Faire le lien entre les petits et les grands territoires autour des expériences terrain en la résilience territoriale, c’est le pari de Nicolas Duracka, responsable scientifique du CISCA.
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Mon ressenti
Comme vous le savez probablement, puisque je l’ai souvent évoqué, je suis de près les avancées du CISCA – le Centre de Recherche et Développement clermontois en innovation sociale – d’autant plus que je les soutiens en tant que membre de leur C.A.
J’avais publié plusieurs entretiens sur ses membres et j’en ai d’autres en réserve. Pourquoi le CISCA en particulier ? C’est une initiative qui semble assez unique, même au niveau français. Elle est clermontoise, assez disruptive dans son approche (par rapport à des laboratoires de recherche plus classiques, disons), et surtout elle se focalise sur la résilience territoriale.
Aujourd’hui, je vous propose un “point d’étape” avec Nicolas, que j’avais déjà interviewé au tout début de Tikographie. Si j’ai choisi de suivre particulièrement le CISCA dans la durée, c’est que – comme le souligne Nicolas dans ce texte – la temporalité de la recherche est par définition longue, même si elle doit ici s’harmoniser avec la temporalité des collectivités et d’autres acteurs du territoire.
Est-ce que le CISCA sera utile et efficace ? J’imagine que la question se pose pour tous les travaux des organismes de recherche. Il faudra le mesurer – avec le recul nécessaire – à l’aune des retours des collectivités partenaires, qui accueillent aujourd’hui les doctorants du CISCA … en attendant de voir leur comportement face à des crises à venir. Etant en contact avec de nombreux élus concernés par la question, je suivrai ce sujet dans le cours des années à venir.
Damien
Les principaux points à retenir
- Après deux à trois années de lancement, le CISCA est opérationnel depuis la fin 2021, affirme Nicolas. L’Assemblée Générale de novembre 2021 a prouvé qu’un nombre significatif d’adhérents étaient présents ; les financements sont bouclés pour les premiers développements ; et la phase opérationnelle a débuté. Pourquoi a-t-il fallu autant de temps ? Parce que le CISCA a débuté de zéro, et a dû très vite sensibiliser son “public” à la résilience territoriale, une notion centrale mais peu comprise. Sans parler de la mise en place financière, partenariale, organisationnelle … Tout cela s’est imposé avant le début de la recherche scientifique.
- Avec le “pré-programme” lancé en 2019, le CISCA a fait ce travail de sensibilisation amont. Ses principaux enseignements sont une bonne compréhension des enjeux en général mais pas de la possible survenue de crises. Donc un manque de passage à l’action. Nicolas l’analyse par un déficit d’information sur les vulnérabilités du territoire et une faiblesse des “imaginaires“, rendant difficile la projection dans un autre monde.
- Le CISCA souhaite travailler avec les collectivités locales pour les accompagner dans leur stratégie de résilience territoriale. Nicolas regrette que beaucoup d’entre elles ne sont pas armées pour faire face aux crises de demain. Il cite cependant quelques (rares) contre-exemples, dont la ville d’Orcines qui a intégré les “risques systémiques” dans son Plan Communal de Sauvegarde, mais aussi des initiatives inspirantes autant dans les Combrailles, à Thiers que dans le Sancy.
- Selon Nicolas, la clé est de repérer ces initiatives sur les “petits territoires“, souvent ruraux, menées autant par les acteurs publics que par les entreprises ou la société civile. Ces initiatives sont efficaces parce qu’elles se font dans une logique d’humilité et d’apprentissage. Le CISCA doit alors valoriser ces solutions et surtout les faire remonter auprès des plus grosses entités territoriales, bien plus inertielles et ralenties par les enjeux politiques internes.
- Le rôle de Nicolas au CISCA est désormais celui de responsable scientifique, en soutien de l’équipe et de Geoffrey Volat, directeur. Pour cela, Nicolas facilite le travail des doctorantes et doctorants (qui sont présents par leurs thèses au sein des collectivités), coordonne les retours, et produit du contenu scientifique “méta“. Il formalise la méthode employée par eux, et développe les liens avec le monde universitaire et académique. Il résume son rôle, comme celui de tous les membres du CISCA, comme des “intermédiateurs”.
L’intervenant : Nicolas Duracka
Chercheur associé au laboratoire Communication et Société de l’UCA ; responsable scientifique du CISCA
Nicolas se définit principalement comme chercheur en sciences de la communication. “Je m’intéresse aux processus d’innovation de manière générale, et plus spécifiquement à l’innovation sociale” précise-t-il, en insistant sur les formes d’interaction – et donc de communication – entre les acteurs de ce domaine. Autrement dit, comment faire dialoguer différents acteurs de l’innovation sociale ?
Il distingue alors la “com’” – un “processus de circulation de l’information qui vise à séduire” – de la communication, comparée à une forme de traduction. “La communication nécessite fréquence et intensité des relations interpersonnelles” estime-t-il. Nicolas a donc travaillé longuement sur ces processus, dits “praxéologiques” (liés à l’action), qu’il a dégagés sous forme de modèle de communication pour les collectifs hétérogènes, “acceptant l’incertitude et la production d’un résultat inimaginable au départ”
De formation de base en géomorphologie (master obtenu en 2008), Nicolas est aussi l’auteur d’une thèse présentée en 2016 intitulée “L’innovation sociale chez les acteurs de l’économie sociale et solidaire en Auvergne : une approche communicationnelle”. Par ce biais, il s’est notamment rapproché du chercheur Clermontois Eric Dacheux. Par la suite, il a travaillé au sein de l’institut Godin, spécialisé dans la R&D et le transfert en sciences humaines et sociales, au sein duquel il a travaillé sur plusieurs outils pratiques tels que des boussoles d’innovation sociétale.
Chercheur associé au laboratoire Communications & Sociétés de l’UCA, Nicolas Duracka est aujourd’hui le responsable scientifique du CISCA depuis 2021, après en avoir assuré la direction. En 2020, et particulièrement dans le cadre de la pandémie Covid-19, il travaille sur les questions de résilience des systèmes complexes. Face aux enjeux environnementaux et sociétaux, il a choisi d’orienter le travail du CISCA sur la résilience du territoire en initiant un dispositif d’accompagnement des acteurs locaux, qui a pris la forme fin 2021 du “Programme Transitions et Résiliences“.
Crédit photo : Damien Caillard, Tikographie
La structure : Cisca
Centre de recherche, de développement et de transfert en innovations sociales, principalement dédié aux questions de résilience territoriale sur le Puy-de-Dôme
Créé à l’interface des collectivités territoriales, des acteurs socio-économiques du territoire clermontois élargi, et de la recherche académique, le CISCA se consacre à la question de la transformation sociale et sociétale. Son but : “construire des interfaces” entre les acteurs du territoire, notamment en jouant un rôle de “traducteur” permettant l’élaboration de stratégies communes.
Son mode d’action consiste à accompagner les acteurs territoriaux par le transfert de connaissances ou de compétences (en somme de l’existant à déployer) et/ou de la recherche et le développement (autrement dit de la production de connaissances et d’outils d’ingénieries appliqués).
Depuis 2019, à l’initiative notamment de Clermont Métropole, le CISCA déploye progressivement un dispositif de construction de la résilience territoriale. L’objectif est d’accompagner, par le Programme de R&D Transitions et Résiliences (de 3 ans) les collectivités et EPCI du territoire à faire dialoguer acteurs publics et privés (dont les entreprises) dans une logique de prise en compte de l’urgence environnementale et de définition d’une stratégie pragmatique et collective de résilience.
Ce programme de trois ans est précédé d’un “pré-programme” de 6 à 9 mois conçu pour introduire le sujet de la résilience auprès des acteurs des collectivités concernées – élus et techniciens en priorité.
En février 2022, le CISCA comporte six salariés pour un budget de fonctionnement de 300 000 €, principalement assuré par les cotisations des adhérents. Son C.A. est structuré notamment autour de trois co-présidents : Mathias Bernard (UCA) qui représente les acteurs de la recherche, Marion Canalès (Clermont Métropole) pour les collectivités et Jean-Luc Berlot (Sens9) pour les acteurs socio-économiques. Il compte 23 adhérents, 10 thèses en cours et 30 projets de recherche-action.
Accès direct aux questions
- Le CISCA a été lancé très progressivement depuis 2018-2019. Nous sommes début 2022 : est-il opérationnel ?
- En tant que responsable scientifique, comment abordes-tu l’aspect “recherche” du CISCA ?
- Quels sont les principaux enseignements du pré-programme ?
- Cela veut dire que les collectivités locales, auprès desquelles travaille principalement le CISCA, ne sont pas armées face aux crises environnementales à venir ?
- Sur quels leviers le CISCA peut-il intervenir ?
- Penses-tu à des exemples précis dans le Puy-de-Dôme ?
- Donne-nous un exemple d’avancée significative dans le cadre du programme Transitions et Résiliences …
- Et quelle est la méthode désormais appliquée par le CISCA pour cette production scientifique ?
- Le CISCA met beaucoup en avant le rôle des doctorants dans le contact avec les territoires …
- Finalement, comment se définit aujourd’hui, et demain, ton rôle de responsable scientifique ?
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !
Le CISCA a été lancé très progressivement depuis 2018-2019. Nous sommes début 2022 : est-il opérationnel ?
Oui, il l’est. On l’a confirmé lors de notre assemblée générale en novembre 2021. Avec désormais une soixantaine d’adhérents, les financements adéquats pour avancer, des partenariats nombreux et de la production de contenu scientifique, nous avons vraiment débuté notre phase opérationnelle.
Si on revient sur l’année 2021 par exemple, on peut mieux comprendre pourquoi il faut du temps pour monter une initiative comme le CISCA. Depuis un, voire deux ans, nous avions initié le “pré-programme”, qui est une forme d’introduction à notre programme principal baptisé Transitions et Résiliences.
Il a fallu tout construire, dans le cadre d’un sujet finalement innovant pour beaucoup d’acteurs locaux : la résilience territoriale.
Or, ce pré-programme a progressé mais en ordre dispersé. Simplement parce que nous partions de zéro ! Il a fallu tout construire, dans le cadre d’un sujet finalement innovant pour beaucoup d’acteurs locaux : la résilience territoriale. En 2020 et surtout 2021, nous avons développé les relations avec les doctorants, les chercheurs, les financeurs … je dirais que nous avons été poussés dans l’opérationnalité, avec moins de place qu’on aurait voulu pour la recherche scientifique. Mais c’était nécessaire pour lancer la machine.
Enfin, le pré-programme, c’est un “premier contact” avec beaucoup d’acteurs du territoire. Il faut s’adapter aux situations, expliquer, détailler les grands concepts, sensibiliser … tout cela ne se fait pas de la même manière, ni dans la même temporalité, entre une métropole urbaine et une petite collectivité rurale.
En tant que responsable scientifique, comment abordes-tu l’aspect “recherche” du CISCA ?
Comme je le soulignais, il y a deux temporalités bien distinctes : d’une part, celle de la science, et d’autre part, celle de l’organisation opérationnelle. Etant, au début du CISCA, le directeur de l’entité, j’ai dû surtout me consacrer à cette dernière. Mais, avec une équipe plus étoffée désormais, je peux me consacrer à la coordination scientifique uniquement, et à la production de contenu.
Nous sommes nous-mêmes notre propre objet de recherche.
Surtout, j’ai compris une chose capitale : nous sommes nous-mêmes notre propre objet de recherche. Nous devons ainsi faire preuve de “réflexivité” : étudier notre posture, notre fonctionnement, de l’intérieur. Cela nécessite une gymnastique intellectuelle particulière, mais c’est passionnant !
Quels sont les principaux enseignements du pré-programme ?
Le premier, c’est que tous les acteurs qui ont compris la notion de résilience territoriale sont d’accord pour y aller … mais que personne n’y va vraiment à fond. D’une manière générale, bien sûr. Autrement dit, on a conscience qu’il faut se bouger face à l’urgence environnementale, mais on n’a pas conscience que des crises peuvent réellement survenir.
On a conscience qu’il faut se bouger face à l’urgence environnementale, mais on n’a pas conscience que des crises peuvent réellement survenir.
Peut-on ainsi imaginer une rupture de l’approvisionnement alimentaire des supermarchés dans notre pays ? Plus d’eau au robinet ? Des îlots de chaleur à 50 degrés ? C’est difficile … pourtant, par un autre exercice de réflexivité intéressant, les acteurs reconnaissent que “(ils) ne sont pas préparés à ce qu’il va (leur) tomber sur la tête” …
Pourquoi ? Nous avons identifié deux causes majeures : un déficit criant d’information et de sensibilisation sur les vulnérabilités du territoire, et une faiblesse des “imaginaires”. C’est-à-dire que les acteurs locaux n’arrivent pas à se projeter dans un univers différent, un autre “logiciel” de pensée, qui leur fasse envie.
Cela veut dire que les collectivités locales, auprès desquelles travaille principalement le CISCA, ne sont pas armées face aux crises environnementales à venir ?
En effet, c’est très majoritairement le cas. J’en veux pour preuve qu’aucune collectivité locale n’a inscrit dans son Plan Communal de Sauvegarde [PCS, qui synthétise les risques auquel la commune peut faire face] les “risques systémiques” issus du dérèglement environnemental. Aucune, ou presque … seule trois communes en France l’ont fait, dont Orcines qui travaille sur ce point avec nous. C’est révélateur d’un déficit d’information et de conscience des enjeux !
Sur quels leviers le CISCA peut-il intervenir ?
L’axe de travail principal, il me semble, est l’intermédiation entre les grosses et les petites “unités”.
D’une part, il y a les “grosses unités”, ces acteurs du territoire, publics ou privés, de grande taille : grandes entreprises, grandes communautés de communes, etc. Dans ces structures, on constate souvent de l’inertie, des contraintes institutionnelles fortes, des jeux politiques internes, de la technocratie … et tout cela freine considérablement le processus de transition et de résilience. C’est regrettable, d’autant plus qu’il y a souvent des bonnes volontés individuelles pour changer, entravées par la lourdeur de la machine.
Notre rôle, au CISCA, est de valoriser les solutions déjà développées, et de les mettre à disposition d’autres territoires.
D’autre part, il y a les “petites unités”, très proches du terrain : petites et moyennes entreprises, associations et société civile en général, petites communes, collectivités rurales … elles sont très agiles, avec une vraie volonté partagée et sans conservatisme. Dit autrement, leur discours consiste en “on veut le faire, donc on se donne les moyens et l’énergie pour y arriver.”. J’y vois aussi une vraie forme d’humilité, une volonté d’apprendre et même de se faire aider. Là, les stratégies de résilience peuvent déjà être en place, mais pas forcément conscientisées.
Notre rôle au CISCA sera donc de valoriser les solutions déjà développées, surtout dans les “territoires périphériques” et ruraux – de les faciliter, de les accompagner … mais, surtout, de les mettre à disposition d’autres territoires, et notamment des plus grands.
Penses-tu à des exemples précis dans le Puy-de-Dôme ?
Ce sont déjà tous ceux qui travaillent avec le CISCA. Par exemple les acteurs du Sancy, où les enjeux de changement climatique sont très impactants. Là-bas, les entreprises, les collectivités en ont conscience, et agissent déjà. Ils élaborent le modèle socio-économique de demain. C’est une mine d’or pour nous !
Plus largement, nous connaissons à la fois les acteurs de Clermont Métropole et ceux des territoires environnants. Et c’est certain que la Métro trouvera des ressources très inspirantes à côté de chez elle : dans le Billomois, dans les Combrailles, vers Thiers … je pense notamment à la communauté de communes de Chavanon Combrailles et Volcans, où j’ai vu des initiatives étonnantes…
Il faut engager une forme de fédéralisme climatique territorial.
Pour conclure sur ce point, il faut engager une forme de fédéralisme climatique territorial. Abandonner le jacobinisme qui a fait son temps et qui est devenu contre-productif, et développer au contraire les relations directes et équitables entre unités territoriales, quelle que soit leur taille. Tout cela au profit de notre adaptation aux enjeux climatiques et environnementaux, et à l’échelle des bassins de vie, par de l’émulation collective.
Donne-nous un exemple d’avancée significative dans le cadre du programme Transitions et Résiliences …
Je choisirai ce qui se passe à Orcines. Là, le maire a choisi de “mettre à jour” son Plan Communal de Sauvegarde en y intégrant les risques systémiques, comme je l’ai évoqué.
Nous avons donc travaillé avec lui et avec son équipe sur le risque systémique alimentaire. Ils ont désormais conscience de leur vulnérabilité sur ce point, et se sont posés des questions sur leur résilience : que fait-on en cas de rupture d’approvisionnement ? Faut-il constituer des stocks ? Comment faciliter la distribution ? Faut-il viser l’autonomie ?
Mais cela prend du temps de faire des jardins partagés, de sensibiliser la population, de développer une agriculture vivrière … on voit ici que la résilience territoriale s’inscrit dans une temporalité à moyen terme. Au moins, sur Orcines, elle est bien engagée. La mise à jour du PCS est ainsi bouclée, avec un document de 80 pages que nous avons aidé à élaborer (qui rassemble autant les “risques majeurs”, nécessitant une réaction très rapide, que les “risques systémiques”, plus diffus mais tout aussi impactants). Restera à échanger avec la population, à faire quelques tests d’organisation, et à publier le document public : le DICRIM.
Et quelle est la méthode désormais appliquée par le CISCA pour cette production scientifique ?
Déjà, nous n’avons pas d’approche “technique” : nous n’allons pas aider sur des points spécifiques comme la ressource en eau, la transition énergétique, etc. Pour cela, nous sommes en lien avec des chercheurs spécialisés. En revanche, notre approche est principalement systémique, transversale. Car tous les sujets sont liés, de l’accès à l’alimentation pour les foyers précaires à la présence de vers de terre dans le sol …
Notre approche est principalement systémique, transversale.
Le second point capital est de se baser sur ce qu’on constate sur les territoires, et même sur le terrain. J’ai appris plein de choses en allant voir les acteurs locaux : comment ils “vivaient” avec de l’eau qui se raréfie, avec des oiseaux qui disparaissent, des forêts qui déclinent … Il est nécessaire de corréler nos questionnements scientifiques avec ce que les habitants des territoires ressentent. Cela permet à la fois de ne pas être donneur de leçons, et de pratiquer de l’intelligence collective.
Mais je sais que ça fonctionne. La preuve de la pertinence de notre travail, c’est l’adhésion des acteurs locaux, la production scientifique qui se met en marche, le fait que l’on couvre peu à peu toutes les thématiques … Sur le terrain, on voit qu’on y est.
Le CISCA met beaucoup en avant le rôle des doctorants dans le contact avec les territoires …
Notre rôle, c’est de faire de l’intermédiation. Et cette intermédiation sera en partie assurée par les doctorants qui sont déjà une dizaine dans les collectivités adhérentes, sur tout le territoire du Puy-de-Dôme. Chaque doctorante, chaque doctorant, fait partie du programme du CISCA pour le compte de nos adhérents, mais réalise une thèse dirigée par un chercheur – souvent de l’Université Clermont Auvergne – au sein d’une organisation partenaire. Ils sont donc au contact quotidien et opérationnel des territoires.
L’une après l’autre, les thèses sont initiées – avec des financements nationaux CIFRE pour la plupart – et commencent à produire de la connaissance. Et nous appliquons aussi cette approche à la nécessaire “réflexivité”, l’étude de notre propre processus : la thèse de Rosalie Lakatos, qui vient de nous rejoindre, portera sur le rôle du chercheur en tant qu’intermédiateur.
Finalement, comment se définit aujourd’hui, et demain, ton rôle de responsable scientifique ?
Je suis là pour faciliter le travail des doctorantes et des doctorants, pour les mettre dans les meilleures dispositions intellectuelles possibles. Je ne fais pas à leur place mais je suis un “catalyseur de dynamique positive”, en quelque sorte.
Mon rôle est de tisser des liens avec le monde de la recherche universitaire et académique.
Je produis aussi du contenu scientifique transversal, notamment sur les modèles de pensée. En 2021, j’avais publié pour un réseau européen de recherche un article résumant le modèle circulaire du CISCA, lié aux boucles de récursivité – qui concrétisent la dialogique transition/résilience que j’évoquais. Notre cohérence, c’est notamment que les thèses des doctorants se positionnent sur les six points de ce modèle qui structurent le programme Transitions et Résiliences
Enfin, je suis là pour engager des collaborations avec les enseignants-chercheurs volontaires pour travailler avec nous, lier avec les programmes existants de recherche-action, et organiser des interventions spécifiques. En d’autres termes, mon rôle est de tisser les liens avec le monde de la recherche universitaire et académique.
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !
Propos recueillis le 25 janvier 2022, mis en forme pour plus de clarté et relu et corrigé par Nicolas et Geoffrey. Crédit photo de Une : Damien Caillard, Tikographie