Béatrice Begon magnifie les messages de la nature

Par

Marie-Pierre Demarty

Le

Béatrice Begon dans son atelier, montrant des gousses de catalpa
L'artiste clermontoise puise dans la nature ses matières premières, son inspiration et des moments de joie intense qu'elle transpose dans ses œuvres. Son regard poétique invite à ralentir et à s'émerveiller.

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Le pourquoi et le comment   [cliquer pour dérouler]

Nous n’en parlons pas (assez) souvent dans Tikographie, mais dans le grand mouvement qui doit nous faire changer radicalement nos modes de vie, d’organisation et de consommation si on veut que nos territoires restent vivables dans la durée, les artistes ont un rôle important à jouer.

Car nous avons besoin de poser un regard différent sur le monde, de changer de perspective, de sortir du cadre. Regard, perspective, cadre… vous voyez : même le vocabulaire utilisé pour faire comprendre l’ampleur des transformations nécessaires est emprunté à l’univers des plasticiens.

En un mot, il s’agit de s’atteler à modifier nos imaginaires. Et l’imaginaire, c’est bien le créneau des artistes, non ?

Comment ceux-ci peuvent-ils nous aider à entreprendre la transition, l’adaptation, la mutation de notre monde ? Voici un exemple à travers ce portrait d’une plasticienne clermontoise dont le travail me touche particulièrement et dont j’espère vous faire partager ce que ses étonnantes compositions me font ressentir.

Et puis je voulais vous offrir une rentrée en douceur, avec de la poésie dedans…

Marie-Pierre

Trois infos express   [cliquer pour dérouler]

  • Béatrice Begon s’est lancée en autodidacte dans la création artistique, avec des compositions inspirées par la nature : en utilisant des matériaux glanés en forêt, en bord de rivières ou sur des plages, elle traduit les messages d’une nature qui offre des leçons de beauté, de poésie, de capacité à se régénérer, de robustesse autant que de fragilité…
  • L’une de ces leçons de la nature est celle de l’appréhension du temps : une alliance de la très longue durée et de l’éphémère, qui enseigne la patience et le ralentissement. Cette lenteur fait aussi partie du processus créatif de Béatrice : observer, laisser infuser, attendre l’inspiration, travailler longuement les matériaux… Et si on essayait de suivre l’exemple dans nos vies quotidiennes survoltées ?
  • Bien qu’inspirée par la nature sauvage, Béatrice a aussi besoin du partage et de l’échange : avec son colocataire d’atelier, ses voisins et autres artistes du quartier, ses stagiaires, et tous les gens qui s’arrêtent devant ses œuvres. Passer la porte de son atelier-boutique du vieux Clermont vous expose à une riche expérience !

La boutique-atelier se situe dans le vieux Clermont, juste derrière le Conservatoire. Contrastant avec l’austérité de la ruelle, la devanture de « L’Atelier en ville » laisse apparaître une luxuriante éclosion florale, comme un champ de coquelicots miniature, mais avec des couleurs plus douces : des beiges, des bruns, des ors, une blancheur de porcelaine dont les corolles semblent avoir la délicatesse. Forcément, puisque la plupart de ces fleurs, perchées chacune sur sa tige métallique, sont effectivement en porcelaine. Observez-les de plus près : chacune est aussi unique, fine et délicatement nervurée que les fleurs des champs.

Passez un peu de temps à les contempler. Elles nous troublent par ce qu’elles ont de paradoxal : rigides et gracieuses, immobiles et paraissant prêtes à onduler sous la caresse du vent, d’apparence fragiles, éphémères et pourtant parées pour l’éternité dans leurs habits de métal et de kaolin…

Le fleurs de porcelaine et autres matériaux, qui ornent la vitrine
Une floraison de « Persistances » dans la vitrine de l’Atelier en ville.

C’est pourquoi Béatrice a baptisé cette prolifique série « Les Persistances ». Selon elle, elles ont la vertu de « nier l’impermanence de l’être ». Mais peut-être y verrez-vous tout autre chose, renvoyant à une image ou un souvenir qui vous appartiennent. En tout cas, il vous sera difficile de ne pas être au moins un peu sensible à cette poésie.

Recyclage

« Poétique est le terme qu’on me renvoie le plus souvent en regardant mes œuvres », reconnaît Béatrice Begon, dont les sculptures, assemblages et compositions se diversifient une fois passé le pas de cet étonnant lieu qu’elle partage avec un autre artiste-artisan : Pierre Berger, lui, expose bijoux et sculptures de métal.

Si Pierre travaille en recyclant et même en « upcyclant » des objets du quotidien (des cuillers aux pédaliers de vélos), Béatrice a pris le parti de recycler la nature… pour lui permettre de mieux s’exprimer et de partager ce qu’elle a à nous enseigner.

« Poétique est le terme qu’on me renvoie le plus souvent. »

Recycler la nature, cela signifie déjà y puiser des matériaux, des images et de l’inspiration. Béatrice, régulièrement, part s’immerger littéralement dans les espaces sans humains. Forêts, cours d’eau, marais… L’Auvergne est riche de coins sauvages où elle va se ressourcer.

Le lieu d'exposition de l'Atelier en ville, avec des créations des deux artistes
Dans la partie exposition de l’Atelier en ville, les créations de Béatrice dialoguent avec celles de Pierre Berger, qui travaille le métal dans un esprit upcycling.

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Contempler le minuscule

Que va-t-elle y rechercher ? « J’ai un œil qui fait des focus. Je vois l’ensemble, mais je capte des détails que la plupart des gens ne verraient pas, parfois improbables, minuscules. Ça peut être des mousses, des branches, des petites pousses, des racines, des lichens… Je peux m’émerveiller de la courbure d’une branche, du graphisme des stries sur une souche, d’une harmonie de couleurs… Je m’enfonce dans la nature, je peux y passer un temps infini. Je sens comme des esprits de la nature dans une forme, les nœuds d’un tronc. Et cela me réjouit, m’amène une joie intérieure, un sentiment très profond… »

Gros plan sur des fleurs et des roches dans un paysage de montagne
Vu de très près, sous un angle inhabituel ou cadré de façon à isoler des détails, des harmonies de formes ou de couleurs… Le regard de Béatrice sur la nature et les photos qu’elle en rapporte inspirent ses compositions. – Photo Béatrice Begon

C’est cette émotion si particulière que Béatrice veut faire partager à travers ses œuvres, qui sont sa manière de restituer son état de contemplation. Pour y parvenir, elle y fait entrer des composantes indispensables : des matériaux empruntés à la nature qu’elle ramène de ses « expéditions », mais aussi du temps.

« Je m’enfonce dans la nature, je peux y passer un temps infini. »

Parmi ces matériaux qui s’accumulent dans l’atelier, on peut donc recenser des herbes sèches, des branches, des pierres, des morceaux de bois mort, ou encore des objets de récup’, des bouts de ferraille rongés par la rouille, des coquillages glanés au bord de l’océan, des objets abandonnés, des traces de la nature ramassés même en pleine ville, comme cette poignée de gousses de catalpas qui forment d’élégants fuseaux bruns : « Je trouve ça, je me dis “oooooh, comme c’est beau !” ; je me relie à une sorte d’émerveillement… et je ramasse. Ensuite, je laisse infuser… »

Béatrice présente un morceau de bois aux formes tourmentées
Pendant l’entretien, tout en parlant, Béatrice attrape un morceau de bois aux formes tourmentées, qui patiente dans l’atelier. “J’attends qu’il m’inspire”, dit-elle.

La leçon du temps

Le temps est l’autre ingrédient essentiel. Il renvoie aussi à ce qu’enseigne la nature : par la durée de vie des arbres, la lente infiltration des eaux dans le sol, la décomposition des bois morts, les âges géologiques. Tout cela nous invite à la patience, au cheminement tranquille de la pensée, à la maturation de l’œuvre artistique.

« J’attends qu’un objet m’inspire, qu’il fasse écho à une image que j’ai en tête, à un tout petit détail du paysage que j’ai photographié, à une histoire que j’ai envie de raconter », explique Béatrice, qui attrape en exemple un gros bout de bois artistiquement rongé par les insectes, patientant là depuis plus d’un an.

« Dans mes compositions, l’or renvoie à la notion de lumière. »

Peut-être rejoindra-t-il la série « Émergence », qui évoque, dit Béatrice, « la capacité de la nature à se régénérer ». Les nouvelles branches qui émergent d’une souche coupée, les champignons, insectes ou minuscules plantes qui colonisent un arbre mort, la végétation qui se réinstalle après un incendie… Béatrice traduit tout cela en faisant « pousser » sur ces morceaux de bois secs ou même calcinés des toutes petites choses qui évoquent le retour de la vie : lichens de porcelaine, champignons de métal recouverts d’une feuille d’or…

« Dans mes compositions, l’or renvoie à la notion de lumière », poursuit-elle, enchaînant avec la série « La chronique du temps », qui fait se télescoper des temporalités antinomiques : des blocs de basalte sombres, aux cassures anguleuses, symbolisant la longue durée géologique, avec une ou deux facettes recouvertes d’or, évoquant l’instant éphémère où un rayon de soleil va venir les éclairer. Comme pour faire tenir ensemble ces deux extrêmes, Béatrice ajoute un élément de tissage, une des dernières techniques, avec la porcelaine, qu’elle a ajoutées à son travail aux multiples formes.

Béatrice montre une œuvre de la série "Les Chroniques du temps".
“La Chronique du temps” est une série qui fait se rencontrer le temps très long des mouvements géologiques, symbolisé par la pierre, et le temps éphémère d’un rayon de lumière sur sa tranche, figuré par la feuille d’or.

Oser se lancer

Car l’art de Béatrice évolue constamment, au moins depuis qu’elle a tourné la page de son dernier « vrai métier » – vous savez, ce genre d’activités où on s’achemine doucement vers la perte de sens et le burn-out, à force d’être contraint par des décisions hors sol à aller toujours plus vite, à privilégier la rentabilité sur la qualité, à sacrifier la relation au client… « À côté, pour mon plaisir, je créais des assemblages à partir d’objets anciens chinés, et je faisais de temps en temps des petites expos. En 2015, j’ai rencontré Pierre Berger et une autre artiste, Valérie Jouandon ; nous avons monté un collectif, organisé nos expositions… et ça a bien marché. En 2017, avant de craquer complètement, j’ai négocié une rupture conventionnelle et j’ai décidé de me lancer », raconte-t-elle.

« Même s’il n’y a pas le salaire à la fin du mois, ce n’est que du bonheur ! »

Le projet d’un atelier commun avec Pierre est né dans la foulée, car aucun des deux, sans doute, n’aurait fait ce pari en solitaire. Mais l’émulation, la complémentarité, la convivialité et le partage d’un loyer rendait le projet plus réaliste. Encore fallait-il trouver le lieu rare pouvant convenir à leur budget et à leurs exigences, notamment celle d’avoir une vitrine pour en faire un endroit accueillant aux visiteurs. « Pierre cherchait sur internet, je faisais du porte-à-porte », se souvient Béatrice avec amusement.

Finalement, c’est sur le premier local du tiers-lieu étudiant Lie’Utopie, rue Abbé-Girard, que leur choix s’est arrêté. L’Atelier en ville a ouvert en février 2018. Et les créations de Béatrice ont alors pu s’épanouir et s’affirmer, incluant de plus en plus cette part d’inspiration provenant de la nature. « J’y avais trouvé l’apaisement, l’énergie, quelque chose qui ramène à l’essentiel », poursuit-elle, insistant sur un autre message venant de sa propre expérience : celui d’oser se lancer pour trouver l’activité et le mode de vie qui nous correspondent. Ayant franchi le pas au tournant de la cinquantaine, en pure autodidacte, elle témoigne que « même s’il n’y a pas le salaire à la fin du mois, ce n’est que du bonheur ! »

Pour une autre plongée dans l'imaginaire, lire aussi l'entretien : « Sophie Chiari invite à un pas de côté environnemental dans la littérature »

La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)

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Merci pour votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.

Boîtes à trésors

Dans les débuts, Béatrice récupérait de vieilles boîtes en bois qui servaient de cadre à ses assemblages. « Cela me ramenait au souvenir d’enfance d’une boîte où je mettais des choses précieuses qui me permettaient de me raconter des histoires. Je me suis mise à revisiter cette accumulation de petits trésors, que les gens se réapproprient avec leurs propres récits », poursuit-elle. Cette série des « boîtes-univers » a persisté tout en évoluant, incluant de plus en plus d’éléments naturels, dans des boîtes désormais fabriquées par un menuisier et peintes dans des couleurs minutieusement choisies parmi une gamme raffinée de peintures anglaises.

« La notion de temps est très présente aussi. Je pars d’un objet qui m’inspire, puis je passe beaucoup de temps à chercher les éléments à ajouter, les contempler, les choisir d’une manière qui ait du sens, les placer, les déplacer, jusqu’à trouver un équilibre qui me parle. »

Béatrice choisit et décroche une des boîtes-univers présentées dans l'atelier.
Très différentes les unes des autres, les boîtes-univers ont chacune une histoire à raconter… ou peut-être plusieurs, en fonction de celui ou celle qui la contemple.

Certains matériaux y sont intégrés tels quels, d’autres sont travaillés, teintés, dorés, tissés, liés entre eux… Chacun de ces tableaux dégage une atmosphère différente, foisonnante ou épurée, mouvementée ou apaisée, jouant sur les contrastes de couleurs et de formes ou harmonisant des camaïeux tout en douceur. Chacun, à sa façon, prête à faire vagabonder son esprit, à se raconter la rencontre insolite de ces branches, cailloux, tiges, capsules, cupules…

Partager…

D’autres séries et « chapitres » sont encore à découvrir dans la boutique-atelier. Le végétal y reste omniprésent. Mais les réalisations les plus récentes sont entièrement créées en fine porcelaine blanche. C’est la seule technique pour laquelle Béatrice a éprouvé le besoin de se former, auprès d’une spécialiste du genre.

Elle y prolonge les deux constantes de son travail : la nature et la lenteur, comme elle l’explique par exemple pour la série florale des Persistances ou celle des Esprits de la nature. « J’utilise un calice de physalis, que je trempe dans une préparation de kaolin presque liquide. Ensuite, je la fais sécher, puis je recommence, plusieurs fois, patiemment, jusqu’à obtenir une épaisseur suffisante. Il faut alors enlever très délicatement le calice, puis procéder à la cuisson. »

Petite sculpture en porcelaine sous une cloche de verre de la série "Esprit de la nature"
La récente série “Esprits de la nature” est réalisée entièrement en porcelaine, mais “l’esprit” est bien présent dans ces formes très organiques et l’utilisation des cloches de physalis. – Photo Béatrice Begon

À découvrir ce patient processus qui naît au fond des bois et mûrit dans l’intériorité d’un imaginaire, on pourrait croire Béatrice Begon solitaire, un peu sauvage. C’est tout le contraire. Car en contrepoint de son penchant pour la contemplation émerveillée, le besoin de rencontre et de partage est constant dans l’univers de l’artiste.

Partage d’un local avec Pierre Berger, partage de sa démarche avec les visiteurs des salons, des lieux d’exposition ou de la boutique où Béatrice prend beaucoup de plaisir à échanger et à guider les curieux vers la délicatesse de son univers. Le partage, c’est aussi la table accueillante de l’atelier, où les artistes et artisans du quartier, amis et voisins, savent pouvoir s’inviter à l’improviste à midi, avec leur sandwich et leur envie de papoter. En cette calme journée d’août, Mickaël, créateur qui travaille le bois dans sa Fabrique de Copeaux, vient nous tenir compagnie un moment…

… et transmettre

Ce sont encore des ateliers d’initiation où elle adore transmettre aussi bien des techniques – tissage et cyanotype pour les derniers en date – mais aussi des façons de déclencher sa créativité, en l’occurrence en s’inspirant de celle, infinie, de la nature. Ateliers où, dit-elle, personne ne voit le temps passer, pas même elle. Tiens, tiens, cette tenace notion de temps qui revient encore dans la conversation…

Ce sont enfin les rencontres d’autres artistes qui la nourrissent et l’inspirent. Elle cite ainsi celle de Thérèse Lebrun, qui lui a transmis, en Belgique, la technique de la porcelaine végétale, et qui pose le travail de la terre comme « un acte de résistance à la vitesse de la vie quotidienne. »

Atelier animé par Béatrice
Un atelier animé par Béatrice dans l’espace de la rue Abbé-Girard… où on ne voit pas le temps passer. – Photo fournie par Béatrice

Dernièrement, une autre très généreuse rencontre, avec un artiste brésilien, l’a enthousiasmée. « C’était comme une évidence », dit-elle, relatant ses échanges avec ce tisserand, Alexandre Heberte, venu en résidence à Clermont dans le cadre du FITE.

Quant à la prochaine rencontre ou la prochaine histoire, c’est peut-être vous qui la créerez : un jour où la ville vous pèse, avec ses travaux, le bruit, la course permanente, la pression, le stress, offrez-vous une respiration entre nature et art ; poussez la porte de l’Atelier en ville…

Reportage Marie-Pierre Demarty, réalisé le mardi 6 août 2024. Photos Marie-Pierre Demarty, sauf indication contraire. A la une : Béatrice dans son atelier où s’accumulent les matériaux prélevés dans la nature, ou même en ville comme ces gousses de catalpa glanées sur un trottoir.

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