Le pourquoi et le comment [cliquer pour dérouler]
En effet, vous pouvez nous dire “Mais pourquoi un article sur les barrages ?”
Et nous vous répondrions : “Et pourquoi pas !”
Cet article est l’occasion de célébrer une bonne nouvelle, il n’y en a pas tant que ça : la situation des réserves en eau en France est très bonne, à l’orée de l’été. Attention, cela ne contredit pas le dérèglement climatique, mais on ne va pas chipoter, chaque point positif est bon à prendre.
En résumé, on peut toujours s’interroger sur la pertinence des barrages. Enfin presque toujours. Spécialement aujourd’hui, nous avions envie de rendre hommage aux barrages, qui peuvent parfois justifier leur utilité… au moins en période électorale.
Damien et Marie-Pierre
Trois infos express [cliquer pour dérouler]
- Le premier grand barrage français, historiquement parlant, fut celui d’Eguzon dans la Creuse (ouvert en 1926)
- Le bassin de production de la Dordogne affiche une production cumulée de 1800 MW, c’est le premier du Massif Central
- Les barrages ont un impact environnemental et sociétal, mais leur utilité se révèle notamment face au dérèglement climatique… ou lors de la régulation de crues soudaines.
Château d’eau de la France ou pas (de moins en moins, dans les faits), le Massif Central ne dispose d’aucun grand fleuve sur son territoire. C’est plutôt un foisonnement de rivières, petites ou grosses, qui constituent des bassins, empruntent des vallées encaissées, et ont rendu possible au cours du XXème siècle la construction de nombreux barrages.
A ne pas confondre : le barrage hydroélectrique, qui permet à la fois de constituer une réserve d’eau (lac artificiel) et de générer de l’électricité, avec les barrages-réservoirs “simples” pensés notamment pour réguler le débit sur les grandes rivières.
Répondre à un besoin en électricité
Les années de l’entre-deux-guerres ont vu le développement rapide du rail et de l’électrification du Massif Central. La construction des premiers barrages en a été le moyen d’en assurer l’alimentation.
Le premier grand barrage français a d’ailleurs été construit sur la Creuse, à Eguzon, par une compagnie de chemin de fer : la Compagnie du Paris-Orléans (fusionnée par la suite dans ce qui allait devenir la SNCF). Sa construction dura de 1922 à 1926 et fut émaillée de nombreux accidents matériels et humains.
Malgré ces drames, le modèle technique et économique des grands barrages était en train de faire ses preuves. C’est alors le bassin de la Dordogne qui allait être équipé de plusieurs ouvrages encore plus ambitieux, dont celui de Marèges terminé en 1935 – il était déjà 1,5 fois plus haut que le barrage d’Eguzon.
Aujourd’hui, l’ensemble des centrales hydro-électriques sur le bassin de la Dordogne, incluant ses affluents comme la Cère, totalise 1800 MW de puissance délivrée. Vient ensuite le bassin de la Truyère (affluent du Lot) avec 1700 MW, et enfin 700 MW pour le bassin du Tarn.
Il reste une centaine d’exemplaires du nouveau recueil “l’année tiko 2024” en pré-commande ! Sortie le jeudi 5 décembre pour notre Soirée Tiko 2024
Maintenir le débit de l’Allier
Autre exemple de barrage sans production d’électricité : celui ceinturant la retenue de Naussac, près de Langogne en Lozère. Là, il s’agit de constituer une réserve “tampon” en amont de l’Allier et d’en moduler le débit sortant pour s’assurer que le volume d’eau descendant l’Allier reste au-delà d’un minimum vital.
Construit sur le Donozau, un petit affluent de la grande rivière centralienne, le barrage a permis de constituer un véritable lac à 945 mètres d’altitude. Il totalise 185 millions de mètres cube d’eau à son maximum, ce qui est quasiment le cas aujourd’hui. Le barrage lui-même n’est pas spécialement grand : il mesure 240 mètres de long et un peu plus de 60 mètres de haut. Il y a bien une petite centrale hydro-électrique mais dont la fonction n’est pas principale. On peut dire qu’elle “profite” des lâchers d’eau.
Pour en savoir plus sur Naussac, lire notre reportage en deux parties : « Vu du barrage #1/2 : c’est quoi au juste, Naussac ? »
Le rôle de maintien (ou plus précisément du “soutien”) du débit d’une rivière comme l’Allier est capital, surtout face au dérèglement climatique : il a un impact sur l’alimentation de nombreux bassins de population – dont celui de Clermont-Ferrand, qui puise son eau dans l’Allier à 60% – mais aussi sur les écosystèmes naturels ou encore sur la capacité de refroidissement des centrales nucléaires.
On le voit avec le régime pluvial qui fait du yo-yo : alors que le réservoir de Naussac était vide aux deux-tiers quand nous y sommes passés en octobre dernier, il est désormais quasiment plein. Tant mieux, nous direz-vous, et pourvu que ça dure : on ne sait jamais de quoi sera fait l’été qui arrive, et toutes les réserves sont bonnes à prendre.
Comprendre l'enjeu de Naussac face au dérèglement climatique : « Vu du barrage #2/2 : Naussac face aux défis du changement climatique »
La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !
Merci pour votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.
Et surtout, contenir les crues
Enfin, les barrages permettent aussi de jouer un rôle tampon face aux risques de crues et d’inondations, plus fréquentes et moins prévisibles – une autre conséquence du dérèglement climatique. En 2003, le barrage de Grandval dans le Cantal, construit sur la Truyère, a évité une répétition de la crue de 1977.
En conclusion, disons qu’un barrage est bien utile à la fois pour mieux gérer une ressource vitale et pour tempérer les conséquences d’une inondation imprévue.
Synthèse proposée par Damien Caillard, réalisée le 6 juillet 2024. Photos Marie-Pierre Demarty pour Naussac, . A la une : barrage de Grangent, par Stevage (Wikimedia Commons)
Source de la plupart de ces données : hydrelect.info
Soutenez Tikographie, média engagé à but non lucratif
Tikographie est un média engagé localement, gratuit et sans publicité. Il est porté par une association dont l’objet social est à vocation d’intérêt général.
Pour continuer à vous proposer de l’information indépendante et de qualité sur les conséquences du dérèglement climatique, nous avons besoin de votre soutien : de l’adhésion à l’association à l’achat d’un recueil d’articles, il y a six façons d’aider à ce média à perdurer :
La Tikolettre : les infos de Tikographie dans votre mail
Envie de recevoir l’essentiel de Tikographie par mail ?
Vous pouvez vous inscrire gratuitement à notre newsletter en cliquant sur le bouton ci-dessous. Résumé des derniers articles publiés, événements à ne pas manquer, brèves exclusives (même pas publiées sur le site !) et aperçu des contenus à venir… la newsletter est une autre manière de lire Tikographie.