Le pourquoi et le comment [cliquer pour dérouler]
Suite de notre semaine « spéciale femmes de la recherche ». Après Sophie Chiari, voici Catherine Lenne.
Comme beaucoup de Clermontois, j’ai découvert son existence et ses travaux par son intervention à TEDx Clermont en 2018. Puis en faisant de Dans la peau d’un arbre un de mes livres de chevet, où je picore régulièrement des passages lumineux, étonnants, souvent drôles. Ils reflètent sa capacité à communiquer au grand public sans simplifier, ni jargonner, et à transmettre ce qui la passionne.
C’est pourquoi, à la sortie de son dernier livre, je me suis dit que c’était l’occasion de la rencontrer.
Je lui ai proposé de m’emmener dans un endroit de son choix où il y a des arbres, pour qu’elle me raconte comment elle les perçoit et les comprend. Et voilà pourquoi nous nous sommes retrouvées, chaussures de marche aux pieds, à partir à l’assaut du puy des Gouttes et de sa belle hêtraie.
Ce qui me frappe, c’est qu’à chaque fois que je pars avec un spécialiste dans une forêt, le regard qu’on me propose et les informations que j’en rapporte sont différents. Mais c’est toujours d’une incroyable richesse. Par exemple, Catherine Lenne ne m’a que très peu parlé de la faune qui peuple les arbres et les forêts, à la différence de Morgane Malard que j’avais rencontrée l’an dernier, dont c’était la préoccupation principale. « Côté animal, je suis au niveau du grand public, mais j’apprends avec mes collègues », m’a confié Catherine.
Bref, en tout cas, voici un beau portrait de chercheuse… et une belle balade, comme un avant-goût des vacances qui vous inspirera, je l’espère, pour partir en rando autant que pour vous imprégner de nature.
Quant à nous, c’est aussi ce que nous allons faire. Tikographie prend sa pause estivale et vous retrouve en septembre pour de nouvelles histoires de territoire robuste et vivant. Bel été à tous !
Marie-Pierre
Trois infos express [cliquer pour dérouler]
- Les arbres se caractérisent par leur résilience et leur plasticité, explique Catherine Lenne. Leur but étant de se développer, ils recherchent par tous les moyens la lumière ; il leur faut donc croître le plus possible à la verticale et développent des stratégies étonnantes pour y parvenir, prenant au besoin des allures de lyres, de candélabres, de grands torturés…
- L’arbre est aussi hypersensible, de façon à détecter les perturbations qui le menacent ou le gênent. Il peut par exemple détecter la présence des autres arbres grâce à sa perception de la lumière infrarouge qu’ils renvoient.
- L’éducation à la science, à la nature et à l’esprit critique est primordiale pour rendre notre société aussi résiliente que les arbres. C’est pourquoi Catherine Lenne sort beaucoup de son laboratoire, pour publier des livres, donner des conférences, former les enseignants du primaire et du secondaire. Avec des méthodes vivantes, actives, très pédagogiques… et parfois cocasses.
« Les arbres que j’étudie ne sont pas ceux qu’on va voir, mais par mon métier j’aime les arbres. Pour me faire plaisir, offrez-moi un moment en forêt plutôt que des fleurs ! Je vais beaucoup sur le terrain mais je marche peu. Sur quelques centaines de mètres, je me régale à observer les arbres, surtout au printemps et à l’automne. Par exemple leur floraison, discrète, me fascine. »
Cette entrée en matière se vérifie très vite. Catherine Lenne, enseignante-chercheuse à l’Université Clermont Auvergne, rattachée au laboratoire PIAF (pour « Physique et Physiologie intégratives de l’arbre en environnement fluctuant ») et autrice de passionnants livres sur les arbres, s’élance vers le puy des Gouttes d’un bon pas en cette mi-juillet où la floraison est pourtant passée depuis longtemps. Mais je suis prévenue que la balade censée se faire en deux heures peut (et va) en durer cinq. Chaque arbre ou presque est sujet à une observation, un commentaire, une histoire.
Au chevet des ormes
Le récit commence dès le plateau au pied des volcans, qu’elle qualifie pourtant de « pas très intéressant ». D’anciennes prairies délaissées y accueillent une jeune forêt. Les bouleaux et les pins, de concert avec les fougères et genêts, sont chargés de coloniser l’espace, explique-t-elle : « ce sont des arbres d’espèces pionnières, qui poussent très vite et produisent énormément de graines. Mais ils ne vivent pas très longtemps, environ 80 ans. Ensuite ils laisseront la place aux dryades, les arbres des forêts stabilisées. Ici, ce seront des hêtres. »
« Les arbres sont de grands sensibles ! »
Plus loin, Catherine repère un orme qui échappe encore, sans doute pour pas longtemps, à la graphiose qui décime ses pairs. « L’espèce n’est pas menacée car la maladie ne touche pas les souches, mais tous les dix ans environ, elle va détruire l’arbre, et donc son écosystème, puis l’orme repartira du pied », explique-t-elle en l’examinant à la manière d’une consultation médicale.
Comme nous approchons de la hêtraie qui sera le motif central de la balade, elle me fait remarquer de loin la jolie forme boule des arbres de lisière, qui ne sont pas contraints par leurs voisins à pousser tout en hauteur.
Et aussitôt elle enchaîne sur la façon dont les arbres cherchent la lumière : « ils se ‘voient’ par leur signal lumineux, comme tous les végétaux. Car ils ont des capteurs appelés phytochromes qui détectent la lumière infrarouge et par ailleurs, chaque plante réfléchit l’infrarouge dix fois plus que le vert. Donc les plantes se détectent mutuellement, perçoivent cet environnement qui peut leur faire obstacle et y répondent par la croissance en hauteur pour aller chercher la lumière. Cette perception et la réponse à cette perception, on l’appelle la sensibilité. Les arbres sont de grands sensibles ! »
« Un arbre, c’est un labo d’analyse ouvert 24 heures sur 24 et sept jours sur sept ! »
On commence à comprendre en quoi ils peuvent être fascinants. Surtout que Catherine enchaîne : « Cette sensibilité s’explique par leur mode de vie fixe. Comme ils ne peuvent pas fuir, ils sont aux aguets en permanence. Un arbre, c’est un labo d’analyse ouvert 24 heures sur 24 et sept jours sur sept ! »
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Grosses salades
Avec cette « sensibilité », on entre dans le dur du travail de Catherine. Sa recherche s’intéresse à de tout petits peupliers cultivés dans une solution nutritive (en aquaponie), et qui « ressemblent à de grosses salades montées en graine », assez décevantes pour ceux qui s’imaginaient la chercheuse le regard suspendu à de majestueuses futaies. Travailler sur les outils moléculaires qui permettent à l’arbre de s’adapter suppose de s’armer principalement de micropipettes.
« Le peuplier, explique-t-elle, a l’avantage d’être un modèle bien connu, qui a été beaucoup étudié parce qu’il a un intérêt économique. De plus il est facile à bouturer, ce qui nous permet de travailler sur des clones, donc des arbres qui réagissent a priori de la même manière. »
L’objet de ses recherches, c’est la façon dont un arbre apporte une réponse de croissance à une situation donnée. Dit comme ça, cela semble obscur. Mais une fois arrivées sous le couvert de la hêtraie, nous allons rencontrer de nombreux exemples pour l’illustrer.
« Le peuplier a l’avantage d’être un modèle bien connu, qui a été beaucoup étudié parce qu’il a un intérêt économique. »
Ce sont des arbres qui cherchent la lumière en poussant droit vers le ciel lorsqu’ils ont été semés en rangs serrés pour créer de belles futaies. Mais aussi ceux qui par accident, sous l’influence de la pente, du vent ou de quelque obstacle, commencent par pousser à l’oblique, voire à l’horizontale, puis vont retrouver lentement le sens de la verticale, jusqu’à parvenir à rectifier leur position – un phénomène étonnant que la chercheuse avait décrit en 2018 dans une conférence à TEDx Clermont.
Lyres, candélabres et autres curiosités
Nous rencontrerons aussi des « arbres lyres » qui déploient plusieurs troncs annexes pour se donner des chances d’atteindre la lumière : « c’est son plan B pour retrouver la verticale perdue », dit Catherine devant l’un d’eux.
Dans la montée, au bord du chemin qui a ouvert une trouée, un bosquet d’épicéas a formé de longs candélabres à plusieurs branches : « ils sont dans un couloir de vent : pour eux c’est l’enfer ! Ils ont dû être cassés. Or dans un résineux, c’est le bourgeon terminal qui est chef d’orchestre et fait pousser l’arbre tout en hauteur. S’il disparaît, c’est la pagaille. C’est ce qui explique ces formes de candélabres. »
A un autre endroit, c’est un hêtre dont le bas du tronc est hérissé de petites branches. « Celui-là n’est pas serein », s’inquiète-t-elle, expliquant que ces tentatives de recréer des branches suppléantes « n’ont aucune chance ». Plus loin, elle tombe en arrêt devant un hêtre qui forme plusieurs angles droits : « je pourrais raconter son histoire. »
« J’aime bien les tordus ; ils donnent un sentiment de liberté. »
Mais ce qui attire Catherine Lenne comme un aimant, ce sont les cépées. Ces hêtres coupés très bas par nos ancêtres pour fabriquer du charbon de bois, explique-t-elle, ont repoussé en troncs multiples, qui s’entrelacent, se tressent, se tortillent ou tentent de se contourner, sculptant des formes étranges, parfois un rien inquiétantes. « J’aime bien les tordus ; ils donnent un sentiment de liberté », lance la chercheuse au passage.
Champions de la greffe
Chaque groupe offre son lot d’étrangetés. Celui-ci ressemblerait presque à un tortillard – « mais ce n’en est pas un, car les tortillards sont des mutations génétiques ». Un autre forme presque un mur. Un tronc, dessinant une croix, semble avoir deux pieds – « je les nomme les adeptes du X dans mon bouquin ».
Surtout, elle m’explique que les hêtres sont « les champions de la greffe ». Que deux branches ou deux troncs se rencontrent et ils vont peu à peu fusionner ; ou l’un va avaler l’autre. D’année en année, le cambium – la partie du bois par laquelle l’arbre grossit chaque année – va encercler le double cœur du tronc, éventuellement en « sacrifiant » une des deux branches qui sera comme étouffée.
Nous voilà parties de cépée en cépée à la recherche des cas les plus étonnants. Parfois, Catherine est intriguée par une de ces embrassades bizarres – ou « biz’arbres », pour reprendre le titre de son dernier livre. « J’aimerais être là le jour où il sera coupé », rêve-t-elle.
Résilience
Souvent, on sent une émotion esthétique se mêler à sa curiosité scientifique face à ces créations naturelles géantes… ou minuscules, comme ces tout petits champignons blancs, accrochés à des racines qui affleurent, et qu’elle se penche pour photographier en s’extasiant : « C’est très mignon ! On dirait des doigts… ou des petits rennes… »
« Pour un arbre, le socialement acceptable, c’est la verticale. »
On va croiser aussi des arbres morts, sur lesquels se développent des champignons « saproxyliques », c’est-à-dire qui se nourrissent de bois mort. Catherine me montre comment ces derniers, pour pouvoir répandre leurs spores en utilisant la gravité, sont comme les arbres capables de changer l’orientation de leur structure, lorsque la chandelle encore debout à laquelle il se sont accrochés finit par se coucher sur le sol.
De toutes ces observations – et bien d’autres ! – elle tire la conclusion que l’arbre se caractérise par sa résilience et sa plasticité. « La résilience, c’est le fait de retrouver, après un choc, une vie différente mais socialement acceptable. Pour un arbre, le socialement acceptable, c’est la verticale », résume Catherine, tandis que nous progressons vers le cratère.
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Madeleine et vocation
Une fois celui-ci atteint, le paysage se transforme, s’ouvre, laissant la place à l’herbe, aux digitales, à d’élégants chardons et autres fleurs qui n’ont pas leur place dans la hêtraie. « Car seulement 5% de la lumière présente au-dessus parvient dans le sous-bois », m’apprend encore Catherine.
C’est alors qu’un petit tapis de fleurs répandant un fort parfum de miel la détourne de son sujet pour l’embarquer dans le récit de son parcours. Le gaillet agit sur Catherine comme la madeleine de Proust, la ramenant à son adolescence : « Alors que nous sommes du nord de la France, mes parents avaient loué un gîte au Chambon-des-Neiges pour les vacances et nous avons passé l’été à composer un herbier. Bien sûr je ne savais pas que j’allais faire ma vie en Auvergne, mais c’est drôle de penser que ma vocation est née là ! »
Depuis Lille, elle a poursuivi ses études à Lyon, puis fait sa thèse à Grenoble, avant de revenir à Lyon pour un surprenant post-doctorat dans la chimie, chez Rhône-Poulenc. « J’avais envie de découvrir ce qu’était la recherche dans le privé… et ça ne m’a pas plu du tout ! Cela m’a convaincue que j’étais faite pour le public et pour l’enseignement », raconte-t-elle.
« C’est drôle de penser que ma vocation est née là ! »
Ce retour au public s’est alors fait à Clermont-Ferrand, « dans la seule université qui a bien voulu de moi. Parce que chacune avait son candidat local ; à Clermont, ils ont été honnêtes, en préférant la candidate extérieure qui correspondait exactement au poste. »
Aux avant-postes sur un front de science
C’est donc au labo PIAF qu’elle poursuit depuis 1996 ses travaux en biologie et physiologie végétale au sein d’une équipe pluridisciplinaire, où elle échange, apprend de ses collègues. Et où elle apprécie de faire de la recherche fondamentale sur des sujets où il y a encore beaucoup à découvrir – ce « front de science » qu’elle trouve passionnant parce qu’« on a l’impression de faire avancer les choses. »
« Mon livre est devenu une bible pour les arboristes. »
Elle donne en exemple les travaux sur la verticalité des arbres : « on sait depuis Darwin qu’un arbre incliné peut se redresser car il perçoit le sens de la gravité (et donc sa perte de verticalité), mais c’est seulement récemment et dans notre laboratoire, qu’il a été démontré que l’arbre avait besoin en plus de proprioception, c’est-à-dire qu’il perçoit ses propres courbures. »
La recherche fondamentale apparaît aujourd’hui presque un luxe, alors que les modes de financement ont tendance à exiger une utilité pratique de chaque labo. Mais Catherine sait que ce qui se passe au PIAF trouve indirectement des applications, et elle se réjouit que les chercheurs de ce laboratoire, comme beaucoup d’autres, aient de plus en plus de contacts avec les gens du terrain.
« Il y a de plus en plus de ponts. Je sais que mon livre est devenu une bible pour les arboristes. Et les gestionnaires de forêts s’emparent de nos travaux sur le vent. Nous avons montré qu’un arbre perçoit les déformations mécaniques exercées sur lui par le vent et qu’il réagit en produisant plus d’épaisseur de bois. Les forestiers, après avoir longtemps pensé qu’il fallait protéger les arbres du vent, ont changé de posture grâce à nos travaux. »
Nécessaire éducation
Quant à l’enseignement, elle y a pris goût et assure avoir besoin d’un équilibre entre les deux facettes du métier d’universitaire. La transmission, qu’elle pratique aussi par des livres ou des conférences, prend parfois des tournures aussi cocasses que pédagogiques. « Il y a toujours un moment, en TP, où je demande à mes étudiants de se lever pour examiner leur tabouret, dont l’assise est en bois. C’est drôle de les voir tous à quatre pattes, mais il y a plein de choses à observer dans un simple tabouret ! », raconte-t-elle.
En conférence, elle peut arriver avec quelques spécimens de sa collection de rondins. « Vous pouvez aussi m’offrir des rondins si vous voulez me faire plaisir ! » lance-t-elle avec un brin d’autodérision.
« Il y a plein de choses à observer dans un simple tabouret ! »
Elle prend également très à cœur son rôle de directrice et contributrice de la Maison pour la Science en Auvergne, organisme rattaché à l’UCA en charge de la formation continue des enseignants, de la maternelle au lycée, dans l’intention de les guider dans une forme vivante de transmission de la démarche scientifique. « On ne s’en sortira pas si on n’éduque pas », dit-elle en énumérant les dispositifs qui la mettent en contact avec ces enseignants aux avant-postes de la diffusion de l’esprit critique.
Plus rarement mais pour son grand bonheur, elle entre directement en relation avec leurs jeunes élèves. Par exemple dans l’opération « 1, 2, 3 plant’haies » où les classes engagées doivent créer dans la cour de leur école une haie champêtre dont les élèves vont choisir les essences. Ou dans les défis lancés par des chercheurs à des maternelles, dans le dispositif « Les petits chercheurs ».
« Ils m’épatent, ces gosses. »
Catherine a ainsi lancé des défis tels que « l’arbre est-il mort en hiver ? » (avec le défi de répondre à la question, mais aussi de le prouver), ou « graine ou pas graine ? » par lequel elle fournit une poignée de petits trucs où les enfants doivent trier ce qui est graine et ce qui est petit caillou, débris, micro-objets divers… « Ils m’épatent, ces gosses », dit-elle, prenant aussi l’occasion de ces contacts pour déconstruire des idées reçues. « Ils ont l’idée qu’un chercheur est un homme, barbu, en blouse blanche, qui travaille seul… Déjà, ça me permet d’ancrer l’idée que les scientifiques peuvent être des femmes, d’expliquer que nous travaillons forcément en collectif… »
Câlin dangereux
Plus tard, à la pause casse-croûte face au décor de nos plus beaux volcans, je reviens sur ces idées reçues, en lui demandant si elle s’est déjà heurtée à ces personnes, de plus en plus nombreuses, qui se défient de la science. « Pas très souvent, répond-elle, mais ça m’arrive parfois, en conférence, d’être interpellée de façon agressive. Tout ce qui est pseudo-science est construit sur un millefeuille de croyances qu’il faut démonter feuille par feuille. De plus en plus, je renonce à essayer car ça demande une énergie folle. Je me dis que c’est moins dramatique que les croyances sur les vaccins. Si tu crois que faire un câlin à un arbre va lui faire du bien, vas-y… mais personnellement, je ne me risquerais pas à m’y frotter… »
« Tout ce qui est pseudo-science est construit sur un millefeuille de croyances qu’il faut démonter feuille par feuille. De plus en plus, je renonce. »
Un peu après, dans la redescente, elle me donnera la clef de cette remarque malicieuse devant un tronc habillé d’une fine dentelle sombre. « C’est une frullania, végétal comparable à une mousse. Elle peut provoquer chez certains individus une urticaire géante. Régulièrement il y a des hospitalisations de personnes qui ont voulu câliner un arbre ! »
Nous voici bientôt au terme de la balade. Alors que nous parvenons au pied du volcan, nous croisons une randonneuse qui s’arrête devant Catherine : « vous êtes bien chanteuse ? »
Erreur sur la personne ? Catherine sourit, faisant remarquer que les rares fois où on la reconnaît, c’est plutôt en tant que conférencière. Mais elle est bien aussi la chanteuse d’un groupe musical amateur, du nom mystérieux de « Avec ou sans Michel », qui reprend des chansons populaires ou moins connues. « Et depuis peu, nous avons même nos propres compositions ! », m’annonce-t-elle avec fierté.
Manifestement, on peut être docteure en physiologie végétale, chercheuse, enseignante, autrice, conférencière, passionnée de son métier… et trouver encore le loisir d’avoir d’autres chouettes activités en parallèle.
Reportage Marie-Pierre Demarty (texte et photos), réalisé le mercredi 17 juillet 2024. A la une : Catherine Lenne face à un hêtre tout tordu dont elle raconte l’histoire accidentée, d’après les coudes et les nœuds de son tronc.
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