Avec son projet de livre intitulé “L’Allier déjà en transition”, Garance souhaite dépasser les clivages territoriaux et rapprocher le grand public des initiatives locales en faveur de la transition écologique.
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Ressenti de l’auteur
Plusieurs personnes m’avaient parlé, au cours de l’année 2022, d’un projet de livre sur les initiatives de la transition écologique dans l’Allier. Moi-même, j’ai co-écrit et édité un livre globalement sur le même sujet (mais décliné sous forme d’entretiens uniquement) en Auvergne. Donc, forcément, j’avais envie de connaître les personnes engagées dans des projets similaires.
J’ai donc fait la connaissance de Garance tout récemment, et j’espère que cet article lui apportera un petit coup de pouce pour son beau projet. Nous avons échangé pas mal de “bonnes pratiques” entre auteurs/éditeurs, et nous sommes d’accord que c’est un boulot passionnant mais très impliquant que de porter logistiquement et financièrement un livre jusqu’à sa parution, et au-delà.
Je dois souligner le travail de Garance pour mettre en avant la “transversalité” des approches, comme elle me l’a dit à plusieurs reprises durant l’entretien. Je sais que le territoire de l’Allier, en particulier, est partagé entre trois grandes villes sans pôle central, ce qui ne facilite pas toujours les échanges. Or, je le redis et reredis et je ne suis pas le seul : l’interconnaissance des initiatives, entre elles – donc – mais aussi vis-à-vis du grand public et des collectivités, est capitale pour préparer les territoires à la résilience. Des médias et des ouvrages sur le sujet ne peuvent qu’aller dans le bon sens.
Damien
Les principaux points à retenir
- Après avoir travaillé sur les PCAET [Plans Climat Air Energie Territoire] des onze intercommunalités de l’Allier entre 2019 et 2021, Garance a constaté la richesse et la diversité des initiatives citoyennes pour la transition écologique sur son département. Elle s’est aussi heurtée aux “prés carrés” qui les entravent. Elle a donc souhaité participer à faire connaître ces initiatives et développer la transversalité des enjeux à travers un projet de livre sur le sujet.
- En constituant une base de données personnelle et en se référant aux réalisations similaires à Alternatiba à Clermont ou Anciela à Lyon, Garance a donc élaboré un ouvrage numérique et gratuit, de 200 pages environ. Structuré autour des cinq grandes thématiques des PCAET (mobilité, énergie et habitat, biodiversité, agriculture et économie circulaire), l’ouvrage rassemble des entretiens avec des experts et acteurs locaux sur ces sujets, des listes d’initiatives locales pérennes (constituées sous forme d’associations, pour la plupart) et des infographies explicatives.
- Pour la réalisation du livre, Garance a réuni une équipe de plusieurs personnes, à commencer par Pierre Thomas, graphiste et maquettiste, mais aussi Pascaline Liard pour les nombreuses illustrations et Jérôme Chabanne pour la photographie. Soutenue par son compagnon qui est journaliste à Vichy, Garance estime le coût total à 9000 euros, un montant couvert en partie par quelques soutiens de structures locales et par une campagne de financement participatif sur Ulule.
L’intervenante : Garance Rouvet
Autrice et éditrice d’un livre numérique sur la transition écologique dans l’Allier ; agent de développement territorial spécialisée dans les enjeux climat-énergie.
Après des études à Clermont en langues étrangères appliquées, Garance déménage sur Vichy dans les années 2000. Elle travaille quelques temps auprès d’un sous-traitant de Hewlett-Packard mais préfère s’orienter vers les enjeux de transition et de développement des territoires. Pour ce faire, elle choisit de reprendre une année d’études en suivant la licence professionnelle de développement des territoires à l’Université Clermont Auvergne. Elle y travaille sur l’articulation entre développement économique et développement durable, à l’échelle locale : l’orientation “collectivités” lui plaisait particulièrement.
Au sortir de cette formation, après un stage auprès de l’équipe du PAT Grand Clermont, elle rejoint le Syndicat Départemental d’Energie de l’Allier (SDE03) pour animer plusieurs ateliers autour des PCAET, sur l’ensemble du département – dans le cadre du “Plan Climat Allier” porté par le syndicat. Elle y reste deux ans, de juillet 2019 à juillet 2021, et travaille sur onze communautés de communes.
Après cette expérience, elle choisit de se lancer dans la rédaction puis l’édition d’un livre sur les initiatives citoyennes autour de la transition écologique dans l’Allier. Articulé autour des cinq thématiques des PCAET, ce livre paraîtra début 2023 sous forme numérique. Il sera en consultation gratuite. Jusqu’au 24 janvier 2023, il fait l’objet d’un appel au financement participatif sur Ulule.
Contacter Garance par courrier électronique : garance.rouvet [chez] sfr.fr |
Voir la page Ulule pour participer au financement du projet de livre sur la transition dans l’Allier |
Crédit photo : Damien Caillard, Tikographie
Accès direct aux questions
- Qu’est-ce qui t’a motivée à écrire ce livre ?
- Comment as-tu préparé ton projet ?
- Quel sera le contenu et la forme de l’ouvrage ?
- Quel est ton mode de sélection des initiatives citoyennes de l’Allier ?
- Peux-tu nous décrire ton modèle économique ?
- Qu’attends-tu de ce livre, pour toi ou pour le territoire ?
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
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Qu’est-ce qui t’a motivée à écrire ce livre ?
Après ma licence en développement des territoires à l’Université Clermont Auvergne, j’ai eu l’opportunité de travailler deux ans comme animatrice PCAET (Plan Climat Air Énergie Territorial) avec le Syndicat Départemental d’Énergie de l’Allier (SDE03) qui a porté la démarche « Plans Climat Allier », avec l’aide de fonds européens Leader. De nombreux ateliers participatifs ont été organisés pour que chacune des onze intercommunalités de l’Allier puisse avoir son propre plan climat.
Cette expérience m’a confirmé l’existence de beaucoup d’initiatives sur le territoire de l’Allier, et de vraies expertises à valoriser sur l’énergie, le climat, la biodiversité… j’ai pu bien sûr rencontrer beaucoup de ces parties prenantes, et développer mon réseau. Mais, d’autre part, j’ai constaté parfois des clivages qui persistent, des “prés carrés” ou des barrières qui entravent des initiatives et freinent des volontés.
Comment as-tu préparé ton projet ?
Dès ma reconversion professionnelle dans le développement durable, j’ai constitué une base de données de contacts et de structures, tenue à jour en réalisant une veille quotidienne poussée, en m’appuyant sur la presse nationale et locale (la Montagne ou la Semaine de l’Allier par exemple), mais aussi la presse plus institutionnelle ou les réseaux sociaux.
Je me suis dit que ce travail d’abord réalisé pour moi, pourrait bénéficier à d’autres personnes, d’autant plus qu’il y a des références : je pense au guide Alternatiba édité à Clermont, ou encore à l’initiative d’Anciela sur Lyon. Au-delà du côté “bonnes adresses”, il y a cette volonté de regrouper des initiatives et thématiques souvent dispersées.
J’ai donc commencé à écrire à l’été 2021, après la fin de ma mission d’animatrice PCAET, et en parallèle de la recherche d’un nouveau poste. Je me suis finalement entièrement investie dans ce projet de livre, avec le soutien de mon compagnon qui est journaliste, très attaché au territoire de l’Allier, et d’un ami graphiste vivant près de Saint-Pourçain-sur-Sioule.
Quel sera le contenu et la forme de l’ouvrage ?
C’était un projet de livre papier au début, mais la hausse des coûts d’impression après le début de la guerre en Ukraine m’a fait basculer en numérique. Ce sera donc un format PDF, consultable gratuitement en ligne d’ici le printemps 2023 – nous en sommes à la mise en page [en décembre 2022, NDLR].
Le contenu sera articulé autour de cinq grands chapitres, inspiré des PCAET : biodiversité, agriculture, économie circulaire, énergie-habitat et mobilités. A chaque fois, j’ai rédigé plusieurs interviews structurantes avec un acteur du territoire pour parler des enjeux climatiques locaux, puis j’ai proposé une liste d’initiatives vers lesquelles se tourner. Par exemple, pour la biodiversité, je parle de la nécessité de replanter des haies, mais aussi des forêts, rivières ou zones humides. J’aborde ces sujets avec des spécialistes du Conservatoire d’Espaces Naturels de l’Allier, de la Ligue Protectrice des Oiseaux, de la Fédération de Pêche de l’Allier, etc.
Quel est ton mode de sélection des initiatives citoyennes de l’Allier ?
Certains disent qu’il ne se passe rien dans l’Allier, au sujet de la transition écologique. Ça me sidère, car c’est complètement faux ! J’ai pu recenser plusieurs centaines d’initiatives et structures agissant dans ce sens, sur le territoire. J’ai voulu mettre en avant les plus pérennes, celles qui sont constituées sous forme d’associations par exemple.
J’ai pu recenser plusieurs centaines d’initiatives et structures agissant dans [le sens de la transition], sur le territoire.
Je ne prétends pas à l’exhaustivité, c’est impossible ! Mais j’ai voulu proposer une photographie la plus large qui soit et je revendique cette approche transversale qui a guidé ma démarche, en donnant à voir une diversité de thématiques, d’acteurs et de modèles. Par exemple, parler d’ exploitations agricoles aussi bien en raisonné qu’en AB, ou d’une multinationale autant que d’une SCOP de trois personnes. J’ai aussi tenté d’approcher un équilibre géographique et hommes/femmes.
Enfin, de nombreuses photos, quelques infographies ou le travail d’illustration réalisé par Pascaline Liard rendent la lecture agréable, et aident à vulgariser des sujets parfois techniques, comme le fonctionnement d’un méthaniseur par exemple.
Peux-tu nous décrire ton modèle économique ?
L’ouvrage est auto-édité, et sa bascule en 100% numérique a permis de réduire les coûts bien évidemment. Il est néanmoins assemblé comme un livre, avec une maquette de plus de 200 pages. Je suis bénévole pour l’écriture, mais l’équipe qui me suit travaille en prestation sur le graphisme et la mise en page, l’illustration ou la photo. J’ai également financé une relecture professionnelle.
La bascule en 100% numérique a permis de réduire les coûts.
Cela donne un budget dépenses d’environ 9000 euros. Côté recettes, j’en suis à une bonne moitié obtenue, grâce au soutien de plusieurs structures : la Caisse d’Épargne Auvergne-Limousin, le SDE03, le Naturopôle de Saint-Bonnet de Rochefort ou l’entreprise Convivencia Conseil (située à Paris, mais dirigée par un bourbonnais). De nouveaux partenariats sont les bienvenus !
Je compte sur la campagne de financement participatif citoyen en cours, sur la plateforme Ulule jusqu’au 24 janvier 2023, pour atteindre 2500 euros. J’ai monté cette campagne moi-même, en apprenant “sur le tas”, mais avec l’aide de Pascaline pour les illustrations, ou de mon compagnon pour la vidéo.
Qu’attends-tu de ce livre, pour toi ou pour le territoire ?
En ce qui me concerne, ce livre est un pari personnel et professionnel, pour me donner de la visibilité… en même temps que je valorise le territoire. Peu importe qu’il ne me rapporte pas d’argent, mais j’y tiens, car je suis vraiment attachée à mon territoire et à sa transition écologique. Plus largement, le livre permet de connaître l’impact du dérèglement climatique aussi en local. Beaucoup de gens ont envie de s’engager mais ne savent pas par où commencer : il s’agit de leur montrer des initiatives proches de chez eux !
Le livre permet de connaître l’impact du dérèglement climatique aussi en local.
Une dernière chose qui me semble importante : je ne suis pas journaliste mais agent de développement territorial. Pourtant, j’assume le travail de rédaction qui a donné naissance au livre : je me sens légitime pour le faire, tout comme n’importe quel citoyen a le droit de s’emparer de ces questions qui le concernent directement. Il me semble important d’aller chercher les gens éloignés de ces sujets. Un livre numérique et gratuit comme celui que je propose pourra, je l’espère, toucher plus de monde.
Pour aller plus loin (ressources proposées par Garance) : Comprendre – le guide des initiatives d’Alternatiba, belle référence sur le Puy-de-Dôme Agir – Les centrales solaires citoyennes telles que Com Toit à Vichy. “C’est primordial que les citoyens s’emparent des enjeux liés aux énergies renouvelables” insiste Garance. “Mais les montages techniques ou juridiques peuvent être compliqués. Heureusement, il y a des structures ouvertes et des personnes qui essayent d’insuffler une telle dynamique en local.” |
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Propos recueillis le 8 décembre 2022, mis en forme pour plus de clarté et relus et corrigés par Garance. Crédit photo de Une : Damien Caillard, Tikographie