Depuis les bords du lac d’Aydat, Cécile travaille activement à la préparation de son territoire et de ses habitants en vue des crises systémiques. Elle revient sur ses différents leviers d’action, et sur son état d’esprit à la fois désillusionné, lucide et constructif.
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Ressenti de l’auteur
J’ai connu Cécile quand elle travaillait pour Cocoshaker, l’incubateur d’entreprises sociales basé – à l’époque, souvenez-vous #MichelDrucker – à Epicentre. Cécile y travaillait sur le développement de la structure en Auvergne, elle venait d’arriver d’Alsace et avait gentiment acceptée de se prêter au jeu de l’entretien pour le Connecteur.
Je connaissais donc sa sensibilité à la fois humaine et professionnelle, et je savais qu’elle s’était peu à peu réorientée sur son territoire d’Aydat – notamment après avoir quitté Cocoshaker. Cette froide journée de janvier 2023 était l’occasion d’aller tester mes pneus neige (et j’ai failli ne pas repartir) à Phialeix, tout au bout du lac d’Aydat chez Cécile et Yohan.
Ce temps d’échange autour d’un thé bien chaud et à côté d’une moitié de maison en chantier (voir plus bas) m’a touché car j’ai senti en Cécile une vibration que je constate parfois, pas encore très souvent mais de moins en moins rarement, chez les personnes engagées qui me reçoivent pour me parler : un mélange – pour reprendre certains termes utilisés par Cécile – de désillusion, d’inquiétude, de lucidité mais aussi de volonté d’avancer et d’ouverture, malgré tout, à la diversité des positions. Car travailler pour une asso locale qui sensibilise à la transition sur les hauteurs du Massif Central, ce n’est pas toujours très simple, il y a beaucoup d’habitudes à faire changer et il faut s’y prendre doucement. Le métier principal de Cécile, formatrice en méthodes de coopération, est sûrement une réponse à cet enjeu.
Damien
Les principaux points à retenir
- Cécile travaille principalement sur les enjeux de “gouvernance partagée“, qu’elle applique dans toutes les initiatives – professionnelles ou sociétales – auxquelles elle participe. Convaincue qu’il faut développer l’engagement individuel dans les organisations, elle souhaite favoriser la généralisation des pratiques de coopération.
- C’est pour cela qu’elle participe à la formation Animacoop – elle en anime une session de 10 modules sur l’Auvergne. Collectif informel de formateurs dans toute la France, Animacoop propose une formation professionnelle sur les techniques de coopération.
- Cécile voit également ces pratiques comme une manière de renforcer la résilience des organisations, et par là même des territoires. En effet, la coopération comme mode de gouvernance rend la structure plus sensible aux évolutions de son environnement, et elle peut donc mieux se préparer et s’adapter aux changements. Pour un territoire, il s’agit de faciliter le partage entre habitants ayant des profils et des attentes différentes, dans le cadre d’une recherche d’avenir commun réaliste.
- Le GIEC Aydat est donc l’initiative que Cécile a co-fondé – et elle y a beaucoup contribué notamment au début, en 2019, par l’animation d’un premier événement collectif sur Aydat. De par son expérience auprès du mouvement Colibris, Cécile et plusieurs habitants du territoire ont travaillé sur une série de propositions à destination des candidats aux municipales 2020, dans une logique de transition et de résilience territoriale. Par la suite, malgré le confinement, la structure a pu tenir et développer petit à petit sa sensibilisation des habitants du territoire. Récemment, elle a proposé des conférences et des spectacles, misant à la fois sur la transmission des émotions pour “embarquer” mais aussi sur la mise en place d’un tiers-lieu partagé.
- Enfin, Cécile travaille à des formes d’accompagnement de collectifs, partout en France et dans des domaines variés. Elle le fait via sa structure la Soupe à l’Ortie, qui propose de l’animation de groupes et du suivi d’organisations. Avec Quentin Jaud et Yohan Lechevalier, elle accompagne notamment les lauréats du dernier Budget Eco-Citoyen du Conseil Départemental.
- Convaincue qu’il faut se préparer à de grands bouleversements dans les années à venir, Cécile se donne pour mission principale d’aider à construire une communauté locale, résiliente et lucide. Elle recommande d’avancer comme on le peut, chacun à sa vitesse. Avec son conjoint Yohan, elle a notamment choisi de préparer un espace d’accueil pour des activités associatives mais aussi des “séjours de répit” pour des personnes en situation de précarité – dont, potentiellement, celles liées au stress climatique.
L’intervenante : Cécile Favé
Animatrice et formatrice indépendante en techniques de coopération, membre du collectif Animacoop ; membre du GIEC Aydat ; fondatrice de la Soupe à l’Ortie
Cécile a suivi des études en école de commerce avant de travailler dans une multinationale de l’agro-alimentaire, en Alsace, dans la logistique de production. En désaccord croissant avec les valeurs de l’entreprise, elle s’est tournée peu à peu vers l’ESS [Economie Sociale et Solidaire], et fonde en 2012 le groupe strasbourgeois des Colibris. C’est l’occasion pour elle de participer au projet de monnaie locale le Stück.
En 2017, elle arrive en Auvergne et s’installe à Phialeix, un des hameaux de la commune d’Aydat, près du lac mais loin de la route principale. Cet emplacement de vie la pousse à participer activement à la vie locale et notamment à l’émergence du GIEC Aydat, une association de réflexion et d’échanges sur les enjeux locaux de transition. Cécile avait auparavant aidé à animer un world café à Aydat dans la perspective des municipales de 2020.
De 2019 à 2021, elle travaille au sein de l’incubateur d’entrepreneurs sociaux Cocoshaker à Clermont, et s’occupe du développement territorial. Elle y était notamment en charge d’une programmation événementielle sur toute l’Auvergne, et de la “conversion” progressive des personnes en quête d’engagement local.
Aujourd’hui, en 2023, Cécile se consacre principalement aux formations qu’elle propose sur la gouvernance partagée et les méthodes de coopération, à travers le groupement Animacoop dont elle fait partie – avec son conjoint Yohan Lechevalier et son ami Quentin Jaud. Dans ce cadre, mais aussi à travers son entreprise personnelle la Soupe à l’Ortie, elle accompagnement plusieurs collectifs en France dans différents domaines, de l’agriculture à l’informatique en passant par la défense de la biodiversité.
Contacter Cécile par courrier électronique : cecile [chez] lasoupealortie.cc |
Crédit photo : Damien Caillard, Tikographie
La structure : le GIEC Aydat
Association cherchant à sensibiliser les habitants et les élus du bassin d’Aydat sur les enjeux de la transition
Dans la foulée d’une réunion publique en 2019 (en amont des municipales de 2020) qui a montré l’intérêt des habitants, le GIEC [Groupement d’Initiatives Eco-Citoyennes] Aydat est né grâce à un portage du premier Budget Eco-Citoyen du Conseil Général du Puy-de-Dôme. L’association a d’abord cherché à sensibiliser les candidats aux Municipales en réunissant une série de propositions inspirées du Pacte pour la Transition du mouvement Colibris.
Par la suite, elle souffre de l’isolement imposé par la pandémie de Covid-19 mais se maintient notamment grâce à des commissions thématiques (eau, énergie, mobilité …) qui réunissent de plus en plus de monde, mais aussi par la distribution d’une lettre papier trimestrielle auprès des habitants d’Aydat.
En 2022, c’est le retour des ateliers et des animations, d’abord au printemps puis par une grande conférence sur l’agro-écologie en septembre avec Marc Dufumier, suivie d’un spectacle animé par Alec Somoza. Toutes ces actions sont pensées dans le cadre d’une sensibilisation des habitants et des acteurs du territoire.
La structure : Animacoop
Collectif national informel de formateurs en méthodes de gouvernance ; formation professionnelle certifiée Qualiopi
Représenté localement par des formateurs indépendants, Animacoop est une formation traitant des pratiques de coopération au sens large. Elle est dédiée à un public varié, dans les associations, les entreprises ou les structures institutionnelles.
La formation complète dure trois mois et se divise en une dizaine de modules, complémentaires et indépendants. Elle mêle distanciel et présentiel, travail solo et en groupe. Certifiée Qualiopi, elle est finançable sur les budgets de formation professionnelle.
Sur le Puy-de-Dôme, le collectif formé par Cécile Favé, Quentin Jaud et Yohan Lechevalier assure deux fois par an des sessions de formation Animacoop de trois mois, pour qui souhaite animer une démarche collaborative.
Accès direct aux questions
- Ton sujet de prédilection est la “gouvernance partagée”. Pourquoi est-ce si important ?
- Comment définis-tu, dans ce cas, ta contribution au sujet ?
- Quel est le principe d’Animacoop, l’offre de formation à laquelle tu participes ?
- Comment la formation se présente-t-elle ?
- Tu vois la gouvernance partagée comme un élément majeur de la résilience…
- Au-delà d’Animacoop, quelles ont été tes expériences d’accompagnement ?
- Comment participes-tu à la résilience de ton propre territoire, autour du village de Phialeix, près du lac d’Aydat ?
- Le pays d’Aydat peut-il être une “terre d’accueil” ?
- Tu as aussi participé à une action structurante proche de chez toi, le “GIEC Aydat”…
- Quel est l’impact de l’organisation du territoire sur sa capacité à se réunir et à réfléchir ensemble ?
- Avez-vous pu peser sur l’élection municipale de 2020 ?
- Comment sensibilisez-vous les habitants ?
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !
Ton sujet de prédilection est la “gouvernance partagée”. Pourquoi est-ce si important ?
Parce que les systèmes de pouvoirs traditionnels nous mènent au même endroit : la domination et l’exécution de tâches imposées par les décideurs. Je crois que chacun-e est bien plus capable de présider au devenir de l’organisation dans laquelle il ou elle s’investit que ce que ces modèles permettent. La gouvernance partagée détient les clés de renversement de ces systèmes.
A ce jour, la gouvernance partagée, et ses corollaires “éduc pop” et auto-gestion, sont des sujets débattus et expérimentés par des marges. Pourtant, ils concernent, en creux, toutes les organisations vouées à contribuer positivement à un changement de société !
Comment définis-tu, dans ce cas, ta contribution au sujet ?
J’ai choisi de repositionner mon activité sur un spectre plus large que la gouvernance partagée car la coopération se niche dans les interactions les plus anodines. Par exemple avec l’utilisation d’un outil de sondage pour décider de l’horaire d’une réunion : la coopération se goûte déjà à ce niveau… Et j’ai à cœur d’accompagner un public généraliste, pas seulement les fondus d’intelligence collective.
Les systèmes de pouvoirs traditionnels nous mènent [à] la domination et [à] l’exécution de tâches imposées par les décideurs.
Quel est le principe d’Animacoop, l’offre de formation à laquelle tu participes ?
Animacoop traite des pratiques de coopération au sens large. Souvent, les gens se rendent compte qu’ils doivent s’outiller sur ce domaine, mais il le font sur le tard, quand la pratique le leur impose. Par exemple, pour résoudre des tensions.
Or, il existe beaucoup de ressources pour se doter de modes de fonctionnement qui permettent de construire une conflictualité saine et transformatrice. Animacoop est donc une formation qui donne à voir un tas de possibles, tant aux bénévoles associatifs qu’aux animateurs de démarches collaboratives de structures plus institutionnelles.
Comment la formation se présente-t-elle ?
Animacoop, dans son ensemble, est une formation nationale portée par un collectif informel d’animateurs. Elle dure trois mois en combinant dix modules – complémentaires et indépendants. Elle mêle du distanciel et du présentiel, du travail seul et en groupe. Enfin, elle est certifiée Qualiopi, donc finançable par les OPCO des salariés.
La gouvernance participative est un des dix modules d’Animacoop. Mais il y a plein de modules préalables qui permettent de découvrir ou de consolider sa compréhension et ses pratiques de ce qui peut changer la donne : par exemple, celui sur l’animation de réunion ou le module sur les communs de la connaissance qui aborde la question du partage sincère.
Tu vois la gouvernance partagée comme un élément majeur de la résilience…
Disons que soigner la coopération est une clé qui permet de “sentir le vent” et d’ajuster ses modes de fonctionnement. C’est, en effet, le terreau d’une organisation résiliente.
Nous devons nous préparer à régler des problèmes nouveaux avec des gens sur un même territoire. Les habitants d’un même bassin de vie partagent un devenir commun. Pourtant, ils ont souvent des profils et des parcours très différents ! Ainsi, plus on sera capable de dialoguer, de vivre la conflictualité sans se déchirer entre nous, plus on sera outillés pour traverser des périodes difficiles et incertaines.
Au-delà d’Animacoop, quelles ont été tes expériences d’accompagnement ?
J’ai créé ma structure d’animation et de coopération en 2013, quand je vivais en Alsace. Elle s’appelle la “Soupe à l’ortie”, et m’a permis de collaborer avec beaucoup d’acteurs de la coopération comme le mouvement Colibris ou l’Université du Nous.
Soigner la coopération est une clé qui permet de “sentir le vent” et d’ajuster ses modes de fonctionnement.
J’ai aussi pu accompagner, via cette structure, de nombreux collectifs au cours des années – associations, entreprises ou coopératives. Sur Strasbourg, je travaille auprès de Kooma qui développe un lieu sur l’agriculture biologique, avec un magasin de producteurs et de la restauration. Dans un univers différent, il y a le collectif Indie Hosters qui héberge des logiciels libres, ou encore une ferme collective de neuf personnes à Tours sur Meymont. Et, bientôt, j’accompagnerai l’Ecopole du Val d’Allier. Mon profil généraliste me permet d’aller un peu partout.
Voir le reportage : A l’Ecopole du Val d’Allier, la LPO sensibilise à la beauté et à la biodiversité |
J’ai aussi organisé, avec mes camarades Quentin Jaud et Yohan Lechevalier, des ateliers pour les lauréats du Budget Eco-Citoyen du Conseil Départemental du Puy-de-Dôme. Dans ce cas, on souhaitait aller au-devant des lauréats car ils seront confrontés rapidement à des enjeux de coopération.
Comment participes-tu à la résilience de ton propre territoire, autour du village de Phialeix, près du lac d’Aydat ?
Mon objectif est d’aider à créer une communauté essayant de vivre dignement les années à venir. Je suis particulièrement sensible à la question des migrants : j’ai observé l’accueil des Ukrainiens, ce qui m’a mis du baume au cœur et donné de l’espoir quant à l’ouverture du cœur (et des maisons!) des citoyens du coin.
Mon objectif est d’aider à créer une communauté essayant de vivre dignement les années à venir.
En 2019 nous avons hébergé hébergé chez nous, à Phialeix, une famille déboutée du droit d’asile pendant quatre mois. L’exemple de Cunlhat m’inspire beaucoup : les acteurs locaux du village organisent des repas solidaires pour aider une famille en difficulté. On y observe que la solidarité s’organise bien autour de la nourriture, avec de bons produits locaux, et le fait de les partager ensemble crée des liens durables.
Le pays d’Aydat peut-il être une “terre d’accueil” ?
Notre territoire en général, et autour du lac d’Aydat en particulier, est très privilégié : il y a de la place, de l’eau, des forêts, les paysages sont beaux, la terre est saine.… Quand les migrations s’accélèreront, une question essentielle va se poser: “est-ce qu’on va construire des palissades plus hautes ou des tables plus grandes ?”.
Chez nous, avec mon conjoint Yohan, nous réalisons une extension de la maison pour accueillir des activités associatives et offrir des séjours de répit aux plus précaires. Ça n’est pas donné à tout le monde, on peut le faire alors on le fait. Chacun fait son chemin avec ses propres questions.
Tu as aussi participé à une action structurante proche de chez toi, le “GIEC Aydat”…
Le GIEC – Groupement d’Initiatives Eco-Citoyennes – est une tentative collective de faire émerger des actions, des rencontres et des activités autour de la “transition” et de notre devenir commun, sur Aydat. Quand je suis arrivée ici il y a cinq ans, le premier Budget Eco-Citoyen encourageait les gens à se lancer dans des initiatives locales, y compris sur des idées très en amont de leur concrétisation.
Est-ce qu’on va construire des palissades plus hautes ou des tables plus grandes ?
Le GIEC Aydat s’est donc structuré pour répondre à cette opportunité, dans la prolongation d’une dynamique informelle lancée en 2019. J’y avais participé également : l’AMAP locale, Cheires Amap, m’avait fait confiance pour organiser un world café pendant le “Grand Débat” avant les municipales de 2020. On a organisé notre propre débat sur la transition écologique, le 8 mars 2019. Résultat : 37 participants, dont beaucoup de jeunes et de nouveaux habitants. Tous ont contribué en proposant de nombreuses idées.
Quel est l’impact de l’organisation du territoire sur sa capacité à se réunir et à réfléchir ensemble ?
Notre commune, comme de nombreuses communes auvergnates, est répartie entre un bourg central et 19 hameaux autour du lac. Certains de ces lieux-dit ont une bonne dynamique, comme chez nous à Phialeix : on y mutualise facilement des outils pour le jardin, on se parle. Nous sommes au “bout” du lac, à 30 minutes de Clermont, ce qui nous encourage à tout localiser.
D’autres hameaux sont plus proches de Clermont – à la Cassière, tu es à 20 minutes de la ville, les gens qui y résident vont plus volontiers dans la métropole. La configuration ou le nombre d’habitants est aussi un facteur. Rouillas-Bas compte beaucoup d’habitants contre seulement 55 à Phialeix. Ponteix est traversé par une route tandis que nous sommes dans une impasse avec très peu de trafic. Tous ces paramètres jouent sur l’ambiance et la possibilité de se rencontrer pour les habitants.
C’est pourquoi un des premiers projets concrets du GIEC Aydat a été de créer un lieu pour se rencontrer. L’espace loisirs d’Aydat est intéressant, avec une grande salle et une scène pour une centaine de spectateurs. Mais c’est un lieu géré par la commune, et non sur un mode partagé. De notre côté, nous avons la chance d’avoir intégré dans l’asso une porteuse de projet de tiers-lieu très dynamique, Virginie Poulalier. Mais, faute de local adapté aisément disponible, le temps s’étire, nous invitant à être créatifs pour proposer des activités malgré tout.
Avez-vous pu peser sur l’élection municipale de 2020 ?
L’événement de 2019 a permis d’aboutir à une dizaine de propositions “clé en main” pour les municipales. On s’est inspirés du Pacte pour la Transition que je connaissais de par mon engagement chez Colibris : une série de 32 mesures très travaillées à adapter pour chaque territoire. Nous en avons choisi 17 qui ont été ajustées avant de les soumettre aux listes candidates. Tous les domaines étaient concernés, de l’alimentation à la mobilité en passant par la solidarité, l’habitat, l’énergie…
On s’est inspirés du Pacte pour la Transition (…) : une série de 32 mesures très travaillées à adapter pour chaque territoire.
Mais ce serait présomptueux de dire que notre lobbying citoyen a fait bouger les choses. Si elles ont pu évoluer, un peu, dans le bon sens, je dirais que c’est parce que la transition est dans l’air du temps. Les sujets s’imposent les uns après les autres. Et nous parvenons à drainer de plus en plus de monde. Par exemple, avec l’actualité sur la crise énergétique, notre commission “habitat et énergie” attire de nouvelles personnes désireuses de mieux comprendre les enjeux. Cela nous apporte plus de confiance.
Comment sensibilisez-vous les habitants ?
Principalement par la gazette papier, un micro journal recto verso que nous déposons dans les boîtes aux lettres d’Aydat à raison de trois ou quatre par an. C’est vraiment la chose la plus visible pour les habitants, et ce qui – je pense – nous a fait gagner petit à petit la confiance des élus.
Si [les choses] ont pu évoluer (…), je dirais que c’est parce que la transition est dans l’air du temps.
Nous avons aussi organisé des événements. Durant le Covid, c’était très dur de faire bouger les gens, même hors confinement – et je ne parle pas de la neige ! Cependant, nous avons pu monter une belle conférence sur l’agro-écologie avec Marc Dufumier, en septembre 2022. La salle était comble, avec la présence d’agriculteurs du territoire et de plusieurs élus. Ensuite, nous avons proposé un spectacle du comédien Alec Somoza, de la compagnie Avec des géraniums, intitulé “Après moi, le déluge”. Il a été suivi d’un repas solidaire au bénéfice du Secours Populaire.
Je suis convaincue qu’il faut continuer à aller à la rencontre des habitants, et le spectacle vivant est un super moyen pour ça. Chaque temps en commun est une occasion de se connaître, d’échanger des savoirs et de mieux comprendre les points de vue des autres. De mon point de vue, partager les émotions, c’est capital.
Pour aller plus loin (ressources proposées par Cécile) : Comprendre – l’ouvrage “Qu’est-ce qu’on attend ?” de Marie-Monique Robin, qui a également réalisé le documentaire “Sacré Village” sur le village alsacien Ungersheim ainsi que le film “Nul homme n’est une île” traitant des communs, par Dominique Marchais Agir – participer à un Atelier du Travail qui Relie à Aydat (ou ailleurs). Cécile : “Si on souffre d’éco-anxiété, ces ateliers sont très utiles. Ils sont basés sur l’éco-psychologie, des pratiques de reconnexion à la nature et d’expression de la peine qu’on peut avoir pour le monde. C’est une forme d’hygiène émotionnelle collective.” |
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Propos recueillis le 30 janvier 2022, mis en forme pour plus de clarté et relus et corrigés par Cécile. Crédit photo de Une : Damien Caillard, Tikographie