Avec Suez, Denis Tessier “cherche de l’intérêt général, dans la coopération”

Par

Damien Caillard

Le

Les grands groupes de l’environnement comme Suez ont un effet de levier majeur, rappelle Denis Tessier, directeur régional ARA. Ils sont à même d’apporter des réponses transversales.


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Pourquoi cet article ?

J’ai connu Denis à l’époque de la création du Bivouac à Clermont, quand nous travaillions pour nos entreprises respectives (lui Engie, moi la Montagne) au futur projet de “quartier numérique”. Depuis, nous avons fait un bout de chemin, nos métiers ont évolué mais Denis est toujours resté, dans le groupe Suez, un promoteur du rôle des grandes entreprises dans la réponse aux défis environnementaux.

Aujourd’hui, il est directeur régional de Suez à Lyon. Au détour d’une de ses interventions pour le Club Open Innovation Auvergne, nous avons pu échanger sur sa vision des enjeux actuels – notamment sur l’eau et les déchets – et sur le type de réponses que peut apporter une entreprise comme la sienne.

Damien

Lire l’entretien que j’avais fait avec Denis lors de son départ de Engie, le 9 janvier 2017, pour le Connecteur

L’intervenant : Denis Tessier

Directeur régional Auvergne-Rhône-Alpes de Suez


Denis travaille depuis 20 ans pour Suez, principalement autour de l’Auvergne – sa terre d’attache, puisqu’il y vit avec sa famille. Il a commencé dans la division Suez Déchets répartie entre l’Auvergne et la région “Centre-Est”, avant d’évoluer comme Directeur Délégué territorial pour Engie.

En 2017, il part pour deux ans à Toulouse dans le cadre du montage d’une start-up rattachée à Suez, avant de revenir dans la grande région Auvergne-Rhône-Alpes comme Directeur Régional de Suez. Il est aujourd’hui professionnellement basé à Lyon mais passe encore beaucoup de temps en Auvergne (qu’il apprécie notamment pour ses itinéraires de course à pied).

Contacter Denis par e-mail (via sa directrice communication adjointe)

Crédit photo : Suez (DR)

La structure : Suez

Grande entreprise française et internationale de services à l’environnement, principalement autour de la gestion de l’eau et des déchets


Suez propose ses services principalement aux collectivités territoriales et aux entreprises (mais aussi aux particuliers), autour de la gestion de l’eau et des déchets. La logique d’économie circulaire aussi bien que d’innovation est mise en avant, ce qui – selon l’entreprise – justifie son engagement sociétal et environnemental.

Le groupe compte aujourd’hui 29 500 collaborateurs, possède 4,1 millions de clients en France, alimente en eau plus de 10 millions de personnes. Il valorise 6,8 millions de tonnes de déchets chaque année (en matière ou en énergie).

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Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?

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Ta carrière t’a mené de Engie à Suez, de Clermont à Lyon via Toulouse … Selon toi, comment sont connectés les mondes de l’environnement et de l’énergie ?

Les liens sont très nombreux ! Par exemple avec la méthanisation : cela fait 15 ans que je m’y intéresse, depuis l’époque [où je travaillais sur la valorisation des] déchets. Sortaient alors les premiers textes sur l’obligation de valorisation des déchets organiques. Pour moi, cette période avait deux vertus : je travaillais sur la question de l’énergie, et j’entrais en contact avec le monde agricole.

Les agriculteurs sont aujourd’hui des acteurs de la production d’énergie verte.

J’ai donc connu [les agriculteurs] grâce à la méthanisation pour valoriser les bio-déchets et/ou les boues des stations d’épurations. Les agriculteurs sont aujourd’hui des acteurs de la production d’énergie verte. En effet, depuis novembre 2011, la loi [Egalim] permet l’injection du biométhane issu des méthaniseurs dans les réseaux de gaz naturel. Cette loi a fixé également les conditions de rachat du biométhane et les projets se sont multipliés. A mon arrivée en 2013 chez Engie, les énergéticiens – comme GRDF par exemple – s’intéressaient donc fortement à cette thématique.

Lire l’entretien avec Philippe Métais de GRDF : “la multiplicité des sources d’énergie est nécessaire”

La branche “Eau” de Suez, que je dirige désormais en région, est un des acteurs principaux de la méthanisation sous un angle industriel. Car beaucoup de méthaniseurs se montent autour de stations d’épuration : les boues, représentent de la matière organique propre à se décomposer et à produire du bio-méthane. Ça va d’ailleurs être le cas à Clermont, car on a remporté l’appel d’offres pour construire, sur la station des Trois Rivières, une unité de méthanisation.

Mais il y a d’autres liens entre les mondes de l’énergie et de l’environnement : quand tu produis de l’énergie issue de l’incinération des déchets, cela inclut de l’électricité, mais aussi de la chaleur [résiduelle], qui peut alimenter des bâtiments publics ou des zones d’habitation.

La station d’épuration des Trois Rivières, principal lieu de traitement des eaux usées clermontoises : comment valoriser les “boues” sous forme énergétique ? / Crédit photo : Clermont Auvergne Métropole (DR)

Ces logiques s’inscrivent dans l’économie circulaire. Est-elle possible à une échelle à la fois territoriale et industrielle ?

La circularité, c’est tout à fait possible, et ça existe. Exemple avec les boues de station d’épuration aux Trois Rivières : la Métropole les fera méthaniser, les injectera dans le réseau, et demain le SMTC pourra, s’il le souhaite, faire rouler sa flotte de bus au GNV avec cette énergie. Autrement dit, on sera dans une boucle d’économie circulaire : pour schématiser, je tire la chasse d’eau et je roule en bus vert pour aller à l’école.

Cela dit, quand on travaille sur la réutilisation des déchets, le système le plus vertueux reste le réemploi. Ce qui pose la question de la réparation. Avec la Fondation Terre d’Initiatives Solidaires, on soutient par exemple une structure, à Villeurbanne, qui répare des vieux jouets pour les remettre dans le circuit commercial.

Comment la Fondation d’entreprise de Suez peut-elle soutenir les initiatives dans ce domaine ?

La Fondation est très présente pour accompagner les acteurs de l’ESS, qui s’engagent sur de nouvelles solutions durables : on travaille aussi, par exemple, sur la réutilisation de produits alimentaires, qui ne sont pas conformes, ou qui sont en date limite de vente (mais pas de date de consommation).

C’est donc tout un pan de l’économie qui est en train de se recréer. Sur l’alimentation mais aussi sur les transports doux, avec le recyclage de vélos, les ateliers de réparation, l’aménagement urbain … et les politiques publiques s’orientent là-dessus, ce qui profitera notamment à l’ESS.

Lire l’entretien avec Marion Canalès : « Comment Clermont Métropole peut-elle impulser un nouveau modèle ? »

Quels sont alors les liens de Suez avec le monde de l’ESS ?

Suez, ce sont des métiers avec beaucoup d’emplois, de main-d’œuvre. On travaille sur des matières pour lesquelles il n’y a pas toujours de filières de recyclage ou de valorisation. On peut, certes, mettre en place ces filières industrielles [quand les volumes sont significatifs] … mais, quand on arrive sur le très local, le très spécifique, on se branche tout de suite à l’écosystème ESS. Car ce sont eux qui ont les clés de la proximité, autant que les collectivités. C’est un travail de coopération.

La nouvelle promotion “expérimentation” de Cocoshaker. Suez est un des partenaires importants de l’incubateur clermontois / Crédit photo : Cocoshaker (DR)

On développe ainsi un process avec Ronalpia – à Lyon – pour favoriser l’entrepreneuriat autour de l’économie circulaire, dans le cadre de l’ESS. C’est aussi pourquoi la Fondation a été partenaire de l’appel à projet “économie circulaire” avec CocoShaker et le Valtom, sur le Puy-de-Dôme, en septembre 2020.

Lire l’entretien : “Marion Audissergues fait le pari des collectivités pour l’entrepreneuriat social”

Mais tout cela représente des initiatives de petite taille, et fragiles. Comment gères-tu le fameux “passage à l’échelle” ?

La question de la pérennité économique et de la faisabilité se pose de toute façon, surtout sur ces petites unités. Mais ces initiatives permettent à toute une filière de se mettre en ordre de bataille, de développer de nouvelles technologies qui sont plus efficaces, qui génèrent moins de déchets …

En économie circulaire, le système le plus vertueux reste le réemploi.

Quoi qu’il en soit, à la fin, les systèmes doivent être soutenables économiquement pour agir sur la durée et avoir un vrai impact écologique. Les questions seront, pour l’énergie : combien de kilowatt-heures, et à quel coût ? Avec quelle dépendance aux subventions – qui sont plutôt à la baisse ?

Quelle est ta stratégie d’innovation dans ce domaine ?

Nous intervenons beaucoup en open innovation. Suez dispose de 17 centres de R&D dans le monde, et nous travaillons aussi avec les collectivités locales, pour répondre à des besoins spécifiques. Sur la région, nous avons par exemple développé un drone flottant pour inspecter des installations inaccessibles, dans des réseaux d’assainissement souterrains. Et c’est devenu une technologie déployée largement.

SUEZ a aussi développé la Sewer Ball, une boule de 15 cm de diamètre bardée de capteurs, qui dérive dans le réseau et capte des infos en temps réel sur la qualité de l’eau. On la récupère en aval, ce qui nous permet d’exploiter les données, et de limiter notamment les arrivées d’eaux claires parasites.

La “Sewer Ball” est issue des laboratoires d’innovation ouverte de Suez. Bardée de capteurs, la boule parcourt un réseau d’égouts avant d’être récupérée en aval, où ses données seront analysées / Crédit photo : Suez (DR)

Quelle est la spécificité d’un opérateur comme Suez ?

Nous sommes à la frontière entre deux mondes, et nous pouvons fédérer des acteurs nombreux. Notamment dans le cadre de projets d’ampleur comme la ZFE (Zone de Faibles Emissions). Le fait d’être un acteur important fait qu’on regardera tout de suite des projets à dimension industrielle. On peut réaliser des pilotes bien sûr, mais on a, derrière, la capacité technique ou financière d’aller beaucoup plus loin. C’est un atout quand une petite structure est partenaire de nos initiatives.

Nous pouvons fédérer des acteurs nombreux.

Par ailleurs, l’autre fil conducteur de mon parcours, c’est l’intérêt public. Je cherche de l’intérêt général, dans des logiques de coopération. Nous sommes un industriel mais aussi un acteur du service public, accompagnant les politiques des acteurs publics.

Comment parviens-tu à faire le lien entre tous ces acteurs territoriaux ?

Nous avons la capacité à être médiateurs entre des gens qui ne connaissent pas ce monde public, ses contraintes, ses enjeux, ses atouts, et des acteurs publics qui n’ont pas forcément les clés du monde économique. Comme des agriculteurs, mais aussi des acteurs industriels : faire savoir, par exemple, que le biométhane peut servir pour faire rouler des véhicules. Si on s’adresse à des transporteurs pour changer leur flotte, nous savons qu’il y a des technologies éprouvées pour faire rouler des véhicules au gaz naturel.

Un site de traitement de biométhane à Chaumes en Brie. Selon Denis, “les agriculteurs sont des acteurs de la production d’énergie verte” / Crédit photo : Stéphane Compoint (DR)

Donc, aucun inconvénient lié à votre image de grand groupe ?

Si, car c’est aussi un frein dans certaines circonstances. Certains acteurs ont peur de discuter avec nous, peur que nous prenions la main sur un sujet public. Au final, tout est question de posture et de comportement vis-à-vis des parties prenantes.

Certains acteurs ont peur de discuter avec nous.

On voit par exemple, pour une installation industrielle, une gare, une sortie d’autoroute, que le syndrome NIMBY [Not In My Backyard*] s’applique à des projets de toute nature. Ce syndrome représente surtout une problématique de changements sociétaux : on a tendance à refuser toute contrainte et toute nuisance. Même si les nuisances n’ont jamais été aussi faibles qu’aujourd’hui !

Mais, hélas, c’est un frein auquel nous sommes confrontés : certains projets ne verront jamais le jour car les usagers ou les collectivités n’en veulent pas.

Lire l’entretien : Yannick Belat propose “une information éclairée sur les enjeux de l’eau”

Suez est présent à la ville comme dans les espaces ruraux ?

En tant qu’industriel, on fait mieux et plus dans des grandes unités. Mais ce n’est pas toujours vertueux d’être loin des villes : pourquoi déplacer à la campagne les contraintes de production d’énergie ou de traitement de déchets ? C’est donc, à mon sens, plus intéressant d’avoir une taille critique, pour disposer de moyens engagés en quantités suffisantes, et de pouvoir faire face à des coûts fixes importants.

Je cherche de l’intérêt général, dans des logiques de coopération.

Par exemple, on teste actuellement, à Lyon, des systèmes de micro-méthanisation, avec l’INRAE. En clair, tu descends de chez toi, tu mets ta poubelle dans le micro-méthaniseur : c’est “acceptable”, car ce sont tes propres déchets ! Il faut pour cela des technologies efficaces, et peu coûteuses, pour des micro-unités, que l’on aide à développer.

Un micro-méthaniseur, dans le conteneur gris clair, à côté d’une serre à Ecully, près de Lyon / Crédit photo : Alain Grenet (DR)

Au final, ces sujets relèvent de la coopération. Il faut se dire que toute activité humaine a forcément un impact. Comment les réduire, mais en prenant en compte les attentes et besoins de chacun ? Quand on réunit des acteurs autour de la table, on sait que l’intérêt d’un industriel n’est pas celui d’un agriculteur. Néanmoins, on poursuit le même but … la clé étant de dépasser les dogmatismes. Bien prendre les contraintes en compte, essayer de les atténuer, et c’est ainsi que des compromis efficaces émergent.

Revenons à ta thématique principale aujourd’hui, l’eau. Quel diagnostic fais-tu sur l’Auvergne ?

En Auvergne, il y a un problème de tension sur la ressource en eau. Il y a un vrai stress hydrique. C’est aussi valable sur la vallée du Rhône : les nappes ne se rechargent pas suffisamment depuis plusieurs années – une dizaine environ. La pluviométrie observée sur l’année est soit insuffisante, soit réalisée en trop grande quantités et au mauvais moment. Enfin, il y a un lien avec la qualité, forcément ! Quand les débits de cours d’eau diminuent, la pollution s’y concentre.

Suez développe plusieurs pistes pour répondre à ces problématiques … à commencer par la réduction des pertes sur les réseaux. De quoi s’agit-il ?

Nous travaillons d’abord sur l’efficacité des systèmes de captage, de production, de distribution d’eau. En clair, chaque litre d’eau puisé doit se retrouver au robinet, parce qu’il y aura eu le minimum de perte, sur tous les maillons de la chaîne. Tout cela passe par la question de l’efficacité des systèmes, et d’entretien des réseaux. En France, il manque environ 1,5 milliards € par an pour cet entretien. Un réseau d’eau potable se renouvelle complètement tous les siècles, et on n’y est pas !

Réparation d’une fuite sur un réseau d’eau potable. Le “rendement” moyen national est d’environ 80%, soit un litre d’eau perdu sur 5 injectés / Crédit photo : Suez (DR)

Dans la même logique, il faut travailler aussi sur les systèmes d’irrigation et sur leur efficacité, qu’ils soient économes en eau et en énergie.

Pour le problème de qualité de l’eau, quelles sont les technologies disponibles ?

Sur les traitements de l’eau en amont, Suez développe des traitements les moins gourmands et les plus réactifs : la solution est alors dans les technologies membranaires, et la décarbonatation de l’eau. Une eau moins calcaire coûtera moins cher à l’usager au final, parce qu’elle encrassera moins les chaudières et consommera moins d’énergie … sans parler d’une meilleure qualité gustative. Ce sont des technologies disponibles, mais elles se répandent lentement, et restent coûteuses.

En Auvergne, il y a un problème de tension sur la ressource en eau.

Grâce aux différents capteurs placés sur le réseau, nous pilotons intelligemment les réseaux d’eau. Nous pouvons alors suivre la performance de la production et du réseau, surveiller la qualité de l’eau en continu ajusté aux spécificités et aux besoins particuliers de chaque territoire, lutter contre les pertes en eau.

Reliée au centre Visio SUEZ, véritable tour de contrôle qui nous permet de piloter et de superviser les réseaux en temps réel, notre application AQUADVANCED® permet une gestion optimale du rendement de réseau et de la qualité de l’eau. Notre réactivité est renforcée, nos interventions plus efficaces.

Petit film sur les technologies membranaires, la solution prometteuse pour le traitement de la pollution aquatique / Crédit vidéo : Suez (DR)

Peut-on également appliquer une logique circulaire à l’eau ?

Il y a en effet la question de la réutilisation de l’eau traitée : la plupart du temps, elle est rejetée dans le milieu naturel, après traitement et contrôle. Or, elle pourrait être mieux réutilisée : dans les systèmes d’irrigation, et dans des usages industriels. Mais la réglementation est trop contraignante là-dessus. Et, en attendant, on utilise de l’eau potable dans les toilettes !

Tu es aussi sensible au problème de rejet d’eaux pluviales. Dans quelle mesure est-ce un problème ?

Dans certaines villes, il y a un réseau spécifique pour recueillir les eaux pluviales, comme à Toulouse depuis le XIXème siècle. Mais, en général, ces eaux partent à l’égout, et la station d’épuration risque d’être débordée, d’autant plus qu’il y a des orages potentiellement très forts.

Toulouse dispose depuis le XIXème siècle d’un réseau séparatif, permettant d’évacuer directement les eaux de pluie dans la Garonne. Cela peut poser des problèmes de pollution à cause du lessivage / Crédit photo : eaux de Toulouse Métropole (DR)

Suez développe des systèmes pour éviter ces débordements. Ce sont des solutions de stockage des eaux résiduaires dans les égouts, le temps que l’épisode pluvieux passe. C’est le cas à Saint-Etienne où nous avons développé une technologie de pilotage du stockage dans les réseaux en fonction des flux. Stocker dans les égouts permet de “tamponner”, à la manière des bassins d’orage.

Les acteurs territoriaux sont-ils globalement conscients de la raréfaction de la ressource eau ?

Oui. La résilience par rapport à l’eau, en particulier, commence à rentrer dans les mœurs. Le SME (Syndicat Mixte de l’Eau de la Région d’Issoire et des communes de la banlieue sud clermontoise), par exemple, est très au fait sur ces questions. Et on entend cette approche aussi dans le discours d’Olivier Bianchi. D’une manière générale, et particulièrement en Auvergne, le sujet est dans la pensée politique et le discours. Ce qui veut dire qu’il y aura, demain, des projets en accord.

La résilience par rapport à l’eau, en particulier, commence à rentrer dans les mœurs.

Ce SME est vraiment remarquable sur la gestion des infrastructures et de la ressource en eau : état du réseau, investissement régulier, attention portée au “rendement” – la recherche du plus petit écart possible entre le mètre cube capté et le mètre cube livré … Tout cela dans une zone pas facile à desservir, et très étendue : le syndicat couvre le sud du Puy-de-Dôme, avec plus de 100 communes et une densité de population hétérogène. La capacité d’investissement est donc forcément impactée.

Le réservoir de Tobize, dans le bassin d Issoire, a une capacité de 4000 m3. Il peut être rempli jusqu à trois fois par jour en période de pointe / Crédit photo : SME Issoire – DR

C’est là un vrai sujet de résilience. Mais tu l’appliques aussi au domaine de l’alimentation …

Pour l’alimentation, nous sommes aux deux bouts de la chaîne : à l’irrigation du monde agricole, et à la récupération des matières organiques. A chaque fois, on peut agir ! Et, au milieu, il y a de la consommation d’énergie. Sur ce secteur, nous pouvons notamment travailler sur le réemploi, sur l’amendement organique – possible à partir du compost ou des boues de station ou des déchets verts … SUEZ est au cœur de la problématique .

Nous sommes très engagés sur les sujets liés à l’Alimentation Durable : nous développons avec la Métropole de Lyon et le Groupe EBRA, ainsi qu’avec de nombreux autres acteurs publics et privés, une dynamique portant le nom de GOOD. L’objectif est de présenter, à Lyon à la mi-2021, au grand public, ainsi qu’à un public averti, des solutions concrètes et durables pour privilégier une alimentation durable pour tous.

Quel est le projet phare en agriculture que tu soutiens ?

Il y a 3 ans, nous avons monté le projet API, Agriculture Périurbaine Innovante, qui réunit le Syndicat Mixte Hydraulique Agricole du Rhône, ainsi qu’Eiffage, la Métropole de Lyon, la Chambre d’Agriculture du Rhône, et d’autres acteurs privés. Sur Lyon, il y a les mêmes problématiques de terres agricoles qu’ailleurs : pression foncière, étalement de la Métropole, absence de reprise des exploitations pour ceux qui partent à la retraite. L’idée est pour nous de contribuer au maintien de cette ceinture verte, en lien avec le Projet Alimentaire Territorial lyonnais.

Nos réflexions portent sur comment donner aux agriculteurs les moyens d’accéder à l’eau.

Nous travaillons ensemble pour maintenir les productions à valeur ajoutée, par des agriculteurs existants ou nouveaux, et pour favoriser la consommation locale. Nos réflexions portent sur comment donner aux agriculteurs les moyens d’accéder à l’eau. Exemple avec la cerise de Bessenay, qui a besoin d’eau à un moment donné, très précis. Or, les agriculteurs nous disent qu’ils ont, globalement, “trop d’eau et au mauvais moment”. Réponses ? Retenues collinaires, irrigation … puis, quand la cerise est produite, voir comment l’acheminer, avec le minimum d’impact, jusqu’aux consommateurs urbains, en utilisant le fleuve et des transports à faible impact CO2.

Pour conclure, tu défends une position très transversale, au croisement de nombreux sujets environnementaux et de nombreux acteurs territoriaux. Comment résumerais-tu ton approche ?

Nos métiers sont vraiment au cœur du défi climatique. Je constate une prise de conscience citoyenne, collective, qui doit nous permettre de mettre en œuvre des dispositifs pour améliorer la qualité de vie. Nous avons les technologies, la bonne approche, les budgets – même s’ils ne sont pas toujours suffisants. Et cela crée de l’emploi, des filières, des initiatives.

Je constate une prise de conscience citoyenne et collective.

Dans le monde de l’entreprise, nous sommes pragmatiques. Les solutions sont à notre portée, et elles doivent contribuer à l’amélioration de ce qu’on réalise aujourd’hui. Faisons déjà cela. C’est ma vision.

*NIMBY : Pas Dans Mon Jardin

Pour aller plus loin :
le site officiel de Suez France

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Propos recueillis le 11 décembre 2020, mis en forme pour plus de clarté puis relus et corrigé par Denis. Crédit photo de Une : SME Issoire (DR)