Fédérer des gens autour d’un projet citoyen d’intérêt général ne se fait pas en un claquement de doigts. Encore moins dans un territoire qui ne partage pas une identité forte. Les fondateurs d’Arverne Durable, association ayant pour vocation le développement d’une production d’énergie solaire sur le périmètre de Mond’Arverne Communauté, veulent relever ce défi.
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Mon ressenti
Un sujet pas facile parce que très technique : la production d’énergie.
Un projet loin d’être gagné d’avance, parce qu’il n’intègre a priori pas beaucoup de bénéfices individuels.
Un territoire artificiellement taillé par des décisions administratives, sans identité propre. J’en sais quelque chose : j’y vis… et pourtant il y avait belle lurette que je n’avais pas mis les pieds dans la commune de Saint-Saturnin, où les membres du collectif m’avaient donné rendez-vous.
De beaux handicaps à porter dès la ligne de départ. Et pourtant…
Comme dans beaucoup de projets touchant à la résilience du territoire, on trouve des groupes de gens assez téméraires pour se lancer. Par goût du faire ensemble, pour ne pas baisser les bras, agir, pour le plaisir d’apprendre ou de rencontrer d’autres humains… Est-ce que ça ne donne pas espoir ?
Marie-Pierre
La structure : Arverne Durable
Association de préfiguration d’une coopérative de production d’énergie photovoltaïque
Arverne Durable est une association créée en mai 2022 sur le territoire de la communauté de communes Mond’Arverne, à la suite d’une initiative de cette collectivité pour faire émerger un collectif citoyen. L’objectif principal de cette association est de créer une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) dont l’objet sera de financer l’installation de centrales photovoltaïques sur les toitures des bâtiments publics du territoire.
Cette création fait suite à une série de réunions initiées par Mond’Arverne Communauté dans le cadre de son PCAET (plan climat air énergie territorial), qui s’est fixé un objectif de « passer la part des énergies renouvelables du territoire de 6 % en 2015 à 24 % en 2030 ».
L’association a été créée par treize membres fondateurs, avec l’appui d’un doctorant mis à disposition par la communauté de communes, Timothy Marcroft. Le collectif ne s’est pas doté d’un bureau ni d’un conseil d’administration, les décisions étant prises collégialement.
Les premières actions, engagées en 2023 grâce au financement du Budget écologique citoyen du Conseil départemental, ont pour but d’informer et de sensibiliser le public sur les enjeux des énergies renouvelables et d’élargir le collectif jusqu’à atteindre une taille suffisante pour être en mesure d’obtenir les prêts nécessaires au financement des installations.
Il est également envisagé de maintenir la structure associative parallèlement à la SCIC, afin de poursuivre d’autres actions touchant au sujet des énergies, telles que la sensibilisation à la sobriété ou la précarité énergétique.
Pour prendre contact avec Arverne durable : contact@arvernedurable.fr |
Pour suivre les activités d’Arverne durable : https://ms-my.facebook.com/ArverneDurable/ |
Les principaux points à retenir
- Arverne Durable est un collectif citoyen né à l’initiative de la communauté de communes Mond’Arverne dans le but de créer une coopérative de production d’énergie photovoltaïque. Ce projet tient de la gageure du fait que le territoire n’a pas d’identité réelle. Cependant, au cours de réunions d’information, un petit groupe motivé a émergé et pris l’initiative de créer l’association.
- Le collectif est composé de simples citoyens déjà engagés dans d’autres actions collectives et de quelques élus du territoire motivés par le sujet et par le sens de l’intérêt collectif. Il doit travailler à informer et sensibiliser un maximum de personnes afin de représenter l’ensemble du territoire et d’atteindre une taille suffisante pour commencer à investir dans les installations.
- Pour ce faire, il bénéficie d’un financement du budget écologique citoyen du Conseil départemental, qui va lui permettre de mener des actions tout au long de l’année 2023.
- Les maîtres-mots du projet sont la mutualisation et la solidarité, tous les particuliers et toutes les communes ne pouvant pas engager isolément des projets photovoltaïques. La mutualisation est aussi celle du partage d’expérience de projets du même type, et du réseau national Centrales Villageoises.
- Arverne Durable bénéficie également du soutien de la communauté de communes, qui met à disposition un doctorant et appuie la démarche auprès des communes.
- L’association est cependant autonome dans ses décisions et s’organise de façon collégiale.
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L’histoire d’Arverne Durable est celle d’un collectif de citoyens né à l’initiative d’une collectivité, et qui s’en affranchit peu à peu. Cette association qui vise, à terme, à créer une coopérative de production d’énergie solaire, en est à ses prémisses. Une belle occasion d’observer comment germe un projet d’intérêt général : quels questionnements, quelles fragilités, quelles motivations, quelles énergies sont en jeu ? Trois des fondateurs nous font part de cette expérience.
La collectivité, c’est la communauté de communes Mond’Arverne Communauté, un morceau assez hétéroclite du Puy-de-Dôme, juste au sud de Clermont : plutôt rural mais en grande partie dortoir de la métropole, partagé en deux par la double saignée de l’autoroute et de l’Allier, sans bourg centre bien évident. Autrement dit, créer un élan collectif à l’échelle de ce territoire relève de la gageure. A moins qu’une envie d’agir partagée pour répondre aux urgences écologiques ne pousse des habitants de Vic-le-Comte, Saulzet-le-Froid, Les Martres-de-Veyre, Sallèdes ou La Roche-Blanche à s’asseoir autour d’une même table.
« J’avais signé la charte des éco-gestes lancée par Mond’Arverne, mais il ne s’est rien passé par la suite. Avec d’autres habitants, on a un peu râlé et c’est sans doute la raison pour laquelle nous avons reçu une invitation à la première réunion », raconte Christian Gousset, qui se présente comme un « simple habitant de Vic-le-Comte”, mais déjà impliqué dans la vie associative : parents d’élèves, Amap, association de valorisation du patrimoine…
« Pour ma part, étant une ancienne élue de La Roche Blanche, j’avais suivi les réunions d’élaboration du PCAET et j’étais impliquée dans le club climat, qui est une initiative antérieure de la communauté de communes », témoigne Catherine Souchal.
Mond’Arverne avait en effet inscrit dans son plan climat air énergie territorial (PCAET), un objectif ambitieux de faire passer la part des énergies renouvelables du territoire de 6 % en 2015 à 24 % en 2030. L’émergence d’une coopérative citoyenne est un des moyens qu’elle a souhaité mobiliser ; Catherine et Christian font donc partie des habitants qui ont été embarqués dans ces premiers efforts.
Une question d’intérêt général
Quant à ma troisième interlocutrice, elle explique n’avoir pas participé à ces phases préliminaires, car elle n’était pas encore installée sur le territoire. Mais une fois implantée à Saint-Amand-Tallende et élue au conseil municipal, Florence Lhermet ne pouvait que tomber sur cette initiative à un moment ou un autre : « Je suis adjointe en charge du développement durable et vice-présidente du syndicat mixte Territoire d’énergie 63, donc forcément, le sujet m’intéressait ! »
Le sujet ? Sur le modèle de Combrailles Durables – le projet le plus avancé dans la région – il s’agit de financer l’installation de panneaux solaires sur les toitures de bâtiments publics, ce qui demande de fédérer un maximum de personnes sur le territoire et de rassembler ainsi un apport suffisant pour convaincre les banques d’accorder un prêt, en attendant la rentabilisation des projets.
L’intérêt ? Il n’est pas de bénéficier d’électricité à peu de frais : la production sera probablement revendue à EDF ou au mieux mutualisée sur le territoire. Pas non plus d’en retirer un retour sur investissement, qui ne sera de toute façon possible qu’à long terme et sans doute limité dans le cadre du statut coopératif. Il s’agit donc surtout d’agir pour le climat, de participer au développement des énergies renouvelables. Autrement dit, d’œuvrer pour l’intérêt général.
Le démarrage – en période de covid – a pourtant montré que le sujet ne laissait pas indifférent : « Mond’Arverne a organisé plusieurs réunions, qui rassemblaient 30 à 40 personnes dont une petite vingtaine participait régulièrement », relate Christian. Au contraire, une certaine impatience a poussé au franchissement du pas suivant : « Au bout de quatre rendez-vous, nous avons ressenti le besoin d’agir plus concrètement. Un petit noyau s’est constitué et nous avons pris la décision de fonder l’association. Celle-ci est née en mai 2022 et peu après, une première réunion à Yronde-et-Buron – pourtant une des communes les plus excentrées du territoire, a réuni 80 personnes. Preuve d’un réel intérêt pour le sujet, même si le noyau actif ne s’est pas étoffé depuis. »
Une année pour sensibiliser
Mais il y travaille : Arverne Durable a déposé un projet au budget participatif citoyen du Conseil départemental, et compte parmi les lauréats. Les actions proposées, qui doivent être réalisées d’ici à fin 2023, vont dans le sens de la sensibilisation du public, première étape pour rassembler une communauté engagée avant de créer la coopérative. Trois outils très concrets sont prévus à cette fin.
L’un consiste à prêter à des particuliers des boîtiers d’analyse de leur consommation d’électricité, afin d’inciter à la sobriété. En un mois, un habitant peut ainsi avoir une vue précise de la répartition de ses dépenses et recevoir des préconisations pour mieux faire. Avec quatorze boîtiers répartis sur tout le territoire, l’association a calculé pouvoir ainsi dialoguer avec 160 habitants par an.
S’investir sur un sujet aussi complexe, c’est l’occasion d’apprendre.
Plus visible dans l’espace public, un dispositif ludique sera trimballé dans divers événements : remorque équipée d’un panneau photovoltaïque pour montrer ses performances et recharger des appareils, proposition de « se faire un café par sa propre force musculaire » en tentant de moudre le grain et chauffer l’eau grâce à des appareils reliés à la dynamo d’un vélo… Les animations ne devraient pas passer inaperçu lors des marchés, trocs de plantes, festivals ou forums des associations des communes du secteur.
Le dernier volet sera aussi le premier pas vers l’objet de la future coopérative : l’installation d’un premier équipement photovoltaïque – de taille modeste – sur un bâtiment public, en l’occurrence l’école de musique intercommunale des Martres-de-Veyre. « L’idée est d’avoir une installation témoin pour montrer au public comment se monte un projet photovoltaïque, explique Catherine. Nous avons volontairement choisi un projet équivalent à celui d’une maison individuelle, pour répondre en même temps au questionnement des particuliers, et leur montrer que l’on peut mutualiser les initiatives. »
Plus facile à plusieurs
La mutualisation : c’est le maître-mot. « L’intérêt d’une initiative collective par rapport à des installations individuelles, c’est d’intégrer tous ceux qui le souhaitent, y compris les personnes dont le toit n’a pas la capacité d’accueillir un panneau, les communes comme Saint-Saturnin qui ont très peu de possibilités du fait du périmètre historique protégé ou celles qui n’ont pas les moyens ou pas les toitures adaptées », souligne Florence.
Le jeune collectif a peu à peu découvert toutes les contraintes d’un tel projet : qu’elles soient techniques, règlementaires, financières… et les choix sur lesquels il doit trancher. Mais cette complexité ne décourage en rien les futurs coopérateurs. « Au contraire, c’est l’occasion d’apprendre, d’aller chercher ce qu’on ne connaît pas, disent-ils. C’est aussi toute la richesse du collectif : chacun amène des compétences et des expériences différentes. Finalement, ce sont les mêmes questions que se poserait un particulier pour une installation sur sa maison, sauf que c’est plus facile de trouver les réponses à plusieurs ! »
Nous discutons jusqu’à trouver une position qui convienne à tout le monde. Parfois ça prend du temps.
Autre problématique que peut rencontrer une association naissante, c’est le mode de décisions. Pour l’association Arverne Durable, le choix a été fait d’une gouvernance collégiale : « Nous sommes tous collégialement responsables ; nous n’avons pas créé de conseil d’administration, ni de postes de bureau, à l’exception de mon titre de trésorière pour des raisons légales », indique Catherine Souchal, qui détient les autorisations sur le compte bancaire. Pour le reste, tout est décidé en commun, comme le détaille Christian : « Nous discutons jusqu’à trouver une position qui convienne à tout le monde. Parfois ça prend du temps mais jusqu’à présent, ça fonctionne. Nous avons une grande diversité de profils, de sensibilités, d’âge dans le groupe, mais nous le ressentons comme une richesse. »
Exemple du type de compromis qui permet de satisfaire toutes les aspirations : si l’association a été imaginée comme une préfiguration de la future SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), il est aujourd’hui envisagé que les deux structures perdurent côte à côte. « Parce que nous nous rendons compte que nous avons aussi vocation à conserver ce rôle de sensibilisation à la sobriété énergétique qui n’aurait peut-être pas sa place dans la SCIC, et parce que l’engagement comme sociétaire peut faire peur à certains », expliquent les représentants d’Arverne Durable. Autre avantage : le statut associatif semble plus facile pour mobiliser les citoyens, ou pour porter un travail sur la précarité énergétique qui est aussi dans les tuyaux.
Faire jouer les solidarités
De fait, si tous se disent bien sûr motivés par les questions écologiques et la nécessité de développer l’autonomie du territoire en matière énergétique, tous insistent d’abord, pour expliquer ce qui les a poussés à s’impliquer, sur leur conviction de la force du collectif. « C’est une aventure humaine et un moyen d’agir qui semble finalement plus efficace que les pouvoirs publics », explique l’un. « Cela permet de rencontrer des gens de différentes communes pour travailler un projet ensemble. En tant qu’élue, je me suis rendue compte que le pouvoir des communes était limité ; l’échelle de l’intercommunalité me semble intéressante », ajoute Catherine Souchal. Quant à Florence Lhermet, elle se dit « persuadée que faire sa part seul dans son coin ne suffit pas. Il y a un enjeu de créer du lien en allant chercher du soutien, des compétences, de l’enthousiasme. Il n’est pas facile pour des élus de mobiliser des citoyens ; cela peut être intéressant d’essayer autrement. »
Eclairage : le point de vue du Timothy Marcroft
« Grâce aux collectifs citoyens, tout le monde peut devenir acteur de son territoire »
Timothy Marcroft est la personne qui fait le lien entre la communauté de communes Mond’Arverne et l’association Arverne Durable. Il apporte aussi une dimension internationale inattendue à ce projet très local. Il explique son rôle et dévoile sa vision de chercheur sur la naissance de ce collectif.
Comment vous situez-vous dans le projet ?
Timothy Marcroft : Je suis américain, venu en France pour compléter mes études. Dans le cadre de mon Master en Economie sociale et solidaire à Lyon 2, j’ai effectué un stage à Mond’Arverne, qui consistait à travailler au montage d’un dossier pour comprendre quelles étaient les possibilités de faire émerger un collectif citoyen pour la production d’énergie renouvelable. J’ai mené une trentaine d’entretiens dans ce but et travaillé, parallèlement à mon mémoire et au service de la collectivité, pour un projet européen qui voulait recenser et comprendre dans l’ensemble de l’Europe les différentes manifestations de cet objet d’étude.
Une fois mes études terminées, il s’est avéré propice de continuer mon parcours par une thèse en « innovation responsable et développement régional », que je suis en train de mener à l’Université technique de Norvège de l’ouest. Vu mon engagement auprès de Mond’Arverne, j’ai maintenu la relation en signant une convention avec la communauté de communes pour encadrer le projet. Celui-ci est donc l’objet d’étude de ma thèse qui étudie « les modalités de co-construction de la transition énergétique à l’échelle territoriale ». Parallèlement, j’apporte mes conseils et ma réflexion à la collectivité et pour son compte, j’accompagne Arverne Durable dans le processus de création de la coopérative. Je suis loin d’être le plus expert sur les énergies renouvelables, mais j’ai une certaine expérience dans la gestion des structures de l’ESS et des manières d’intégrer la démocratie dans différents aspects de la vie économique et politique.
La naissance du collectif citoyen à l’initiative d’une collectivité vous paraît-elle atypique ?
T.M. : Elle l’est par rapport au monde associatif en général, mais c’est assez classique sur le sujet des énergies renouvelables. Et même souvent, cela émane d’une intercommunalité, qui est la bonne taille pour ce type de projets. Les citoyens prennent ensuite leur autonomie, mais il y a toujours un flou initial entre l’acteur public et la société civile, qui travaillent en collaboration. Au fur et à mesure de l’avancement, celui-ci devient plus indépendant.
Contrairement à l’Allemagne où ce type de projets relève plutôt de la logique privée, en France, ils sont plutôt dans la logique d’un partenariat avec la chose publique, car le sujet est animé par la notion de bien commun et public. Il ne s’agit pas de gagner de l’argent ; il est plutôt question participer à un projet de changement de modèle social et énergétique. Les collectivités sont aussi des partenaires intéressants du fait de leur permanence, vu que l’investissement se calcule sur 20, voire 25 ans.
Comment percevez-vous l’avancement de la construction du collectif ?
T.M. : Ça se passe bien. Il y a des sujets de désaccord mais ils sont traités de manière sereine, de sorte que personne ne se sent exclus. Ils ont commencé à constituer des groupes de travail et commencent à maîtriser cette façon de fonctionner ; elle est indispensable pour un projet d’une telle ampleur et ça permet d’avancer plus vite. De manière générale, ils suivent de bonnes pratiques. Ils mènent aussi des événements conviviaux, comme récemment une fresque du climat avec un repas partagé.
Ce qui leur manque aujourd’hui, c’est d’avoir plus de bras, pour pouvoir mieux se répartir les tâches et rendre le caractère collectif plus solide. Il leur faudra apprendre à intégrer de nouvelles personnes dans une dynamique existante, mais je pense qu’ils sont en capacité d’y parvenir.
La difficulté ne viendra-t-elle pas du profil du territoire ?
T.M. : Il est vrai que l’identité territoriale n’existe pas. Les gens ici s’identifient à leur commune, puis au département, à la région, mais pas du tout à la communauté de communes. Ce sera donc plus difficile… mais pas impossible. Le relais des mairies, l’implication des maires seront déterminants.
C’est un enjeu important pour la collectivité : le fait d’avoir soutenu ce projet participe à la construction de cette identité. Il faut faire des choses ensemble pour reconnaître qu’on est ensemble.
Et pour les citoyens, quel est l’enjeu ?
T.M. : Ils ont intérêt à se former à ces questions techniques qui concernent leur territoire. Quand ils ont appris, ils participent, peuvent intégrer la gouvernance des projets. Ils peuvent aussi informer les personnes autour d’eux, mobiliser, et deviennent des relais de confiance auprès de la population. Les collectifs citoyens peuvent devenir des sortes de corps intermédiaires pour faire dialoguer les collectivités avec les habitants. Ces structures ont l’intérêt d’être ouvertes : grâce à elles, tout le monde peut devenir acteur de son territoire.
La solidarité peut aussi se travailler au-delà du territoire, entre projets similaires. Les cinq projets à différents stades d’avancement que compte la proche région (1) sont en contact, pour partager les retours d’expérience, s’appuyer, mutualiser les connaissances… et se rassurer. Parallèlement, l’association a adhéré au réseau national Centrales Villageoises, qui offre un panel intéressant d’outils et de formations.
Enfin, les ponts ne sont pas coupés avec la communauté de communes, qui continue à soutenir le projet tout en lui laissant son autonomie de décision et d’action. Timothy Marcroft, doctorant en sociologie, est missionné par la collectivité pour accompagner la démarche. Les membres d’Arverne Durable se montrent cependant hésitants sur la nature de ces liens : « Mond’Arverne Communauté compte sur nous pour atteindre ses objectifs… et réciproquement. C’est aussi une porte d’entrée pour la discussion avec les communes et nous nous appuyons d’ailleurs sur l’inventaire des toitures éligibles réalisé par la communauté de communes », explique l’équipe.
Reste à élargir le collectif au-delà du noyau actif. Pour parvenir à faire prendre le ciment, le groupe tient sa réunion mensuelle à chaque fois sur une commune différente. « Notre objectif est d’intégrer dans l’association au moins un représentant de chacune des 27 communes, explique Florence. Il est important d’équilibrer nos événements, y compris dans la partie ouest du périmètre, qui a parfois l’impression d’être délaissée. Il faut reconnaître que ce territoire, créé par la réunion de trois anciennes intercommunalités, manque de cohérence. Qui sait, nous contribuerons peut-être à lui créer une identité… »
Ce serait une belle « réussite collatérale », pour ces citoyens aussi attachés à une certaine idée du territoire qu’à son ambition en termes d’énergies renouvelables.
(1) Les quatre autres étant Combrailles Durables, Montcel Durable, Toits et Toits dans le Livradois-Forez, Com.TOIT sur le territoire de Vichy Agglomération
Pour agir : prochaine réunion publique d’information ce samedi 28 janvier à la Grange de Mai à Saint-Saturnin à 10 heures. |
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Reportage réalisé le jeudi 19 janvier 2022. Photo de Une : le territoire de Mond’Arvern vu depuis son point culminant, le puy Saint-Romain, crédit Marie-Pierre Demarty, Tikographie