 5000 jeunes par an à l’entrepreneuriat, tous parcours de Mini-Entreprises confondus. L’association organise annuellement plusieurs événements ouverts au grand public, dont un à Polydôme à Clermont : ils permettent de voir l’ensemble des projets portés par les jeunes de l’académie, d’assister à des remises de prix, et de rencontrer enseignants, mentors et encadrants d’EPA.

Voir le site d’Entreprendre Pour Apprendre Auvergne-Rhône-Alpes


Information sur notre prochain événement

Vous organisez régulièrement des concours d’entrepreneuriat pour les jeunes en milieu scolaire. Quelle appétence constatez-vous pour les thématiques écologiques ?

Silvia : durant les dernières éditions, le développement durable était à chaque fois présent dans les propositions. Et ce n’est pas une mode, c’est bien une véritable envie des jeunes pour apporter des solutions aux problématiques qu’ils constatent. Aussi, pour réfléchir différemment, être acteurs de leur futur. Ils veulent améliorer les choses !

Clément : 40% de nos projets entrepreneuriaux sur Auvergne-Rhône-Alpes sont liés à l’écologie, ou à l’ESS [Entreprise Sociale et Solidaire]. Cela se concrétise par les notions d’économie circulaire, d’optimisation des matériaux, ou de réemploi. Parfois, c’est de la “récup”, par manque de moyens pour les petits projets, mais aussi par conviction. J’entends les jeunes dire “pourquoi faire autrement ?”

40% de nos projets entrepreneuriaux sur Auvergne-Rhône-Alpes sont liés à l’écologie, ou à l’ESS.

Clément Marques

Pour résumer, je dirais que ces jeunes ont une logique de chaîne de valeur la plus “bouclée” possible. Ils réfléchissent ainsi dès le départ, même si l’impact n’est pas toujours précisément quantifié. Il faut le minimum de pertes, de déchets … par exemple dans la réflexion sur les emballages.

Et cette économie circulaire est pensée sur quel périmètre géographique ?

Silvia : souvent, c’est très local. A Riom, nous travaillons avec le lycée Pierre-Joël Bonté. Dans cet établissement, la section de formation aux métiers du bois a été sollicitée pour réaliser certains prototypes. On peut vraiment parler d’un projet lié au site scolaire. Pourquoi chercher loin quand les compétences sont sur place ?

Durant les dernières éditions des concours d’entrepreneuriat, le développement durable était à chaque fois présent dans les propositions.

Silvia Duché

Clément : il y a les compétences, également les matériaux qui sont à proximité … plus globalement, les projets entrepreneuriaux présentent beaucoup de paramètres incertains. Les jeunes se tournent naturellement vers des ressources locales.

Silvia : sans oublier les partenaires et les financeurs locaux, qui vont eux-mêmes favoriser une approche de proximité.

Une journée « Mini-S » se termine, au lycée Pierre-Joël Bonté de Riom le 15 novembre dernier, dans le cadre du Climathon 2021. Les jeunes y présentent leur projet devant le jury / Crédit photo : Tikographie

Comment se déroule la gouvernance de ces Mini-entreprises ?

Clément : je ne sais pas s’il y a une méfiance vis-à-vis de la gouvernance “traditionnelle”, descendante, des entreprises … mais je vois beaucoup de logiques de partage de responsabilités. C’est vraiment le choix de l’intelligence collective qui est fait : dans les groupes de travail, chacun a le même droit de parole, de décision, de vote. Cela dit, la gouvernance est propre à chaque projet, et on avance avec eux sur le sujet des actions et des investisseurs.

Lire l’entretien : Marion Audissergues fait le pari des collectivités pour l’entrepreneuriat social

Dans quelle mesure votre action participe-t-elle d’un rapprochement entre le monde scolaire et les thématiques écologiques ?

Clément : il y a un mouvement dans ce sens, avec le label E3D lancé par le Ministère de l’Education Nationale. Il s’agit de valoriser la démarche écologique au sein des établissements scolaires, à partir de simples réunions de sensibilisation, mais aussi de projets concrets. 

Le principe est que la démarche soit globalisée sur l’ensemble de l’établissement. C’est pourquoi on peut voir des réalisations comme du compostage, des ruches, des initiatives pour réduire les déchets de cantines …

Et, parfois, la démarche E3D a pu être associée avec un projet de Mini-Entreprise d’Entreprendre pour Apprendre. A Saugues, au collège, c’est ainsi qu’une ruche a été installée et que le miel qu’elle produit est vendu par les jeunes en local.

Les questions de production et de faisabilité sont abordées par les élèves des Mini-Entreprises à travers la réalisation de prototypes, qui peuvent servir aussi dans les stands de démonstration / Crédit photo : EPA AURA (DR)

Comment accompagnez-vous les jeunes dans ces projets entrepreneuriaux ?

Clément : nous proposons trois “parcours” de Mini-Entreprises : la “Mini-S”, un challenge créativité d’une demi-journée à une journée complète; la “Mini-M” qui va de l’idée au prototypage; et la “Mini-L” qui dure 60 heures sur plusieurs mois et pousse jusqu’à la production et la commercialisation en étudiant la faisabilité, la recherche de fonds et la gestion financière. Sachant qu’il n’y a pas de personnalité juridique propre, les projets étant chapeautés par Entreprendre pour Apprendre.

Ces jeunes ont une logique de chaîne de valeur la plus “bouclée” possible.

Clément Marques

Silvia : les jeunes bénéficient d’avances remboursables en début de parcours et en fin d’année, ils doivent reverser au moins 20% de leurs bénéfices à une association de leur choix. Ce choix est très porteur de sens, il doit correspondre à leurs valeurs, leur sensibilité …

Et de quelle visibilité les projets affiliés à l’écologie bénéficient-ils ?

Clément : le temps fort – hors Covid – est le “prix ESS” que nous remettons pour les Mini-Entreprises, chaque année. Cela se fait à Clermont, dans le cadre de notre événement phare organisé à Polydôme (pour le dernier format en présentiel), où les jeunes présentent leur projet sur des stands. Un jury les évalue et remet des prix, une sorte de labellisation, lors d’une cérémonie, par thématiques – RH, marketing, gestion financière … et donc ESS.

Au total, Entreprendre pour Apprendre sensibilise annuellement 5000 jeunes sur la grande région, tous parcours confondus.

Au salon Entreprendre Pour Apprendre de Lyon, en mai 2019, les élèves de l’ISCOM présentent leur projet au jury chargé de décerner les prix / Crédit photo : EPA AURA (DR)

Comment résumez-vous l’apport des parcours Mini-Entreprises pour les enseignants ?

Silvia : à la base, le professeur qui nous rejoint a déjà une volonté de sensibilisation de ses élèves aux enjeux sociétaux actuels. Certains sont investis dans le monde associatif … et ils acceptent de “sortir du cadre”, ils veulent apporter quelque chose aux jeunes pour les secouer, leur permettre d’être acteur.

Tous les projets entrepreneuriaux sont portés par l’enseignant. Il y a la classe, le mentor, mais c’est bien à son initiative. Et ils sont convaincus que faire réfléchir ainsi les jeunes sur un sujet qui leur tient à cœur leur permettra d’ouvrir des portes, et de donner du sens à leur action.

Et par quel moyen recrutez-vous ces enseignants ?

Silvia : quand les professeurs ne nous connaissent pas bien, on leur dit qu’ils peuvent expérimenter quelque chose de différent avec leurs élèves, sur un mode non descendant, en leur laissant un lieu d’expression. Cela marche bien dans certaines matières comme le français, la technologie, et même les mathématiques (où l’on en voit l’utilité, dans une étude de marché par exemple).

Les enseignants participants veulent apporter quelque chose aux jeunes pour les secouer, leur permettre d’être acteur.

Silvia Duché

Clément : je pense que la clé est de les faire venir aux événements comme les challenges créativité, ou bien aux réunions de sensibilisation – en présence du chef d’établissement. Là, ils voient que la Mini-entreprise crée un cadre relationnel différent avec les jeunes : ce sont des relations plus apaisées, épanouies. 

Dans la dernière ligne droite avant la présentation des projets d’un challenge créativité, les groupes préparent leur présentation avec l’aide des mentors et des enseignants / Crédit photo : Tikographie

Mais l’enseignant doit être capable de leur dire “je ne sais pas, je vais apprendre avec vous”. Il faut apprendre à oser … et, ensuite, les jeunes iront chercher l’info, ils se débrouilleront. C’est un rôle différent pour le professeur, une posture à travailler.

Silvia : souvent, il y a le camp des élèves, et le camp de l’enseignant. Ici, on devient une équipe, au bénéfice du même projet.

Et du côté des élèves, quel “retour d’expérience” constatez-vous ?

Clément : dans l’écologie, il y a énormément de textes, de rapports du GIEC, etc. On intellectualise beaucoup ! Mais les jeunes attendent des actions concrètes, locales, qui feront effet boule de neige.

Les Mini-entreprises servent à cela. Les jeunes ont conscience que la transition écologique passera par de la prise de risque. Il faut tester des choses, car il n’y a pas de solution toute faite. Et l’échelle locale est idéale pour cela.

L’apport d’EPA aux jeunes, c’est de savoir faire par soi-même, de se remettre en question … et de pouvoir progresser.

Ce qu’apporte Entreprendre pour Apprendre aux jeunes, c’est donc de savoir faire par soi-même, de tirer un enseignement d’une expérience, de se remettre en question … et de pouvoir progresser. On sort de sa zone de confort, on met les mains dans le cambouis. Oser se planter, ce n’est pas forcément évident ! Mais c’est extrêmement formateur.

Que peut-on faire pour développer cet entrepreneuriat des jeunes vers l’écologie ?

Clément : au niveau national, il faudrait y passer plus de temps. Je pense aux pays nordiques, où des créneaux sont dédiés à des projets auxquels les jeunes vont participer, de type Mini-entreprise. Surtout, c’est reconnu officiellement !

Silvia : en Auvergne, on cherche à étendre le dispositif. La Clermont Innovation Week a vu naître le Climathon que nous portons, développé sur la base du parcours Mini-S. On souhaite le pérenniser, le rendre annuel. Le Climathon 2022 est d’ailleurs dans les tuyaux !

Avec l’aide de leur professeur, des mentors et bien sûr de l’équipe EPA, les élèves – ici ceux du collège Jules Ferry à Vichy – travaillent en groupe sur la présentation et la valorisation de leur projet / Crédit photo : EPA AURA (DR)

L’autre piste est de rendre la Mini-L accessible aux plus jeunes. Normalement, c’est destiné aux élèves de 13 à 25 ans, mais nous testons actuellement ce dispositif sur des élèves à partir de 10 ans. L’idée est d’en faire un projet court, concret, sur une année scolaire, autour d’une thématique écologique – le test que nous réalisons tourne autour de l’exploitation d’une ruche.

Cela montre que chaque potentiel peut être développé, même hors du cadre strictement scolaire.

Clément Marques

Bien sûr, les objectifs pédagogiques sont adaptés, par exemple en supprimant l’étude de marché. En termes de méthodologie, le professeur aura pré-cadré certaines étapes, il aura balisé des “moments” dans le développement du projet pensés pour la réflexion de ses élèves. Bref, le test est en cours, nous saurons rapidement si cela peut se généraliser.

Au final, qu’est-ce qui vous motive le plus dans Entreprendre pour Apprendre ?

Silvia : je sais qu’on agit pour que les jeunes soient en phase avec le monde qui les entoure, aujourd’hui et demain. Entreprendre pour Apprendre leur permet de se découvrir autour d’un projet concret, de se révéler.

Je sais qu’on agit pour que les jeunes soient en phase avec le monde qui les entoure.

Silvia Duché

C’est une vraie liberté qu’on leur insuffle. Ils comprennent qu’ils ne doivent pas forcément correspondre à une note sur 20. Et on voit que, dès qu’on leur donne la parole, ils deviennent force de proposition. 

Clément : en effet, c’est une autre forme d’évaluation. Cela montre que chaque potentiel peut être développé, même hors du cadre strictement scolaire. Au centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure, les jeunes m’avaient dit : “on a su prouver qu’on était pas que des détenus, qu’on valait autre chose.”

Et ces Mini-entreprises peuvent les mettre en confiance dans leurs propres capacités. Aujourd’hui, certaines filières professionnalisantes sont dévaluées. Pourtant, un gamin qui sait fabriquer quelque chose de ses mains, ça vaut de l’or !

Information sur notre prochain événement
Pour comprendre (liens complémentaires proposés par Clément) :
les ouvrages d’Idriss Aberkane sur la « libération du cerveau », le libre-arbitre, la résilience psychologique et la remise en question de l’éducation
Pour agir :
venir au salon Entreprendre Pour Apprendre, ouvert à tous ; ou devenir mentor, ouvert à tout représentant du monde de l’entreprise

Propos recueillis le 21 décembre 2021, mis en forme pour plus de clarté puis relus et corrigé par Silvia et Clément. Crédit photo de Une : Tikographie