Greenpeace Clermont, des dossiers thématiques aux actions terrain multiformes

Par

Damien Caillard

Le

L’association relaye en Auvergne les campagnes de Greenpeace France, mais affiche également son autonomie de décision. Pour Sylvie, Aurélie et Grégoire, membres du groupe local clermontois, cet engagement est à la fois difficile, vital et passionnant.


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Mon ressenti

Tout le monde connaît Greenpeace, et tout le monde – ou presque – semble en avoir une opinion assez tranchée. Même si d’autres structures militantes plus radicales ont vu le jour ces dernières années – notamment Extinction Rebellion – Greenpeace reste l’association militante internationale la plus reconnue sur le plan de la lutte pour l’environnement.

Donc, se posait naturellement la question : comment ça se passe à Clermont ? Il y a un groupe local, que j’ai connu d’abord via le Camp Climat auquel j’ai participé en 2020 puis 2021 ; ensuite en suivant ma fille, qui s’y était inscrite comme bénévole, dans quelques réunions. J’étais curieux de comprendre l’articulation entre l’entité nationale, Greenpeace France, et l’action locale. Egalement, de voir avec les militants de Greenpeace Clermont comment ils voyaient l’étendue de leurs moyens d’action, de la sensibilisation soft à la dénonciation directe de certaines pratiques sur le terrain.

Cet entretien revient à un sujet de plus en plus débattu dans les médias, que ce soit à l’occasion de blocages routiers, d’aspertion soupesque de tableaux [je ne sais pas si cette expression existe, mais je tente ma chance] ou de Zones A Défendre : l’action en marge, voire hors des limites de la légalité, est-elle nécessaire pour éveiller les consciences et pousser au changement de système ?

Damien

Les principaux points à retenir

    1. Greenpeace se définit comme une association de protection de l’environnement. Son fonctionnement en local (ici, sur Clermont) consiste principalement à se se baser sur des “campagnes” thématiques – eau, pétrole, alimentation, etc. – initiées par Greenpeace France qui travaille sur la compilation d’études scientifiques. Ces campagnes sont ensuite coordonnées et appliquées sur le terrain, via les nombreux groupes locaux. Ceux-ci ont également une possibilité d’initier des campagnes d’envergure locale uniquement.
    2. La traduction de ces campagnes peut s’orienter d’une part en direction des décideurs politiques et économiques locaux : c’est le “plaidoyer“, forme de lobbying citoyen. D’autre part, cela peut être de la communication ou de la sensibilisation grand public. Certaines actions “choc”, notamment sur la voie publique ou via de l’affichage sauvage, marquent les esprits. Mais les membres de Greenpeace Clermont insistent sur le fait qu’il ne s’agit que d’un moyen d’action parmi d’autres, utilisé quand la sensibilisation et la concertation n’ont pas porté leurs fruits.
    3. L’équipe clermontoise, forte d’une trentaine de militants engagés hors bénévoles ponctuels, est organisé en nombreux référents thématiques. Ceux-ci se coordonnent avec d’autres référents de groupes locaux, et avec Greenpeace France, pour optimiser la portée et l’impact des campagnes. Le financement est axé sur les dons des citoyens, et sur le soutien de Greenpeace France : l’indépendance du secteur public ou privé local est érigé en point cardinal.
    4. Sur le fond, les membres de Greenpeace Clermont reconnaissent travailler sur une prise de conscience généralisée et sur le “changement de système“, notamment avec une vue systémique des enjeux écologiques. Ils ne se limitent donc pas aux “petits gestes”, et dénoncent régulièrement des “pratiques écocides” de certaines structures, autant pour les faire évoluer que pour rendre ces pratiques visibles au plus grand nombre. Mais les campagnes terrain déploient d’abord des actions de sensibilisation, avec l’exemple des menus végétariens dans les cantines. Là, le travail de clivage et d’opposition systématique des lobbies professionnels est dénoncé par les membres de Greenpeace Clermont.
    5. Sur le nucléaire, cheval de bataille historique de Greenpeace, la critique porte principalement sur le coût global du parc français et son corollaire, le sous-investissement dans les autres énergies. Mais également sur l’inertie de cette industrie, et sa consommation en ressources (matérielles, financières et humaines), ce qui s’avère un cercle vicieux de sur-consommation selon les membres de Greenpeace Clermont. Enfin, ils soulignent les problèmes de déchets, d’origine du combustible, de sûreté et de sécurité des installations. La clé, selon eux, sera surtout dans la sobriété énergétique.
    6. A Clermont, la vigueur du milieu associatif a permis à Greenpeace de développer de nombreux liens avec d’autres associations engagées, notamment Alternatiba 63. Plusieurs actions sont d’ailleurs réalisées en commun. Les institutionnels sont perçus comme étant soit lent à évoluer (Métropole) ou allant à contre-courant (Région). Certains sont carrément hostiles aux pratiques de Greenpeace Clermont.
    7. Au final, les membres de Greenpeace Clermont revendiquent leur engagement comme étant nécessaire autant dans le contexte écologique et sociétal que pour leur propre bien-être, puisque l’action terrain est un antidote à l’éco-anxiété. Ils insistent sur le sens que peut donner le travail collectif, même si le but n’est ni dans les manifestations ni dans la confrontation. Enfin, ils confortent leurs choix sur la base du travail de dossier réalisé par Greenpeace France, qui permet, selon eux, d’agir sur la base de faits scientifiques et non pas de simples opinions.

    La structure : Greenpeace Clermont

    Association de sensibilisation et d’action militante sur l’écologie, membre du réseau Greenpeace France


    Greenpeace Clermont organise des actions sur le territoire auvergnat, soit en relais de “campagnes” thématiques nationales (initiées par Greenpeace France), soit de sa propre initiative. Il peut s’agir de sensibilisation du grand public, d’interpellation d’autorités ou d’entreprises sur des sujets précis, ou de dénonciation de pratiques écocides. Sa modalité principale est le “plaidoyer“, forme de lobbying citoyen auprès des décideurs politiques et économiques du territoire, en parallèle d’une communication vers le grand public.

    L’association, qui compte une trentaine de membres dans son noyau dur (et davantage de bénévoles pour des actions ponctuelles), agit sur des thématiques variées, du nucléaire à la nourriture végétarienne en cantine, en passant par la publicité, le transport aérien, etc. La plupart du temps, les campagnes sont menées sur la base d’un travail de fond et de rapports réalisés par Greenpeace France, et en coordination avec d’autres groupes locaux.

    Plus largement, elle affirme s’inscrire dans un mouvement en faveur de la lutte contre le changement climatique et la crise environnementale, pour un territoire en transition.

    Voir le site web de Greenpeace Clermont (sur le site national)
    Contacter Greenpeace Clermont par mail : gl.clermont [chez] greenpeace.fr


    Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?

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    • Aurélie Buzo est membre de Greenpeace Clermont depuis 2017. Elle est en charge du recrutement des adhérents, des collectes de fonds, et de la thématique “forêts”. Originaire de Nantes, elle a une formation en sociologie.
    • Sylvie Léger est engagée dans l’association depuis 2016. Référente “agriculture et alimentation”, elle milite pour une action au-delà des “petits gestes”, plus systémique et globale. De formation droit et linguistique, professeur de Français Langues Etrangères, elle a vécu dans plusieurs pays européens, à Lyon, puis à Clermont depuis 10 ans.
    • Grégoire Delanos est artiste photographe, co-référent sur la thématique “transports”, référent sur les luttes locales. Il a rejoint Greenpeace Clermont en 2020.

    Greenpeace est l’association écologiste militante la plus connue. Comment définiriez-vous son action en deux mots ?

    Aurélie : c’est surtout une association de protection de l’environnement, avec des actions multiples. Nous travaillons sur des questions globales avec une approche systémique – d’où la déclinaison à l’échelon national et local.

    Notre logique d’action est celle du “plaidoyer”, une forme de lobbying citoyen auprès des décideurs économiques et politiques, couplée à de la communication/sensibilisation grand public.

    Quel est le mode de fonctionnement, entre l’organisation nationale et le local ?

    Sylvie : cela part de choix stratégiques internationaux. Ces derniers “descendent” jusqu’aux groupes locaux, à travers des campagnes thématiques sur le long terme. Les sujets sont préparés par des chargés de campagne au siège de Greenpeace France, à Paris : ils réalisent des études de fond, se basent sur les rapports scientifiques et sur les retours des organismes dédiés. Nous, on est là pour relayer ces campagnes nationales et les réaliser sur le terrain. Enfin, nous organisons des campagnes locales, plus centrées sur les problématiques du territoire.

    En février 2022 a eu lieu une campagne d’affichage sauvage afin de peser sur la présidentielle. Le message : il faut un président fort et engagé pour le climat et l’environnement, conscient des enjeux et résistant aux pressions / Crédit photo : Greenpeace Clermont (DR)

    Aurélie : il y a des réunions thématiques avec le siège, et les groupes locaux sont constitués de référents [énergie, alimentation, océan, etc. NDLR]. Car il est indispensable d’adapter les actions en local. Ce qui fait que tous les groupes sont autonomes, même si nous disposons d’une trame commune pour la cohérence et la synergie.

    “Nous veillons à être indépendants financièrement des “grands acteurs” institutionnels du territoire.”

    Aurélie Buzo

    Grégoire : en effet, nous cherchons à coordonner nos actions entre groupes locaux. Il y a souvent des journées de mobilisation qui ont lieu simultanément dans plusieurs villes. On travaille dessus avec la trentaine de groupes locaux qui existent en France.

    Aurélie : précisons aussi que nous veillons à être indépendants financièrement des “grands acteurs” institutionnels du territoire, en refusant tous dons d’entreprises ou subventions publiques. Greenpeace n’existe que grâce aux dons ! Et à Greenpeace France, qui redistribue une partie des fonds collectés aux relais sur les territoires.

    Voir le reportage : Le Camp Climat, haut lieu de l’activisme et du militantisme écologiques

    Comment agissez-vous au quotidien ?

    Aurélie : nous sensibilisons d’abord à travers plusieurs outils. Si ça ne marche pas, nous menons des actions différentes, qui sont pour nous des moyens de communication, pour faire connaître le sujet, provoquer la discussion.

    Sylvie : c’est vrai qu’on connaît Greenpeace pour certaines de ses actions spectaculaires. Mais le fond de notre travail, c’est le plaidoyer basé sur l’étude des rapports réalisée à Paris. Cela dit, il faut parfois faire pression : on a ainsi pu mettre l’accent sur des mauvaises pratiques, dans les supermarchés locaux notamment. Le but est de faire évoluer les enseignes et donc leurs fournisseurs.

    “Le fond de notre travail, c’est le plaidoyer basé sur l’étude des rapports réalisée à Paris.”

    Sylvie Léger

    Grégoire : nous croyons à la pression citoyenne comme contrainte sur les pratiques écocides. Et ces actions visibles ne servent pas qu’à faire changer d’avis un acteur : elles sont aussi là pour mobiliser les citoyens et les citoyennes sur des sujets d’intérêt public. Pour, ensuite, élire les bonnes personnes, et acheter les bons produits.

    Sylvie : mais il faut avoir conscience que, quand on se confronte aux grandes entreprises comme TotalEnergies ou EDF, ils ont en face des gens qui travaillent à 100% du temps sur la communication, et qui allument des “contre-feux”. Sans parler de leur lobbyistes professionnels, toujours à l’œuvre auprès des politiques.

    La “marche sur les aéroports” s’est terminée à Aulnat. Greenpeace y a mis l’accent sur l’impact carbone du transport aérien et sur le bon usage des subventions publiques / Crédit photo : Greenpeace Clermont (DR)

    Pouvez-vous nous décrire une campagne déclinée de cette manière ?

    Sylvie : nous avons milité pour que des menus végétariens soient proposés dans les cantines scolaires. Cela s’est fait par de la pédagogie. Auparavant, la campagne Agriculture avait “préparé” le grand public sur les sujets des OGM ou des pesticides. 

    Nous avons donc mené un plaidoyer pour instaurer deux menus hebdomadaires. Cela s’est fait auprès des politiques locaux mais aussi des députés, pendant la discussion sur la loi Egalim. La combinaison du national et du local est importante. Nous leur avons expliqué les enjeux car ils ne possédaient pas toujours les éléments de fond – même si, en face, les industriels de l’agro-alimentaire faisaient aussi leur travail de lobbying.

    Aurélie : nous avons aussi animé un “Végé Tour”, avec un camion et des cuisines mobiles. Les parents d’élèves, les membres de la FCPE ont pu monter à bord et partager un temps original. Ça a super bien marché ! 

    Lire l’entretien : Selon Nicolas Portas, l’outil de commande publique Agrilocal « remet du lien social sur le territoire »

    Comment le dialogue s’est-il noué avec les professionnels du secteur ?

    Sylvie : une des clés était de faire adhérer les techniciens, comme les préparateurs en cuisine scolaire. Là, nous avons travaillé avec plusieurs associations de promotion de la cuisine végétale pour les former, dépasser le “viandes/féculents”… le plaidoyer, c’est l’ensemble de ces actions. Et, quand tout le monde en voit l’intérêt, ça fonctionne. On y est arrivé, mais ça nous a pris un an et demi !

    “Nous croyons à la pression citoyenne comme contrainte sur les pratiques écocides.”

    Grégoire Delanos

    Nous avons aussi voulu montrer aux éleveurs qu’il leur fallait sortir du système agro-industriel. Je me souviens d’un plateau sur France 3 Auvergne avec un éleveur, qui était sur la défensive en coulisses. Mais on a discuté avant l’émission, parlé du levier quantité/qualité… et on est tombé d’accord ! Le journaliste était presque déçu. Mais ça montre qu’on ne se parle pas assez. Et, surtout, que le travail des lobbies est super néfaste, parce qu’il monte les gens les uns contre les autres.

    On attribue parfois à Greenpeace une forme de méfiance, voire de défiance, envers les entreprises…

    Sylvie : nous ne sommes pas méfiants envers le monde économique, et il y a des entreprises vertueuses ! Ce mot ne nous va pas. Nous préférons partir de constats sur certaines activités qui sont clairement écocides. Cela nous arrive de cibler des entreprises, mais c’est à cause de ces pratiques, qui doivent cesser au plus vite.

    “Le travail des lobbies est super néfaste, parce qu’il monte les gens les uns contre les autres.”

    Sylvie Léger

    Plus globalement, nous ne prônons pas de changements à l’échelle individuelle, ce n’est pas notre sujet d’action. Nous voulons impacter le global, et faire comprendre que tout est lié. Quand tu changes de fournisseur d’électricité, si tu t’intéresses à l’origine de cette énergie, tu comprends l’impact sur l’environnement.

    Aurélie : et la société ! D’ailleurs, nous travaillons avec plusieurs syndicats.

    En 2020, une campagne décalée intitulée “les boulets du climat” ciblait certains hommes politiques, considérés comme peu actifs par rapport à l’urgence climatique / Crédit photo : Greenpeace Clermont (DR)

    Sur le nucléaire, justement : il s’agit du “cheval de bataille” historique de Greenpeace. Quelle est votre position ?

    Sylvie : c’est simple : la France a engouffré des dizaines de milliards dans le nucléaire, qui ne sont pas investis dans d’autres recherches ou d’autres infrastructures. En plus, l’inertie du parc est telle qu’il faut des années pour fermer, ou construire, une centrale.

    Aurélie : le maintien d’un vieux parc nucléaire comme le nôtre demande beaucoup de ressources. Nous préférerions qu’elles soient investies dans les énergies renouvelables, la rénovation thermique, l’accompagnement du changement de modèle agricole…

    Je pense donc que le nucléaire nous maintient dans une course perdue à consommer et à produire toujours plus pour justifier notre surconsommation énergétique. C’est clairement idéologique, et ça pousse à ignorer les risques liés, comme l’eau ou la dangerosité. Ce n’est pas qu’une affaire de CO2 !

    “Le nucléaire nous maintient dans une course perdue à consommer et à produire toujours plus pour justifier notre surconsommation énergétique.”

    Aurélie Buzo

    Sylvie : sur la sûreté, les centrales étaient prévues pour 40 ans. Aujourd’hui, il y a une problématique de formation, un manque de personnes compétentes pour s’en occuper. En plus, il y a eu 15 intrusions en 15 ans, donc la sécurité pose problème. Sans parler du stockage, et du transport de déchets radioactifs – que se passe-t-il quand ils transitent par les autoroutes comme l’A75 ?

    Au final, la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas. Le débat parlementaire sur le nucléaire nous a donné raison. Mais il y a des gros lobbies en face. Et la position d’un Jancovici à ce sujet n’est pas très lisible.

    Comment interagissez-vous avec les autres associations et les grandes collectivités locales ?

    Aurélie : nous avons des liens forts avec plusieurs associations comme Alternatiba, ANV-COP21, Attac et Extinction Rebellion. Le milieu associatif est assez développé à Clermont, et il y a des notions communes d’engagement. Hier encore [le 11 octobre], nous étions en réunion commune avec Alternatiba, soit 40 participants ! Et nous organisons souvent des actions en commun.

    Lire l’entretien : Alternatiba 63, challenger et partenaire de la transition écologique à la Métropole

    Grégoire : au niveau des institutionnels, Clermont Métropole bouge peu à peu mais c’est lent, et insuffisant. Par exemple, on a 10 ans de retard sur les déplacements doux. Heureusement, il semble y avoir une prise de conscience réelle. Mais il y a aussi de gros enjeux de non-artificialisation des sols, ou de sobriété – je pense aux publicités dans l’espace public, sur lesquelles les politiques ne sont pas à la hauteur.

    Aurélie : quant à la région Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs décideurs de premier plan vont à l’encontre de ce qu’il faudrait. Cela donne des projets écocides comme le contournement du Pertuis en Haute-Loire, et bientôt à Vichy. Ou encore la fin des aides aux zones Natura 2000

    Souffrez-vous d’une forme d’incompréhension vis-à-vis des politiques ?

    Sylvie : la réponse des institutionnels n’est généralement pas à la hauteur. En plus, certains nous font passer pour des idéologues, alors que nous ne faisons que travailler pour l’intérêt général.

    Aurélie : par exemple, Laurent Wauquiez, dans ses tweets, nous a déjà traités comme des quasi-terroristes. Mais, s’il y a une résistance ou une colère en face, cela veut dire que notre action fonctionne. On ne nous ignore pas ! 

    “S’il y a une résistance ou une colère en face, cela veut dire que notre action fonctionne. On ne nous ignore pas ! “

    Aurélie Buzo

    Reste l’incompréhension de fond. Pourtant, des gens comme Laurent Wauquiez ou Patrick Pouyanné [PDG de TotalEnergies, NDLR] sont des êtres humains, avant d’être des décideurs. Ils seront confrontés, comme nous, aux conséquences des changements environnementaux. Comment s’y retrouveront-ils ?

    L’équipe Greenpeace anime plusieurs stands et participe à des événements de sensibilisation, souvent en commun avec d’autres associations / Crédit photo : Greenpeace Clermont (DR)

    Et quel est, pour finir, votre ressenti global par rapport à votre engagement ?

    Sylvie : c’est beaucoup de frustration quand ce qu’on annonçait depuis 30 ans [au niveau de Greenpeace, NDLR] finit par arriver. Cela me fait alterner entre des moments “roulés en boule” et une action collective qui redonne du sens. D’autant plus qu’elle est basée sur des études et des rapports solides.

    “Quand on arrive à la confrontation, c’est vraiment parce que le reste n’a pas marché.”

    Grégoire Delanos

    Grégoire : cet engagement, on le fait par besoin vital. L’action est d’un grand réconfort pour ne pas rester dans la déprime. Quand on arrive à la confrontation, c’est vraiment parce que le reste n’a pas marché. On préfère toujours le dialogue ou la sensibilisation.

    Aurélie : je suis contente de travailler dans un tel collectif. Pourtant, ce n’est pas notre kif à la base de passer notre temps à militer ou de se prendre du gaz lacrymo. On n’a pas que ça à faire dans nos vies… mais il faut le faire, donc on le fait.

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    Propos recueillis le 12 octobre 2022, mis en forme pour plus de clarté et relus et corrigés par Aurélie Buzo, Sylvie Léger et Grégoire Delanos. Crédit photo de Une : Damien Caillard, Tikographie