Comment les contraintes de mobilité impactent les jeunes ruraux

Par

Damien Caillard

Le

La table ronde du 30 septembre dernier portait sur l'étude de l'institut Terram : "jeunesse et mobilité, la fracture rurale". Retour sur la manière dont les contraintes liées à l'éloignement impactent le quotidien, la santé, le budget et le vote des jeunes ruraux

Sommaire

Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?

Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !

Les intervenants

Le podcast

Vous pouvez accéder à un enregistrement “nettoyé” – pour une meilleure écoute – de la table ronde ici :

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Interview complémentaire de Nathalie Andrivon

Quels sont les leviers sur lesquels travaille la Plateforme des Mobilités du Puy-de-Dôme au sujet de la mobilité rurale ?

Nous sommes portés autant sur le développement des compétences de “savoir bouger” que sur le “pouvoir bouger”. Concernant le pouvoir bouger, cela va d’une aisance minimum avec le fait de se déplacer jusqu’à avoir un véhicule, et en bon état pour rouler. C’est pourquoi nous travaillons sur des solutions de location, de micro-crédit, de réparation ou de diagnostic technique de véhicule, pensées pour des publics en insertion.

C’est bien ici le statut de la personne qui détermine les prestations que nous proposons. Pour la location de véhicules, elle concerne les bénéficiaires du RSA et les jeunes accompagnés en Mission Locale ou l’Aide Sociale à l’Enfance. Nous pouvons alors leur mettre à disposition une voiture, un scooter, un vélo électrique ou même un vélo cargo, sur un mois renouvelable trois fois. Ce service est géré par le garage associatif Détours.

Comment parvenez-vous à traiter les demandes d’aide à la mobilité ?

C’est le rôle de la conseillère mobilité : trouver une solution, idéalement pérenne. A travers une vingtaine de permanences physiques sur le département, ce sont entre 9 et 10 conseillères et conseillers mobilité qui agissent dans le Puy-de-Dôme.

La conseillère reçoit des demandes de prescription sous forme de fiches d’orientation, de la part des travailleurs sociaux sur le territoire. Elle prend alors rendez-vous avec la personne concernée et réalise un “bilan de compétences mobilité” : c’est l’occasion de faire le point sur les savoirs de base (de la compréhension de la langue française au repérage dans l’espace et le temps, en passant par la compréhension de consignes). On évalue aussi l’expérience relative à certains modes de déplacements, à certains territoires – par exemple si la personne s’est déjà déplacée en zone urbaine.

Et tout cela n’est pas forcément donné ! Des personnes d’origine étrangère, ou bien souffrant de dyslexie (et autres problèmes sensoriels), d’agoraphobie ou de troubles de la santé physique ou mentale sont potentiellement très impactées par les problèmes de mobilité. Par exemple, des troubles autistiques rendent très pénible la gestion de sollicitations sensorielles multiples. Et peut empêcher l’utilisation des transports en commun.

La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)

Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?

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Merci pour votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.

Quel est alors la recommandation de la conseillère mobilité ?

C’est une sorte de plan d’action, que nous appelons “proposition d’orientation”. Cela va de la commande de cartes de transport à l’apprentissage générique à l’autonomie sur le bassin de vie du bénéficiaire.

On peut alors se heurter au problème d’accès aux droits, qui est réel : administratif, numérique… un demandeur doit gérer une multitude de référents tels que des assistants sociaux, des accompagnants France Travail. Sans parler des documents à fournir par la personne elle-même, souvent dématérialisés et difficiles à rassembler quand vous n’avez qu’un téléphone mobile.

Mais est-il possible de surmonter tous ces obstacles ? 

Heureusement, oui. Je me souviens d’un atelier que j’animais sur l’emprunt de C-Vélo à Clermont. Parfois, il a suffi d’un peu d’accompagnement pour débloquer une situation. Un monsieur m’avait dit qu’il n’arrivait pas à prendre un abonnement depuis des années, car il devait aller sur Internet. Il ne savait pas comment s’y prendre, mais il voulait surtout qu’on lui montre comment faire !

Revenons à la conseillère mobilité : comment termine-t-elle son accompagnement ?

Le plan d’action qu’elle recommande peut aboutir à un “bilan de positionnement” avec le formateur de l’auto-école.Selon la manière dont la personne réagit à son environnement, on définit une formation en auto-école sociale ou classique. Parfois, pour les personnes souffrant d’un handicap, à scolarité courte ou d’origine étrangère, l’accès à l’auto-école classique est impossible. Il est alors proposé des alternatives comme le permis AM2 roues et 4 roues.

Ces points réguliers à l’auto-école, quelle qu’ils soient, sont de toute façon une bonne chose car – à raison de deux ou trois fois par semaine – ils permettent une vraie remobilisation de la personne, et vont même jusqu’à lui donner un accès à une vie sociale.

Enfin,un mécanicien de l’association Détours – membre de notre Plateforme – peut apporter un soutien à l’achat du véhicule. Pour cela, il recommande le véhicule le mieux adapté à l’usage de la personne, à la composition de sa famille et à son budget. Il peut proposer des sites ou garages où trouver ce véhicule, des moyens d’en déterminer la qualité à l’achat, des modalités pour l’entretenir et respecter la réglementation, que ce soit sur le changement de pneus l’hiver, le contrôle technique, l’assurance… Tout cela est très complexe, et nous y dédions des ateliers “acquérir et entretenir un véhicule” animés par les conseillères mobilités du territoire.

Entretien réalisé le 3 octobre 2024 par Damien Caillard

La table ronde à Coworkit – photo François Pelletier

Les vidéos diffusées

L’expérience difficile du covoiturage organisé en zone rurale

Interview d’Audrey Malleret, responsable de la Résidence des Combrailles (Saint-Georges de Mons) pour le Corum Saint-Jean

Autres ressources

L’étude “Jeunesse et mobilité : la fracture rurale”

Crédit : institut Terram

Cliquez ici pour accéder au document complet

Les crédits

Merci à nos invités, aux participants et à l’équipe de l’association Tikographie.

Pour cette table ronde spécifique, ont œuvré :

  • Damien à la préparation éditoriale et à l’animation;
  • Gaël à la prise de son;
  • Antoine aux photos.
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