Christophe Vial incite à “se demander comment on va vivre avec le changement climatique”

Par

Damien Caillard

Le

Maire de Saint-Genès-Champanelle et vice-président à la Métropole en charge de l’eau, Christophe Vial constate les impacts environnementaux en cours et veut travailler avec les habitants de sa commune.


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Pourquoi cet article ?

Suite de la série d’entretiens avec les maires des communes de Clermont Métropole, réalisés en collaboration avec Pierre Gérard : après avoir échangé avec François Rage, maire de Cournon, en mars, voici un point sur la transition écologique et la résilience territoriale vue par Christophe Vial pour Saint-Genès-Champanelle.

En mai, nous devrions vous proposer un échange avec Christine Mandon, maire d’Aulnat. Le but est donc de faire le tour de la Métropole, en variant les profils de communes et les approches politiques et stratégies des élus concernés.

Damien

Les principaux points à retenir

  1. Plusieurs “événements climatiques extrêmes”, notamment de très violents orages suivis d’inondations, ont marqué Christophe Vial en tant que maire et habitant de la commune. Ils l’ont renforcé dans sa volonté de s’atteler à la manière de “vivre avec” le changement climatique, au-delà du traitement de ses causes.
  2. L’approche retenue est celle de la discussion et de la concertation avec les habitants. La commune de Saint-Genès étant très éclatée en termes d’habitats, l’enjeu est majeur et la réalisation parfois délicate, mais Christophe Vial souhaite multiplier les opportunités d’échange avec les habitants, notamment sur des sujets précis comme l’alimentation ou la mobilité, tout en ouvrant à des perspectives dépassant la commune.
  3. Le sujet de l’alimentation est a priori le plus fédérateur, du fait de l’importance de l’école primaire et de sa cantine, mais aussi du succès de l’AMAP et d’une certaine tradition agricole sur le territoire. Un projet de développement de l’alimentation de proximité est en cours de construction.
  4. Concernant l’eau, c’est une des spécialités professionnelles et institutionnelles de Christophe – il est 12e vice-président à Clermont-Métropole en charge du cycle de l’eau. Il mise sur la construction et la mise en place d’un Schéma directeur du cycle de l’eau, en lien avec l’ensemble du bassin versant, pour optimiser la ressource qui se raréfie chaque année, à condition de faire dialoguer toutes les parties prenantes et d’éviter les positions extrêmes.
  5. Sur Saint-Genès, la biodiversité et les habitats naturels – notamment les zones humides – sont malgré tout en bon état, et elles sont valorisées en tant que tel. C’est aussi une occasion de sensibiliser les habitants et d’accueillir des scolaires.
  6. En termes d’urbanisme, la question se pose – au vu de la forte croissance de la population – d’une évolution des règles pour freiner le développement des zones pavillonnaires, trop consommatrices d’espace et peu optimisées en termes énergétiques. Au-delà, Christophe Vial attend beaucoup du futur PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) pour améliorer la répartition des aménagements collectifs et permettre leur mise à niveau en termes de service et d’énergie.
  7. Le programme Inspire du SMTC permet de fédérer les habitants autour des questions de mobilité, en posant la problématique de la voiture face au transport en commun. La position de Saint-Genès, en surplomb de l’agglomération clermontoise mais assez proche, fait que la voiture reste beaucoup plus rapide que les transports en commun actuels. L’amélioration de l’offre du SMTC est donc un enjeu, notamment pour éviter que les personnes à faible revenu ne soient reléguées encore plus loin dans la Chaîne des Puys.
  8. Enfin, Christophe Vial insiste sur deux points “institutionnels” : d’une part, le basculement progressif des ressources des petites communes du côté des plus grandes collectivités – Métropole, Région, Etat – ce qui le prive de moyens d’expérimentation et de leviers d’action ; d’autre part, sa crainte de voir se “braquer” une partie de la population si trop de pression est mise sur les enjeux environnementaux. Pour autant, il reconnaît l’urgence de la situation et le besoin de travailler la résilience de son territoire, mais de manière concertée et collective.

L’intervenant : Christophe Vial

Maire de Saint-Genès-Champanelle ; vice-président à Clermont Auvergne Métropole en charge du cycle de l’eau


Elu en tant que maire de Saint-Genès Champanelle en 2020, Christophe Vial en était auparavant conseiller délégué aux réseaux d’eau et d’assainissement (depuis 2008), puis adjoint aux travaux en 2014. Il possède donc une vraie compétence sur les questions du cycle de l’eau, renforcée par sa présidence du Syndicat intercommunal de gestion de l’eau Beaumont-Ceyrat-Saint-Genès.

Par ailleurs, et suivant cette logique, Christophe Vial est aujourd’hui douzième vice-président à Clermont Métropole, en charge du cycle de l’eau.

Par ailleurs, il exerce la profession de chargé d’études dans un collectivité territoriale sur le Puy-de-Dôme. A 44 ans cette année, père de deux enfants, il habite depuis 2003 sur Saint-Genès-Champanelle.

Contacter Christophe Vial par e-mail : maire@saint-genes-champanelle.fr

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Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?

Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !

En tant que maire, vous avez été marqué par la “violence” de certains événements climatiques récents …

En effet. Au-delà du contexte général du changement climatique, nous avons vécu, ici, des épisodes météorologiques auparavant inconnus – de mémoire d’anciens du village, en tous cas. Je parle d’orages, de pluie, de grêle : quand la route entre Beaune et Laschamps devient un torrent, ça ne s’était jamais vu. Et, quelques mois plus tard, on a de vraies tensions sur la ressource en eau. Tout cela pose vraiment question.

Comment cette prise de conscience a-t-elle orienté votre approche du dérèglement climatique ?

Il y a deux aspects : ces événements de plus en plus extrêmes que l’on vit et que l’on ne peut nier. Mais aussi : comment nos territoires peuvent vivre avec tout cela. Sachant que, concernant le changement climatique, beaucoup de leviers sont au niveau des Etats – les émissions de gaz à effet de serre, la politique économique … Néanmoins, on peut avoir ici un vrai impact ici, au niveau de la commune : montrer que l’on peut “faire différemment”. 

La route inondée par un violent orage sur Saint-Genès, un épisode météo extrême “jamais vu” selon les dires de nombreux habitants / Crédit photo : Christophe Vial (DR)

Le problème est que, souvent, on se concentre sur l’impact que l’on peut avoir pour modifier la trajectoire du changement climatique. Mais on ne se demande pas assez comment on va vivre avec [cette nouvelle donne] ! Concernant l’eau par exemple, on avait des règles “toutes faites” il y a 10 ou 20 ans, sur un partage plutôt simple de la ressource. Je pense que ça ne fonctionnera plus comme ça demain.

Justement, vous êtes vice-président à Clermont Métropole en charge du cycle de l’eau. Quelle est la stratégie adoptée pour préserver cette ressource ?

Durant mon mandat précédent, j’étais [aussi] président du syndicat d’eau potable Beaumont-Ceyrat-Saint-Genès. Tous les dix ans, on actualisait le bilan “besoins-ressources” : une mise en perspective de l’évolution du territoire avec les quantités d’eau disponibles, afin d’éviter les ruptures en termes d’alimentation. Mais on ne donnait pas le détail de ce schéma pour les habitants.

Interview vidéo réalisée dans le cadre de la Rencontre de la Résilience du 15 janvier 2021 portant sur la question du “petit cycle de l’eau” à Clermont Métropole.

Cependant, on pourrait aller plus loin. Sur la manière de consommer par exemple : aujourd’hui, on se pose des questions qu’on ne se posait pas il y a 5 ans. Les choses ont évolué de manière très rapide, car on a accumulé des déficits pluviométriques … et parce qu’on avait l’habitude du “château d’eau de la France”. 

On ne se demande pas assez comment on va vivre avec le changement climatique

Je pense donc qu’un partage d’informations plus important doit être fait pour les habitants, pour qu’ils aient la vision d’ensemble de la problématique. Le schéma directeur du cycle de l’eau [mis en place par Clermont Métropole] nous apportera ces éléments plus concrets en ce sens, et on le partagera au maximum.

Lire l’entretien : Yannick Belat propose une information éclairée sur les enjeux de l’eau

Ce sujet de l’eau illustre bien la question de l’interaction avec les habitants, et de leur niveau d’information …

La clé, selon moi, réside dans la mise en place de temps de partage avec les habitants. (…) En effet, la commune est un périmètre pertinent pour arriver à faire comprendre les enjeux : pour le réchauffement climatique, mais aussi pour d’autres sujets, comme le “zéro phyto” par exemple. 

La clé réside dans la mise en place de temps de partage avec les habitants.

[En local,] on peut assez facilement illustrer la différence entre la manière de faire d’avant, et les nouvelles pratiques. Cela permet de sortir des “grandes messes”, de débattre sur les sujets, de parler des enjeux du terrain et d’échanger plus facilement – parce qu’on se connaît ! 

La commune de Saint-Genès est une des plus étendues du département, mais son habitat est très dispersé entre de nombreux bourgs distants de plusieurs kilomètres. Ici, Beaune-le-Chaud / Crédit photo : Wikimedia Commons

C’est pourquoi, dans le programme communal de Saint-Genès, on veut développer ces échanges avec les habitants. Il y a douze villages sur la commune : à chaque fois, on veut parler du village lui-même, mais aussi des enjeux sur la commune et ce qui la dépasse. L’idée est d’avoir un rendez-vous annuel, mais que l’on sorte du débat “devant chez moi” : profiter de ces moments pour élargir les horizons et sensibiliser sur des thématiques plus larges.

Lire l’entretien : co-construire démocratiquement les politiques publiques, selon Geoffrey Volat

Aujourd’hui, quel est le sujet qui concerne le plus les habitants de Saint-Genès ?

C’est [probablement] le sujet de l’alimentation locale : nous avons plus de 200 adhérents au sein de notre AMAP. Et on se rend compte que les derniers adhérents sont les nouveaux habitants. C’est même la première chose qu’ils font en arrivant ici ! 

Et comment souhaitez-vous valoriser ce sujet de l’alimentation locale ?

La commune est petite – 3650 habitants – mais nous disposons d’une grosse école, avec 450 repas quotidiens, réalisés sur place. On avait déjà mis en place pas mal de choses, comme des produits locaux, de l’alimentation responsable … Là, on souhaite aller plus loin.

C’est pourquoi on est en plein travail sur le PALD [Projet Alimentaire Local et Durable, dans l’esprit d’un Projet Alimentaire Territorial] communal, en ce moment : on a souhaité commencer sur le sujet, avec un stagiaire dédié, et un questionnaire dans le magazine municipal pour mieux connaître nos habitudes de consommation.

L’AMAP de Saint-Genès est une des associations qui connaît un des plus grands succès en termes d’adhésion de la population, et notamment des nouveaux arrivants / Crédit photo : AMAP de Saint-Genès (DR)

Après analyse des besoins des habitants, [nous verrons ce qu’on] peut mettre en place pour [relocaliser] les circuits d’alimentation, les développer en lien avec la Métropole mais aussi l’INRAE de Theix. Ces acteurs sont très intéressés pour travailler sur ces sujets.

Lire l’entretien : pour Jean-Pierre Buche, « le PAT veut montrer que la transition est possible »

Le territoire de Saint-Genès est-il de nature agricole ?

Oui, avec une orientation principale sur l’élevage bovins et ovins, et un peu de production de lait. Il y avait du maraîchage sur Saint-Genès … mais l’activité s’est arrêtée, simplement parce que personne ne l’a reprise. [Cela veut dire que] c’est possible ! On essaye donc de se poser les bonnes questions notamment pour développer des filières. 

Par exemple, l’INRAE envisageait de relancer un abattoir pour avoir en local une filière viande. Je pense qu’il y a quelque chose à faire, dans une logique de chaîne de valeur, notamment avec des financements Métropole.

Le site de la chapelle Saint-Aubin, entre Laschamp et Saint-Genès. L’environnement de prairies et de forêts est omniprésent sur la commune / Crédit photo : Wikimedia

Tous les projets de transition écologique doivent-ils être montés en lien avec Clermont Métropole ?

Parfois … il ne faut pas attendre. Par exemple, si on “réfléchit” Métropole, la ceinture maraîchère, elle est dans la Limagne. C’est logique ! Pourtant, il y avait du maraîchage auparavant sur Saint-Genès. Que peut-on faire ? Établissons le diagnostic, partageons-le avec les gens de la Métropole … on va gagner un temps fou ! Je suis convaincu qu’on peut aller plus vite, de cette manière, sur certains sujets.

Quel est votre levier d’action sur la transition en tant que commune ?

Normalement, les collectivités ont une autonomie financière parce qu’elles lèvent des impôts (…) Mais, au fur et à mesure que l’Etat retire ces leviers d’impôts et les remplace par des dotations, [ces capacités d’action diminuent].

Je suis convaincu qu’on peut aller plus vite, [en agissant au niveau de la commune], sur certains sujets.

Pourtant, il y a beaucoup d’expériences de transition très intéressantes qui viennent du terrain. Mais si on n’a plus de moyens, plus de latitude pour expérimenter, on ne fera pas avancer les choses. Le maire et son conseil municipal ne sont pas des agents de l’Etat … [or], on est en train de basculer dans ce système-là. Cela va être un vrai problème !

Et vis-à-vis de la Métropole, l’équilibre est-il satisfaisant ?

Aujourd’hui, on peut faire certaines choses de manière très locale, pour les besoins essentiels – notamment les petits commerces. Pour les équipements de centralité, comme une installation sportive d’ampleur, c’est différent. Le but est que le PLUI [Plan Local d’Urbanisme Intercommunal] maintienne le fonctionnement des communes tout en proposant des équipements centraux. Ce sera un équilibre à trouver.

Par exemple, un artisan habitant sur la commune de Saint-Genès ne peut pas y travailler : il n’y a pas de zone artisanale, pas de locaux vacants ! L’artisan sera obligé de travailler sur Clermont … bien que sa zone de chalandise soit ici, sur le plateau. C’est aberrant … 

Vous évoquiez également la logique de sensibilisation des habitants. Comment l’appliquez-vous sur la question de la biodiversité ?

La biodiversité et le “végétal”, on pourrait dire que ce n’est pas un sujet ici … mais c’en est un. (…) Les zones humides sont en assez bon état ici, et on les met en valeur. C’est une chance : on a tendance à laisser faire ce qui existe car il n’y a pas trop de tension. Et cela concerne l’ensemble des cours d’eau sur la commune.

Les zones humides sont en assez bon état ici, et on les met en valeur.

Ainsi, il y a quelques mois, on a voté avec la Métropole la mise en place d’un refuge dans cette zone humide, avec la LPO. On est également actifs sur l’Atlas de la Biodiversité engagé par la Métropole. Et on souhaite aussi faire comprendre l’action des agriculteurs sur le territoire – ce qu’ils font pour les intrants par exemple. Cela se fait notamment avec le CPIE de Theix.

Reportage de la chaîne locale TV8 sur l’aménagement de la zone humide de Saint-Genès, et relayé par le site eauvergnat.fr

Nous faisons aussi le nécessaire dans notre politique d’urbanisme pour la conservation des espaces naturels. Cela veut dire que nous le prenons en compte dans nos actions de préservation : parkings non imperméabilisés, récupération d’eau de pluie (…) L’intérêt est d’abord de montrer que l’on agit, et le faire savoir. 

Lire l’entretien : pour Lucie le Corguillé, “les zones humides ont un rôle capital dans le cycle de l’eau”

Saint-Genès est devenue, au fil du temps, une zone péri-urbaine de Clermont. Quelle est votre stratégie en termes de mobilité ?

Il y a une série de consultations en cours dans le cadre de Inspire [avec le SMTC]. Si on n’est pas concernés par les lignes B et C, la restructuration du réseau nous concerne. La centralité de la Métropole nous permet, en principe, d’accéder aux équipements principaux. [Dans ce cadre, nous avons tenu], fin mars, une réunion publique pour discuter et se projeter sur le réseau de demain, et la question d’un accès différent à la ville.

Peut-on penser une alternative à la voiture individuelle dans votre commune ?

Aujourd’hui, quand je vais travailler dans le centre-ville de Clermont, il me faut 20 minutes en voiture … contre presque 50 minutes en transports en communs. Ça ne fonctionne pas ! (…) Pourtant, je suis convaincu qu’il y a une appétence pour le transport collectif, à condition que l’on puisse réduire l’écart avec la voiture. 

Il y a une appétence pour le transport collectif, à condition que l’on puisse réduire l’écart avec la voiture.

Inspire, ça rendra [sans doute] la mobilité un peu plus coercitive, mais il faut qu’il y ait une offre en face. C’est tout l’enjeu du travail avec le SMTC.

Et comment envisagez-vous de mieux maîtriser l’urbanisation de Saint-Genès, en lien avec les attentes des nouveaux arrivants ?

Il y a 20 ans, personne ne voulait s’installer à Saint-Genès-Champanelle. Du froid, de la neige en hiver … aujourd’hui, du fait du changement climatique, l’enneigement reste assez limité. Mais on est en train de s’apercevoir que certains jeunes ne peuvent plus habiter ici. Ils sont contraints, pour des raisons de moyens, de basculer de l’autre côté de la chaîne des Puys. 

Et, en 2020, pendant le confinement, beaucoup d’habitants de Saint-Genès étaient très contents d’y habiter. Pourtant, c’est selon moi significatif d’un risque de repli. Le PLUI [en cours d’élaboration] devra y répondre : trouver un compromis pour “habiter autrement”, densifier les villages pour accueillir plus de monde, sans entraîner une artificialisation des sols.

Un pavillon en vente sur la commune de Saint-Genès : ce type d’habitation est-il adapté aux enjeux urbanistiques actuels et futurs ? Sinon, par quoi le remplacer ? / Visuel tiré du site immobiliernotaires.fr

Vous évoquez la nécessité de mettre fin au “tout pavillonnaire” …

A l’origine, il y a eu le SCOT [Schéma de Cohérence Territoriale] du Grand Clermont en 2011-2012, qui posait une règle d’économie d’espace. On poursuit sur ce chemin aujourd’hui … mais ça n’a pas encore été compris par les habitants. (…) L’urbanisme traditionnel, en effet, s’est fait en filaire et de type pavillonnaire. Mais ce n’est plus adapté aujourd’hui, ça [artificialise trop de terres].

On doit donc faire accepter que le tout pavillonnaire « classique », c’est quasiment fini, qu’il faut aller sur une autre forme d’habitat. Pourtant, on n’y est pas.

Comment convaincre les habitants des évolutions rendues nécessaires par le dérèglement environnemental ?

Il faut mettre ensemble des gens qui n’ont pas l’habitude de se voir, et discuter ensemble. (…) [C’est pourquoi], en milieu de mandat, on mettra en place un budget participatif à Saint-Genès. Au-delà du principe des initiatives, cela permet de montrer la complexité du monde dans lequel on vit (…) : j’ai une bonne idée, mais quel va être son impact, quelles vont être ses conséquences ? Je prends prétexte de ce budget pour asseoir la logique qu’on essaye d’avoir dans ce mandat.

Les équipements municipaux collectifs sont majoritairement sur le bourg de Saint-Genès, comme ici la mairie. Du fait de la croissance rapide de la population, leur “mise à niveau” énergétique, notamment, est un sujet d’actualité / Crédit photo : mairie de Saint-Genès (DR)

Etes-vous optimiste sur la capacité des acteurs des territoires à réaliser la transition écologique ?

Derrière les collectivités, il y a les habitants. Personnellement, j’ai peur de leur “décrochage” massif si on leur met trop de pression avec les enjeux environnementaux (…) Cette question d’acceptabilité sociale est donc fondamentale. 

Pourtant, quand on arrive à faire partager les choses, au moins avec une majorité de gens, le pari peut être gagné. C’est à mon sens ainsi que la transition doit se jouer. (…) Chacun n’avance pas à la même vitesse. Il faut l’accepter pour embarquer tout le monde.

J’ai peur du “décrochage” massif des habitants si on leur met trop de pression avec les enjeux environnementaux.

Et ça rejoint la notion de résilience : comment on adapte notre manière de vivre aux enjeux actuels. Avec nos moyens et nos leviers d’aujourd’hui. Quand on parle d’alimentation en eau, d’énergie produite sur les bâtiments … on touche tout cela. Avec, en transversal, la question du vivre-ensemble. 

Il faut qu’on arrive à se dire qu’on est heureux d’être à Saint-Genès-Champanelle parce que la commune préserve notre avenir.

Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?

Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !

Propos recueillis le 1er mars 2021 avec Pierre Gérard, mis en forme pour plus de clarté puis relus et corrigé par Christophe Vial. Crédit photo de Une : Geneanet (DR)