Isolant, couvertures, vêtements, laines à tricoter… A Saint-Pierre-Roche, une coopérative se démène pour valoriser la laine locale. Une troisième voie quasi royale, entre un débouché chinois qui s’effondre et un destin de déchet dont on ne sait plus quoi faire.
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Mon ressenti
Beaucoup de gens, de nos jours, ne jurent que par le polyamide ou le lycra. Pour ma part, je suis restée old school en matière d’habillement : je ne me sens bien que dans le coton ou la laine, cette matière jugée ringarde, qui gratte, tout juste bonne à occuper Grand-Mère dans ses soirées tricot. Pourtant, la laine vous garde au chaud des pieds à la tête, elle vous emmitoufle de moelleux. Elle est pour moi synonyme de cocooning au coin du feu ou au contraire de grands espaces, quand, sous forme de feutre, elle enveloppe et décore les yourtes mongoles ou kirghizes. Elle a encore un avantage non négligeable : on dispose de bons gisements de toisons sur place, particulièrement chez nous, dans les montagnes à vaches – et à moutons – du Massif central.
C’est pourquoi, lorsqu’il y a quelques années j’avais appris que la laine française ne valait quasiment plus rien et au mieux partait en Chine pour les usines bas-de-gamme, ça m’avait atterrée.
Depuis, je retourne chaque étiquette de mes pulls pour constater avec dépit que tout est estampillé “Made in China”. Et surtout, je guette avec gourmandise les forcenés qui ne baissent pas les bras et s’obstinent à maintenir contre vents et polyesters un embryon de filière laine française : les pionniers soixante-huitards d’Ardelaine en Ardèche ; quelques professionnels regroupés à Saugues en Haute-Loire autour d’un « pôle laine » qui a notamment réussi à préserver, sur d’antiques machines, l’unique unité de lavage de l’Hexagone ; des éleveuses et tisserandes en Bretagne ; un bon noyau à Aubusson-Felletin, issu de la tradition locale de la tapisserie…
Et cette pépite installée au milieu de nulle part dans notre département du Puy-de-Dôme : Terre de Laine. Elle pourrait à elle seule illustrer ce qu’on entend par « résilience », cette capacité à surmonter les crises en inventant des nouveaux modèles d’affaires : modestes, locaux, malléables, inventifs, solidaires…
C’est cette histoire que j’ai eu envie de raconter. Il me semble qu’elle peut passionner autant les étudiants en école de commerce que les amateurs de bonnes chaussettes. Et c’est déjà une performance !
Marie-Pierre
Les principaux points à retenir
- Depuis la mondialisation et l’avènement des tissus synthétiques, la laine française n’est pratiquement plus valorisée. Elle était principalement exportée vers la Chine pour l’industrie du vêtement bas-de-gamme, à un prix dérisoire, ou considérée comme déchet. Depuis 2018 environ et encore plus depuis la pandémie, le marché chinois s’est complètement fermé et les éleveurs ne savent plus quoi faire de la laine.
- A Saint-Pierre-Roche, une petite SCOP fait partie des rares initiatives en France qui s’efforcent de redonner à cette matière naturelle, renouvelable et disponible ses lettres de noblesse.
- Terre de Laine travaille en circuit-court : elle achète la laine directement aux éleveurs du Puy-de-Dôme et des départements limitrophes, la fait transformer et vend elle-même les produits finis, principalement aux particuliers ou aux professionnels du bâtiment. Les laines sont lavées en Belgique, toutes les autres étapes de transformation se font en France, avec les procédés les plus écologiques possibles.
- Le produit phare de l’entreprise est l’isolant pour le bâtiment, d’une qualité exceptionnelle, car durable et traité avec des produits non toxiques. Terre de Laine commercialise aussi des vêtements, couvertures, tapis de yoga, laines à tricoter ou en vrac… Chaque produit valorise un certain type de laine, pour offrir des débouchés aux éleveurs de la région.
- Malgré le scepticisme du secteur économique et agricole conventionnel, la SCOP née en 2016 a su traverser les crises, s’adapter et se développer, grâce au soutien du réseau ESS et à la ténacité de sa gérante.
La structure : Terre de Laine
Entreprise valorisant la laine de moutons du Massif central en circuit court sous diverses formes : isolant, couvertures, vêtements, pelotes à tricoter…
Créée en 2016 par Nadège Blanchot, suite à la reprise de l’entreprise Plissonneau, la Scop Terre de Laine a pour activité d’acheter la laine des moutons du Massif central (principalement ravas du Puy-de-Dôme et d’autres races des départements limitrophes) pour la valoriser en circuit court. L’entreprise est implantée au lieu-dit Piquat à Saint-Pierre-Roche, au cœur du parc des Volcans.
Elle achète les laines, les trie, les fait transformer selon les procédés les plus écologiques possibles et au plus près possible, et commercialise des produits divers permettant d’utiliser les différents types de laines collectées :
- Isolation thermique ou phonique haut-de-gamme pour habitat conventionnel ou léger (seule entreprise à proposer ce type de produit sur le marché),
- Sous-couches pour parquets flottants,
- Vêtements,
- Pelotes à tricoter,
- Couvertures, tapis de yoga, coussins,
- Feutre de laine aiguilleté,
- Laine en vrac.
Début 2023, la Scop réunit quatre associés, dont Nadège Blanchot, gérante, et Jean-Luc Plissoneau, le seul non salarié. Elle compte en outre une salariée non associée. La Scop se fournit chez une cinquantaine d’éleveurs et commercialise environ 40 tonnes de laine par an en isolant et une dizaine de tonnes en laines de tricot.
Toute les laines sont lavées en Belgique et traitées avec des produits non volatiles et non toxiques pour les voies respiratoires ou pour l’environnement.
Toutes les autres transformations sont réalisées en France, au plus près possible selon les gammes : Limoges pour les isolants, Felletin dans la Creuse pour le filage, le feutrage, la teinture, Puy-de-Dôme et Indre pour le tricotage, Tarn pour les couvertures, Cantal et Loire pour les créations de vêtements.
Les produits sont commercialisés principalement dans la boutique sur place, sur des marchés et par correspondance (boutique en ligne en préparation).
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
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Normalement, l’activité qu’a lancée Nadège Blanchot en 2016 n’aurait jamais dû passer le cap des toutes premières années. C’est en tout cas ce que pensaient la plupart des banquiers qu’elle a rencontrés alors. Imaginez : une femme se proposant de faire du négoce dans les milieux agricoles ! Et n’étant pas du métier en plus ! Avec l’idée d’ouvrir une boutique de laine en pleine campagne ! Pour couronner le tout, elle embarquait dans son aventure des associés, en choisissant de structurer l’affaire en coopérative… Et encore, ces banquiers ne savaient pas que le marché de l’export de laine vers la Chine allait se fermer deux ans plus tard. Sans parler du covid qui viendrait percuter cette première crise.
Sept ans plus tard, Terre de Laine poursuit sa route. « Je suis de nature anxieuse donc je ne vais pas dire que les perspectives sont idéales ; il faut rester prudent… mais nous avons prouvé qu’il y a une place pour valoriser la laine localement », se réjouit Nadège. Une embauche supplémentaire est prévue dans l’année. Et une boutique en ligne va très bientôt compléter l’offre sur place.
Nous avons prouvé qu’il y a une place pour valoriser la laine localement.
Pour mieux comprendre, commençons par dresser le décor : un petit bâtiment à ossature bois en bordure de l’ancienne nationale 89, entre Massagettes et Rochefort-Montagne, sur ce plateau propice à l’élevage aux confins de la chaîne des Puys, des Combrailles et du massif du Sancy. Terre de Laine a pour voisins un tiers-lieu à vocation culturelle, une association qui fait découvrir la nature en vous initiant à grimper dans les arbres, et une brasserie artisanale. Assemblage hétéroclite, mais qui partage indéniablement des valeurs orientées vers un certain art d’animer la ruralité sans l’endommager.
Quand la Chine se ferme
Il nous faut aussi expliquer le contexte. Depuis quelques décennies, les éleveurs de moutons vivent de la viande et du lait. La laine ? Au mieux un sous-produit de peu de valeur, au pire un déchet dont on ne sait plus quoi faire. La faute aux tissus synthétiques et à la délocalisation massive des industries capables de la transformer. Tout ou presque se passe en Chine. Laquelle se sert d’abord en Australie et Nouvelle-Zélande, pays qui ont misé sur les toisons et donc sur leur qualité. Les laines françaises sont aussi exportées vers l’usine du monde, mais surtout pour l’habillement bas-de-gamme avec 20 ou 30 % de fibre naturelle mélangée au synthétique. Les éleveurs de notre Massif central ont vécu à plein cette ère de la mondialisation décomplexée.
Le prédécesseur de la Scop Terre de Laine était en partie dans cette logique : tondeur de métier, il pratiquait le négoce des laines pour l’export. Mais il avait commencé aussi à la valoriser autrement, sous forme d’isolant thermique pour le bâtiment.
C’est au moment où il envisage de prendre sa retraite que Nadège arrive dans l’histoire. « Un peu par hasard », explique-t-elle. Originaire de la commune, elle cherchait une nouvelle activité après avoir frisé le burn-out dans son ancienne vie professionnelle. Elle se propose pour tenir une boutique de laine que quelqu’un du village voulait créer.
« Finalement, le projet ne s’est pas fait. Mais j’avais commencé à m’intéresser au sujet, j’étais ‘tombée dedans’ et quand j’ai appris que l’ancien propriétaire cherchait un repreneur afin de prendre sa retraite, j’ai voulu me lancer, mais en essayant de changer le modèle. Lui faisait 80% de son chiffre d’affaires sur l’achat-revente pour l’export. Ce n’était pas ce qui m’intéressait le plus : je souhaitais inverser les proportions et exploiter la ressource le plus localement possible. La crise de l’export a accéléré les choses. Au début ça a été la panique, d’autant que l’entreprise était toute jeune. J’ai failli abandonner plusieurs fois ! Mais nous avons continué… Notre chance a été d’être structurés en coopérative : nous avons été soutenus par le réseau de l’économie sociale et solidaire – union des SCOP, France Active – additionné aux aides de la Région. Soutien financier, mais aussi par du conseil permettant de se sentir moins seuls et de prioriser les urgences. Nous avons aussi bénéficié d’un programme européen Leader avec le Parc des Volcans pour faire tester et normer nos isolants, ce qui les rend aujourd’hui éligibles aux primes rénovation. Nous avons traversé ces années complexes en nous appuyant sur ce réseau pour structurer et développer l’activité. »
Notre chance a été d’être structurés en coopérative.
Durant cette période, les éleveurs ont vu le débouché chinois se fermer complètement. En conséquence, ils ne savent plus comment se débarrasser d’une laine qu’ils n’ont pas le droit de brûler ou de déposer en déchetterie, qu’ils n’ont pas toujours la place de stocker, qu’ils peuvent livrer à un équarisseur mais à des prix prohibitifs, ou carrément… la mélanger au fumier.
« Ce n’est pas logique d’avoir à exporter ou laisser perdre une matière première dont on dispose. Il manque une industrie textile forte en France, pour travailler sur des laines diverses, assurer des débouchés. Et le problème est le même pour le lin ou le chanvre », se désole Nadège.
Optimiser les transports
C’est l’envie de faire le maximum pour trouver des débouchés aux laines locales, dans leur grande diversité, qui la pousse à imaginer ou rechercher toutes sortes de valorisations. « Il a fallu communiquer, faire comprendre aux éleveurs que nous ne pouvions pas accepter des laines salies ou pleines de paille. Ça les contraignait à changer des habitudes, mais ils l’ont compris car pour la première fois, ils se faisaient expliquer à quoi la laine était destinée, alors qu’auparavant ils ne s’en souciaient pas. »
Ce n’est pas logique d’avoir à exporter ou laisser perdre une matière première dont on dispose.
Ces débouchés vont de l’isolant de qualité – pour propriétaires ou artisans exigeants – aux feutres utilisés en rembourrage de couettes, en coussins, en sous-couche de parquets ou pour des yourtes. Ça, c’est pour la laine récoltée au plus proche, dans le Puy-de-Dôme : celle des moutons ravas typiques de nos paysages.
Mais leur toison rêche et sans tenue ne se prête pas à être traitée pour le textile. Terre de Laine va donc chercher de la matière première à peine plus loin, dans les départements limitrophes, pour proposer une belle gamme de pelotes à tricoter, de couvertures, de tapis de yoga. Une Clermontoise tricote à la main les pulls ou bonnets vendus dans la boutique. Grâce à une tricoteuse de l’Indre qui possède les machines spécifiques, une gamme de chaussettes a été lancée récemment. Et la boutique accueille aussi les vêtements de deux créateurs travaillant l’un dans le Cantal, l’autre dans la région de Feurs.
Même tactique pour les transformations amont : aller au plus près, optimiser les déplacements en remplissant les camions et rechercher la meilleure qualité de travail et de respect de l’environnement. « Nous faisons laver toutes nos laines en Belgique, car la seule unité de lavage en France, à Saugues, n’a pas la capacité de traiter toutes nos laines ; c’est aussi une question de prix : elle est plus chère car elle travaille sur des petites quantités et pour les isolants, nos volumes les plus importants, ce ne serait pas viable. Ensuite, pour ne pas multiplier les trajets des camions, nous expédions toutes nos laines à Limoges où est traitée celle destinée à l’isolation. Le filage se fait à Felletin dans la Creuse », détaille Nadège.
Éclairage : le contexte de la filière laine
Pour mieux comprendre le positionnement de Terre de Laine dans le contexte global, j’ai interrogé Géraldine Cauchy, directrice de Lainamac. Cette association, dont Terre de Laine est membre, anime une filière centrée d’abord sur les activités laine pour le textile développées notamment à Aubusson.
Quelle est la vocation de Lainamac ?
Géraldine Cauchy : Nous sommes une association de filière fondée en 2009, avec pour objectif de structurer la filière laine textile autour de quatre axes principaux : la formation, le développement économique, l’expertise sur la matière grâce à la recherche, et la promotion de la filière.
Notre périmètre est celui de la Nouvelle Aquitaine en lien avec les massifs entourant le territoire – Massif central et Pyrénées – d’où provient une partie de la matière première. Les montagnes fournissent des laines rustiques alors que les bassins de plaine du nord du territoire – de la Charente et des Deux-Sèvres à l’Allier – se consacrent aux races croisées.
Notre périmètre est atypique car l’association est née à Aubusson d’un vivier local d’entreprises du secteur du tapis et de la tapisserie, mais aussi du textile : filature, teinture…
Où en est la filière et quelle est sa tendance, en France et sur le périmètre de votre territoire ?
G.C. : Il y a une accélération, plus qu’un changement de tendance, entre l’avant et l’après covid. On observe un regain d’intérêt pour la production française chez les consommateurs, mais avec des paradoxes : on veut de la laine produite et travaillée en France, mais aussi douce que le cachemire… ce qui n’est pas possible. La production reste donc relativement confidentielle, centrée sur certaines marques. Il y a aussi un regain d’intérêt dans la décoration : depuis les confinements et le télétravail, les gens restent davantage chez eux et ont envie d’avoir un nid douillet. La laine y trouve sa place. Là aussi avec des effets contrastés.
Tout cela est propice à une relocalisation. On sent aussi un attrait nouveau pour les métiers manuels, le faire soi-même, l’artisanat, la créativité… L’engouement pour les savoir-faire textiles est réjouissant, car il y a besoin d’ancrer ce renouveau dans une culture textile. Ce contexte est favorable pour la création d’entreprises et pour le recrutement. Et Lainamac est là pour conforter cette tendance, par des formations, mais aussi par la promotion et la valorisation de la matière et des savoir-faire auprès du public.
Nous avons cependant des inquiétudes sur le contexte du coût des énergies, de la guerre en Ukraine, de l’inflation… Les entreprises de notre filière, comme les autres, vont avoir du mal à baisser leurs coûts et les échéances de renouvellement des contrats d’électricité pourraient être douloureuses.
Dans ce contexte, Terre de Laine représente-t-elle un modèle original ou une tendance globale de ces nouvelles entreprises de la filière ?
G.C. : Le créneau de l’isolant développé par Terre de Laine est extrêmement rare, voire unique, et ils ont sans doute un beau potentiel de sous-produits à développer.
Quant à leur modèle centré sur le circuit court, le 100% laine, les laines tracées, la structuration en coopérative : c’est une démarche très engagée dont ils sont précurseurs, avec Ardelaine qui est encore plus ancienne ; ce sont des initiatives emblématiques qui s’appuient sur des valeurs fortes et forcent le respect. Elles sont dans l’air du temps et on aurait pu penser que beaucoup d’entreprises suivraient ce modèle, mais par exemple elles ne sont pas très nombreuses à faire le choix de la Scop.
Que manque-t-il pour que cette filière française décolle vraiment ?
G.C. : C’est une question difficile, car elle a des dimensions politiques et internationales, avec la pression de la Chine qui a beaucoup œuvré pour étouffer les ventes de laine, et la façon dont l’industrie s’est, par étapes, complètement délocalisée : les laines brutes sont exportées et nous reviennent sous des formes de plus en plus transformées, jusqu’au produit fini du vêtement.
Il faut aussi faire attention au devenir de la filière ovine : beaucoup d’éleveurs vont partir à la retraite dans les années à venir et le contexte n’incite pas à l’installation. On peut donc craindre d’ici à quinze ou vingt ans une quasi disparition des troupeaux.
Il manque aussi des points de collecte, de stockage… et aussi des acheteurs ! Un artisan me faisait ainsi remarquer qu’il est difficile de vendre de l’artisanat haut-de-gamme, car les personnes ayant des moyens se tournent plus facilement vers les marques du luxe.
Il y a donc besoin de renforcer cette culture, de développer une clientèle avertie et engagée. C’est ce à quoi nous œuvrons… en essayant de faire abstraction de ce climat maussade.
Petites niches bout à bout
Et la clientèle ? « Ce ne sont pas les locaux qui sont venus en premier, mais le bouche à oreille a très vite fonctionné, sourit la gérante. Les professionnels, pour l’isolant, ont testé pour se faire une idée, et ont vite été convaincus par sa qualité exceptionnelle. Et pour le magasin, les clients viennent de toute la France, surtout l’été ; puis ils nous passent des commandes par correspondance. La boutique en ligne va nous faire gagner du temps là-dessus ! »
De fait, même en ce frisquet jeudi matin de janvier pendant que nous papotons dans la boutique, nous verrons entrer deux dames venant explorer les portants comme dans une expédition shopping en ville ; puis un homme souhaitant se renseigner sur les isolants.
Terre de laine saisit toutes les opportunités de pouvoir emporter quelques curons de plus chez les éleveurs qui croulent sous les laines ne trouvant pas preneur. C’est par exemple une fabricante de marmites norvégiennes à Lyon qui a besoin d’un isolant très efficace pour garantir la cuisson hors feu ; ou bien les matelassiers d’Ardelaine en Ardèche qui recherchent des laines un peu plus longues que celles des moutons locaux… Mises bout à bout, ces petites niches commerciales assurent, à défaut de débouchés pour toute la laine de la région, au moins la pérennité de Terre de Laine.
Normalement, l’entreprise n’aurait pas dû passer le cap des premières années. Mais dans le monde pas du tout normal que nous commençons à connaître, avec ses crises à répétition et son lot grandissant d’incertitudes, ce modèle en circuit court, le plus local possible, biosourcé, s’adaptant aux offres et aux demandes, se révèle finalement bien plus résilient que l’exportation bas de gamme vers la Chine. Ça vous étonne ?
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Reportage réalisé le jeudi 12 janvier 2023. Photo de Une : Marie-Pierre Demarty, Tikographie