Avant de reprendre la route à la découverte de nouvelles idées, outils ou projets inspirants, allons voir ce que deviennent quelques-unes des initiatives et problématiques dont nous vous avons parlé en 2023…
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Retour sur quatre acteurs locaux engagés, point sur Tikographie, sortie du recueil “l’année tiko 2024”, message de notre ennemi juré, buffet végé…
Tout cela à la Soirée Tiko 2024, jeudi 5 décembre à 18h à la Baie des Singes ! On s’y retrouve ?
Cécile Alibart : projet en éclosion
C’était notre cadeau de Saint-Valentin : le 14 février, je faisais le portrait de Cécile Alibart qui cherchait à développer un projet autour de la fleur locale, bio et de saison et de la création végétale.
En près d’un an, Cécile a fait de grands pas dans cette direction. Tout d’abord, elle a pu quitter son emploi, le 1er novembre, dans des conditions qui vont lui permettre de se consacrer à plein temps à son projet, qu’elle a aussi affiné. Tout en continuant à développer ses ateliers de création florale et végétale, elle a précisé les contours de ce qu’elle souhaite mettre en avant.
« J’ai trouvé ma place.”
Cécile Alibart
« J’ai trouvé ma place, se réjouit-elle. D’une part en axant mes activités sur la sensibilisation aux urgences climatiques et à l’éco-responsabilité, par exemple en proposant des team-buildings en entreprise, en travaillant sur le zéro déchet ou la seconde vie, en mettant en avant les pratiques responsables dans mes ateliers… D’autre part, j’ai assumé mon activité en tant qu’artiste, en accentuant la personnalisation de mes créations. Par exemple dans les commandes pour des mariages, pour la Toussaint, pour de la décoration d’entreprise, je propose des créations uniques qui correspondent à ce que les personnes recherchent, je m’inspire de nos échanges… »
Parallèlement, Cécile a fait cette année les premières récoltes de sa ferme florale qu’elle cultive sur deux terrains en proche périphérie. « C’est tout petit, mais cela me permet de disposer de végétaux et de garder le contact avec l’aspect agricole du métier ; à terme, j’aimerais aussi faire des ateliers sur place allant de la cueillette à la confection de bouquets », explique-t-elle.
Elle a aussi trouvé une visibilité provisoire sur ce dernier trimestre (jusqu’au 23 décembre) à la Maison de l’Apothicaire à Montferrand, un site très anciennement classé qu’une association locale s’efforce de valoriser en y invitant des artistes.
Pour la suite, elle est à la recherche d’un local avec patio ou jardin d’hiver pour développer un « lieu de bien-être » entre art végétal, salon de thé, création d’ambiance autour des cinq sens.
Dernière bonne nouvelle : Cécile va intégrer en janvier la nouvelle promotion de l’incubateur CoCoShaker. Une bonne opportunité de consolider son projet et de donner toujours plus d’écho à son message. Qui pourrait presque se résumer ainsi : pas besoin de détruire la planète pour se créer des environnements floraux enchanteurs.
CEC Massif Central : c’est (bien) parti !
La Convention des Entreprises pour le Climat Massif central, nous l’avons évoquée avec une interview collective des organisateurs au moment où elle se mettait en place, puis à travers le témoignage du dirigeant d’une entreprise qui s’y est engagée, Rochias.
Depuis, les choses ont démarré, avec un lancement le 3 octobre à l’occasion du Sommet de l’élevage, et plus récemment une première session consacrée aux enjeux et constats, les 29, 30 novembre et 1er décembre à Clermont. Elle a réuni 110 personnes, dont 80 représentants des 40 entreprises et structures engagées.
L’état d’esprit au sortir de cette première session ? « Les participants ne ressortent pas abattus mais plutôt motivés à continuer. Certains m’ont confié que les constats et projections qui leur ont été présentés apparaissent pires encore que ce qu’ils imaginaient », décrit Pierre Gérard, co-pilote du projet. Au-delà des interventions d’experts de la question à l’échelle nationale, l’exposé de la situation sur le territoire du Massif central, présenté Vincent Cailliez et Marie Forêt, a particulièrement marqué les esprits.
“Les constats et projections qui leur ont été présentés apparaissent pires encore que ce qu’ils imaginaient. »
Pierre Gérard
La prochaine session est prévue les 17, 18 et 19 janvier : « après les constats, nous entrerons dans le questionnement du modèle économique des organisations, de leur raison d’être à impact, sous l’angle de leur transformation à l’horizon 2030 et du respect des limites planétaires », précise Pierre. La dynamique de l’entreprise régénérative est cette fois bien lancée.
Arverne Durable : fermer le Bec
En début d’année 2023, j’avais raconté la naissance d’une nouveau collectif dédié à l’énergie, Arverne Durable. Une petite année plus tard, où en est le projet ? « Nous avions deux axes à développer : la création d’une coopérative de production d’énergie photovoltaïque et la mise en place d’actions de sensibilisation. Nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions pas tout mener de front. Nous avons donc mis entre parenthèse le premier axe pour nous concentrer sur le deuxième volet, qui devait être réalisé dans l’année car financé par le BEC », explique Christian Gousset, l’un des fondateurs de l’association Arverne durable.
“Nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions pas tout mener de front.”
Christian Gousset
Concernant ces actions de sensibilisation, elles se déclinaient en trois aspects. Le premier est opérationnel depuis le printemps. Il s’agissait d’acquérir des boîtiers de mesure de l’énergie consommée dans la maison, à mettre à disposition des particuliers le temps de comprendre quelles économies ils peuvent réaliser. Quatorze boîtiers ont été acquis et tournent chez les habitants du territoire. « Nous en sommes à la quatrième campagne de prêt, indique Christian Gousset. Les résultats sont intéressants notamment sur la prise de conscience par rapport aux appareils en veille. Notre difficulté est surtout dans le recrutement des volontaires et dans la contrainte pour eux d’effectuer le branchement de l’appareil. Nous avons décidé de nous adapter en allant nous-mêmes brancher l’appareil chez les gens. Et nous comptons sur le bouche-à-oreille pour inciter d’autres personnes à se porter volontaires. »
Le deuxième volet consistait à installer un panneau photovoltaïque démonstrateur, de petite taille, sur le toit de l’école de musique des Martres-de-Veyre. Il est posé depuis le mois dernier et le dispositif est en cours de validation avant sa mise en service. « Il est à visée pédagogique, poursuit Christian. Nous aurons un affichage permanent indiquant la production d’énergie et l’idée est que les personnes intéressées puissent se tourner vers nous pour aller plus loin dans la démarche. »
« Ça a été un peu compliqué techniquement, car cela n’existe pas.”
Christian Gousset
Enfin, l’association s’équipe d’une remorque véhiculant un panneau solaire, à emmener sur des événements publics pour des animations de sensibilisation. « Ça a été un peu compliqué techniquement, car cela n’existe pas. Mais c’est en cours : le panneau est installé ; il reste les branchements à faire. » Un vélo-dynamo permettant de mesurer l’électricité engendrée par notre pédalage devrait rejoindre cette panoplie ludique.
Prochains objectifs : une inauguration du panneau à l’école de musique et de la remorque le 17 février. Puis s’atteler à la création de la coopérative, afin d’avancer sur cet axe important du projet collectif : la multiplication de panneaux solaires sur les toitures de bâtiments publics du territoire de Mond’Arverne Communauté.
Recré : Métro, bon boulot, locaux
Le collectif pour le réemploi Recré, dont j’avais raconté en juin la création, avance à grands pas. Des rencontres ont eu lieu avec le pôle économique de Clermont Auvergne Métropole, qui souhaite soutenir le projet, notamment en l’aidant à accéder au dispositif – et au financement – PTCE (Pôle territorial de coopération économique), sur la thématique du réemploi. Dans cette optique, Recré sera accompagné par le Cisca. Et parallèlement, le collectif explore avec la Métropole les possibilités de locaux qui pourraient être mis à sa disposition pour favoriser les actions et collaborations de ce pôle réunissant différents types de structures dédiées au réemploi de matériaux et objets, chacun dans sa spécialité.
En attendant, ces différentes composantes continuent à se développer tout en imaginant des synergies entre elles.
Ainsi, l’association Artex qui gère une ressourcerie spécialisée dans les décors et accessoires de spectacle a trouvé des locaux plus à la mesure de ses ambitions – avec un bail précaire – dans un ancien supermarché situé 69, rue de l’Oradou, où elle dispose de 600 m². « Cela donne un nouveau souffle à notre projet, avec la possibilité d’avoir des ateliers ouverts aux professionnels qui peuvent louer des locaux équipés (grâce au Budget écologique citoyen du Conseil départemental) pour travailler le bois, le métal et le textile. Cela préfigure ce que pourrait devenir Recré », se réjouit Soledad Léonard, cofondatrice d’Artex.
“Cela préfigure ce que pourrait devenir Recré. »
Soledad Léonard
Exemple avec cette belle collaboration entre quatre membres du collectif : alors que FairePlay a trouvé ses propres locaux pour son concept store autour des articles de sport invendus, sa fondatrice a fait appel à Marie Brébion pour concevoir sa décoration intérieure et à Krak’End, une toute nouvelle association autour du réemploi de bois qui a rejoint le collectif, pour la construction du mobilier. Laquelle a été hébergée… dans les ateliers d’Artex, bien sûr !
Loub’épice : le provisoire qui dure
« Soit on y arrive, soit on arrête tout… », concluait Claire, lors de mon reportage début mars à Loub’épice, l’épicerie associative de Loubeyrat. Le collectif avait notamment en projet de déménager la boutique dans de nouveaux locaux plus spacieux et plus visibles, étant hébergé dans un local provisoire mis à disposition par le boulanger du village.
La bonne nouvelle, c’est que l’association n’a pas tout arrêté. Mais n’a pas non plus déménagé. Elle a pu obtenir de son actuel propriétaire un prolongement de la mise à disposition et les discussions sont toujours en cours pour le local visé, mais sans échéance précise pour l’instant.
Du coup, les épiciers bénévoles ont réaménagé l’espace et intégré une pièce de l’arrière-boutique à l’espace de vente pour que le « provisoire qui dure » soit plus accueillant et convivial. Et de nouveaux producteurs locaux, notamment de viande bio, se sont ajoutés à la liste des fournisseurs. Conclusion : « On continue et nous allons bien ! »
Bassines : une sur deux
Terminons par trois sujets aquatiques, un peu moins glamour mais qui méritent attention et suivi…
Le premier est celui des deux retenues d’eau agricoles en projet du côté de Billom. Nous y avions consacré un dossier en trois articles, au printemps dernier.
Quelque six mois plus tard, l’ASL des Turlurons, qui porte ce projet, a fait aboutir les pré-études nécessaires à la demande d’autorisation en préfecture. Ces études ont validé un seul des deux sites envisagés pour les implanter : celui de Bouzel. Elles ont aussi montré que l’autre site envisagé, à Saint-Georges-ès-Allier, ne pourra pas accueillir la deuxième retenue, en raison de la nature des sols et de leur trop forte saturation en eau. L’ASL n’a pas pour autant abandonné le projet : elle recherche un nouveau site d’implantation plus favorable.
Côté opposants, aucune manifestation d’envergure n’a encore eu lieu, mais les organisations, associations et collectifs, locaux ou régionaux, restent vigilants et continuent à se former, se documenter, à surveiller les avancées du projet. Et à informer le public de diverses manières, par des distributions de tracts ou des réunions publiques, comme le ciné-débat qui a eu lieu le 4 octobre à Billom. Le collectif local en vigilance a également publié, en novembre, un rapport sur l’état des connaissances sur le projet, son contexte, les conditions techniques de sa réalisation, etc. Bref : en vigilance…
Rase de Beaumont : à la recherche de l’eau perdue
En septembre, je vous racontais comment les jardiniers qui cultivent des parcelles dans la zone proche de l’Artière s’étaient mobilisés à la suite de l’assèchement de la rase qui courait depuis plusieurs siècles au milieu des jardins, assèchement dû manifestement à des travaux d’assainissement réalisés par Clermont Auvergne Métropole.
« Nous restons vigilants. »
Aujourd’hui, il n’y a toujours pas d’eau dans la rase, mais les choses ont avancé. La Métropole a commandité une étude – en cours – pour comprendre comment l’eau circule et comment intervenir pour rétablir la situation. En complément, « un sourcier est passé et a retrouvé la veine d’eau », indiquent les initiateurs de la mobilisation.
« Mais nous restons vigilants », affirment-ils. Certes, les jardins n’ont pas besoin d’être arrosés en ce moment donc rien ne presse en apparence, mais certaines habitations proches de la zone des jardins continuent à constater la présence d’eau dans leur cave autrefois parfaitement sèche.
Quant à la pétition, elle reste ouverte et compte à ce jour environ 3 300 signatures.
Naussac : (lente) montée des eaux
Je vous avais détaillé en deux articles, début octobre, le fonctionnement du barrage de Naussac, outil capital pour le soutien d’étiage de l’Allier et pour l’alimentation en eau potable dans le Puy-de-Dôme, et sa situation critique du fait des sécheresses répétées ces deux dernières années.
“La gestion du soutien d’étiage de cette année amènera sans doute à réexaminer les règles de gestion du barrage.”
Hervé Brûlé (communiqué de presse)
Les lâchers d’eau pour assurer un débit suffisant de la rivière se sont finalement terminés le 17 octobre, avec un lac de barrage rempli à seulement 21% de sa capacité. Et son lent remplissage a commencé en novembre grâce aux pluies d’automne. Il est aujourd’hui à 28% de remplissage, soit un volume d’environ 51 Mm3.
On n’est pas pour autant sortis d’affaire… Lors du dernier comité syndical de l’Etablissement public Loire, comme le relève le communiqué de presse, « Hervé Brûlé, DREAL de bassin, a souhaité préciser que la gestion du soutien d’étiage de cette année amènera sans doute à réexaminer les règles de gestion du barrage, afin de s’adapter aux situations extrêmes qui tendent à ne plus être exceptionnelles mais habituelles. »
Il faudra continuer à suivre l’affaire…
Texte Marie-Pierre Demarty. A la une : petit montage illustrant quelques projets dont nous donnons des nouvelles : la pétition des jardiniers de Beaumont, l’enseigne de Loub’épice, Cécile Alibart, le lac du barrage de Naussac à son (presque) plus bas niveau, Soledad et Marie, membres de Recré..
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