Pour Timothée Parrique, “la décroissance n’est pas un gros mot”

Par

Damien Caillard

Le

Chercheur en sciences économiques, Timothée travaille en Suède mais a étudié à Clermont. Il sensibilise tous les acteurs sociétaux  aux enjeux de la décroissance, seule approche pertinente face à l’urgence écologique selon lui.


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Mon ressenti

C’est la rentrée ! Un peu tardive mais il me fallait bien ça pour mettre en place ce nouveau site, plus léger, plus simple, plus économe (en ressources notamment). J’essaye aussi de repenser l’expérience de lecture et les contenus, avec une expérimentation éditoriale à 6 mains (voir l’article de présentation de Tikographie) qui se déroulera sur l’automne. Le site de Tiko, lui, va se stabiliser et retrouver ses fonctionnalités complètes dans la semaine, même si les entretiens sont tous accessibles. A suivre …

En attendant, voici un premier entretien particulièrement intéressant et, sans doute, provocateur pour certains : Timothée Parrique, chercheur engagé en sciences économiques, qui milite pour que l’écologie ré-englobe l’économie, et pour que la théorie de la décroissance dépasse la simple curiosité affichée par les acteurs publics et privés.

J’ai personnellement un penchant en faveur de ce principe, bien que je me questionne sur son acceptabilité. Ce qui est certain, c’est qu’il faut arrêter de diaboliser la décroissance, de parler d’Amish ou de lampe à huile (et même d’écologie punitive, ce qui n’a aucun sens) : c’est en s’intéressant sérieusement aux sujets, même déplaisants, et sans les moquer, que l’on aura sans doute plus de latitude dans nos manières de répondre à l’urgence écologique.

Damien

Les principaux points à retenir

  1. La croissance, qui se résume en fait à la recherche d’une évolution positive d’un indicateur, le Produit Intérieur Brut [PIB], est une analogie trompeuse selon Timothée. Il l’assimile davantage à une “agitation” qu’à une vraie création de richesse. D’autant plus que la croissance peut être néfaste à l’environnement, par exemple avec la question des feux de forêts qui génèrent de l’activité chez les pompiers … Timothée invite donc à repenser nos indicateurs en les élargissant à des questions de bien-être, autant sociaux et écologiques qu’économiques.
  2. Plus largement, le combat de Timothée, à travers sa thèse et son travail de recherche, consiste à insister sur le “ré-encastrement” de l’économique dans l’écologique. Il rappelle que les sciences économiques étaient bien incluses dans une dimension politique et même sociétale au début du XIXème siècle, mais que la “mathématisation” de l’économie autour de 1900 a séparé les domaines. L’indépendance perçue de l’économie vis-à-vis de l’écologie est donc une des causes principales du dérèglement environnemental. Cependant, Timothée se défend d’une approche militante, et se contente d’une dimension académique et médiatique.
  3. En effet, le travail de Timothée consiste, à 50% de son temps, à sensibiliser les acteurs publics et privés, et les citoyens. Il anime pour cela un blog, un fil Twitter, participe à des conférences, s’exprime dans les médias … il souhaite ainsi équiper les décideurs avec les bons outils conceptuels. Il remarque d’ailleurs un véritable intérêt pour les sujets de décroissance, puisque l’on constate de manière généralisée, selon lui, que la “croissance verte” (dans le sens de rendre la croissance compatible avec les limites planétaires) ne fonctionne pas. Néanmoins, peu de décideurs passent à l’action et appliquent des politiques de décroissance. Il le déplore et insiste sur les nombreux outils pratiques, les expériences terrain et le corpus de connaissances disponibles.
  4. Néanmoins, Timothée souhaite qu’un effort massif de formation sur la décroissance, et notamment sur son aspect recherche et enseignement (formation de formateurs, donc) soit entrepris. Il reconnaît que, si la conduite de sa thèse sur la décroissance (2014-2019) a été difficile auprès de nombreux départements universitaires, la tendance s’est inversée aujourd’hui … mais le manque de spécialistes qui en résulte est une vraie problématique.
  5. A Clermont, où il a travaillé quelques temps avec le CERDI pour sa thèse, Timothée reste proche de quelques projets engagés sur les sujets de décroissance, et partage une proximité de points de vue avec l’équipe d’enseignants-chercheurs de l’ESC Clermont qui travaille sur la redirection écologique. Par ailleurs, il insiste sur la nécessité de s’équiper autant de nouveaux mots que de concepts, et donc de dépasser les expressions de “développement durable” ou même de “transition écologique” qui lui semblent dépassés.

L’intervenant : Timothée Parrique

Chercheur en sciences économiques (économie écologique) à l’université de Lund (Suède), spécialisé en théorie de la décroissance ; animateur de nombreuses conférences et d’un blog sur le sujet


Timothée est chercheur en économie écologique à l’Université de Lund en Suède. Sa thèse de doctorat porte sur la décroissance (The political economy of degrowth, 2019), sujet qu’il explore également dans son premier ouvrage Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance (Seuil, 2022).

Sa thèse avait été rédigée dans trois départements en Europe : le Stockholm Resilience Center (notamment connu pour son travail sur les limites planétaires), l’université de Barcelone et le CERDI à Clermont-Ferrand. Il a gardé plusieurs attaches en Auvergne, notamment avec le projet collectif AdaptEcon (“Adaptation to a new economic reality”)

Aujourd’hui, Timothée occupe 50% de son temps de travail à sensibiliser différents publics – acteurs économiques publics ou privés, mais aussi citoyens et société civile – aux enjeux de la décroissance. Pour cela, il s’exprime fréquemment dans la presse, donne des conférences et anime un blog et un compte Twitter.

Contacter Timothée via son site web

Crédit photo : Timothée Parrrique (DR)


Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?

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Quelle est la principale critique que tu adresses à la notion de croissance ?

Je pense que la croissance est une analogie trompeuse. D’abord, l’accumulation de points de Produit Intérieur Brut [PIB] n’est pas une accumulation de richesses, mais plutôt une sorte d’agitation économique. Ensuite, rien de garantit que cette agitation constitue un progrès. Est-ce si positif que ça de créer de la “valeur ajoutée” en payant de plus en plus de publicitaires pour forcer les gens à acheter plus de trucs ? 

La croissance ne peut donc pas être systématiquement associée avec le progrès. Le PIB est un indicateur aveugle d’agitation, un indicateur quantitatif qui mesure la vitesse d’une économie sans nous dire dans quelle direction elle va.   

Je pense que la croissance est une analogie trompeuse.

La véritable question, c’est celle de la valeur, de sa nature et de son partage. Si on a davantage de feux de forêts, comme cet été en France, le fait d’avoir plus de pompiers pour les éteindre est, selon la comptabilité nationale, une valeur ajoutée. Mais ça n’a pas de sens, ce serait bien mieux s’ il y avait moins de feux de forêts, et donc moins besoin de personnes et de matériel pour les éteindre … 

Peut-on alors remplacer l’indicateur du PIB par d’autres mesures sociétales ?

Bien sûr ! Il existe de nombreux autres indicateurs bien plus pertinents – comme les 11 indicateurs de performance sociale issus de la théorie du Donut, ou encore les 65 indicateurs du budget bien-être néo-zélandais

En utilisant ces indicateurs, qui incluent d’ailleurs des indicateurs économiques comme le revenu disponible par habitant , on pourrait chercher à mieux comprendre comment découpler le bien-être de l’empreinte écologique, la véritable question de notre temps. 

Je résumerais en disant que, à partir du moment où l’on cherche une trajectoire de changement de modèle et de transition écologique, il faut une batterie d’indicateurs environnementaux et sociaux. Consciemment, je n’ajoute pas de troisième catégorie “économique” car celle-ci n’est qu’une sous-partie (et pas la plus importante) du domaine social. 

C’est d’ailleurs l’axe de ta thèse The political economy of degrowth (2019)  : le “ré-encastrement” de l’économique dans le social et l’écologique …

Oui, l’économique n’échappera jamais à l’écologique. Autrement dit, les questions écologiques ne sont pas toutes économiques, mais les questions économiques ont toutes une dimension écologique . Qu’on le veuille ou non, quand on parle économie, on revient toujours à des questions d’énergie, de matériaux, de ressources naturelles, et d’interaction avec les écosystèmes. 

L’économique n’échappera jamais à l’écologique.

Ainsi, l’économie écologique, qui est mon domaine d’étude, est une des sept écoles de pensée économique – avec l’économie néo-classique, dite “orthodoxe”, et d’autres théories “hétérodoxes” que sont l’économie marxienne, institutionnelle, féministe, autrichienne, et post-keynésienne. 

Quand on fait de l’économie écologique, on se pose des questions banales d’économie (sur l’inflation, les crises économiques, les inégalités, la pauvreté, etc.) mais toujours en gardant un œil sur l’utilisation des ressources naturelles et l’impact sur les écosystèmes. 

Tu mets aussi en avant une approche d’économie politique : est-ce une forme d’engagement militant ?

Non, pas vraiment.  A l’origine de l’économie, des philosophes comme  Adam Smith et Karl Marx étudiaient le monde social d’une manière multidisciplinaire, entremêlant éthique, droit, histoire, et sociologie.  L’économie s’est mathématisée un peu après, et au fil des générations, on a perdu cette approche pluraliste.

Ainsi, l’économie politique, pour moi, c’est un retour à la “déspécialisation” des sciences économiques. Fini la “supériorité des économistes” et bonjour les sciences sociales ! Rappelons-nous que l’économie n’est rien d’autre qu’une sous-discipline de la sociologie. Ce qui nous définit comme économistes, ce ne sont pas nos méthodes, mais notre objet d’étude et les questions qu’on se pose. 

Timothée a publié sa thèse en 2019. Il l’a terminée dans sa maison à Stockholm – on le voit ici dans son bureau. La Suède est devenue sa patrie d’accueil et de travail / Crédit photo : Timothée Parrique (DR)

Concrètement, la décroissance est-elle applicable à une économie nationale ?

Attention, la décroissance ne s’applique pas ! Pas plus que la croissance : ce sont des phénomènes macro-économiques émergents. En revanche, on peut appliquer des “politiques de décroissance”. Ce sont des interventions qui visent à réduire la production et la consommation pour alléger l’empreinte écologique dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être. 

La décroissance ne s’applique pas !

Par exemple, cette étude a recensé pas moins de 380 instruments de décroissance, certains déjà en place sous différentes formes ; on peut citer l’interdiction de la publicité dans l’espace public à Grenoble, la criminalisation de l’obsolescence programmée en France, les politiques de réduction du temps de travail et de promotion des mobilités actives au Pays-Bas, la taxe carbone en Suède, le droit intrinsèque à la nature dans la constitution bolivienne…

La recherche sur la décroissance a-t-elle le vent en poupe ?

Oui, plus que jamais. Je vois de plus en plus de projets de thèse sur le sujets et des armées d’étudiant qui y dédient leur mémoire. Il y a maintenant de nombreux cours, et même un master sur le sujet à l’université de Barcelone depuis 2018. 

En revanche, quand j’ai commencé à travailler sur le sujet en 2014, c’était beaucoup plus difficile – la plupart des universités (et surtout les départements d’économie) ne voulaient pas en entendre parler. C’est encore le cas aujourd’hui, mais ce qui a changé, c’est que les étudiants (et le public en général) sont de plus en plus curieux. C’est un sujet qu’on ne peut plus se permettre d’ignorer. Une économie qui ne sait ce qu’est la décroissance en 2022, ce serait comme se dire fan de foot, et ne pas savoir qui est Zlatan Ibrahimovic. 

Lire l’entretien : Mary-Françoise Renard veut sensibiliser à « l’importance fondamentale des biens communs »

Le problème est que la demande explose, mais que l’offre stagne. Après des années à pousser les économistes hétérodoxes en dehors des départements d’économie, on se retrouve sans personne pour enseigner l’économie politique !  En pleine crise écologique, il faudrait une formation en masse pour la recherche et l’enseignement en économie écologique. 

Tu as fait une partie de ta thèse à Clermont. Quels lien gardes-tu avec l’Auvergne ?

J’ai effectivement rédigé ma thèse dans trois départements de recherche : le Stockholm Resilience Center de l’Université de Stockholm, l’université de Barcelone et le CERDI à Clermont. À Barcelone, le sujet de la décroissance a été très bien accueilli ; nous étions beaucoup à travailler dessus, la recherche était agréable et cutting edge. En Suède, le département, pourtant très investi dans la science de la soutenabilité, était plus frileux ; et en France, j’en parle même pas… Écrire une thèse sur la décroissance dans un département d’économie du développement, c’est un peu comme étudier la pyromanie dans une caserne de pompier.  

Il faudrait une formation en masse pour la recherche et l’enseignement en économie écologique. 

J’ai donc été relativement peu longtemps à Clermont. En revanche, je connais bien les travaux d’Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin [enseignants-chercheurs à l’ESC Clermont] – que j’ai récemment rencontrés. Nos approches vont dans le même sens : ils étudient le “renoncement” et la “redirection écologique” à l’échelle d’une entreprise, alors que mon travail porte sur les effets que cela aurait à l’échelle d’une économie.

Lire l’entretien : Pour Emmanuel Bonnet, « le futur doit avant tout être vivable et plausible »

Quelle importance accordes-tu à la sensibilisation sur la décroissance ?

C’est simple : je suis employé à temps plein par l’université de Lund, en Suède. Mais j’y ai négocié 50% de mon temps pour faire de la sensibilisation sur l’économie écologique et la décroissance : pages Wikipedia, Twitter, mise à disposition de médias, podcasts, conférences … Nous avons au moins 15 ans de recherche derrière nous, les connaissances sont là. Il faut maintenant les expliquer, et encore plus important, les appliquer.

Si on veut pouvoir avoir des débats constructifs sur comment transformer l’économie, il va nous falloir des concepts.

En tout, j’ai participé à 200 événements depuis la publication de ma thèse en 2019. J’ai échangé avec de nombreux acteurs : entreprises, gouvernements, écoles d’ingénieur et de commerce, universités, mouvements sociaux, partis politiques, etc. Mais, si on veut pouvoir avoir des débats constructifs sur comment transformer l’économie, il va nous falloir des concepts. L’une de mes responsabilités, c’est d’être là pour les expliquer.  

Au final, j’essaie d’équiper les décideurs avec de nouveaux outils et de nouveaux cadres analytiques, ceux développés depuis des décennies en économie hétérodoxes, et plus précisément en économie écologique.  

Le travail de Timothée est dédié à 50% à la sensibilisation : webinaires, conférences, relations média … ici, il répond en visio-conférence à un groupe de citoyens / Crédit photo : Timothée Parrique (DR)

Et comment les gens que tu sensibilises réagissent-ils quand tu leur parles de décroissance ?

Beaucoup m’appellent parce qu’ils sont perdus. J’ai souvent l’impression d’être l’Agence Tous Risques ! Les décideurs économiques et politiques, privés comme publics, sont confrontés à des problèmes sans solutions – par exemple, comment découpler le PIB et les pressions environnementales, ou comment faire plus de profit et réduire son empreinte écologique. J’essaie d’approcher ces problèmes d’un autre angle pour montrer que parfois, le problème, c’est la façon de définir le problème …

Beaucoup de décideurs publics et privés ont des opinions très tranchées sur la croissance, notamment “verte”.

C’est difficile de changer radicalement sa façon de penser. Difficile, mais plus facile qu’il y a 10 ans. On trouve plus de 600 articles universitaires sur la décroissance publiés depuis 2007, sans compter les nombreux livres et rapports. On a donc une certaine connaissance à notre disposition. Mais les décideurs ne s’en emparent pas assez. Pourquoi est-ce que le gouvernement n’a pas encore demandé un long rapport détaillé sur la décroissance ? C’est nécessaire – et urgent.

Et, surtout, il y a un énorme manque de “culture” sur l’économie en général. Beaucoup de décideurs publics et privés ont des opinions très tranchées sur la croissance, notamment “verte”. Mais ils ne savent même pas comment on calcule le PIB, les travaux empiriques sur le lien croissance et inégalités, ce qu’est une émission importée, une empreinte matière, et j’en passe. S’ils étaient mes étudiants, je ne leur donnerais pas la moyenne !

Timothée se déplace fréquemment pour prendre la parole devant des étudiants. Ici à l’ESTIA Bidart. Mais il était déjà venu s’exprimer à Clermont (je l’avais rencontré après une intervention à SIGMA) / Crédit photo : Timothée Parrique (DR)

Comment analyses-tu cette incapacité à abandonner la “croissance verte” ?

C’est une forme d’arrogance, malheureusement compréhensible. Cela fait 10 ans que l’on parle de croissance verte sur tous les toits, célébrant un “découplage” du PIB et des pressions environnementales. Mais c’est faux ! Dans les faits, et dans les études scientifiques. Une croissance infinie ne peut pas être verte.

Alors, à quoi bon continuer à défendre une “théorie zombie”? Passons à autre chose. Oui, il va nous falloir beaucoup plus de sobriété que prévu, et oui donc, il faudra réduire la production et la consommation. C’est le principe de la décroissance, et ce n’est pas un gros mot. 

Une croissance infinie ne peut pas être verte.

Au contraire, c’est le début de la discussion. Une fois qu’on est d’accord là-dessus, on peut commencer à discuter de l’important : comment organiser ce grand ralentissement de l’économie pour qu’il se fasse sereinement, dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être. 

Lire l’entretien : Pour Pascal Lièvre, « la question de l’apprentissage est essentielle dans la résilience »

Est-ce lié à une certaine focalisation sur le carbone, au détriment des autres impacts environnementaux ?

On peut même dire que la croissance verte est une monomanie du carbone. Dans l’économie écologique, il faut analyser tout le cycle de vie d’un produit, lister les besoins écosystémiques nécessaires pour le fabriquer. Cela revient à beaucoup plus d’impacts que la seule émission de gaz à effets de serre.

Comment organiser ce grand ralentissement de l’économie pour qu’il se fasse sereinement, dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être ?

Quand je vois que, depuis 10 ans, on n’a à peu près parlé que de “décarbonation” … et qu’on commence à voir qu’il faut découpler de nombreuses autres empreintes ! C’est une erreur méthodologique cruciale qui nous a fait perdre un temps précieux. Il aurait fallu, dès le départ, prendre en compte toutes les pressions environnementales en essayant de toutes les réduire de concert. Cela revient à développer un point de vue plus systémique, prenant en compte l’ensemble des limites planétaires. En gros, il aurait fallu faire de l’économie écologique. 

Timothée a fait un passage relativement bref à Clermont, dans le cadre de la rédaction de sa thèse. Néanmoins, il a gardé plusieurs attaches avec l’Auvergne : on le voit ici avec l’équipe AdaptEcon / Crédit photo : Timothée Parrique (DR)

Peut-on encore parler de “développement durable” dans ce cadre ?

Poubelle ! Le concept de “développement durable” ne sert plus à rien aujourd’hui ; il a été contorsionné de toutes les manières possibles, et vidé de son sens. Il n’a plus aucun potentiel transformatif. La preuve : tout le monde “soutient le développement durable”. Or, si tout le monde est d’accord, nous restons dans le business as usual

La “transition écologique” est en train de subir le même processus de dilution : on y met ce qu’on veut, et le concept devient une rhétorique de greenwashing. Si nous voulons un nouveau système, il va nous falloir des nouveaux mots. La “décroissance” en est un, et il y en a beaucoup d’autres.

Pour aller plus loin (ressources proposées par Timothée) :
Pour comprendre – son livre intitulé “Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance” (Seuil, 2022)
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Propos recueillis le 26 août 2022, mis en forme pour plus de clarté et relu et corrigé par Timothée. Crédit photo de Une : Timothée Parrique (DR)