Pour le collectif Arbres Citoyens, “l’arbre en ville est tout bonus !”

Par

Damien Caillard

Le

L’arbre est un allié capital pour mitiger les effets du changement climatique, notamment en ville. A condition de bien prendre en compte ses besoins, selon ce collectif puydômois.


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Pourquoi cet article ?

J’avais assisté au Camp Climat Auvergne 2020, organisé notamment par Alternatiba 63. C’était fin août dernier à Sauxillanges (il faisait beau, nous n’étions pas re-confinés).

Une des conférences m’a particulièrement intéressé : celle sur le réchauffement urbain, à laquelle participaient plusieurs intervenants dont Eric Desmazeau.

Enseignant et membre de la société française d’arboriculture, Eric représentait ce jour-là le collectif Arbres Citoyens, basé à Billom. Il défendait avec conviction et arguments l’utilité de l’arbre en ville, à condition de prendre réellement en compte ses besoins et ses spécificités.

Quelques coups de fil plus tard, et me voilà dans le jardin fleuri en compagnie de plusieurs membres du collectif pour parler plus en détail de cet enjeu.

Damien

Lire le reportage sur le Camp Climat Auvergne 2020
Les intervenants
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Tous les participants au collectif Arbres Citoyens sont membres de la société française d’arboriculture. C’est le cas des interviewés de ce jour :

Boris Chauvel (à gauche sur la photo) est arboriste grimpeur. C’est le président du collectif. Il est notamment spécialisé en entretien et gestion des arbres, à travers sa société Arbre et Sens.

Eric Desmazeau (au centre sur la photo) est enseignant à Marmilhat et responsable de la licence pro de l’UCA “Gestion Durable des Arbres et Arbustes en Aménagements paysagers”.

Louis Dubreuil (à droite sur la photo) est ingénieur agronome et photographe d’art. Il a passé 40 ans dans un bureau d’étude comme paysagiste. Sa motivation : “j’essaye de faire avancer la cause de l’arbre, scandalisé par l’ignorance qui fait que le patrimoine arboré est maltraité, mal géré.”

Tous sont donc fortement engagés dans la défense et la promotion de l’arbre dans l’espace public, notamment en ville, tout en étant “professionnels de l’arbre, chacun à notre niveau” comme le résume Eric.

La structure : Collectif Arbres Citoyens

De son nom complet Collectif Raisonné pour le Respect des Arbres Citoyens, il s’agit d’une association loi 1901 très engagée, voire militante, dans la défense et la valorisation des arbres en espace humanisé (hors forêt).

Pour venir au collectif, il faut partager une indignation mais aussi un amour de l’arbre, face au sort qui lui est réservé.” résume Boris Chauvel, membre du collectif. “Il y a de l’émotionnel, du passionnel, du professionnel” selon Eric Desmazeau.

Le collectif a notamment créé une exposition intitulée “est-ce ainsi que les arbres vivent ?“, permettant d’informer sur les services écosystémiques rendus par les arbres. La communauté de communes de Billom l’a en partie financée, et elle est à la disposition d’actions de sensibilisation sur tout le territoire du Puy-de-Dôme.

Enfin, le collectif peut former des agents de collectivités, dans une approche très terrain. Elle “essaye de faire bouger les choses” en s’adressant directement aux élus. “On aimerait surtout que ça bouge au Conseil Départemental“, insiste Boris, “car c’est de là que rayonnent les principales politiques de gestion des arbres” sur le réseau routier notamment.

Visiter le site web du collectif Arbres Citoyens

Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?

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Que représente l’arbre en tant qu’être vivant, selon vous ?

Eric : il faut partir du principe que l’arbre est un réseau vivant. Ses racines de l’arbre représentent une superficie supérieure au houppier [le volume du feuillage], sur environ un mètre d’épaisseur. Et ça ne représente que 10% du réseau, le reste étant constitué par le réseau mycelium [association racines et champignons] qui est gigantesque ! 

Il faut partir du principe que l’arbre est un réseau vivant.

Eric Desmazeau

C’est pour cela qu’il faut un sol vivant. Mais, pour le moment, on reste [en ville] sur une fonction décorative. Or, il faudrait beaucoup plus de place que 1 mètre carré au niveau du sol ! Concrètement, cela pose de vrais problèmes relationnels avec les gestionnaires de réseaux urbains (gaz, électricité, eau …)

Structure d’un arbre en coupe. Le réseau racinaire est très étendu, sans parler du “mycélium” / Crédit visuel : AC Grenoble

Qu’apportent les arbres en ville, face aux problématiques de changement climatique ?

Eric : L’arbre apporte de l’ombre. C’est son principal avantage pour lutter contre les îlots de chaleur : comme – grâce à lui – la lumière ne frappe pas le sol, l’énergie ne s’accumule pas dans le béton ou les enrobés. Et elle ne se restitue pas la nuit. De plus, l’arbre transpire, et le changement d’état de l’eau, du liquide au gazeux, génère du froid. 

Boris : l’arbre en ville est donc tout bonus : lutte contre les problèmes de chaleur, apport bénéfique en qualité de vie … l’ombre d’un arbre est toujours plus agréable qu’une ombre de toiture !

Quelles sont les “bonnes pratiques” que vous avez identifiées pour développer les arbres en ville ?

Eric : tout d’abord, il ne faut pas obligatoirement s’appuyer sur les essences locales qui seront mal adaptées au climat de demain. Mais savoir quoi planter est un vrai dilemme … Par exemple, les bouleaux plantés sur l’agglomération de Clermont sont presque tous morts en 2-3 ans. C’était une essence plutôt de montagne.

La place de Jaude : beaucoup de pierres, peu d’arbres, et un îlot de chaleur problématique quand les canicules s’intensifient / Crédit photo : éditeur

De plus, si un arbre veut maintenir la température correcte de ses feuilles, il est obligé de transpirer. La chaleur n’est pas accumulée. A Lyon, un système de capteurs “PépiPIAF” surveille l’hygrométrie et injecte automatiquement de l’eau en cas de besoin, pour permettre aux arbres de transpirer au moment les plus intenses en chaleur. Et ces capteurs sont conçus à Clermont, au sein de l’UMR PIAF [Physique et Physiologie Intégrative de l’Arbre en environnement Fluctuant]. https://www6.ara.inrae.fr/piaf/Presentation

Il y a aussi des techniques relatives au sol : on peut faire un mélange terre-pierres afin que les racines trouvent un environnement leur permettant de se développer … tout en supportant des chaussées pour des véhicules lourds. Et, en surface de ce mélange, on peut installer des grosses pierres, qui évitent que les racines ne remontent tout en laissant passer l’eau.

Comment doit-on planter les arbres ? Quelle place leur donner sur la chaussée ?

Boris : en milieu urbain, on ne leur laisse pas assez de place. Par exemple, sur les parkings de supermarché, on a toujours une “caution arbre” [pour décorer], mais les gens se contrefoutent de ce qui est planté, comment et si c’est fait pour durer. Le sol est trop ténu, de mauvaise qualité, trop sec … 

Eric : selon moi, il faut mettre les arbres [assez loin des bâtiments] pour qu’ils aient la place de se déployer. Le long des murs, leurs branches finissent par toucher les fenêtres … Penser également à l’orientation, pour que les arbres soient là où il faut de l’ombre : sur les façades, les trottoirs, les pistes cyclables exposées au sud.

En milieu urbain, on ne laisse pas assez de place aux arbres.

Boris Chauvel

Au final, on peut vouloir couvrir toutes les voiries d’arbres. Mais si on a ce type de couvert, la pollution des voitures peut s’accumuler en-dessous, surtout si on est dans une rue mal orientée par rapport aux vents dominants. Heureusement, avec la généralisation des voitures électriques ou hybrides, ça ne posera bientôt plus un problème, du moins en ville.

Lire l’entretien avec Charles-Etienne Dupont : “travailler la forêt, injecter la naturalité”

Vous proposez une approche très globalisante. Peut-on y parvenir ?

Boris : Pour moi, il faudrait redonner toute sa place à l’arbre. Planter, planter, planter … mais en revoyant l’ensemble de l’aménagement d’abord. (…) C’est une réflexion de fond au niveau de l’urbanisme et de la circulation. Ça ne doit pas arriver à la fin, pour de la décoration !

Et ce n’est pas non plus un “everest” insurmontable, ça existe dans plein d’endroits déjà ! A Fribourg, en Allemagne, tu as des arbres partout dans la ville, la cohabitation est tout à fait possible. C’est d’ailleurs la première ville passée au vert outre-Rhin.

La ville de Freiburg en Allemagne (Fribourg), modèle d’utilisation d’arbres en ville / Crédit photo : Dave small on Unsplash

Quelles sont les problématiques de gestion publique des arbres sur nos territoires ?

Louis : le problème est au niveau du rapport de force élus/techniciens. Les techniciens sont là pour conseiller les élus, mais à Clermont, par exemple, il y a une tradition de la préséance de l’élu sur le technicien. Et je pense que M. Bianchi n’aime pas les grands arbres, sans doute parce qu’il pense qu’il y aura toujours des riverains qui râlent …

L’arbre ne doit pas arriver à la fin, pour de la décoration !

Boris Chauvel

Par exemple avec les corbeaux, considérés comme une nuisance en ville : certains habitants veulent s’en débarrasser. La seule solution que les élus ont trouvée à Clermont, c’est de tailler les arbres pour qu’ils ne puissent plus nicher. Ça a commencé aux Salins, sur le conseil mal avisé de la LPO. La ville a dépensé près de 600 € par arbre pour [cette opération]. 

Conséquences : le personnel qui voulait une approche moins “violente” s’est vu imposer la décision, et un élan de recherche de qualité qui commençait à se développer a été brisé. De plus, les petites branches qui se développent toujours au niveaux des coupes favorisent fortement la construction des nids de corvidés [corneilles, pies …] : le résultat est totalement contre-productif.

Le problème est au niveau du rapport de force élus/techniciens.

Louis Dubreuil

Eric : heureusement, beaucoup de collectivités veulent faire quelque chose qui tient la route économiquement et qui sécurise … mais il n’y a pas toujours de vision, pas d’accompagnement. Les interventions peuvent être erratiques, selon les zones, avec des techniciens peu formés confrontés à des ingénieurs non sensibilisés. Mais cela évolue avec l’apparition de vrais spécialistes du sujet.

Quelle approche recommandez-vous pour les collectivités ?

Louis : on peut mesurer, par un barème, des critères sur l’arbre, afin d’estimer sa valeur économique. C’est un sujet auquel les acteurs territoriaux peuvent être sensibles. Ce barème existe, il est utilisé quand on fait des travaux et qu’il faut conserver les arbres. On doit donc donner une valeur aux arbres, pour les intégrer dans une police d’assurance par exemple, ou les rentrer en positif dans le patrimoine des collectivités. Pour un ordre d’idée, un platane de 60 cm de diamètre de tronc peut valoir 10 000 à 15 000 euros.

Cela dépend de plein de critères, mais c’est un moyen pour intégrer les arbres dans un modèle économique, et de chiffrer la perte de patrimoine en cas de coupe. C’est comme quand on démolit un bâtiment.

Des platanes au bord d’un magnifique lac. Chaque arbre peut valoir plusieurs dizaines de milliers d’euros en valorisation complète / Crédit photo : Evgeni Tcherkasski de Pixabay

Eric : sauf qu’on peut reconstruire un bâtiment, alors qu’un arbre qui a mis des décennies à pousser …

Louis : autre approche, proposée par l’application iTree, qui évalue ce que l’arbre a rapporté en net, défalqué du coût de sa plantation : bilan carbone, santé publique, tourisme, agrément paysager … ce qui est intéressant, c’est qu’on arrive à des valeurs significatives. Quand tu fais le bilan sur un morceau de départementale, tu te rends ainsi compte que couper une vingtaine d’arbres, c’est un impact de moins 300 000 €. Il faut que ça apparaisse dans le bilan !

Eric : au final, ça dépend de l’élu en face : s’il est “vert”, on parle biodiversité. S’il ne l’est pas, on parle chiffres …

Dans le Puy-de-Dôme, c’est le Conseil Départemental [CD63] qui est l’acteur principal de l’entretien des bords de routes. Comment interagissez-vous avec lui ?

Boris : on aimerait beaucoup que les choses changent au CD63, car c’est de là que “rayonnent” les principales politiques de gestion des arbres, à travers l’entretien routier.

Louis : j’ai passé du temps avec les chefs de service de l’entretien des routes au CD63. Ils sont peut-être convaincus [du bien-fondé de notre approche], mais, du côté des agents, on a l’impression que c’est “cause toujours”, qu’on les emmerde, qu’on bouscule leurs habitudes … on n’est pas sûr que le message passe s’il n’est pas clairement appuyé par la hiérarchie.

L’entretien des arbres au bord des routes est une des compétences du Conseil Départemental / Crédit photo : 二 盧 de Pixabay

J’ai observé une coupe de platanes à Aigueperse, traitée “à l’ancienne” par les agents du CD63. Et c’était un chantier d’initiative locale : les agents du département sur Aigueperse ont été sollicités par un riverain à cause d’un câble de 220 volts qui touchait des branches. Les arguments étaient “ça fait longtemps qu’on ne les a pas taillés” … pourtant, pas besoin de le faire ! Ça fait partie des idées bien ancrées que les arbres doivent être taillés, et que ça doit se voir. 

On aimerait beaucoup que les choses changent au Conseil Départemental.

Boris Chauvel

Résultat : les agents locaux n’ont pas prévenu leurs chefs et ils ont pris l’initiative de la taille. Ils se sont fait sans doute gentiment souffler dans les bronches, mais ne seront pas sanctionnés outre mesure …

Eric : les élus, en tout cas ceux avec lesquels j’ai abordé cette problématique, sont conscients du problème.

Présentation de l’exposition sur les services écosystémiques rendus par les arbres, auprès de la ComCom de Billom : un moyen de sensibiliser le public … et les élus / Crédit photo : collectif Arbres Citoyens

Quelle est la situation sur le périmètre de Clermont Métropole ?

Louis : il y a eu beaucoup de problèmes quand la Métropole a repris plusieurs compétences, [dont l’entretien des arbres], et c’est principalement la ville de Clermont qui a délégué du personnel [pour y faire face]. Mais, pendant longtemps, ils ont eu du mal à savoir qui faisait quoi … et ils ont fait des erreurs monstrueuses.

Il y a eu beaucoup de problèmes quand la Métropole a repris plusieurs compétences, dont l’entretien des arbres.

Louis Dubreuil

Eric : par exemple, lors de la dernière Semaine du Développement Durable, on avait fait une sortie pédestre avec le CAUE sur les îlots de chaleur. [Les agents de la ville de Clermont] avaient refait une cour d’école, en enrobé noir, en mettant des arbres … qui n’apportaient quasiment pas d’ombre. C’étaient des “parasols fermés” [Pyrus calleryana], plantés sans tenir compte des connaissances actuelles – en particulier développées à l’UMR PIAF de Clermont, un comble ! On arrive à du grand n’importe quoi.

Lire l’entretien avec Xavier Andiano : architecture, transition écologique et qualité de vie

Quels sont, selon vous, les “bons élèves” de la gestion des arbres sur le département ?

Eric : certaines villes ont refusé le partage des compétences à la Métro pour la gestion des arbres : Chamalières, Beaumont, Royat, Aubière …

Boris : l’approche de Vichy est intéressante. Chamalières, Aubière aussi … et bien sûr Cournon : c’est  une des rares communes de la Métro qui a une expansion foncière mais qui a pu créer des parcs, et  laisser de vraies zones herbacées.

Eric : Cournon dispose d’un responsable à l’environnement, Mahir Kaya, qui a bossé à Lyon sur les problèmes d’eau, et qui est urbaniste. Il essaye de faire bouger les choses !

La ville de Cournon d’Auvergne, bon élève en termes de gestion arboricole selon le collectif Arbres Citoyens / Photo domaine public

Avez-vous approché ces collectivités pour les aider dans leurs démarches ?

Louis : le collectif a proposé qu’une Charte de l’Arbre soit rédigée au niveau de la Métro. Olivier Bianchi s’y était engagé durant l’ancienne mandature. Mais rien n’a vraiment avancé avant la fin du mandat. Maintenant, il faut qu’on aille les revoir pour que ça devienne rapidement opérationnel.

Lire l’entretien avec Olivier Bianchi : “corriger ce qu’on peut, préparer la gestion de crise”

Cette charte, c’est un engagement des élus, avec des obligations en termes d’organisation et de process, pour que tout le monde se mette en ordre de marche.

Eric : il y a d’ailleurs des chartes “locales”, comme à Chamalières. Là, les élus ont voté en faveur d’une telle charte en conseil municipal. C’est certes plus facile à l’échelle d’une petite ville, mais c’est un gros chantier à l’échelle de la Métro.

Comment optimiser cette organisation en faveur des arbres bien gérés ?

Louis : la mise en place de la charte doit se faire en parallèle d’une réorganisation des services d’entretien : il faut une “madame” ou un “monsieur arbre”, qui centralise et qui irrigue les autres départements.

La mise en place de la charte de l’arbre doit se faire en parallèle d’une réorganisation des services d’entretien.

Louis Dubreuil

Eric : j’insiste, il faut un ingénieur confronté aux autres ingénieurs qui font la voirie, les canalisations … pour se mettre d’accord en début de chantier afin que tous les réseaux aient leur place.

Boris : mais qui a cette connaissance et cette compétence à Clermont, aujourd’hui ?

Justement, vous pouvez jouer un rôle de sensibilisation des acteurs locaux …

Boris : nous avons mis en place une exposition itinérante intitulée “Est-ce ainsi que les arbres vivent ?” sur les services écosystémiques rendus par les arbres, sur ce qui leur arrive … Avec une plasticienne et une scénographe qui sont dans le groupe, on a cogité pendant deux ans, et on a trouvé des fonds auprès de la communauté de communes de Billom. 

Depuis trois ans, l’expo est donc à la disposition de toutes les communes qui le souhaitent, avec des interventions ponctuelles possibles de notre part. C’était notre première action très concrète, avec une vraie confrontation au public.

L’exposition “est-ce ainsi que les arbres vivent ?”, montée par le collectif Arbres Citoyens, a notamment été déployée sur les rives du lac d’Aydat / Crédit photo : collectif Arbres Citoyens

Eric : on propose également l’expo en soutien d’associations militantes. Par exemple à Riom, avec une asso locale qui réagit face à des élagages un peu violents. Elle a souhaité intervenir dans des écoles, faire des conférences … et on va lui prêter l’exposition pour cela.

Quelles sont vos autres actions en direction des collectivités ?

Eric : un directeur de service, des techniciens, et les collectivités en général peuvent se servir de nous. Par exemple, la Métropole de Grenoble a fait appel à notre collectif pour communiquer dans l’ensemble des services, notamment avec l’expo – c’était lors de la Semaine de l’Arbre en 2018. Souvent, il est plus facile de demander l’intervention de gens de l’extérieur pour faire changer les choses …

Les collectivités en général peuvent se servir de nous.

Eric Desmazeau

C’est pourquoi nous proposons des rencontres et des formations d’agents en collectivité, plutôt orientées terrain, pour voir comment faire autrement que leurs pratiques actuelles. Ainsi, on noue des contacts avec les élus, et on essaye de faire bouger les choses. Nous l’avons fait à Glaines, à Saint Julien de Coppel, à Billom …

Louis : j’ai travaillé pendant plusieurs mois avec les services techniques de la ville d’Aix-en-Provence pour voir comment changer de méthode, afin d’intervenir moins souvent [sur la coupe], donc à terme de faire des économies. Ça passe par une étude de faisabilité, et une période de transition … mais on peut aboutir à des économies de gestion, avec une gestion durable.

Grenoble vue depuis le Seyssinet. Encadrée par trois massifs montagneux, la Métropole alpine a fait appel au Collectif Arbres Citoyens pour faire évoluer sa gestion des arbres / Crédit photo : Hélène Rival (Wikimedia Commons, CC BY SA 4.0)

L’Auvergne a pourtant de vrais atouts dans la formation en gestion des arbres d’ornement

Eric : on est les seuls en France à avoir une formation « diplômante » de techniciens en gestion des arbres avec la licence pro “Gestion Durable des Arbres et Arbustes en Aménagements paysagers“, avec ⅓ des heures assurées par les enseignants UCA et INRA, ⅓ par les pros, ⅓ à Marmilhat. Et on retrouve les étudiants partout, notamment à l’ONF [Office National des Forêts] ! Cela représente une promo de 21 étudiants cette année.

L’Auvergne est la seule [région] en France à avoir une formation « diplômante » de techniciens en gestion des arbres.

Eric Desmazeau

Néanmoins, il reste un vrai besoin sur l’agroforesterie, et des expérimentations se mettent en place entre le PIAF et l’INRA de Theix pour le bien-être animal et le développement des cultures. On pourra alors former des techniciens en chambre d’agriculture, pour gérer des arbres “hors forêts”. Et ce sera unique en France.

Pour aller plus loin :
un dossier détaillé sur l’arbre en ville dans le magazine “Le lien horticole” (août 2017)

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Propos recueillis le 10 septembre 2020, mis en forme pour plus de clarté puis relus et corrigés par Eric et Louis. Crédit photo de Une : éditeur