Tiers-lieu de fait, la Perm est une jeune association qui s’épanouit dans l’ancien collège jésuite de Billom. Ses membres en racontent le projet, ses valeurs et son pari pour 2022.
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Pourquoi cet article ?
Je vous avais parlé de Sens9, association toute récente (fin 2021) qui travaille sur le lien des entreprises locales aux enjeux de transition écologique et de résilience territoriale … j’accompagne cette nouvelle initiative, en tant que journaliste. De ce fait, j’échange souvent avec Marie Forêt – interviewée il y a un an pour un autre projet sur la valorisation forestière – qui travaille aussi sur le projet Sens9.
Or, Marie habite à Billom et participe aussi à la Perm, cette autre association qui avait investi l’énorme bâtiment du collège jésuite. J’avais participé à quelques événements en 2021 – notamment un organisé par Alternatiba 63 – et l’initiative me plaisait bien – ça me rappelait le bon vieux temps d’Epicentre Factory, ce tiers-lieu dans le centre de Clermont (qui était plus coworking et moins culturel, mais sympa quand même !).
De fil en aiguille, je suis venu à rencontrer une partie des membres de l’association la Perm, par une froide soirée de février. Mais cet échange était revigorant, et à mon sens représentatif d’une initiative de “tiers lieu” en zone semi-rurale, à la fois structurée (notamment par ses soutiens et partenariats) et en réinvention permanente, un peu folle et barrée, et très surprenante.
Damien
Les principaux points à retenir
- La Perm est une association installée dans l’ancien collège jésuite de Billom. Ce projet est né à l’initiative de la ville de Billom, qui a contacté le collectif Rural Combo puis le groupe d’architectes la Preuve par 7 pour le mener à bien. De là est née en 2021 l’association la Perm, qui réunit aujourd’hui 430 adhérents dont une quinzaine de personnes très engagées.
- L’objectif de la Perm est d’abord d’aménager et de faire vivre le lieu de l’ancien collège. Très ancien bâtiment, massif, grand (7400 mètres carrés, 4 étages …), il a été sécurisé et viabilisé par la Mairie, mais le gros de l’aménagement reste à faire. La Perm y installe petit à petit des ateliers, des espaces communs, des salles d’exposition … et y organise de nombreux événements, notamment artistiques (kermesse d’automne, vernissages, concerts)
- Surtout, la Perm est une structure complètement ouverte aux associations tierces et aux porteurs de projets. Elle a par exemple organisé une journée de sensibilisation aux enjeux écologiques avec Alternatiba 63. Elle abrite, ou relaye, des initiatives et événements d’associations plus billomoises comme Micro Planète. Et, bien sûr, ses membres peuvent lancer et porter leurs propres projets, comme avec le festival autour du vélo prévu pour mai 2022.
- Bénéficiant d’une organisation très horizontale et partagée (pas de président unique ; fonctionnement en “classes” thématiques, avec des délégués élus tous les 6 mois sans candidature), la Perm veut promouvoir l’équité entre tous ses membres, la transparence et la défense du bien commun – qu’il soit le projet associatif ou le bâtiment lui-même. Un travail de fond a été réalisé avec l’aide de Rural Combo sur les valeurs socles et sur les “règles du jeu”.
- L’écologie est transversale au projet de la Perm, en reconnaissent les membres, même si le mot n’est pas central dans les statuts. Mais tous les projets autour de la Perm prennent en compte leur impact environnemental, voire souhaitent le réduire. Ainsi d’une expérimentation à lancer au printemps autour de l’habitat léger.
- Aujourd’hui, la Perm n’a que quelques mois d’existence. L’année 2022 sera importante avec plusieurs rendez-vous au printemps. Même si la mairie de Billom ne met pas trop la pression aux administrateurs, ils souhaitent tout de même, à terme, devenir les plus autonomes possibles. Si le modèle économique ne pose pas de problème, l’enjeu est surtout d’attirer davantage de bénévoles et notamment de jeunes Billomois.
- Enfin, les membres de la Perm sont vigilants quant aux appels du pieds des institutions à demander des subventions de fonctionnement : ils ne souhaitent pas à ce stade s’engager dans les contraintes administratives et sociales (emplois subventionnés) qui vont avec. Pour l’instant, la Perm, et le collège qui l’abrite, restent des lieux de liberté et de créativité avant tout.
La structure : la Perm
Lieu associatif culturel, écologique et expérimental, basé dans l’ancien collège jésuite de Billom
La Perm est une association fondée en 2021 à la suite d’une réflexion de quelques années engagée par la mairie de Billom. L’objet était notamment de “faire vivre” un bâtiment en déshérence, l’ancien collège jésuite, abandonné depuis les années 1990. Avec l’aide des collectifs Rural Combo et la Preuve par 7, le projet a pu naître et une association s’est déployée, rassemblant plusieurs habitants de Billom.
Les valeurs de la Perm sont celles d’une gouvernance horizontale, ouverte et tournante. Le projet revendique la notion de “défense d’un bien commun“. Le fonctionnement se fait par “classes” thématiques – programmation, logistique, communication … – dont les délégués sont élus tous les 6 mois, sans candidature.
Si l’écologie n’est pas inscrite en tant que telle dans les statuts, tous ses membres s’en revendiquent, directement ou indirectement. Les expérimentations, les productions artistiques, l’aménagement du lieu font tous référence à une prise en compte des limites planétaires et de l’impact environnemental.
Dans le bâtiment de la Perm, qui reste encore largement à aménager, on trouve plusieurs espaces de réunions, de loisirs (dont un bar), des ateliers, des espaces d’exposition … la grande cour intérieure et le parvis peuvent aussi accueillir des événements, comme ce fut le cas à l’occasion du lancement de l’association avec une “Kermesse du Futur” en octobre 2021.
L’année 2022 sera la première année de vie complète de la Perm, inaugurée à l’automne 2021. C’est pourquoi ses membres, et ses partenaires, attendent beaucoup de la programmation du printemps, avec des rendez-vous autour de la mobilité vélo et de l’habitat léger.
Pour en savoir plus : les valeurs socles de la Perm, et son schéma de gouvernance
Crédit visuel : La Perm (DR)
Accès direct aux questions
- La Perm, c’est d’abord un bâtiment, imposant : cet ancien collège jésuite dans lequel vous vous êtes installés …
- C’est dans cette réhabilitation qu’est intervenu Rural Combo. Quel a été par la suite le rôle de cette association dans l’émergence de la Perm ?
- Quels sont aujourd’hui les objectifs de la Perm ?
- Comment attirer le public local ?
- Et comment se porte l’association la Perm aujourd’hui ?
- Quel est le profil des participants au projet ?
- Allez-vous faire évoluer votre offre culturelle quand les beaux jours reviendront ?
- Vous évoquiez les valeurs de l’association …
- L’écologie est à la fois présente partout et non mentionnée dans les valeurs-clé, pourquoi ?
- Et comment se traduit la volonté de faire vivre un “bien commun” ?
- La mairie de Billom vous soutient-elle toujours ?
- Comment vous organisez-vous au quotidien ?
- Et en termes de modèle économique ?
- Pourquoi ne pas vous tourner vers des subventions de fonctionnement de collectivités plus grandes ?
- Avez-vous comme ambition de vous développer sur le territoire ?
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !
La Perm, c’est d’abord un bâtiment, imposant : cet ancien collège jésuite dans lequel vous vous êtes installés …
Loan : plus précisément, c’était un collège jésuite, puis une école militaire, puis un collège d’Etat jusqu’en 1992. Ensuite, le bâtiment a été abandonné, incendié, et finalement réhabilité a minima (hors d’air, hors d’eau).
Léna : au début de la Perm, le bâtiment était “nettoyé” de ses principaux gravats. Mais l’espace était brut ! Il n’y avait d’ailleurs ni eau, ni chauffage, ni électricité … comme aujourd’hui dans plusieurs de ses sections. Pour se faire une idée, la superficie est de 7400 m2 sur quatre étages, avec une cour intérieure de 750 m2.
C’est dans cette réhabilitation qu’est intervenu Rural Combo. Quel a été par la suite le rôle de cette association dans l’émergence de la Perm ?
Loan : Rural Combo a été mandaté par la mairie de Billom pour réhabiliter le bâtiment depuis 2019.
Pierre : au-delà du projet bâtimentaire, ils avaient pour mission d’aider à monter une association locale pour faire vivre le lieu. En 2019, ils assuraient des permanences deux jours par semaine pour le faire visiter aux habitants et aux associations intéressées.
Léna : c’est comme ça que l’on s’est rencontrés, entre co-fondateurs. Le projet de la Perm date de 2020, et l’association a officiellement pris possession des lieux le 18 juin 2021.
Loan : aujourd’hui, Rural Combo – qui est basé à Cunlhat – nous accompagne pour notre structuration. En fait, nous bénéficions d’une sorte de contrat tripartite entre la mairie de Billom qui est propriétaire, Rural Combo qui nous épaule, et la Perm qui fait vivre le lieu (et poursuit sa réhabilitation).
Nous bénéficions d’une sorte de contrat tripartite entre la mairie de Billom, Rural Combo et la Perm
Loan
Léna : n’oublions pas le collectif la Preuve par 7, qui travaille avec Rural Combo et nous pour nous apporter une expertise technique et juridique capitale. Comme Rural Combo, ils sont constitués d’architectes avec une vraie sensibilité sur le développement de projets collectifs en zone rurale et semi-rurale.
Quels sont aujourd’hui les objectifs de la Perm ?
Didier : nous aménageons progressivement le bâtiment de l’ancien collège jésuite. Et nous accueillons le public qui souhaite y participer, d’une manière ou d’une autre. Cela peut être via des groupes d’échange, des ateliers de fabrication artistique ou artisanale, des concerts … tout cela est pensé par et pour les Billomois.
Loan : il y a une nécessité de fonctionnement très démocratique. On donne au lieu, et il nous le renvoie. C’est une forme de réappropriation par les habitants d’un bâtiment délaissé depuis des décennies, à l’initiative de la mairie.
Comment attirer le public local ?
Didier : l’idée est de faire vivre le lieu, de se l’approprier … tout en le respectant. Car il est inscrit en totalité à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 2002 – dans le cadre du label Pays d’Art et d’Histoire attribué au vieux centre de Billom. Nous concevons donc des activités ouvertes à tous, principalement culturelles mais pas uniquement.
Tout cela est pensé par et pour les Billomois
Didier
Luc : nous avions par exemple proposé un atelier pour définir les “règles du jeu”, animé par Rural Combo, juste avant de lancer l’association. Il y a eu près de 20 personnes ! Cela a permis de définir les principes de fonctionnement que nous appliquons aujourd’hui.
Et comment se porte l’association la Perm aujourd’hui ?
Loan : nous avons 430 adhérents – la cotisation minimale étant de un euro – mais il y a vraiment une quinzaine de personnes très actives. Il nous faudrait plus de bénévoles, en fait … c’est notre gros point faible.
Nicolas : on peut avoir du mal à attirer compte tenu du bâtiment, qui est imposant, vétuste, “brut”. Il faut arriver à “faire comprendre” le lieu. On doit composer nos activités avec l’existant, les fenêtres cassées, les restes de gravats, l’électricité pas encore installée partout … Ce n’est pas facile de s’y projeter ! Et, l’hiver, ça caille, ce qui n’aide pas non plus à attirer du monde.
Quel est le profil des participants au projet ?
Didier : le public présent est surtout celui qui a participé au montage de l’association en 2019 et 2020.
Luc : mais on souhaiterait avoir plus de jeunes en fait. C’est notamment pour ça qu’on développe la programmation culturelle et musicale. En septembre, nous avions fait une première kermesse dans ce but, c’était vraiment bien.
Il faut arriver à “faire comprendre” le lieu
Nicolas
Didier : d’une manière générale, la mairie souhaite accompagner les jeunes quand ils ne sont pas au collège, leur proposer des activités. Si, à la Perm, on peut ouvrir un lieu pour les accueillir, on est partant ! D’ailleurs, on est en contact avec Bi’Kigaï, le nouveau service pour la jeunesse de Billom Communauté, pour y réfléchir.
Allez-vous faire évoluer votre offre culturelle quand les beaux jours reviendront ?
Nicolas : nous n’avons que six mois d’existence … donc le printemps et l’été 2022, qui seront nos “premiers” beaux jours avec une certaine expérience, ils seront en effet décisifs. On réfléchit à de nouvelles formes d’expériences artistiques, plus militantes, en lien avec nos valeurs. Peut-être des “événements à message”, qui permettent de jeter un regard via la culture sur un domaine qu’on n’aurait pas pris en compte autrement.
Personnellement, je pense qu’il faut qu’on s’éclate ! C’est la clé du succès. Pour la kermesse de 2021, on avait organisé des courses de vélo dans les couloirs du bâtiment. Un peu un rêve de gamin quand tu es dans un collège, mais que tu n’as pas le droit de faire … C’était très marrant, et ça a montré que le lieu est vraiment à nous. On le respecte, et on s’en saisit.
Concert folk “Trèfle incarnat trio” du 11 décembre à la Perm. La page Facebook de l’association propose des extraits de nombreux autres événements musicaux, dans tous les styles / Crédit vidéo : La Perm – Rural Combo
Vous évoquiez les valeurs de l’association …
Loan : ce sont des valeurs assez simples, de partage, de défense des biens communs, de “construire ensemble”. Le tout avec une dimension écologique.
On réfléchit à de nouvelles formes d’expériences artistiques, plus militantes, en lien avec nos valeurs.
Nicolas
Léna : ce partage, c’est celui des savoirs, des moyens et des cultures. C’est pourquoi le lieu doit être ouvert à tout le monde, à toutes les formes d’usages. Et inversement : que la ville soit ouverte au lieu. Il y a des notions d’évolution permanente, de créativité, d’expérimentation. Et enfin, une recherche d’autogestion, d’épanouissement individuel et collectif.
L’écologie est à la fois présente partout et non mentionnée dans les valeurs-clé, pourquoi ?
Nicolas : c’est vrai que nous imaginons multiplier les expérimentations de décroissance. Il y a par exemple un projet de toilettes sèches dans le bâtiment, un autre sur la production d’énergie en pédalant, un troisième sur un atelier pour apprendre à réparer son vélo ou fabriquer sa remorque …
Le lieu doit être ouvert à tout le monde, à toutes les formes d’usages.
Léna
En mai 2022, nous organiserons aussi une grande “fête du vélo” à Billom. Il y aura notamment une journée sans voiture. Ce sera l’occasion d’échanger sur les “possibles autour du vélo” et sur quel monde nous souhaitons pour demain.
Pierre : sans oublier les micro-brasseries locales qui nous fournissent en bière, et les points dépôt des AMAP. Au fond, on souhaite faire circuler les savoirs sur l’écologie et sur l’autonomie.
Nicolas : on parle beaucoup de l’écologie dans les réunions hebdomadaires du mardi, mais c’est vrai que ce n’est pas inscrit dans nos valeurs centrales. Cela dit, tout le monde ici questionne l’impact de ses activités, jusqu’aux artistes qui utilisent des encres sans solvants.
Bertrand : en même temps, le lieu ne se prête pas vraiment à l’écologie ! Il est tellement grand, tellement difficile à chauffer … mais nous faisons avec.
Et comment se traduit la volonté de faire vivre un “bien commun” ?
Nicolas : beaucoup d’entre nous ont eu des expériences associatives qui ne se sont pas bien passées. La société nous pousse tout de même à un individualisme très fort. Mais, face à l’urgence climatique, beaucoup souhaitent plus de solidarité, de coopération, avec le besoin de s’organiser autrement.
Tout le monde ici questionne l’impact de ses activités.
Nicolas
Léna : cette volonté de “faire ensemble” et de défendre un bien commun est inscrite dans nos valeurs.
Didier : l’association la Perm est d’ailleurs une “association de préfiguration”. Sa durée de vie est volontairement courte, bien que prolongeable. Normalement, d’ici fin 2022, nous aurons peut-être une décision à prendre pour basculer – ou non – en SCIC [Société Coopérative d’Intérêt Collectif], un processus pour lequel Rural Combo nous accompagne.
Pierre : en attendant, c’est vrai que nous défendons le projet de commun dans ce lieu. Les avocats associés à la Preuve par 7 nous aident beaucoup, ils ont notamment rédigé la convention d’occupation … mais notre plus grand risque est, qu’à terme, un projet immobilier “conventionnel” vienne s’implanter ici.
La mairie de Billom vous soutient-elle toujours ?
Didier : heureusement, oui ! En fait, je pense que la Perm participe d’un “projet politique écologique” : si la mairie à choisi la Preuve par 7, ce n’est pas sans raison me semble-t-il …
Pierre : mais nous sommes, en retour, dépendants de la municipalité. Que se passera-t-il s’il y a un changement de majorité ? Nous réfléchissons à des solutions, via un bail emphytéotique, par exemple. Il y a des moyens de se protéger.
Nous sommes, en retour, dépendants de la municipalité.
Pierre
Nicolas : pour l’instant, nous avons un alignement parfait des volontés et des attentes, entre la mairie, Rural Combo et nous. Nous n’avons même pas de contrainte de production ! Nous devons organiser un événement un peu marquant chaque année, et – globalement – ouvrir à toutes et tous et faire vivre le lieu, en l’aménageant progressivement.
Comment vous organisez-vous au quotidien ?
Marie : les “règles du jeu” ont édicté le principe de fonctionnement par “classes”, qui composent notre Conseil d’Administration. Il y a la classe “régie” pour l’aménagement de l’espace, la classe “communication”, la classe “programmation” pour l’événementiel et l’animation, et la classe “économie”.
Chaque classe dispose de deux délégués, élus tous les six mois sans candidature, et de huit membres en tout. Nous sommes tous co-présidents de l’association : c’est un fonctionnement très horizontal, sans hiérarchie. Enfin, les “clubs” viennent compléter le dispositif : ils permettent juste de réunir des gens autour de centres d’intérêts.
Loan : comme dans une SCIC, il y a le même droit de vote pour tous les adhérents. Au sein d’une classe, les décisions se prennent par consensus, à l’unanimité.
Et en termes de modèle économique ?
Luc : au niveau financier, on s’en sort bien, parce qu’on est tous bénévoles et que la mairie a supporté les gros travaux. Nous payons nos factures de fonctionnement et les petits aménagements.
Nicolas : et les événements nous rapportent de quoi fonctionner, via la participation libre mais aussi via le bar, qui rapporte des bénéfices.
Nous défendons le projet de commun dans ce lieu.
Pierre
Il faut aussi mentionner que nous avons un projet de “monnaie locale” propre au bâtiment, le “Clou”. L’idée est que, si un bénévole vient nous aider fortement mais ponctuellement, il peut être “dédommagé” en Clous, pour faciliter son accès aux différents services de la Perm.
Léna : je pourrais par exemple les utiliser dans le loyer de mon atelier artistique.
Nicolas : cela montre que notre fragilité n’est pas financière, mais que nous n’avons pas assez de bénévoles. Et il y a tellement de choses à faire !
Pierre : ce sera, on l’espère, un moyen de développer les idées puisque les Clous ne seront utilisables qu’en interne.
Pourquoi ne pas vous tourner vers des subventions de fonctionnement de collectivités plus grandes ?
Pierre : les subventions, c’est un peu un cercle vicieux, car ça t’oblige souvent à embaucher. Et il faut une organisation en fonction, pour assurer les salaires, encadrer la personne …
Notre fragilité n’est pas financière, mais nous n’avons pas assez de bénévoles.
Nicolas
De même, on nous avait encouragés à candidater à l’AMI “Fabrique de Territoires”, mais nous sommes très hésitants. Et, de toute façon, nous ne sommes pas structurés pour faire de la veille de subventions.
Didier : on est plus, pour le moment, dans une logique de don-contre-don. On vient proposer quelque chose, on participe et on bénéficie du lieu. Forcément, ce sont les permanents qui sont les plus impliqués.
Avez-vous comme ambition de vous développer sur le territoire ?
Nicolas : oui et non, puisque nous sommes très liés à Billom et au bâtiment du collège jésuite. Mais certains d’entre nous réfléchissent en ce moment à étendre cette expérimentation : il s’agirait d’ouvrir un espace d’expérimentation, en plein air, pour tester des petits habitats auto-construits, moins impactant écologiquement. A travers une sorte de “recherche et d’expérience populaire”. Pourquoi pas imaginer des habitats éco-conçus, mis à disposition des Billomois mais suivis par des scientifiques pour mesurer les impacts ?
Didier : souvent, ce sont des adhérents permanents ou ponctuels de la Perm qui portent les nouveaux projets, comme ici Nicolas, ou l’association Micro Planète. Ce n’est pas l’association elle-même : elle sert d’incubateur. Tout dépend, au final, de la motivation des membres de l’asso. Ainsi, l’événement “la grande kermesse du futur” est porté par l’ensemble des adhérents la Perm, et des Billomois. Nous allons la reconduire cette année, le week-end du 17 et 18 septembre 2022.
Ce sont des adhérents permanents ou ponctuels de la Perm qui portent les nouveaux projets.
Didier
Nicolas : la Perm a rendu accessible un vrai espace de liberté, physique comme imaginatif. Nous sommes libres de nous réunir, de tester, de faire. Et c’est ça qui génère des idées et de l’énergie.
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !
Liens complémentaires pour en savoir plus sur la Perm : les “valeurs socles” du projet, également résumées dans une carte mentale. Egalement, le schéma de gouvernance de l’asso, entre les classes et les clubs |
Propos recueillis le 1er février 2022, mis en forme pour plus de clarté puis relus et corrigé par l’équipe de la Perm. Merci à Marie pour son entremise et à Didier pour les photos. Crédit photo de Une : Damien Caillard, Tikographie