Protection des espaces et pratiques agricoles, réflexion sur le Plan Communal de Sauvegarde, “endurabilité” du développement … le maire d’Orcines détaille sa vision de la transition.
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Pourquoi cet article ?
Comme chaque mois depuis mars, je vous propose un entretien transversal sur la transition écologique et la résilience territoriale vue par un des maires de Clermont Auvergne Métropole.
J’ai pu voir Jean-Marc Morvan, maire d’Orcines, en juillet dernier. Son entretien fait bien sûr écho à ma rencontre avec Christophe Vial, maire de Saint-Genès-Champanelle, commune voisine et faisant face à de nombreux enjeux similaires (publié le 1er mai 2021).
Jean-Marc travaille également avec le CISCA, que je suis de près et qui l’accompagne dans l’adaptation de son Plan Communal de Sauvegarde aux enjeux du dérèglement climatique et environnemental. Une première phase avant l’élaboration d’un PCS métropolitain.
Damien
Les principaux points à retenir
- Une transition “endurable”, c’est un des mots-clé de Jean-Marc Morvan quand il parle de l’acceptabilité des mesures écologiques : par là, il insiste sur la nécessité de “vivre” et de se projeter dans les conséquences des décisions prises. Il alerte sur le risque de déséquilibre socio-économique induit par les mesures nécessaires à la transition, ce qui in fine repose bien souvent sur les épaules des élus locaux.
- De par sa formation de thermicien, Jean-Marc est très sensible aux enjeux techniques et énergétiques. Selon lui, les investissements écologiques doivent répondre à un critère de temps de retour sur investissement et de durée de vie technique des installations. Sa conclusion : sans aide de l’Etat, l’équation économique ne tient souvent pas la route. Il regrette donc la baisse drastique des dotations envers les petites communes depuis 2013.
- Beaucoup de bâtiments communaux datent des années 1980 ou 1990, comme le gymnase municipal. Ce sont souvent des “passoires”, acoustiques ou énergétiques. L’enjeu est de les rénover intelligemment, en les pensant de manière écologique, et en priorisant ce qui est le plus utile aux habitants.
- Sur Orcines – 17 villages – les terrains sont encore nombreux, pour construire ou pour pratiquer l’agriculture. Néanmoins, le travail effectué sur le Plan Local d’Urbanisme (PLU) a permis de consolider une logique de protection des terres naturelles et agricoles, notamment en essayant de réduire les nuisances et les conflits de voisinage, qui peuvent arriver quand des “néoruraux” viennent s’installer. D’autres conflits concernent les chemins de randonnée qui traversent des zones d’estive.
- Le rôle des agriculteurs est donc vu comme capital sur Orcines, principalement sur l’angle du maintien de l’activité et de l’entretien des paysages. La production alimentaire locale est un objet de fierté, elle est notamment fléchée pour des “circuits courts” mais sans évoquer de “stratégie alimentaire” pour autant.
- L’eau n’est pas un sujet d’inquiétude pour Jean-Marc, compte tenu de la pluviométrie locale.
- Un travail est en cours sur le Plan Communal de Sauvegarde, notamment grâce à l’accompagnement du CISCA. Un groupe d’habitants d’Orcines est régulièrement sollicité pour adapter ce document aux enjeux du dérèglement climatique, comme lorsqu’un orage exceptionnel a frappé la chaîne des Puys le jour de l’inauguration du Panoramique des Dômes.
- Enfin, le label UNESCO a eu comme atout principal de mettre tous les acteurs concernés par la chaîne des Puys – notamment les propriétaires privés – autour de la table et d’élaborer un cadre d’action structurant. Pour Jean-Marc, la conséquence principale a été l’amélioration des parcours et de la signalétique pour la randonnée.
L’intervenant : Jean-Marc Morvan
Maire d’Orcines depuis 2008 ; vice-président à Clermont Métropole en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
Originaire de Bourbon l’Archambault dans l’Allier, Jean-Marc Morvan a suivi des études dans le bâtiment et l’énergie et se définit comme thermicien de formation. Il a travaillé plusieurs années en bureau d’études à Chamalières, puis comme maître d’ouvrage au rectorat de Clermont.
Passionné de hand-ball, il a passé 40 ans de sa vie dans le milieu associatif de ce sport d’équipe, à tous les niveaux, de joueur à président du comité départemental, “ce qui m’a aidé pour les contacts, et m’a familiarisé avec la toile d’araignée à laquelle on fait face quand on dépose des demandes d’aides” précise-t-il.
Elu local à Orcines en 2001, il remporte la mairie en 2008. Il est également vice-président à Clermont Auvergne Métropole en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Contacter Jean-Marc Morvan par téléphone : 06 19 36 49 95 |
Crédit photo : Ville d’Orcines (DR)
Accès direct aux questions
- La transition écologique, pour toi, est une affaire “d’endurabilité”. De quoi s’agit-il ?
- Comment s’assurer que les choix écologiques des collectivités sont “endurables” ?
- L’équation entre écologie et économie est-elle insoluble ?
- Tu es thermicien de formation. Comment vois-tu l’enjeu énergétique sur Orcines ?
- Une commune de la taille d’Orcines ne peut pas avancer sur tous les fronts de la transition écologique, ou énergétique dans ce cas. Comment opères-tu tes choix d’investissements ?
- Plus largement, quelle pondération fais-tu entre l’habitat et les terres agricoles ?
- Quel rôle joue l’agriculture sur le territoire d’Orcines ?
- Au-delà de l’agriculture, quel lien fais-tu avec l’alimentation locale ?
- La pluviométrie d’Orcines est quasiment le double de celle de Clermont. L’eau est-elle un sujet de préoccupation ?
- Tu travailles également, avec plusieurs habitants de la commune et accompagné par le CISCA, sur le Plan Communal de Sauvegarde [PCS]. En quoi est-ce un document important selon toi ?
- Comment se passe l’accompagnement du CISCA sur cette réflexion ?
- Quel est l’enjeu de la résilience territoriale selon toi ?
- Enfin, la commune d’Orcines est directement concernée par la labellisation UNESCO et par l’action dans le cadre de la Chaîne des Puys. Qu’est-ce que cela t’a apporté ?
- Comment articules-tu tes missions sur Orcines et sur la Métropole ?
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !
La transition écologique, pour toi, est une affaire “d’endurabilité”. De quoi s’agit-il ?
Je veux dire qu’on doit être en capacité de ressentir le développement durable, d’en assumer les arbitrages, d’en comprendre les effets et les implications. Même si on est tous écolos parce que l’on tient à notre environnement naturel, on doit parvenir à se projeter dans les conséquences de nos choix sociétaux – les Gilets Jaunes en sont un bon contre-exemple.
La question de l’écologie endurable, c’est donc ça : souvent, une approche éco-compatible vient déstabiliser un système technique et économique préexistant. D’autant plus qu’il y a alors beaucoup de contradictions à résoudre dans nos pratiques au quotidien … et pourtant, il faut agir vite, se tromper le moins possible. En tant qu’élu, c’est une pression énorme avec des enjeux capitaux.
Lire l’entretien : avec Jean-François Caron, “la transition des collectivités se construit ensemble” |
Comment s’assurer que les choix écologiques des collectivités sont “endurables” ?
La question principale est à la fois celle du temps de retour sur investissement et celle de la durée de vie « technique » des équipements.
On doit parvenir à se projeter dans les conséquences de nos choix sociétaux.
Par exemple, en 2012, j’ai demandé une étude comparative des énergies de chauffage pour notre Equipement Communautaire de Proximité (ECP d’Orcines) : comment choisir entre le gaz, l’électrique, le fioul ou la géothermie. Venant du monde du bâtiment, c’est un sujet qui me parle. Il s’avère que la géothermie est intéressante écologiquement mais que son temps de retour sur investissement est démesuré (99 ans !). Comparativement, le gaz, plus polluant car hydrocarbure, s’amortit bien plus tôt.
L’équation entre écologie et économie est-elle insoluble ?
Le seul moyen d’aller vers de l’investissement écologique pour les communes est de bénéficier d’aides et de subventions, sinon l’équation économique ne se complète pas. On le voit par exemple avec les réseaux de récupération de chaleurs : ils ne sont pas économiquement viables dans un temps raisonnable sans aides publiques nationales.
Le souci, comme dans toutes les communes, est donc la baisse des dotations de l’État. En 2010, la commune d’Orcines avait une stratégie de rénovation énergétique ambitieuse … avant la baisse drastique de cette ressource. Depuis 2013, la dotation de la commune d’Orcines est passée de 314 000 € annuels à 90 000 € aujourd’hui. Sur cette période, c’est un manque de 1 million d’euros pour des projets futurs.
Les investissements écologiques ne sont pas économiquement viables dans un temps raisonnable sans aides publiques nationales.
Cependant, on espère aujourd’hui bénéficier de dispositions du plan de relance, suite à la pandémie, avec des aides conséquentes pour la rénovation de nos bâtiments publics. Par exemple, nous espérons bénéficier d’au moins 70% de subventions pour la rénovation des façades du Foyer Rural.
Tu es thermicien de formation. Comment vois-tu l’enjeu énergétique sur Orcines ?
Je suis en effet sensible à la baisse de consommation énergétique des bâtiments municipaux. Après le Foyer Rural, nous réfléchissons actuellement sur un diagnostic du gymnase d’Orcines, dont la construction date de 1994. Ces bâtiments sont des « passoires » autant thermique qu’acoustique … sans parler des fuites d’eau. A l’époque, ils n’ont pas été pensés écologiquement, il faut les adapter aux enjeux actuels qui permettra de réduire considérablement la facture d’énergie et la qualité de vie dans les bâtiments.
Une commune de la taille d’Orcines ne peut pas avancer sur tous les fronts de la transition écologique, ou énergétique dans ce cas. Comment opères-tu tes choix d’investissements ?
Il faut privilégier ce qui est le plus utile aux habitants : le Foyer Rural, par exemple, est utilisé quotidiennement par les 60 associations locales, ce qui représentent 86 activités proposées sur Orcines. Plusieurs manifestations s’y déroulent chaque week-end.
Il faut privilégier ce qui est le plus utile aux habitants.
Le Foyer Rural est donc un lieu de passage important : pour moi, c’est une priorité que de « mettre à niveau » énergétiquement ce bâtiment. Ensuite, c’est assez simple : on étudiera les bâtiments les uns après les autres, en espérant la continuité de subventions.
Plus largement, quelle pondération fais-tu entre l’habitat et les terres agricoles ?
Le constat actuel, pour l’habitat et la construction, sur tout le canton d’Orcines (23 communes), c’est qu’il ne reste plus aucun terrain à vendre ou de maisons à acheter. Doit-on pour autant récupérer des terres agricoles pour les convertir ? Nous sommes, là encore, dans la contradiction car, d’une part, il ne faut pas encourager la spéculation lors des ventes de terrain ou de maisons, et d’autre part il faut restreindre l’extension de l’habitat. L’équation doit trouver un équilibre de bon sens.
Nous avons fait le pari de la protection des zones agricoles dans le PLU
Sur la commune, il peut se passer beaucoup de temps pour récupérer une zone naturelle et la convertir en zone constructible. Pour exemple, l’aménagement de la résidence du Bois de Bournazet, d’une superficie de 5 hectares, a pris 40 ans ! Soyons réalistes, ne forçons pas les choses. D’autant plus qu’il reste des surfaces importantes en zone constructible.
Quel rôle joue l’agriculture sur le territoire d’Orcines ?
En 2008, suite aux élections municipales, la première réunion que j’ai souhaité organiser, avec mon équipe, pour la réalisation du Plan Local d’Urbanisme [PLU], a été à destination des agriculteurs de la commune. La question était d’une part de savoir si les exploitations seraient reprises par leurs héritiers, et d’autre part de protéger les périmètres des exploitations.
Nous avons fait le pari de la protection des zones agricoles dans le PLU. Aujourd’hui, 4 exploitations sur 5 existantes ont été reprises par les descendants. Tout cela me rend optimiste sur le maintien d’une agriculture de proximité. Nous apportons une attention particulière aux agriculteurs car ce sont eux qui préservent notre environnement et entretiennent nos paysages.
En complément : travailler en bonne intelligence avec le monde agricole, par François Bonjean
François Bonjean est adjoint au maire d’Orcines en charge des associations et de l’agriculture.
Lui-même exploitant agricole, il travaille aussi comme comptable au CERFrance, conseille et accompagne des agriculteurs dans leur activité.
En lien avec Lauriane Bonnabry, adjointe à l’urbanisme, il a travaillé sur l’aménagement du Plan Local d’Urbanisme (PLU) afin de faire cohabiter au mieux monde agricole, espaces naturels et habitat.
“Notre premier travail a été de définir correctement les zones à protéger à travers le PLU : espaces naturels et terrains agricoles. L’enjeu était de limiter les impacts auprès de la population et de réduire les nuisances.
Néanmoins, les conflits d’usage et de voisinage peuvent arriver, principalement du fait des “néoruraux” qui viennent s’installer sur Orcines depuis la plaine et ne sont pas habitués à la proximité du monde agricole – bruit, odeurs, passage d’engins, présence des animaux ou des insectes …
La construction du Panoramique des Dômes a aussi entraîné un gros travail avec les agriculteurs sur la redéfinition des parcelles forestières environnant le Puy de Dôme, et une évolution de la réglementation sur le reboisement, de concert avec le Conseil Départemental. Les agriculteurs ont ainsi été poussés à nous dire, de bonne foi, s’ils pouvaient exploiter ou non les parcelles nécessairement déboisées par le tracé du train à crémaillière.
Je dirais, au global, qu’il n’y a pas de stratégie d’ensemble : tout s’est fait naturellement à travers le PLU et les réglementations existantes. De toutes façons, nous avons assez de zones agricoles … mais aussi suffisamment de zones constructibles, même aujourd’hui. Néanmoins, l’enjeu reste la préservation des espaces naturels et agricoles par rapport à l’habitat. Il y a bien sûr de l’optimisation à faire, sur les cheminements ou certaines parcelles morcelées, mais cela reste marginal.
A signaler enfin des conflits d’usage plus problématiques au niveau des chemins de randonnée, en particulier envers les éleveurs qui font paître les troupeaux de brebis. Le comportement de certains marcheurs, touristes ou locaux, qui – par exemple – lâchent les chiens sans considération pour les animaux en pâture, peut créer ponctuellement de vraies tensions.”
Entretien téléphonique du 22 septembre 2021
Au-delà de l’agriculture, quel lien fais-tu avec l’alimentation locale ?
Deux de ces exploitations tenues par des jeunes agriculteurs ont mis en place de la transformation fromagère. Une exploitation produit de la fourme d’Ambert AOC et l’autre produit des fromages de chèvres – et bientôt du fromage de brebis. Cette dernière propose également de la viande d’agneau en vente directe. Ces deux exploitations adhèrent à une association “La Cagette” pour vendre en local leurs produits, ce qui limite l’impact environnemental.
En outre, on essaye de travailler sur la fourniture de produits locaux pour nos cantines scolaires. Est-ce pour autant une « stratégie alimentaire » ? Je ne suis pas sûr qu’un maire ait pour vocation à embaucher des jardiniers justes pour produire tel ou tel légume … néanmoins, il est nécessaire de travailler avec les agriculteurs autour de nous.
La pluviométrie d’Orcines est quasiment le double de celle de Clermont. L’eau est-elle un sujet de préoccupation ?
Sur l’eau, quand j’ai été élu en 2008, il y avait un taux de pertes énorme sur le réseau : près de 50 % ! Nous avons missionné un cabinet spécialisé pour ensuite engager annuellement des travaux de rénovation des réseaux. Aujourd’hui, le taux de pertes est plus dans la moyenne de 20-25 %. Aujourd’hui, les compétences de l’eau et de l’assainissement ont été transférées à la Métropole.
Tu travailles également, avec plusieurs habitants de la commune et accompagné par le CISCA, sur le Plan Communal de Sauvegarde [PCS]. En quoi est-ce un document important selon toi ?
En fait, je suis plus inquiet sur les événements météorologiques extrêmes, surtout quand la préfecture parle d’alerte orange. Je me souviens de l’inauguration du Panoramique des Dômes, quand un orage exceptionnel a frappé : on voyait l’eau monter dans la gare de départ, et on était inquiet pour les personnes présentes – on a été obligés de les faire monter à l’étage, on ne pouvait pas les faire sortir !
C’est pour cela que le PCS est important. Sur les réunions que nous menons, nous avons beaucoup de retours très constructifs et beaucoup d’engagement. J’espère qu’à fin 2021, nous arriverons à une première version opérationnelle de ce PCS. Et, même si un PCS métropolitain est mis en place, je pense que les PCS spécifiques par commune persisteront.
En complément : comité de pilotage et ateliers sur le PCS communal d’Orcines, par Lauriane Bonnabry
Première adjointe au maire d’Orcines, Lauriane Bonnabry (36 ans) est en charge notamment de l’urbanisme et de la réflexion sur le Plan Communal de Sauvegarde [PCS]. C’est elle qui anime les ateliers sur ce sujet avec l’aide du CISCA. |
L’ambition
Nous avions une obligation de rédiger un Plan Communal de Sauvegarde [PCS]. La commune disposait déjà d’un DICRIM, un document qui retranscrit les vulnérabilités du territoire mais sans élaborer de plan d’action. Le PCS doit compléter le DICRIM.
Notre ambition : proposer un PCS vraiment utile, en faisant participer le plus largement possible habitants et agents à son élaboration.
La méthode
Comment faire ? Désigner une personne en interne ou faire appel à un cabinet extérieur ? Jean-Marc Morvan avait connu le CISCA de par ses activités à la Métropole. Nous avons choisi de travailler avec eux notamment parce qu’ils nous poussaient à nous questionner sur des vulnérabilités qu’on n’aurait pas forcément anticipées : celles liées au changement climatique, plutôt que des risques volcaniques par exemple.
Le comité de pilotage
Un comité de pilotage d’une vingtaine d’habitants a d’abord été constitué pour travailler avec le CISCA. Ce comité comporte des profils différents de gens concernés par les enjeux territoriaux, choisis par la commune. Nous souhaitions réunir des gens qui connaissaient très bien le territoire.
Nous avons ainsi dans le comité des responsables associatifs, notamment dans le domaine des randonnées. Egalement, l’ancien chef de corps des pompiers, des professionnels du tourisme (restauration, hébergement), des artisans, commerçants … et des experts, une étant spécialisée sur l’eau et les nappes phréatiques, un autre sur le risque volcanique.
Tous ont répondu présents et surtout on sent l’intérêt sur la démarche. D’autant plus qu’on souhaitait mobiliser les gens à 100%. Nous sommes un groupe de 20 personnes dont des chefs de service – tous, avec les agents qui seront inclus prochainement, auront un rôle en temps de crise
Les ateliers
Nous avons fait trois réunions. La première consistait à présenter la démarche, puis de faire le “tour” de la commune, pour que le groupe d’accompagnants du CISCA puissent identifier les vulnérabilités et risques stratégiques. Par la suite, nous avons commencé à élaborer le plan en nous mettant en situation de crise.
Nous fonctionnons par groupes de travail en demi journées, avec des temps de restitution. Maintenant, nous entrons dans une phase de sensibilisation du grand public de la commune sur le sujet de la résilience et des risques potentiels (allant jusqu’à la rupture d’approvisionnement en eau ou en alimentation !), et nous allons nous y pencher.
Parler aux habitants
Nicolas Duracka, directeur scientifique du CISCA, est convaincu que ce sont des vulnérabilités plus proches de nous qu’une éruption volcanique. Et que ce ne sera pas facile d’en parler aux habitants, car la plupart ne sont pas près à l’entendre. Mais c’est le rôle de la commune que d’évoquer ce sujet
Rien à voir avec une politique publique imposée de l’Etat ou de la région qui arriverait d’en haut et qui nous dirait ce qu’on doit faire sans nous associer au processus.
Pour moi, c’était un vrai défi que de “ne pas jouer petits bras”, d’aller au fond du sujet. Mais le maire m’a suivi, et quand nous avons reçu les membres du groupe, nous avons d’emblée précisé que les thématiques abordées ne seraient pas facile à traiter car assez anxiogène. Mais notre travail porte du sens, et cherche à trouver des solutions avec ce dont on dispose à proximité : forcément, les gens se sentent concernés ! Et cela permet au final de faire passer le message.
Entretien téléphonique du 24 septembre 2021
Comment se passe l’accompagnement du CISCA sur cette réflexion ?
Notre travail s’est fait sous la direction de Nicolas Duracka [directeur scientifique du CISCA]. Dans le cadre du PCS, notre premier souci est le réveil du puy de Dôme avec une émission de nuée ardente à 900 degrés ! Mais nous voyons plus large puisque nous sommes pionniers d’un PCS à l’échelle métropolitaine, un travail que devra engager toutes ses communes, notamment dans le cadre de la crise sanitaire.
Quel est l’enjeu de la résilience territoriale selon toi ?
Pour moi, la résilience, c’est connaître tous les aspects de ce qui pourrait se passer demain … pour que ça se passe le mieux possible. D’une certaine manière, en tant que maire, je suis aussi responsable d’une structure qui collecte les infos et qui les analyse en ce sens. Si la résilience concerne les 17 villages de la commune d’Orcines, on doit « changer de braquet » et atteindre une cohérence territoriale. Par exemple, en y agrégeant des données transversales, comme la météo … mais ça devient vite complexe.
Enfin, la commune d’Orcines est directement concernée par la labellisation UNESCO et par l’action dans le cadre de la Chaîne des Puys. Qu’est-ce que cela t’a apporté ?
Le label UNESCO, selon moi, n’a rien changé sur le plan environnemental. En revanche, il a réuni les acteurs locaux autour d’un « plan de gestion », un cadre stratégique d’action. On a vu les effets par exemple sur la randonnée, en améliorant la signalétique, en réduisant l’impact des chemins, et ce avec tous les acteurs – notamment privés – autour de la table.
J’insiste sur la qualité de la concertation entre les acteurs de la chaîne des Puys, et en particulier les associations de propriétaires des montagnes et le PNR des Volcans d’Auvergne. Cela a permis de clarifier les actions de chacun, dans le cadre du développement durable. Aujourd’hui, une cellule très active de 5 personnes a été mise en place avec le Conseil Départemental et le Parc des Volcans pour travailler sur le label UNESCO.
Comment articules-tu tes missions sur Orcines et sur la Métropole ?
A la Métropole, je suis Vice-Président en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, ce qui me permet d’être à l’avant-garde de sujets pouvant intéresser notre commune.
A Orcines, comme dans les communes de notre strate de 3500 habitants, nous ne disposons pas de directeur technique. Ce sont les élus qui sont à la fois la tête dans le guidon tout en devant anticiper les besoins de demain, d’où notamment le travail sur le Plan Communal de Sauvegarde. Dit autrement : gouverner, c’est prévoir.
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !
Propos recueillis le 5 juillet 2021, mis en forme pour plus de clarté puis relus et corrigé par Jean-Marc. Crédit photo de Une : éditeur