Avec 280 participants, la manifestation de dimanche 21 mars était un succès populaire. Mais la dénonciation polarisante des grandes entreprises ne facilite pas le dialogue …
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Pourquoi cet article
Le rôle des entreprises, et notamment des multinationales, dans la transition écologique est une problématique majeure. Si ces acteurs économiques sont contraints par les lois du marché et souvent par des habitudes héritées du libéralisme et de la croissance, elles ont pourtant un “effet de levier” capital quand elles choisissent de changer leurs pratiques pour respecter les limites planétaires. La question est donc : comment les y convaincre ?
A cela vient s’ajouter la crise de l’eau que nous vivons dans le Puy-de-Dôme : à rebours d’une image de “château d’eau de la France” qui n’est plus pertinente depuis longtemps, les réserves diminuent, sécheresse après sécheresse. En cause : le dérèglement climatique, mais aussi des raisons plus anthropiques comme certaines pratiques agricoles, l’artificialisation des sols ou encore les prélèvements industriels trop importants.
Volvic est une très belle réussite commerciale qui participe pour beaucoup à l’image internationale de la chaîne des Puys. Mais quel est réellement l’impact de la filiale de Danone sur les ressources locales en eau ? Celles-ci sont concentrées dans l’impluvium, cette réserve naturelle souterraine nichée dans les volcans et qui alimente autant l’usine d’embouteillage que les populations de Volvic et de nombreuses villes en aval. Et il semble bien que l’eau disponible en aval de l’impluvium soit de plus en plus rare, avec l’assèchement progressif des zones humides, la mort de nombreux arbres et la fermeture d’une pisciculture plus que centenaire en 2018.
De plus en plus d’associations, regroupées autour du collectif Eau Bien Commun 63, s’élèvent contre les prélèvements en eau de Volvic, qu’elles considèrent comme abusifs. L’entreprise se défend en arguant de son action de préservation en amont de l’impluvium – ce que personne ne conteste – et de la diminution des prélèvements. Mais celle-ci se fait par rapport au maximum autorisé par la Préfecture – qui fixe les quotas. Ces derniers sont-ils bien adaptés à la situation ? Les contrôles sont-ils efficaces ?
Si les écosystèmes s’assèchent en aval, c’est qu’il n’y a pas assez d’eau disponible. Des acteurs comme Volvic ou la Préfecture devraient changer de paradigme par rapport aux ressources en eau. Mais le feront-elles quand elles sont mises en accusation comme lors de la Marche du 21 mars ? De nombreuses tentatives de dialogue plus constructif ont été lancées par ailleurs, mais celui-ci ne semble pas s’être amorcé, aux dires de l’association Preva qui participe au collectif.
Damien
Quelques contenus pour aller plus loin sur le sujet :
Lire l’entretien avec Laurent Campos-Hugueney, porte-parole d’Eau Bien Commun 63 : “l’eau ne peut être privatisée au profit de quelques intérêts” |
Participer aux Rencontres de la Résilience sur ce thème – vendredi 26 mars à 12h30 : “eau et industrie dans le Puy-de-Dôme” – vendredi 9 avril à 12h30 : “l’eau en bouteilles face à une ressource locale en déclin” |
Note : j’espère vous proposer un échange avec Volvic dans les prochaines semaines afin de mieux comprendre leur position.
La structure : Eau Bien Commun 63
Collectif d’une quinzaine d’associations militantes de l’environnement, promouvant la gestion de l’eau sur le mode des “biens communs” – hors commerce et privatisation
La Confédération Paysanne est à l’initiative d’Eau Bien Commun 63, collectif d’acteurs citoyens autour d’une gestion différente de l’eau dans le Puy-de-Dôme. Le collectif est né fin 2019. Laurent Campos-Hugueney en est le porte-parole.
L’objectif est clairement de fédérer plusieurs associations du territoire sur le constat de l’obsolescence de l’arrêté cadre sécheresse, inadapté et incohérent avec la réalité comme avec la loi.
C’est dans ce sens qu’une pétition sur internet est en cours afin de faire pression sur les autorités.
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Reportage monté le 23 mars 2021 à partir de photos fournies par Alternatiba – je n’ai pas pu me rendre sur place / crédits photo Alternatiba63, Adrien Marie, Amaël le Bigot, merci à eux pour leurs magnifiques prises de vue