Pour Diane Deboaisne, “l’urbanisme doit faire la synthèse de beaucoup d’enjeux”

Par

Damien Caillard

Le

Energie, végétalisation, mobilité, matériaux, accessibilité, concertation … le CAUE du Puy-de-Dôme accompagne les acteurs locaux sur tous ces enjeux.


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Pourquoi cet article ?

Lors du dernier Camp Climat Auvergne, organisé par Alternatiba fin août 2020, j’ai suivi plusieurs conférences sur les enjeux écologiques du territoire.

L’une portait sur la question de la chaleur en ville et donnait notamment la parole à Diane Deboaisne du CAUE63 (et aussi à Eric Desmazeau, du collectif Arbre Citoyen et avec qui je m’étais entretenu en septembre).

J’ai pu revoir Diane fin 2020 pour parler du rôle du CAUE dans l’orientation écologique des choix urbanistiques, énergétiques et architecturaux du territoire – collectivités, entreprises ou particuliers.

Damien

L’intervenante : Diane Deboaisne

Architecte-conseil DPLG auprès du CAUE du Puy-de-Dôme, membre du groupe “énergie” au sein de la Fédération nationale.


Née à Toulon, Diane a vécu en Provence, en Bretagne puis sur Paris. Architecte diplômée par le gouvernement, elle travaille d’abord en indépendante puis en cabinet. En 2007, elle rejoint le CAUE du Puy-de-Dôme à Clermont.

A ce moment, le CAUE souhaitait équilibrer son action plus vers l’urbain que vers le rural. Diane est arrivée dans ce but : “J’avais de l’expérience en milieu très urbain, [or] c’est très logique de travailler sur l’ensemble des territoires pour aborder les enjeux de connexion, d’échange, d’urbanisation …” dit-elle.

Au CAUE, Diane participe aux différentes missions et notamment du conseil aux particuliers ou aux collectivités. Elle a aussi piloté en 2012 la publication d’un guide destiné aux élus pour les accompagner dans l’orientation écologique des PLU (avec Sylvain Avril, désormais à l’ADEME)

Diane est notamment spécialisée dans les questions d’énergie urbaine (îlots de chaleur, flux d’air, végétalisation, eau …) au sein d’un groupe national dédié à cette thématique dans la Fédération des CAUE.

Crédit photo : CAUE63 (DR)

La structure : CAUE du Puy-de-Dôme

Association conseillant et accompagnant les acteurs du territoire dans leurs choix architecturaux, énergétiques et urbanistiques


Les CAUE sont présents un peu partout en France. Ils sont issus d’une loi sur l’Architecture de 1977 et sont financés par les départements – notamment à travers la “taxe aménagement”. Même s’ils doivent négocier avec les départements, les CAUE sont globalement indépendants financièrement et n’ont pas de logique commerciale. Ils peuvent ainsi formuler des recommandations de “bon sens“, qui ne vont pas toujours dans les directions envisagées par les élus.

Sur le Puy-de-Dôme, le CAUE63 est basé à Clermont (maison de l’Habitat) mais peut agir partout sur le département. Il a fêté récemment ses 40 ans et regroupe 7 conseillers attribués à des parties de notre territoire.

Les missions des CAUE en général sont définies par la loi : formation, information, conseil et pédagogie. Dans le Puy-de-Dôme, l’action du CAUE s’oriente beaucoup vers les collectivités, même si des particuliers peuvent solliciter les architectes-conseil pour leurs projets.

Les CAUE poussent ainsi les élus à mieux intégrer et comprendre les défis du dérèglement climatique dans l’aménagement du territoire en général. Comme le souligne Diane Deboaisne, architecte-conseil au CAUE63, l’approche est très transversale : “on essaye d’orienter les choix politiques des collectivités de sorte à ce qu’elles intègrent tous [ces] enjeux.

Voir le site du CAUE du Puy-de-Dôme
Contacter le CAUE du Puy-de-Dôme par téléphone : 04 73 42 21 20
Contacter le CAUE du Puy-de-Dôme par e-mail : contact@caue63.com


Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?

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Comment définiriez-vous la question de l’urbanisme, d’un point de vue écologique ?

L’urbanisme, c’est une compétence qui doit faire la synthèse de beaucoup d’enjeux, de thématiques sectorielles et de politiques publiques. C’est très complexe, et ça demande des équipes pluridisciplinaires de concepteurs pour les études et la planification.

L’urbanisme est une compétence qui doit faire la synthèse de beaucoup d’enjeux.

Comme souvent, lorsqu’il s’agit d’environnement, il faut d’abord bien connaître le territoire dans lequel on agit pour adapter son projet, pour préserver les patrimoines, les fonctionnalités, en particulier celles des continuités écologiques. Après, tout est affaire de réglages, d’équilibre à trouver entre les enjeux de développement, de protections, les attentes sociales … afin de révéler au mieux les qualités et le potentiel de ce territoire. 

Avez-vous un exemple en tête de sujet propice à des approches erronées ?

Les élus qui prennent de nouvelles fonctions exécutives doivent être conscients de cette complexité. Ils ont parfois en tête des images des « représentations » de la ville qui ne sont pas adaptées aux enjeux de leur territoire … cela dit, [quand des erreurs sont commises], c’est souvent en toute bonne foi.

Les nouveaux élus, par exemple, ont souvent un rejet marqué des questions de densité. Or, la densité n’est qu’une des manières d’évaluer un tissu urbain : on peut avoir un tissu très dense avec une bonne qualité de vie et une efficacité énergétique, comme l’inverse. 

La plupart des particuliers rêvent d’une maison individuelle isolée au cœur de sa parcelle, forme potentiellement exposée à de fortes promiscuités. C’est une représentation du “château”, la grosse maison, symbole d’une réussite sociale. À l’inverse, les maisons « en bande », implantées en mitoyenneté, que nous conseillons, permettent une meilleure qualité d’usage et d’intimité des espaces privés, logements et jardins, et beaucoup d’économie de foncier, de voirie et de réseaux.

La vision classique du “pavillon” à la française, isolé au milieu de sa parcelle, correspondrait à l’idéal d’un château privatif / Photo domaine public

Quel est l’impact de ce type d’habitat sur l’espace public ?

Des parcelles dites “laniérées” (…) permettront de “qualifier” l’espace public. Quand on pense par exemple à des tissus de “faubourg urbain”, les maisons forment un front bâti continu, et des petits commerces en rez-de-chaussée peuvent fonctionner. En outre, on a besoin de moins de voirie, et on facilite la mise en place de transports en commun. Enfin, l’espace public étant davantage emprunté, on pourra plus facilement l’aménager et y implanter des bancs, des arbres. 

Les nouveaux élus, par exemple, ont souvent un rejet marqué des questions de densité.

Cet espace public, dans les milieux plus denses, sera plus vivant et intéressant dans son dessin que les lotissements éloignés des centre-bourgs. Mais l’archétype de la maison en “bande” reste la cité ouvrière. C’est une représentation psycho-sociale dévalorisée et les promoteurs proposent surtout des maisons isolées au centre de la parcelle. Même si cela a au final beaucoup moins d’avantages.

La cité des vieux corons à Bauvin, près de Lens. L’habitat “laniéré” est un modèle intéressant en termes d’aménagement, bien plus que la parcelle isolée selon Diane / Ccrédit photo : Jérémy-Günther-Heinz Jähnick (Wikimedia Commons, GFDL 1.2)

Comment le CAUE agit-il sur les questions d’habitat, d’urbanisme et d’écologie ?

Le CAUE du Puy-de-Dôme a plus de 40 ans. Nous sommes sept conseillers qui allons sur les territoires ou accueillons des particuliers pour donner des conseils. [Nos missions] ont été définies par la loi : formation, information, conseil et pédagogie. 

Dans le Puy-de-Dôme, nous faisons beaucoup de conseil aux collectivités, sur des questions d’architecture, d’aménagement, de planification, d’urbanisme opérationnel – comme les dossiers de création de ZAC, les projets de lotissements. 

Les CAUE proposent également du conseil aux particuliers : nous recevons les porteurs de projets sur rendez-vous, pendant une heure, gratuitement. Des actions pédagogiques, dans les groupes scolaires peuvent porter sur des sujets transverses, comme “la maison écologique”, le patrimoine, les déchets, le bruit …

Le CAUE reçoit gratuitement sur rendez-vous les particuliers demandeurs de conseils pour leur projet architectural et édite des notes pratiques / Crédit visuel : CAUE63 (DR)

Enfin, nous travaillons sur tout ce qui est lié à l’environnement : la biodiversité, l’agriculture, l’énergie … nos domaines d’action sont vastes. Nous organisons des colloques thématiques, et réalisons des parutions. 

Les élus locaux sont-ils réellement sensibles à vos recommandations ?

Nous donnons un conseil de bon sens et “stratégique” : nous essayons d’orienter les décisions des collectivités de façon à ce qu’elles intègrent tous les enjeux. Par exemple, la prise en compte des enjeux de paysage, un enjeu important ici du fait de la variété de la topographie ou les continuités écologiques – trames verte et bleue -, la préservation de l’eau, la question des transports. Cela peut aussi concerner la concertation du public.

Lire l’entretien : Pour Rachid Kander, “l’idéal, c’est la Métropole multi-polaire”

Quelle est la problématique à laquelle répondent les trames vertes et bleues ?

Le Grenelle de l’Environnement [en 2007] a créé ce concept. C’est en constatant la perte de biodiversité qu’on a imaginé qu’il fallait des espaces suffisamment continus et diversifiés pour garantir la survie des espèces. Or, l’urbanisation ignorait cette approche. Le Grenelle a donc imposé que l’on traite ces enjeux de continuité écologique dans les PLU [Plan Local d’Urbanisme], les SCoT,…. 

Nous donnons un conseil de bon sens et “stratégique”.

Le CAUE a publié un petit guide pour expliquer ce qu’est une Trame Verte et Bleue – en montrant des références comme le PLU de Lentilly, en banlieue lyonnaise. Notre objectif était de faire comprendre l’enjeu auquel la loi cherchait à répondre, et qu’il est possible de le faire. Pour cela, nous donnons quelques indicateurs simples pour que les élus puissent agir même s’ils n’ont pas de compétences de naturaliste.

Comment s’assurer qu’un tel dispositif est pris en compte dans les PLU ?

Souvent, il faut des intervenants spécialisés, notamment pour faire les diagnostics. Notre rôle, idéalement, est d’être présent en amont dans l’étude pour pouvoir qualifier [ce qui est nécessaire]. Ainsi, dans un marché passé par une collectivité, si on n’a pas inscrit dans le cahier des charges qu’il fallait travailler sur les trames vertes et bleues, le bureau d’étude ne le fera pas car ça coûte trop cher. 

Notre rôle, idéalement, est d’être présent en amont dans l’étude [des PLU].

C’est pour cela que l’on travaille beaucoup auprès des élus, sur l’accompagnement de l’élaboration du cahier des charges des études avec les techniciens des communautés de communes ou des Pays, les agents des Parcs naturels régionaux… et bien sûr avec d’autres acteurs comme les services de l’État, la LPO, etc.

Vous êtes aussi membre, en tant qu’architecte-conseiller, d’un groupe thématique sur l’énergie urbaine. Comment avez-vous abordé ce sujet ?

La première fois que j’ai travaillé [sur l’énergie urbaine], c’était dans le cadre d’une étude de requalification de l’habitat dans un tissu urbain dégradé – le quartier de la gare à Clermont. Le quartier est envahi par la voiture, il y a très peu de végétation, d’espaces publics et de loisirs pour les habitants. Là, il faut repenser non seulement la qualité des logements mais aussi la qualité d’usage des tissus urbains et des espaces extérieurs.

Lire l’article : A la Goguette, Jonathan Biancolin et Laura Bossé misent sur l’éco-responsabilité conviviale

N’ayant pas inscrit cela dans leur offre, [les bailleurs sociaux] n’avaient aucun financement pour cela. Le CAUE a pris deux stagiaires, et on a relevé l’aménagement des parcelles privées et des espaces publics en différenciant sols étanches, imperméables et végétalisés – à l’œil, mais ça permettait déjà un certain niveau de précision. 

Dans le quartier de la gare SNCF de Clermont, de nombreux immeubles pâtiraient de leur orientation par rapport au soleil ou aux vents, et de trop grandes surfaces bitumées / Crédit photo : éditeur

Quelles conclusions tirer de cette étude concernant l’habitat et le confort thermique ?

C’était la première fois que nous avons travaillé sur le confort thermique en ville. (…) On a tout cartographié et on a montré que le quartier de la gare était très aride. En croisant cela avec des informations sur les vents locaux, on a constaté quels secteurs étaient balayés par le vent du nord – dominant neuf mois par an, assez doux donc peu identifié mais quasi permanent. Pendant les trois autres mois (en automne), le vent du Sud est dominant, et tout le monde le reconnaît car c’est le vent de “tempête”.

Le quartier [de la gare à Clermont] est envahi par la voiture, il y a très peu de végétation, d’espaces publics et de loisirs pour les habitants.

Avec cette information, on comprend que, dans un immeuble qui forme une barre est-ouest, les logements orientés au Nord seront donc assez inconfortables en hiver, et devront être fortement isolés. A l’inverse, un immeuble orienté au sud avec une façade entièrement vitrée qui surplombe un parking bitumé (qui emmagasine la chaleur) est très désagréable à habiter en été. Dans les deux cas, la végétalisation des espaces extérieurs permettrait d’améliorer le confort thermique des espaces proches.

Dans le cadre de la problématique d’énergie urbaine, la végétalisation de l’espace public est un des enjeux mis en avant par Diane / Crédit photo : CAUE63 (DR)

Et comment répondre à cette problématique ?

Le confort thermique en ville est très lié à l’occupation végétale, à la présence de grands arbres. Plus on a des combinaisons de strates – herbe, buissons et haies, grands arbres – plus l’effet rafraîchissant sera efficace aux alentours. Et ça aura des impacts positifs en termes de biodiversité et de paysage.

Les surfaces de sols perméables ont le grand intérêt de laisser pénétrer les eaux de pluie, et de créer de la fraîcheur par évaporation. Un arbre sur un sol étanche sera beaucoup moins intéressant que sur une prairie, car il aura beaucoup moins d’eau disponible, et le phénomène d’évapotranspiration en sera moins efficace.

Lire l’article : pour le collectif Arbre Citoyen, “l’arbre en ville est tout bonus !”

Justement, comment percevez-vous l’évolution des paysages et notamment des forêts ?

Le changement des milieux est très inquiétant. Il nous amènera à un climat et des milieux de type méditerranéen à l’horizon 2100. Les milieux montagnards ne perdureront que sur les plus hauts reliefs du Massif Central.

Pour moi, la biodiversité est un enjeu énorme. On pense par exemple qu’il n’y aura bientôt plus ni châtaigniers ni hêtres sous nos latitudes. Les forêts de Douglas résistent mal également. Beaucoup d’espèces remontent vers le Nord. Et des incendies sont à craindre. Les politiques publiques devraient anticiper ces difficultés.

La forêt au-dessus de Sayat, au nord-ouest de Clermont, à l’été 2020 : des arbres commencent à mourir de chaud par groupes / Crédit photo : éditeur

Le risque d’incendie peut-il impacter l’habitat en Auvergne à ce point ?

Quand on travaille sur des milieux très dispersés comme sur le Livradois, on a de très nombreux petits hameaux, qui seraient difficiles à défendre en cas d’incendie majeur. Il faudrait interdire les extensions de ces hameaux, car ça mettra probablement des populations en situation de péril [à moyen-long terme].

Lire l’article : Le changement climatique dans le Massif Central, suivi par Vincent Cailliez

En retour, comment analysez-vous la problématique hydrique sur le territoire ?

Il y a beaucoup de phénomènes qui se conjuguent : on a d’abord empêché l’Allier de “divaguer”, de changer son cours de manière sauvage, pour maintenir les parcelles et les lots. On y a réalisé beaucoup d’enrochements sur les rives pour ralentir leur érosion. 

Le problème, c’est que cela accentue la vitesse de l’eau, et donc la rivière se creuse et emporte encore plus de terre. Conséquence : le niveau du lit, et des nappes phréatiques alluviales, descend. Cela impacte forcément les stocks d’eau disponibles pour les villes. 

L’Allier vue depuis le viaduc d’Abrest. La rivière est un des principaux cours d’eau français, et de nombreuses villes comme la métropole clermontoise, les agglomérations de Vichy ou de Moulins en dépendent / Crédit photo : Tabl-trai (Wikimedia Commons CC-BY-SA 4.0)

Heureusement, il y a aujourd’hui beaucoup de travaux sur le reméandrage de rivière. L’action du Syndicat Mixte de la Vallée de la Veyre et de l’Auzon en est un bon exemple, à la Sauvetat par exemple. Cela ralentit le cours de l’eau et permet de soutenir la biodiversité.

Vous êtes aussi une ardente défenseuse des haies en réponse à la raréfaction de l’eau …

En effet. Il faut savoir que la Limagne a été dépeuplée de ses haies et de ses alignements de noyers historiques. Le vent y est ainsi plus fort, et l’ombre plus rare. Cela est dû au remembrement, à la volonté de créer des grandes parcelles. La Limagne étant un ancien marais on a aussi mis en place beaucoup de “rases” qui canalisent l’eau, pour diminuer l’humidité des terrains -. Résultat : l’eau s’en va plus vite. 

Or, les haies ralentissent l’érosion éolienne et l’évaporation de l’eau, favorisent la biodiversité et la présence d’espèces auxiliaires pour lutter contre les prédateurs des cultures – à condition d’avoir très peu, ou pas, d’intrants et de produits phytosanitaires.

Nous travaillons parfois avec la mission Haies Auvergne sur la question des sols. On les fait intervenir sur la sensibilisation au rôle, à la plantation et à l’entretien des haies et des arbres en plein champ, pour savoir où et quelles essences planter, comment assurer un bon impact sur le cycle de l’eau, sur la biodiversité, sur l’abri des troupeaux … c’est un outil formidable d’accompagnement des territoires et des agriculteurs.

Outre le fait dêtre d importants réservoirs de biodiversité, les haies peuvent retenir le sol et augmenter la rétention d eau / Crédit photo : Annie Spratt Unsplash, DR)

Pour conclure, à travers le CAUE, vous travaillez beaucoup avec les acteurs du territoire. Comment néanmoins intégrer l’avis des habitants ?

Souvent, les réglementations qui émergent concernent des enjeux essentiels aux grands équilibres du vivant, à sa pérennité. Exemple avec l’objectif de “Zéro Artificialisation Nette”, décliné à différentes échelles de territoire (Europe, France, régions…) : il s’agit de cesser de consommer des espaces naturels et agricoles en extension urbaine, ou de renaturer des terrains dans la ville.

Cependant, cette vision, imposée par la loi, est quantitative. Il faut aussi (et d’abord ?) s’adapter aux enjeux d’un territoire pour éviter de perdre de la pertinence. Notre rôle sera donc de “pondérer” et qualifier ces orientations pour réfléchir à la qualité de vie qu’on peut proposer aux habitants. Si on densifie, sans tenir compte des attentes sociales, on ne sera pas du tout suivis par la population.

La vision imposée par la loi est souvent quantitative.

Il faut parvenir à établir un vrai dialogue. Cela dépend des communes et des sensibilités, mais en général la concertation n’est pas facile à faire. Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle conseille de laisser s’exprimer les colères dans un premier temps, pour arriver ensuite à des échanges plus constructifs.

Sensibilisation des jeunes aux enjeux du CAUE lors d’un atelier à Issoire / Crédit photo : CAUE63 (DR)

Les habitants du territoire acceptent-ils les conséquences du changement climatique ?

Il faut sensibiliser pour nous préparer à ces changements. Par exemple, dans les maisons, on peut introduire des protections solaires. Si le bâtiment est bien orienté, ce n’est pas difficile de se protéger des apports solaires !

Lire l’article : architecture, transition écologique et qualité de vie, selon Xavier Andiano

L’orientation sud est la meilleure en hiver comme en été : en hiver, le soleil, oblique, pénètre largement à travers les vitrages et apporte de la chaleur. En été, à midi au sud, l’angle d’incidence des rayons solaires à Clermont est de 71 degrés. Un brise-soleil suffit à réduire la chaleur. Chez moi, j’ai construit une treille en bois sur laquelle pousse une vigne : j’ai du raisin, et je suis protégée du soleil dans ma pièce.

Il faut sensibiliser pour nous préparer à ces changements [climatiques].

D’une manière générale, je pense qu’il faut sensibiliser à la végétalisation des parcelles en ville, c’est capital. Pour voir la végétation autrement que comme un décor figé, sans insectes ni “vivant” qui font peur. Bien choisir les essences, savoir les combiner, penser aux fonctionnalités environnementales plutôt que simplement délimiter son terrain, permettrait de faire un énorme pas pour l’insertion paysagère et pour la biodiversité.

Pour aller plus loin (lien proposé par Diane) :
comprendre : les “Carnets Découverte” édités par le CAUE63
agir : rencontrer les architectes-conseil du CAUE63
pour adapter votre projet aux enjeux du dérèglement climatique

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Propos recueillis le 21 décembre 2020, mis en forme pour plus de clarté puis relus et corrigé par Diane. Crédit photo de Une :