Le pourquoi et le comment [cliquer pour dérouler]
En grande adepte du voyage en train, autant sur les petites lignes locales que sur les grands itinéraires mythiques, j’avais repéré depuis longtemps sur mon réseau social préféré les prises de position de Jean Pinard, qui font souvent fortement réagir le monde des professionnels du tourisme. Au fil de ses postes, j’ai notamment pu apprécier les orientations de la région Occitanie en matière de développement des lignes TER et de l’exploitation de leur potentiel touristique.
Les Auvergnats – et moi la première – ne peuvent que baver d’envie devant cette facilité à gagner la mer et la montagne, les beaux paysages du Massif central ou les métropoles des régions et pays voisins en laissant la voiture au garage.
Alors que l’ancien pilote du tourisme en Auvergne, après ce détour de cinq ans, se ré-ancre dans sa région d’adoption, j’ai pensé que c’était le moment de le faire témoigner sur son expérience, sur sa sensibilité à la question des (gros gros) impacts du tourisme et des défis que doit affronter ce secteur pour s’aligner avec les urgences environnementales.
A lire avant de boucler vos valises. Ou de décider si finalement, vous ne seriez pas mieux à savourer l’été dans votre jardin. Et à lire tranquillement nos articles à l’ombre du figuier, car on a encore sur le feu quelques chouettes reportages pour vous faire traverser en douceur et en conscience la saison estivale…
Marie-Pierre
Trois infos express [cliquer pour dérouler]
- Le tourisme a un fort impact environnemental, notamment dû aux déplacements. En France, il représente 11% des émissions de GES, pour un poids économique de 6%, ce qui en fait le deuxième secteur le plus polluant du pays, calcule Jean Pinard, qui prône des COP tourisme à l’échelle mondiale, nationale et régionale, pour adapter ce secteur aux urgences environnementales.
- En Occitanie, le Comité régional de tourisme a développé l’image de cette grande région peu homogène autour de “la région du train”, une manière intelligente de concevoir l’accueil, le déplacement et la répartition des vacanciers. Les touristes peuvent trouver pour chaque gare TER de la région toutes les infos touristiques, grâce au tout premier guide Michelin qui n’est pas pensé autour du voyage en voiture.
- Jean Pinard prône une vision systémique de l’accueil touristique, connectant une offre d’activité originale, un aménagement des lieux, des facilités d’accès et des services répondant aux besoins des voyageurs. Le travail de l’office de tourisme du Sancy, ou l’aménagement du puy de Dôme grâce au label Grand Site de France, sont selon lui des exemples réussis. Mais notre région a encore des progrès à faire en ce sens, avec un beau potentiel autour du tourisme vert… à condition d’aller vers un modèle où le service est au moins aussi considéré que les investissements.
Après avoir dirigé le Comité régional de développement touristique d’Auvergne ou ses différents avatars de 1999 à 2013, puis celui d’Occitanie de 2018 à cette année, Jean Pinard entame un nouveau chapitre de son parcours en tant que consultant, avec des missions un peu partout en France mais un « camp de base » qu’il a conservé dans le Puy-de-Dôme, non loin d’une gare TER et d’une sortie d’autoroute. Connu dans le monde professionnel du tourisme pour ses prises de position franches et souvent iconoclastes, il défend l’idée que le tourisme doit se repenser et anticiper son avenir, notamment à l’aune des problématiques environnementales.
A titre personnel, comment avez-vous pris conscience des problématiques liées à l’impact du tourisme sur l’environnement ?
Jean Pinard : C’est d’abord une culture personnelle. Mon seul diplôme initial est un diplôme de forestier et je me suis formé à la géographie. J’ai surtout une culture du sport-nature, par la pratique du kayak ; mon premier métier a été de l’enseigner. J’ai donc une sensibilité liée à la protection de l’environnement : quand on pratique ce type de sports, on n’a pas envie de voir les rivières polluées.
Ensuite, je suis entré dans le secteur touristique par le tourisme de pleine nature, en amenant des touristes découvrir des rivières en Franche-Comté.
De fil en aiguille, on s’est rendu compte que le tourisme pouvait avoir des impacts…
Quels sont ces impacts ?
J.P. : Ils sont positifs et négatifs. L’impact positif, c’est que les gens se rencontrent… et il faut garder cela, pour devenir plus tolérant, curieux, social. En ces temps troublés, on voit que cela peut être important.
Le paradoxe, c’est que pour rencontrer les autres, il faut voyager. Ce qui n’est pas durable dans le tourisme, c’est le déplacement, bien plus que la concentration des gens. Selon l’Ademe, le transport contribue à 75% des externalités négatives du secteur.
“Pour préserver le voyage, il faut qu’on se mette quelques barrières.”
Donc, le tourisme doit faire sa révolution, mais comment continuer à rencontrer les autres si on ne laisse plus les gens voyager ? Pour préserver le voyage, il faut qu’on se mette quelques barrières. On ne peut pas continuer à prendre l’avion tout le temps, tirer au sort sa destination du week-end parmi les 50 destinations au départ de Lyon avec des billets d’avion pas cher.
Cette prise de conscience est-elle partagée par les professionnels du tourisme ?
J.P. : Le constat s’accélère depuis la crise du covid, où on a eu beaucoup de temps pour réfléchir ; on a mis tout un vocabulaire ambitieux pour imaginer « le nouveau tourisme », le « tourisme de demain ». Mais il y a ceux qui pensent qu’il n’y a pas à changer grand-chose, qu’on a beaucoup de temps devant nous pour faire la transition. Et ceux qui considèrent que la transition ne peut pas attendre, qu’il faut accélérer pour trouver de nouveaux équilibres : c’est ma position.
Comment opérer cette transition ?
J.P. : On devrait faire des COP spécifiques au tourisme, à l’échelle mondiale, nationale et même régionale. On sait combien le tourisme pèse en émissions de gaz à effet de serre ; on pourrait se fixer des objectifs de réduction de ces impacts.
Justement, quel est l’impact de ce secteur ?
J.P. : A l’échelle de la France, en incluant les étrangers qui viennent sur notre territoire, il est de 11%. Chiffre à comparer au poids du secteur dans l’économie du pays, qui est de 6%. Cela signifie qu’on pollue deux fois plus qu’on ne rapporte, ce qui fait du tourisme un des secteurs les plus impactants, juste derrière l’industrie.
Il faut y ajouter la question sociale : 40% des familles en France ne partent jamais en vacances. On peut donc se demander si la réflexion sur la croissance du tourisme passe forcément par des touristes qui viendraient de très loin.
“40 % des familles en France ne partent jamais en vacances.”
Certes, ces derniers dépensent souvent plus et on a toujours besoin de rencontrer des gens différents. Mais je vis dans une commune où en été, le Village Vacances permet de doubler la population, avec des personnes qui viennent d’autres régions de France ; et les échanges sont tout aussi enrichissants.
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Dans la pratique, comment avez-vous abordé ces questions, en Auvergne puis en Occitanie ?
J.P. : Entre ces deux expériences, il y a dix ans, et les choses ont beaucoup évolué. Mais ma philosophie est restée la même. D’abord sur le fait de développer un tourisme ouvert à tous et qui s’appuie sur la culture et l’identité du territoire.
Par exemple sur la mobilité, en Auvergne nous avions développé l’Open Tour. C’était innovant à l’époque. C’était le train TER, sur toute l’Auvergne, gratuit pour tous les jeunes d’Auvergne qui avaient 18 ans dans l’année, durant les deux mois d’été. Le message était de dire « même si tu n’as pas les moyens de voyager loin, commence par découvrir l’Auvergne, c’est une belle région ». C’était plutôt une réussite car ce pass était utilisé par 7000 à 8000 jeunes chaque été. A ceci près que si le premier frein au voyage est économique, le deuxième est culturel : il faut savoir voyager, et les pratiques, sociologiquement, n’étaient pas les mêmes. C’est toujours le cas aujourd’hui.
Ces cinq dernières années, vous avez donc œuvré en Occitanie. Qu’avez-vous développé dans cette région ?
J.P. : Non seulement l’époque a changé, mais l’échelle a changé, avec la fusion des régions. Cette grande région n’est pas du tout homogène, contrairement à l’Auvergne où les volcans sont une référence commune à tout le territoire. En Occitanie, on a un bout de littoral, un bout de Pyrénées, un bout de Massif central, etc. Donc on s’est demandé comment parler globalement de la région. Il y avait par ailleurs un début de réflexion de l’Ademe sur l’impact du tourisme.
Nous avons eu l’idée – idée de marketing au début – de dire qu’on est la région du train. Nous avons un réseau ferroviaire dense, avec la grande transversale Marseille-Bordeaux passant par Montpellier et Toulouse, la ligne littorale très fréquentée en été, un réseau dense côté Massif central, comprenant l’Aubrac et le Cévenol. Ces lignes sont certainement les deux plus belles de France et on a voulu leur donner une dimension touristique, comme le font les Suisses.
L’Occitanie a 19 lignes TER, auxquelles nous avons d’abord donné un nom, ce qui renvoie à une forme d’imaginaire. À partir de là, nous avons travaillé à connecter chaque gare de chaque ligne à des informations touristiques.
Qu’est-ce que cela change ?
J.P. : Je suis convaincu que les métiers des organismes gestionnaires de destination doivent passer de la communication à l’information et apprendre à raisonner en fonction des besoins des touristes.
“L’idée était de montrer, aux habitants comme aux touristes, tout ce qu’ils peuvent faire sans prendre la voiture.”
Combien de Clermontois savent qu’en prenant le TER jusqu’à Coudes, ils peuvent louer un canoë à 100 mètres de la gare ? Il y aura du monde dès qu’on leur donnera les horaires de train, l’information touristique sur les services, etc.
En Occitanie, l’idée était de montrer, aux habitants comme aux touristes, tout ce qu’ils peuvent faire sans prendre la voiture. Les touristes peuvent prendre un pass à 10 euros par jour et voyager de manière illimitée. Il y a eu un guide Michelin spécialement édité sur ce concept : le premier qui n’était pas dédié au voyage en voiture.
Parallèlement, le premier week-end de chaque mois tous les TER de la Région sont à 1 euro.
Avec quel résultat ?
J.P. : Cela met 150 000 personnes chaque week-end dans le train. Avec différentes catégories : ceux qui devaient de toute façon prendre le train ; ceux qui se reportent de la voiture sur le train ; mais aussi ceux qui n’avaient pas prévu de partir. Cela draine beaucoup de monde vers la mer. Avec des retombées qui participent à l’économie locale.
Il s’agit de trouver un équilibre : entre les Japonais et les locaux, il n’y a pas une clientèle meilleure qu’une autre ! Dans les territoires ruraux par exemple, le tourisme contribue à maintenir la ligne de chemin de fer ou la boulangerie ouvertes.
La difficulté n’est-elle pas de faire en sorte que la rencontre de l’autre reste possible ?
J.P. : Deux choses ont évolué. D’une part les opérateurs ont tout fait pour maximiser le profit à l’intérieur du site touristique, sans que les visiteurs aient besoin d’en sortir. D’autre part, le phénomène Instagram fait que les gens suivent ceux qui sont déjà passés. On a l’impression qu’il n’y a plus de place pour le hasard.
“On a l’impression qu’il n’y a plus de place pour le hasard.”
Cependant je suis très opposé à l’idée – en vogue – du surtourisme. D’abord parce qu’elle exprime une forme de mépris de classe, car on le confond facilement avec le tourisme de masse. On voudrait faire croire que certains endroits très jolis sont réservés à ceux qui auraient les codes et savent voyager. De plus on oublie que des aménagements tels que La Grande Motte – soit 100 000 lits – permettent de concentrer le tourisme à certains endroits, ce qui évite de les répartir dans des endroits non aménagés où cela pourrait faire d’autres dégâts. Personne ne se plaint du surtourisme à La Grande Motte !
La solution est donc de bien aménager les lieux qui attirent du monde ?
J.P. : On peut le comprendre. Quand j’accueille des amis venant de l’extérieur de la région, j’ai envie de leur montrer le puy de Dôme ou le Pariou. C’est normal, mais je concours à densifier la fréquentation. Donc j’accepte que ce soit aménagé, qu’il y ait des parkings et des navettes, qu’on ne puisse pas aller n’importe où et qu’il y ait du monde.
Je dirais que la réponse est dans l’aménagement et dans l’anticipation.
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Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
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Le tourisme a un impact, mais n’est-il pas aussi très impacté par le changement climatique ?
J.P. : Les professionnels du tourisme en ont conscience. Par exemple les Pyrénées orientales subissent la sécheresse depuis trois ans. L’an dernier on est passé pas loin de la catastrophe. Il est évident que quand il y aura des conflits d’usage sur l’eau, le tourisme passera après l’agriculture.
On peut essayer d’anticiper à notre échelle. Dans les Pyrénées orientales, les professionnels du tourisme ont supprimé les baignoires, donnent les eaux usées aux pompiers… Il y a eu toute cette réflexion sur l’accès à l’eau.
“On peut essayer d’anticiper à notre échelle.”
Le problème, c’est ce qui affecte le local mais provient d’un réchauffement global auquel on ne peut rien localement, comme ce qui s’est passé récemment à La Bérarde dans l’Isère. C’est pour cela que je prône une COP mondiale. Si on ne fait rien, on va être le secteur peut-être le plus impacté. Ce sera moins grave ici qu’en Arabie Saoudite ou en Asie du sud où les gens meurent sous la chaleur, mais on sait que le changement climatique va vers de l’excès.
Précisément, le monde du tourisme a-t-il une réflexion sur ce qu’il peut faire pour se préparer à cet impact qu’il ne pourra pas éviter ?
J.P. : Il y a deux mondes du tourisme : les exploitants de sites et hôteliers qui sont conscients de la nécessité de s’adapter, et ceux dont le business est d’envoyer les gens passer des vacances très loin. Ceux-là sont dans le scénario de la techno qui viendra sauver le monde ; mais pour prendre l’exemple du transport aérien, on sait qu’il n’y aura rien de nouveau avant 2050, donc l’évolution exponentielle des vols est juste une folie.
Mais pour les exploitants de sites, comment anticipe-t-on des situations telles que la sécheresse ou le manque de neige ?
J.P. : Les exploitants de remontées mécaniques ont du mal à accepter qu’on ne puisse faire du ski que quand il y a de la neige. Dans le monde du kayak, il est évident que quand il y a une crue, on n’emmène pas les clients dans les rivières. Sur les plages, quand il pleut, les gens font autre chose.
“Sur les plages, quand il pleut, les gens font autre chose.”
Il faut que la montagne s’aligne sur ces modèles. Quand il n’y a pas de neige, on fait du VTT ou de la marche.
Il y aura une scission entre les stations de haute altitude où 80% de l’activité annuelle restera le ski – et tant mieux – et les stations de moyenne montagne, où on ne peut pas continuer à mettre de l’argent à perte pour faire semblant. On peut avoir en hiver des activités qui ressemblent à celles de l’été. Bien sûr, c’est toute une activité économique qui s’écroule : celle des loueurs de ski, des moniteurs, etc. Je ne veux pas être juge, mais cela me fait penser à la Lorraine, qui a mis 35 ans à se décider à fermer les mines de charbon. Ce faisant, elle a pris du retard parce qu’elle n’investissait pas dans autre chose.
Sur l'adaptation des stations de ski en Auvergne, voir aussi le compte rendu de la Rencontre : « Le Sancy face au dérèglement climatique »
En Auvergne, on est donc dans ce cas de figure où il faut s’adapter…
J.P. : Ici il y a quand même cette chance que les touristes ne viennent pas que pour le ski. Il serait plus raisonnable de décider dès aujourd’hui d’arrêter les canons à neige et de se transformer.
Quand je travaillais à la Région en Auvergne, nous avons été sollicités pour imaginer une station qui permette d’aller à ski du Chambon à Chastreix. Nous avons refusé car ça n’avait pas de sens, d’autant qu’il fallait passer par les réserves naturelles… On a tenu bon et nous avons eu raison. Car il y a plus de gens qui viennent en été dans le Sancy et qui n’ont pas besoin d’aménagement.
“Le temps des cathédrales en tourisme, c’est fini.”
C’est toujours la même histoire. De même qu’on peut mettre 120 millions d’euros pour construire Vulcania mais c’est beaucoup plus compliqué de financer l’entretien des chemins de randonnée, parce que ce n’est pas de l’investissement. C’est ce qu’il faut changer : le temps des cathédrales en tourisme, c’est fini.
En plus pour Vulcania, il a été aberrant de ne pas prévoir dès le départ de relier le site à un mode de transport public, alors que la ligne de chemin de fer, aujourd’hui fermée, passe tout près. Il y a eu la même erreur à La Grande-Motte.
Globalement, on manque de vision à long terme sur le tourisme.
Plus globalement, quel regard portez-vous sur le tourisme en Auvergne ?
J.P. : On a eu un big bang à l’arrivée de Pierre-Joël Bonté à la Région, en 2004, où on a considéré que le tourisme rural ne voulait pas forcément dire qu’on « faisait dormir les gens sur la paille ». Il y a eu une volonté politique forte de développer les hébergements de qualité. Avec ces améliorations depuis vingt ans, l’Auvergne est dans l’air du temps du tourisme vert.
L’office de tourisme du Sancy en cela est un bel exemple : c’est le seul en France qui couvre les deux versants d’une même montagne. Il a su développer une offre originale avec le festival Horizon, le festival de jazz, l’activité de trail, etc.
“Cela en fait une région où on est plutôt à l’abri des crises.”
Progressivement l’Auvergne a trouvé son identité. Je dirais avec un peu de chauvinisme que l’ambition « Nouveau Monde » que nous avions développée a porté une image beaucoup plus positive, en conservant son identité. Cela en fait une région où on est plutôt à l’abri des crises. Cette ambition a participé à la prise de conscience qu’on pouvait être une région dynamique, inventive. Il y a eu un changement de paradigme.
Pour l’avenir, comment peut-on développer cette image en se préservant des impacts ?
J.P. : Je reviens à l’idée qu’en France, pays qui a tout inventé en tourisme, il est nécessaire d’aménager les choses. Je suis plutôt pour la concentration des aménagements touristiques, parce que concentrer les problèmes, c’est aussi concentrer les solutions.
“Concentrer les problèmes, c’est aussi concentrer les solutions.”
Ensuite, il y a de nouveaux services à imaginer. Si on fait venir les gens depuis Paris en train, c’est venir les chercher à la gare, organiser ce qu’il y a de mieux ou qui correspond à ce qu’ils souhaitent, les informer… On a trop tendance à considérer qu’il est suffisant d’investir dans les aménagements.
Quelles seraient les erreurs à ne pas commettre dans ce développement ?
J.P. : Ce serait de ne pas avoir de vision systémique du sujet. On ne peut pas déconnecter l’aménagement du service, ni de la formation. C’est une réflexion globale à avoir, tout en conservant une spécificité, une identité, faite de nos fromages, nos festivals, Michelin, Gergovie… Cette histoire se raconte.
Mais on ne peut pas faire Gergovie sans réfléchir à la façon dont les gens vont s’y rendre, comme on l’a fait à Vulcania, en les laissant prendre leur bagnole et se débrouiller pour arriver.
“Tout cela manque de vision systémique : celle qui nous oblige à nous mettre à la place des voyageurs.”
De même, quand on arrive de Paris en train, on voit toujours des gens chercher leur bus de correspondance pour Saint-Flour et Mende ; mais c’est compliqué parce qu’il y a deux emplacements de départ des bus à la gare, sans compter la gare routière qui est encore ailleurs. L’absence de liaison ferroviaire entre Clermont et Saint-Etienne est aussi une aberration.
Tout cela manque de vision systémique : celle qui nous oblige à nous mettre à la place des voyageurs. Il faudrait anticiper beaucoup plus.
Entretien Marie-Pierre Demarty, réalisé le lundi 24 juin 2024. Photos Marie-Pierre Demarty, sauf indication contraire. A la une : le puy de Dôme, labellisé Grand Site de France, peut accueillir des touristes nombreux car il a été aménagé pour cela, notamment concernant l’accès des visiteurs.
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