Sommaire
- Les intervenants
- Le podcast
- La synthèse : tous aux abris ?
- Les vidéos diffusées
- Interview introductive sur le contexte climatique à Clermont
- Interview sur le changement climatique et les évènements météo extrêmes
- Le cycle “Clermont sous 50 degrés”
- Les crédits
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !
Les intervenants
- Jean-Michel Delaveau, ingénieur et géographe, spécialiste de la Tiretaine et des cours d’eau de l’agglomération clermontoise, auteur du livre “La Tiretaine, rivière secrète du Grand Clermont” (éditions des Monts d’Auvergne)
- Anne-Laure Stanislas, adjointe au maire de Clermont-Ferrand en charge de la ville en transition, de l’évaluation et impact carbone des politiques publiques et des relations usagers ; conseillère métropolitaine
Le podcast
Vous pouvez accéder à un enregistrement “nettoyé” – pour une meilleure écoute – de la Rencontre ici :
La synthèse : tous aux abris ?
Le changement climatique, cela va vers un réchauffement global, que nous étudions depuis le début de ce cycle de rencontres « Clermont sous 50°C ». Mais cela signifie aussi des événements météorologiques extrêmes, à la fois plus fréquents et plus… extrêmes. Canicules, orages, crues… Il s’agissait de faire le tour de ce que la Ville et la Métropole mettent en place pour y réagir à court terme, quand l’événement se produit, et à long terme, pour s’y adapter et faire en sorte qu’on soit en mesure de les affronter dans la (relative) sérénité.
Mais il fallait en premier lieu comprendre quel est le risque. Comme il a déjà été beaucoup question des fortes chaleurs, des périodes de canicule et de sécheresse, cette nouvelle rencontre a insisté sur un autre risque : celui des violents orages et de ses conséquences, les crues.
Un chevelu capricieux
On pourrait croire que Clermont, en l’absence souvent déplorée de cours d’eau majeur, est à l’abri de cet aléa. Mais ce n’est pas si certain, avertit Jean-Michel Delaveau qui, en fin connaisseur des rivières qui irriguent très discrètement la métropole auvergnate, décrit ce « chevelu incroyable » de rigoles et petits cours d’eau, en grande partie enterrés, qui forment l’Artière, la Tiretaine et le Bédat, avec leurs différents bras, avant d’aller se ramifier à nouveau dans la Limagne où la Tiretaine, notamment, forme un véritable delta.
« Dans la zone à risque, 50 000 habitants seraient affectés et aussi 50 000 emplois. »
Jean-Michel Delaveau
Dans ce contexte, Jean-Michel Delaveau ravive la mémoire des événements passés : « En 2013, 2014 et 2016, des crues décennales ont un peu réveillé les rives de la Tiretaine, notamment dans le quartier de Saint-Alyre ». Un peu plus violent, en 1992, « à Châteaugay un orage très court a creusé le lit du Rif d’un mètre et la nationale 9 entre Clermont et Riom a été coupée. Si le même événement s’était produit du côté de Royat, qu’est-ce qui se serait passé ? », interroge-t-il, soulignant la très forte urbanisation qui amplifie forcément les dégâts.
Il répond à sa question de deux manières : d’une part en rappelant la dernière crue centennale, remontant à juillet 1835. A la suite d’un violent orage sur le puy de Charade, une lame d’eau a en grande partie détruit la centaine de moulins construits le long de la Tiretaine, évoque-t-il, gravure de l’époque à l’appui. D’autre part, il expose les calculs d’impact en cas de crue centennale aujourd’hui : « dans la zone à risque, 50 000 habitants seraient affectés et aussi 50 000 emplois. Alors on a intérêt à le prévoir », souligne-t-il, ajoutant que « chaque citoyen peut avoir une responsabilité sur ce qui peut se passer. »
Pour aller plus loin : « « Une crue centennale de la Tiretaine pourrait faire de très gros dégâts », prévient Jean-Michel Delaveau »
En cas d’urgence…
Côté Ville et Métropole, les risques d’événements extrêmes sont appréhendés plus globalement, et à différentes échelles de temps. Anne-Laure Stanislas énumère la liste angoissante des risques pris en compte dans le Plan communal de sauvegarde, qui incluent les risques naturels comme les crues, les séismes, les feux, les mouvements de terrain, les vents violents, mais aussi les risques sanitaires ou terroristes ; elle égrène les fléaux « bien documentés » auxquels le plan fait une place, “avec des mises à jour régulières” : moustique tigre, infections, intoxications, risques sur l’eau potable, canicules… Et elle commence par informer des dispositifs d’alerte, que ce soit pour le grand public – « Il suffit de s’inscrire pour recevoir des SMS en cas de crises » – ou pour les personnes isolées, âgées, fragiles que le CCAS s’efforce de recenser pour pouvoir prendre des nouvelles, les assister ou les mettre à l’abri dans les épisodes difficiles.
« On peut être à +27°C dans les classes. »
Anne-Laure Stanislas
On dérive vite sur les questions relatives à la chaleur, qui paraissent plus tangibles car, rappelle l’élue, « à Clermont on connaît les phénomènes de canicule, on a coutume de dire que c’est une cuvette où il fait chaud l’été ; mais depuis quelques années les fortes chaleur surviennent plus tôt et se poursuivent plus tard. »
En conséquence, la Ville prête tout particulièrement attention aux enfants, et notamment aux 63 écoles qui sont encore en activité lorsque commencent, dès juin, les canicules. « On peut être à +27°C dans les classes », indique Anne-Laure Stanislas, qui expose les solutions d’urgence pour des écoles construites pour la plupart au XXe siècle, dans cette belle époque où il commençait à faire chaud vers le 14 juillet : dispositifs d’hydratation, salles de repli, repas froid, ventilateurs et climatiseurs mobiles…
L’urgence se conjugue aussi à l’échelle de la population, lorsqu’il s’agit, pour la collectivité, de cartographier des espaces refuges – de la cave à la médiathèque en passant par les parcs et les piscines -, d’ouvrir les jardins publics plus tardivement, de prévoir des ombrages en ville.
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Bassins d’orage en question
A plus long terme, Anne-Laure Stanislas insiste sur les mesures d’adaptation, qui relèvent, dit-elle, d’un « questionnement récent et peu documenté ».
L’adaptation se dessine notamment à l’échelle de la Métropole au travers du PLUi ou Plan local d’urbanisme intercommunal, actuellement en cours de révision, qui vise à « arrêter d’être une ville passoire pour devenir une ville éponge » et à lutter contre les îlots de chaleur. « Nous avons des objectifs très ambitieux en matière d’habitat et en matière de perméabilité des sols », résume-t-elle.
« Clermont doit arrêter d’être une ville passoire pour devenir une ville éponge. »
Anne-Laure Stanislas
Elle rappelle aussi, pour revenir aux risques de crues, « l’engagement de mettre en place des bassins d’orage pour préserver la population ». Le déplacement de l’école maternelle de Fontgiève vers l’ancien IUFM, plus en hauteur, était une mesure allant aussi dans ce sens, de même que les règles fixées aux promoteurs du nouvel éco-quartier de Trémonteix pour prévoir l’évacuation rapide des eaux.
Ou encore le projet de création du « parc résilient de Galaxie-Fontgiève », à la fois bassin de débordement pour la Tiretaine et le reste du temps « parc accessible aux habitants, pour amener la fraîcheur que peut procurer la rivière rendue à l’air libre. » Le retard de ce projet, explique-t-elle, étant dû au fait que le terrain sur lequel devait déménager le supermarché « s’est avéré complètement pollué », ce qui place les acteurs du projet face à des “injonctions contradictoires” sur les mesures à prioriser. « On est encore en train d’explorer les solutions », précise-t-elle.
Inondations et solution des bassins d’orage ont fait l’objet d’une bonne partie de l’espace laissé aux questions de la salle. « Que fait-on face aux inondations des caves et sous-sol en attendant ce parc ? » demande une habitante des immeubles Galaxie. Tandis qu’un autre Clermontois s’interroge sur la logique des bassins d’orage aménagés à l’est de la ville.
« Auparavant, en cas de gros orage, tout était déversé dans la Tiretaine. »
Jean-Michel Delaveau
La question a donné l’occasion à Jean-Michel Delaveau d’expliquer avec beaucoup de pédagogie la différence entre des bassins d’orage (qui doivent freiner le dévalement des eaux pluviales) et ces « bassins de stockage-restitution, conçus pour récupérer le mélange eaux usées et eaux pluviales avant de pouvoir le traiter à la station d’épuration ». Ces derniers sont précieux, car « auparavant, en cas de gros orage, tout était déversé dans la Tiretaine », précise-t-il. Et il constate qu’effectivement, les bassins d’orage à l’ouest font pour l’instant défaut, en dehors de quelques petites « mares à canards » qui ont cependant leur utilité, par exemple « pour freiner les eaux du ruisseau de Villars qui peut avoir de grosses colères. »
Une affaire de démocratie
Au-delà des installations et dispositifs techniques divers, Anne-Laure Stanislas fait aussi appel au sens de la solidarité des habitants et insiste sur le fait que la préparation aux risques est aussi « liée aux questions de démocratie ». Car beaucoup de mesures ne peuvent pas être prises par la collectivité seule : que ce soit, par exemple, pour décider de la fermeture des écoles en cas d’aléa extrême ou pour mettre à l’abri des habitants dans des caves privées en cas de fortes chaleur. « C’est la question de ce que la société est prête à faire et on a besoin d’en discuter », pour « s’organiser collectivement », comme ce fut le cas spontanément pendant la crise du covid.
Jean-Michel Delaveau embraye sur la « culture du risque » qui fait encore défaut à Clermont, par comparaison à Nîmes, ville à la configuration similaire mais où les épisodes cévenols violents ont conduit la population à intégrer ce risque.
« Allez faire une balade sur les hauteurs de la Tiretaine ; cela permet de se rendre compte de l’état des talwegs. »
Jean-Michel Delaveau
La Ville en semble bien consciente, à en juger par la conclusion d’Anne-Laure Stanislas, qui résume : « notre rôle est d’abord de faire en sorte que tous les documents qu’on produit soit prospectifs. On y travaille, mais au-delà, il y a aussi tout ce qu’on va faire pour démultiplier les espaces de dialogue. »
En attendant, on pourra suivre le conseil de Jean-Michel Delaveau : « Allez faire une balade sur les hauteurs de la Tiretaine ; cela permet de se rendre compte de l’état des talwegs. »
Tiens, si vous ne saviez pas quoi faire le week-end prochain…
Synthèse par Marie-Pierre Demarty
Les vidéos diffusées
Interview introductive sur le contexte climatique à Clermont
Alexandre Letort (prévisionniste météo) et Vincent Cailliez (climatologue)
Interview sur le changement climatique et les évènements météo extrêmes
Vivian Dépoues (chercheur sur l’adaptation au changement climatique)
Le cycle “Clermont sous 50 degrés”
Cette série de Rencontres Tikographie (janvier à juin 2024 inclus) se focalise sur la question de l’adaptation de la métropole clermontoise et de ses acteurs – publics comme privés – aux conséquences du dérèglement climatique et notamment au fort risque d’étés caniculaires à répétition.
A quoi faut-il s’attendre au niveau des bâtiments ? De l’approvisionnement en eau ? Des événements météo extrêmes ? Quelle stratégie adopter à ce moment, et surtout, que peut-on faire aujourd’hui pour s’y préparer ? Ces questions n’éludent pas le besoin d’atténuation en parallèle mais elles le complètent, le dérèglement climatique étant largement enclenché et inéluctable.
Pour en savoir plus (thématiques, dates, modalités), cliquez ici pour accéder au dossier de presse.
Les crédits
Merci à la librairie les Volcans d’Auvergne pour son accueil et le partenariat de réalisation des Rencontres Tikographie pour cette saison, et en particulier à Boris, Philippe, Lénaïc, Olivier et Gaëlle.
Merci à nos invités, aux participants et à l’équipe de l’association Tikographie qui porte et organise les Rencontres.
Pour cette Rencontre spécifique ont œuvré :
- François Thomazeau à la préparation éditoriale et à l’animation;
- Damien Caillard à la prise de son;
- Catherine Redelsperger et Laura-Lou de Jésus à la préparation de l’espace événementiel;
- Marie-Pierre Demarty aux photos et au compte-rendu.
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