Atelier adaptation : un premier pas pour agir localement

Par

Marie-Pierre Demarty

Le

Discussion encours d'atelier Adaptation
Sur un format comparable aux fresques, nous avons vécu un "atelier Adaptation", animé par Alexis Treilhes. Un moment de réflexion participative pour s'initier à une méthode et prendre son élan pour agir.

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Le pourquoi et le comment   [cliquer pour dérouler]

Nous avons rencontré Alexis lors de notre dernière rencontre aux Volcans du cycle “Clermont sous 50°C”. Il avait été invité par François Thomazeau, adhérent Tiko et animateur de la rencontre, pour un petit exposé préliminaire sur la nécessité de mettre en œuvre l’adaptation des territoires et des villes. Nécessaire, car même si les initiatives de transition permettent de freiner les dérèglements que nous promettent les problèmes climatiques et environnementaux, nous sommes conscients que ce ne sera pas suffisant.

C’est un des messages qui nous anime à Tikographie. C’est pourquoi la présentation lumineuse, simple et imagée d’Alexis nous avait plu. De fil en aiguille, nous l’avons invité à animer un atelier Adaptation, ouvert à tout public.

Comme c’était fin août, vous n’étiez peut-être pas rentrés. Alors on a testé pour vous. Pour vous donner envie de participer à une prochaine occasion, pas pour vous en dispenser, hein !

Marie-Pierre

Trois infos express   [cliquer pour dérouler]

  • L’atelier Adaptation est un temps collaboratif pour s’initier à une méthode d’adaptation au changement climatique, sur un format proche de celui des fresques, mais sans fresque. Il permet, à travers des exemples concrets, de s’approprier des concepts tels que atténuation et adaptation, risque, vulnérabilité, exposition, etc.
  • L’une des étapes de la méthode consiste à évaluer des solutions possibles selon une série de critères. Cette évaluation permet notamment de discerner les mal-adaptations, susceptibles d’aggraver les risques, et de rechercher des co-bénéfices.
  • Plus largement, dans son entretien, Alexis insiste sur une approche plus sociétale de l’adaptation, et pas seulement ingénierique ou technique. Certes il y a des mesures liées aux infrastructures et aux réseaux à prendre, mais l’important est de considérer, avec toutes les parties prenantes, un changement du modèle de société, seule solution vraiment transformatrice et donc efficace.

Alexis a commencé par un intérêt “classique” pour la compréhension des mécanismes climatiques, en s’étant initié à la Fresque du Climat notamment. Début 2023, il teste un nouvel atelier sur l’adaptation créé par la journaliste Juliette Nouel, avec la communauté de communes de Brioude. Ce fut à la fois une réussite et une révélation pour Alexis, qui a souhaité orienter une partie de son activité sur cette thématique à destination des entreprises.

Aujourd’hui, il partage son temps entre animation de cet atelier sur l’adaptation, de la veille sur le sujet, d’autres temps de sensibilisation – dont des prises de parole, par exemple à la Rencontre Tikographie de juin 2024 – et des études prospectives. Il s’investit également dans le programme de la CEC Massif Central, dont il est responsable, et en tant qu’enseignant vacataire dans plusieurs écoles d’ingénieurs et de commerce.

***

Si vous avez déjà expérimenté une ou plusieurs fresques – du climat, de la biodiversité, de l’eau, etc. – vous ne serez pas dépaysé. Le cadre est assez proche : une dizaine de volontaires, un animateur, trois heures, des cartes à manipuler et à agencer sur une table…

Mais l’atelier « Adaptation au changement climatique » présente aussi quelques différences. La plus flagrante, c’est que les participants ont passé le stade de la prise de conscience. Le « brise-glace » proposé par notre animateur, Alexis, le confirme. Car il demande à chacun d’évoquer un moment où il a été confronté aux effets du changement climatique. Et chacun y va de son vécu très concret : Claire se revoit « enfermée dans le noir à 10 cm du ventilateur » durant les canicules estivales ; Jean-Paul évoque « la profusion de moustiques invraisemblable dans le jardin » ; Gildas se rappelle un arrêté sécheresse de plus de six mois en Bretagne – « du jamais vu » ; Jean-Noël parle de la température de l’eau à Antibes… Au total, personne ne sèche !

Alexis donne des explications aux participants des deux groupes
Une dizaine de participants, un animateur, des cartes à manipuler… les ingrédients de l’atelier Adaptation sont proches de ceux des fresques, mais sans fresque !

S’ensuit un exposé d’Alexis pour préciser les modalités et les objectifs de l’atelier. Il indique que celui-ci va s’appuyer sur les données du groupe 2 du GIEC, qui a travaillé sur l’adaptation, et il annonce qu’il va permettre « de découvrir une méthode d’adaptation, sans l’approfondir mais au moins pour en connaître les principes, et mieux comprendre la différence entre atténuation et adaptation ».

Premières notions

De fait, il n’y a pas de suspense ici. Car il poursuit par un petit exposé sur ces notions et quelques autres, illustré par une métaphore parlante pour tous : que faire lorsqu’une baignoire se met à déborder, avec le robinet ouvert et l’évacuation bouchée ? Les réponses du groupe sont classées en deux catégories : fermer le robinet est une mesure d’atténuation ; placer en hauteur des objets que l’eau pourrait détériorer est une forme d’adaptation.

Alexis Treilhes, l'animateur de l'atelier, présente l'image de la baignoire qui déborde
En introduction, un exposé d’Alexis Treilhes, l’animateur de l’atelier, pour une première approche de la distinction entre atténuation et adaptation illustrée par la métaphore de la baignoire qui déborde.

Transposées au changement climatique, ces deux formes d’action apparaissent indispensables et complémentaires. Mais puisque l’atténuation s’avère d’ores et déjà insuffisante face à des conséquences « déjà là alors qu’on est seulement à +1,1°C de réchauffement global », il semble impératif de savoir s’adapter, y compris collectivement… mais pas n’importe comment !

Autre préalable : comprendre ce qui constitue un risque. Le groupe s’essaie à des réponses, tâtonne, guidé par Alexis qui oriente vers les propositions manquantes. S’aligne alors la liste de ce qu’il nous faut prendre en compte : la probabilité, l’impact, l’aléa, l’exposition, la vulnérabilité.

« Vous avez cité surtout des conséquences brutales, mais elles peuvent aussi être lentes (…) ou répétées. »

Dit rapidement, ça paraît limpide. Mais quand Alexis divise les participants en deux groupes et leur demande de réfléchir à ces notions, les hésitations pointent. Le retrait-gonflement des argiles est-il à rapprocher de l’abondance de pluie ou de la sécheresse ? La montée du niveau de la mer est-elle une manifestation du changement climatique ou une conséquence ? L’adaptation joue-t-elle sur l’exposition ou sur la vulnérabilité ?…

L’animateur apporte de nouvelles informations au fur et à mesure, alors que les cartes proposées se placent et se déplacent, puis dans l’échange entre les deux groupes. « Vous avez cité surtout des conséquences brutales, mais elles peuvent aussi être lentes comme la montée du niveau de la mer, ou répétées comme la succession des sécheresses », fait-il par exemple observer.

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Cas concrets

Les choses se corsent encore quand on commence à travailler sur des cas concrets, dans la phase dite « exploratoire ». Les cartes à classer portent sur la question du risque d’inondations, puis sur les travailleurs en extérieur par temps de canicule. Les participants commencent à se rendre compte que les définitions ne sont pas si claires, notamment entre ce qui relève de la réduction de la vulnérabilité ou de celle de l’exposition. Où classer l’édification d’une digue ? La formation des citoyens à la culture du risque ? L’idée de faire travailler les gens la nuit ?

« Une méthode précise d’évaluation (…) aura pour objectif d’éviter les mal-adaptations. »

Sur cette dernière carte, Séverine, institutrice qui vient de faire sa pré-rentrée dans une école affichant 38°C, ironise : « On pourrait proposer de faire la classe aux enfants la nuit, mais ils sont déjà assez perturbés… Qu’est-ce que ce serait ! »

Trois participantes penchées sur leurs cartes
Catherine, Claire et Séverine délibèrent pour placer les cartes de façon logique. Pas si simple !

Jouant toujours avec les mêmes cartes, les deux groupes sont ensuite invités à réfléchir à la façon d’évaluer les propositions d’adaptation. Chacun redouble d’attention. Claire, dont le métier est d’accompagner des structures dans des choix de redirection de leur activité, prend plein de notes. On commence à comprendre les subtilités de la méthode…

Surtout quand Alexis expose que le GIEC a modifié dans sa dernière version du rapport sa carte des facteurs de risques : « Ils ont ajouté la réponse au risque, qui peut renforcer le risque. Dans ce cas il s’agit d’une mal-adaptation. C’est pourquoi il est important d’avoir une méthode précise d’évaluation. Celle-ci aura pour objectif d’éviter les mal-adaptations, mais aussi de rechercher des co-bénéfices », détaille-t-il.

Entretien avec Alexis Treilhes (cliquer pour dérouler)

Les entreprises sont-elles aujourd’hui sensibles à la problématique de l’adaptation ?

Pas assez, hélas. Pourtant, on avait un ministre de la transition écologique [Christophe Béchu, démissionnaire à ce jour], qui a eu le mérite de mettre le sujet sur le devant de la scène et de fixer un cap clair pour la France : s’aligner sur une trajectoire à +4°C d’ici la fin du siècle. Même si le blocage actuel fait que la troisième édition du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC), prévue pour le milieu d’année 2024, n’a pas encore été publié.

Mais les entreprises ne voient pas encore l’adaptation comme une priorité. Sauf exception bien sûr : il y a toujours quelques patrons visionnaires, ou d’autres qui interprètent correctement les signaux d’alarme envoyés par les écosystèmes.

Michelin, par exemple, a décidé de créer une entité « gestion des risques climatiques » séparée des autres entités plus classiques d’audit du risque. Son directeur, Francis Renault, a bien compris les enjeux de l’adaptation, qu’il essaye de rendre concret au niveau local, et dans tous les pays où la manufacture est présente. Pour Michelin, au-delà de protéger ses actifs (usines, matières premières…), il y a un « devoir moral » de protéger leurs salariés, y compris des conséquences du dérèglement climatique.

On voit aussi les assureurs prendre conscience du problème, parce qu’ils sont aux premières loges. Mais, hormis ces cas particuliers, l’adaptation reste le parent pauvre des stratégies d’entreprise.

Est-ce parce que s’adapter, c’est renoncer à se battre ?

C’est vrai que cela est d’abord perçu comme une réaction fataliste. C’est même un frein majeur, et je le constate fréquemment dans les endroits où j’interviens. On y a parfois tendance à opposer régénération et adaptation, ce qui est une erreur assez regrettable. On pense que si on s’adapte, on ne va pas se transformer, on va juste chercher à sauver les meubles.

“L’adaptation reste le parent pauvre des stratégies d’entreprise.”

Au contraire, je cherche à dépasser ce blocage. Il faut montrer que l’adaptation a une vraie dimension transformative, qui se base sur la méthodologie montrée dans l’atelier : l’étude du rapport coût-bénéfices pour les mesures à prendre pour maximiser les co-bénéfices et éviter les maladaptations. Il faut absolument éviter d’accumuler des ajustements à la marge, qui donnent l’impression d’une réponse sans s’attaquer à la racine du problème.

C’est l’exemple de la « maladaptation », que tu soulignes aussi dans l’atelier…

La maladaptation, c’est la mesure d’adaptation qui va renforcer le risque, ou le déplacer sur d’autres personnes, ailleurs. La climatisation en est un bon exemple : il fait chaud, j’installe une clim chez moi pour me sentir bien. Mais l’air chaud est juste rejeté à l’extérieur de ma maison, réchauffe l’air ambiant… et donc les maisons des autres. Pour ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir la clim, c’est la double peine. Sans oublier que la clim émet des gaz à effet de serre et consomme de l’énergie, contribuant à aggraver les dérèglements climatiques. Ce qui renforce l’aléa « chaleur » contre lequel elle est censée lutter.

La digue est aussi un classique de la maladaptation. Dans ce cas, elle crée un faux sentiment de sécurité, et incite à ce que des habitations continuent à être construites juste à côté. Et cela évite de se concentrer sur les raisons du vrai problème, qui est la montée des eaux. Cela peut ralentir l’adoption de mesures transformationnelles, à savoir de relocaliser les habitations.

Cela dit, l’important reste la « trajectoire d’adaptation », que l’on définit plutôt à long terme, et de manière globale. Jancovici dit souvent que le nucléaire est nécessaire pour faire un amortisseur de la transition énergétique, même s’il n’est pas souhaitable à terme et qu’il faudrait se contenter de renouvelables. La trajectoire d’adaptation, c’est un peu ça : une digue est acceptable si elle permet de gagner du temps, d’être un amortisseur de la transformation. Il n’y a donc pas de maladaptation en soi, cela dépend de la perspective.

Quelle est alors la bonne approche pour sensibiliser à l’adaptation ?

C’est très difficile. Je me sens parfois désemparé, quand je vois que les gens qui ont été victimes des graves inondations dans le Pas-de-Calais ont massivement rejeté les écologistes aux dernières élections…

Je pense qu’il faut de la concertation, et un engagement fort des pouvoirs publics. Le tout en local, car une solution d’adaptation ici ne sera pas forcément celle qui fonctionnera là-bas. Une ville, une métropole peut orienter l’achat des cantines sur des agriculteurs en transition pour les soutenir, elle peut inciter les industriels à mieux utiliser la biomasse, elle peut communiquer auprès des consommateurs… même si j’ai bien conscience des verrous nationaux et européens à faire sauter.

A titre personnel, je rêverais de voir de telles synergies locales émerger. Mais il faut dépasser une vision « ingénieur » de l’adaptation : c’est un projet de société qu’il convient d’imaginer. C’est de cette manière que l’on trouvera des co-bénéfices, qui impactent plusieurs catégories d’acteurs, mais qui s’inscrivent dans un changement de paradigme. La bonne approche est donc, surtout, sociétale.

Entretien mené par Damien Caillard le 3 septembre 2024, relu et corrigé par Alexis.

Long terme et co-bénéfices

De nouvelles notions apparaissent, avec là aussi des distinctions et des besoins de se familiariser avec les concepts, même quand les mots paraissent familiers. Comment différencier justice et équité ? Qu’est-ce qui entre en jeu dans la faisabilité ?…

On va alors illustrer les réponses avec les exemples de l’exercice précédent. L’édification d’une digue peut-elle renforcer les composantes du risque ? « À court terme non, mais à long terme, oui », tergiverse Jean-Paul. Alexis confirme : « elle peut donner un faux sentiment de sécurité qui va autoriser les gens à construire plus de maisons. »

Cartes des critères d'évaluation : "efficacité", "justice et équité", "santé et bien-être"...
Parmi les notions que l’atelier permet de s’approprier grâce à ses cartes, ici celles des critères pour évaluer les mesures d’adaptation.

Les co-bénéfices de la végétalisation ? Séverine témoigne du projet qui démarre dans la cour de son école : « Il y a eu une ouverture au quartier, le fait de faire participer au projet toutes les personnes concernées, et aussi la possibilité d’installer un récupérateur des eaux pluviales. Le projet a un côté carte postale qui est super, mais dans la pratique, ça pose aussi beaucoup de questions… »

« Dans la pratique, il est impossible d’avoir un truc où tout marche bien, sur tous les critères d’évaluation. »

L’animateur conclut la séquence : « On se rend compte que dans la pratique, il est impossible d’avoir un truc où tout marche bien, sur tous les critères d’évaluation. S’adapter, c’est donc faire des choix. Il va falloir construire une trajectoire d’adaptation. » Ce sera l’étape suivante de la soirée… et de la méthode. Celle-ci prendra en compte le court, le moyen et le long terme, et pourra mettre en œuvre des réponses plus ou moins engageantes, depuis l’empilement de petits ajustements à la marge jusqu’aux mesures transformationnelles profondes.

Trois participants dont l'un déplace une carte sur la table
En délibérant par petits groupes et en essayant de placer les cartes, les participants – ici Laura-Lou, Jean-Noël et Gildas – se familiarisent pas à pas aux différentes étapes de la méthode.

Dans cette phase, on se rendra compte qu’il n’y a parfois pas de meilleure option qu’un ajustement de court terme ; que la réponse la plus solide peut nécessiter de prendre aussi des mesures transitoires moins satisfaisantes mais plus faciles à réaliser ; qu’une même décision peut apparaître comme une mal-adaptation, une solution transitoire ou un complément indispensable dans un plan ambitieux, selon la trajectoire que l’on s’est fixée. Ou encore que la notion de court, moyen et long terme ne coïncide pas toujours avec la plus ou moins grande qualité des mesures. Ou que, comme le confirme Alexis à une remarque de Catherine, « le changement de la règlementation correspond souvent à une mesure transformationnelle. »

La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)

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S’approprier la méthode

Cela fait déjà plus d’1 h 30 qu’on phosphore. Alexis décrète une pause, qui nous fait réaliser que personne ou presque n’a touché aux grignotages, qu’on est tous restés debout autour de la table, complètement fascinés par la discussion.

Laquelle reprend d’ailleurs très vite après quelques chips, reines-claudes et verres de jus de pomme. D’autant plus que la fin de la séance va être consacrée à l’application globale de la méthode sur quelques cas concrets, histoire de s’approprier les étapes, les concepts, les critères…

Séverine s'exprime, écoutée par Claire
Chaque mesure d’adaptation présente aussi des inconvénients, même le développement du vélo. “On peut se faire insulter ; j’ai appris plein de vocabulaire !” témoigne Séverine.

D’abord divisés en deux groupes, les participants vont ainsi débattre du pour et du contre de l’aménagement d’une piste cyclable ou de la diminution de la consommation de viande. On parle effet rebond, risques d’accident, convivialité du vélo mis en balance avec la part des insultes – « j’ai appris plein de vocabulaire ! », plaisante Séverine. Et le débat s’engage sur la nécessité ou non de garder un peu de viande dans l’alimentation, que ce soit pour la santé humaine ou pour l’entretien des prairies et de leur biodiversité.

Pour le dernier exemple, Alexis propose de réfléchir à une problématique locale. L’approvisionnement en eau est retenu. Et l’animateur, en expert de l’adaptation, tente une expérimentation : « Habituellement je fais cet atelier pour des entreprises où il est plus facile de travailler sur une problématique qui rassemble tout le monde, explique-t-il. Ici, il y a des intérêts plus complexes. J’ai envie de vous proposer un jeu de rôle… »

Jean-Noël s'exprime avec de grands gestes, entre Jean-Paul et Alexis
L’atelier s’enrichit des expériences et des questionnements de chacun. Ici, c’est Jean-Noël qui apporte sa pierre, avec l’écoute attentive de Jean-Paul et d’Alexis.

À l’échelle du territoire

Jean-Paul, Laura-Lou, Jean-Noël, Catherine se proposent de devenir qui industriel, qui citoyen, défenseur des milieux naturels ou agriculteur… Dans ce dernier exercice, les deux groupes fusionnent pour décortiquer ensemble le sujet, proposer des solutions, les passer au crible des différentes étapes : atténuation ou adaptation ? exposition ou vulnérabilité ? court ou long terme ? efficace, faisable, juste, équitable, acceptable… ? avec ou sans co-bénéfices ? susceptible ou non d’aggraver le problème ?

Et là encore, on prend conscience très concrètement que les solutions ne sont pas évidentes. Que ce qui est solution pour les uns est contraignant pour les autres. Que les choix peuvent être douloureux. Que les meilleures décisions doivent passer par la prise en compte des conséquences pour chaque partie prenante…

« Cela fait toucher du doigt la complexité des problèmes. »

Il est près de 21 heures et la fin de l’atelier approche. On n’aura pas résolu la problématique de l’eau dans le Puy-de-Dôme, ni même évalué toutes les solutions avancées.

Mais au moment du tour de table final, les impressions sont unanimement enthousiastes. « Cela fait toucher du doigt la complexité des problèmes, même pour le public sensibilisé que nous sommes », fait remarquer Gildas. « Je retiens les éléments de risque qui sont désormais plus clairs pour moi, et la confirmation que l’adaptation dépend du territoire », enchaîne Laura-Lou. Claire dit avoir beaucoup apprécié la structuration de l’atelier, qui permet d’intégrer la logique du raisonnement. Elle repart avec des idées à appliquer : « dans une étude, on ne prend jamais en compte l’impact des solutions qu’on préconise », relève-t-elle…

Vu du groupe écoutant les explications d'Alexis, l'animateur de l'atelier Adaptation
On approche de la fin de l’atelier. Sur la table, pas de fresque, mais des cartes qui se sont beaucoup déplacées, et des notions qui deviennent plus claires pour tous.

Si vous avez déjà expérimenté une ou plusieurs fresques, peut-être en êtes-vous sorti avec un sentiment d’impuissance face à des problématiques d’ampleur planétaire. L’étape atelier vous fera du bien. Car un atelier Adaptation montre au contraire que des actions importantes et efficaces peuvent être entreprises à l’échelle des territoires – sans minimiser l’importance des actions d’atténuation.

Encore faut-il, rappelle Alexis dans sa conclusion, que l’on agisse entre parties prenantes d’un même territoire en essayant de se comprendre. « Si chacun agit dans son coin, ça ne marche pas, dit-il. Cette discussion, il faut l’avoir. »

Reportage Marie-Pierre Demarty, réalisé le jeudi 29 août 2024. Interview Damien Caillard. Photos Marie-Pierre Demarty. A la une : les participants de l’atelier, divisés en deux groupes, réfléchissent et échangent pour placer les cartes permettant de comprendre la méthode.

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