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Le pourquoi et le comment [cliquer pour dérouler]
Après les articles pas très drôles de la semaine dernière, le week-end de la Toussaint, les images chocs de la dévastation de Valence, je me suis dit que vous aviez besoin d’un peu de légèreté.
Alors voilà, sans vous pousser à la surconsommation, je vous offre un petit moment de shopping.
Mais attention, on ne fait pas n’importe quoi, hein ! On ne se précipite pas dans les pop-up stores de l’hyper fast fashion, on ne s’entraîne pas pour le championnat du monde du black friday, on ne fait pas chauffer la carte bleue et on ne craque pas pour des babioles en plastique fabriquées au bout du monde.
Parce qu’on reste “focus” sur notre sujet de territoire vivable, on va essayer de voir si on ne peut pas se faire plaisir tout en consommant responsable, local, circulaire…
Donc, sujet léger… mais très sérieux quand même !
Marie-Pierre
Trois infos express [cliquer pour dérouler]
- La doume est la monnaie locale complémentaire du Puy-de-Dôme. Son utilité principale (mais elle a plein d’autres bénéfices) est de créer un cercle vertueux de production et de consommation locales, favorisant les filières et chaînes d’approvisionnement internes au territoire.
- Portée par l’ADML63, la monnaie puydômoise est l’une des plus dynamiques de France. Elle compte aujourd’hui 193 000 doumes en circulation (équivalent à autant d’euros), 1138 utilisateurs, 49 comptoirs de change et 235 prestataires.
- Ces derniers sont pour beaucoup des producteurs et commerçants de produits alimentaires : maraîchers, épiceries, supérettes bio, brasseurs, restaurateurs… Mais on peut payer beaucoup d’autres choses, un peu partout dans le département. Je vous laisse découvrir les trucs improbables que j’ai eu envie de mettre dans mon panier…
Si vous n’êtes pas encore adhérent et utilisateur de la doume, c’est peut-être parce que vous n’en connaissez pas l’existence ou que vous n’en comprenez pas l’utilité.
Commençons donc par rappeler qu’il s’agit de la monnaie locale complémentaire du Puy-de-Dôme (et un peu aussi du Cantal). Une monnaie locale, c’est un système de paiement qui circule dans un territoire déterminé. Et elle a deux avantages principaux : elle contraint les particuliers comme les entreprises à faire l’effort de se fournir en produits locaux, et elle proscrit la spéculation. Pour le territoire en question, cela a des vertus de résilience, car elle renforce l’autonomie des approvisionnements et favorise l’économie circulaire.
Et tant qu’à faire, elle a d’autres vertus qui tiennent aux valeurs partagées par ses utilisateurs, tous signataires d’une charte portant sur des engagements éthiques, écologiques et sociaux : non seulement les produits échangés en doumes sont locaux, mais ils sont autant que possible sains, écologiques, artisanaux.
Une belle dynamique
Ajoutons trois arguments dans la balance : les billets en doume sont très jolis ; les calculs en monnaie locale sont ultrasimples puisqu’une doume équivaut à un euro ; on peut payer en billets, mais aussi en monnaie numérique.
Et enfin, il faut savoir que la doume, portée par l’association ADML63, est une des monnaies locales complémentaires les plus dynamiques en France, avec ses 193 000 doumes en circulation, ses 1138 utilisateurs, ses 49 comptoirs de change et ses 235 prestataires.
Si vous savez tout cela et que vous n’êtes pas encore adhérent, c’est peut-être aussi parce que vous vous faites une idée fausse de ce à quoi la doume peut servir. Dans votre imaginaire, vous la voyez comme le moyen de paiement par excellence des magasins bio, des amap, des producteurs de légumes ou de bière locale…
Mais comme les habitudes ont la vie dure et que c’est quand même plus pratique de tout trouver au même endroit, vous préférez continuer à aller pousser votre caddy à l’hypermarché tous les samedis.
Dans un sens, vous n’avez pas tort. Pas sur le caddy et l’hypermarché, mais sur le fait qu’une majorité des prestataires doume fournissent des produits alimentaires. On compte ainsi 42 producteurs agricoles, 43 artisans de bouche, 37 épiceries, 18 producteurs ou marchands de fromage, 9 brasseurs, une trentaine de restaurants…
Viennent ensuite les produits et services de soin et de bien-être, les libraires, les prestataires de communication.
Mais les heureux consommateurs du Puy-de-Dôme peuvent mettre dans leur panier des choses beaucoup plus insolites, que vous n’imaginiez sans doute pas pouvoir payer en doume. Voici mon top 10. En fait c’est plutôt un top 11… et selon la formule consacrée, vous allez adorer le douzième !
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1. Les vacances de Médor
Et zut, vous n’allez pas pouvoir emmener votre adorable toutou au super séjour de plongée que vous avez planifié depuis longtemps, et pour cette fois, votre frangin ne pourra pas le garder, il a piscine ! Pas de panique. La doume a sous la main, plus exactement à Volvic, le chenil qu’il vous faut. Votre boule de poils sera traitée avec attention et pourra s’ébattre dans un cadre de pleine nature. Pour Médor aussi, ça va être de chouettes vacances !
2. Un masque pour voir net
Si vous voulez revenir de ce stage de plongée avec plein de beaux souvenirs, il faudrait être en mesure de bien voir sous l’eau. Indispensable pour la taupe que vous êtes : il vous faut un masque de plongée adapté à votre vision. Et même, tant qu’à faire, avec des verres progressifs. Cet opticien peu ordinaire installé à Riom les propose fabriqués en France, comme d’ailleurs toutes les lunettes de vue classiques et les lunettes de sport disponibles dans son magasin. Il affiche également plein d’autres mesures pour compléter sa démarche écologique, comme la récupération des vieilles montures, la vente de sprays de nettoyage rechargeables, la préférence pour les matériaux renouvelables dans le choix des montures… Ça mérite d’aller voir !
3. Travailler son souffle
De retour de votre séjour de plongée avec votre nouveau masque, vous avez pu voir mieux que jamais les merveilles de l’océan, mais vous vous êtes senti-e un peu limite côté souffle. Courez à Romagnat rectifier votre respiration. Et dans la foulée, travaillez aussi votre voix, parlée et chantée. Parce que tout cela est lié en vous par une colonne d’air que vous allez apprendre à maîtriser. Ça fait du bien, non ?
4. Prendre le volant
Vous voilà pleinement regonflé-e… et donc prêt à vous dépenser dans une activité physique. Pourquoi pas le badminton ? Il y a justement à Clermont un club qui accepte les doumes, et qui a aussi mis en place une démarche éco-responsable sur tous ses tournois, avec notamment une buvette zéro déchet où vous trouverez, bien évidemment, des boissons locales. À vos raquettes !
5. Poser des limites
C’est bien beau, les loisirs, mais vous avez des choses plus sérieuses à faire. Par exemple construire votre maison écologique sur le terrain que vous venez d’acheter à la campagne. Votre voisin ronchon, qui se méfie des inconnus, vous cherche des noises sur les limites entre vos deux propriétés. Pour clarifier les choses, pensez à recourir à un géomètre dont le métier est, entre autres, de borner les terrains. Le saviez-vous ? Le coût de cette prestation est à partager entre les deux propriétaires. Payez votre part en doume…
La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)
Pas assez de neige, pas assez d’eau, trop de chaleur… comment les acteurs touristiques locaux s’adaptent-ils aux conséquences du dérèglement climatique ?
Rencontre Tikographie du lundi 2 décembre à 17h (librairie des Volcans) – tous publics, accès libre !
Merci pour votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.
6. Des poutres et des planches
Le bornage, c’est réglé. Passons aux choses sérieuses : la construction d’un nid douillet tout en bois, en terre, en paille, en enduits chaux-chanvre… Et donc pour commencer, il va vous falloir du bois pour l’ossature, pour la charpente, pour les planchers… Autant acheter du bois local, provenant de forêts gérées de façon durable, débité dans une scierie à taille humaine et aux pratiques écologiques exigeantes. On en a une dans le Livradois ! Et en plus, elle vous permet de régler en doumes. C’est Byzance !
Scierie à découvrir dans le reportage : « La Scie d’Ici invente une filière bois écologique et hyper locale »
7. Se faire chevalier
Avec son côté artisanal et ses matériaux naturels, votre maison auto-construite à des allures de bicoque du Moyen-Âge (sans vouloir vous vexer !). Tiens, ça vous donne une idée. Pour la pendaison de crémaillère, le dress code sera « ambiance médiévale ». Oula ! mais vous n’avez pas ça dans vos placards !
La doume a la solution. Foncez à Montferrand louer un costume de style carolingien. Comme cette association ne s’en sert qu’une fois par an en juin, pour les fêtes médiévales, autant les mettre à disposition le reste du temps. Voyons, serez-vous plutôt de la team hennins et troubadours ou plutôt heaume et cote de maille ?
8. Stopper la fuite
Ah il est beau, votre rêve de « maison faite maison » ! Voilà que vous avez des fuites dans les tuyaux parce que vous n’avez pas bien conçu votre système d’adduction d’eau. Ou parce que vous vous fiez moyennement aux artisans que vous ne connaissez pas… Sauf peut-être si on vous dit que le plombier ne trouve ses clients que par le bouche-à-oreille, qu’il ne se déplace qu’à vélo, qu’il privilégie la réparation des éléments de plomberie à leur remplacement… et qu’en plus, vous pouvez le payer en doume…
9. Louer une cabane
Oh et puis zut ! Une fois la plomberie réparée, vous avez trouvé plein d’autres petits défauts dans votre construction. Et le voisin continue d’être pénible… Vous avez bien besoin d’un break. Louer une cabane à la campagne pour quelques jours, ça vous tente… Mais une cabane bien faite, alors. Celles-ci, à louer dans les Combrailles, ont été conçues par des architectes de retour au pays avec plein de savoir-faire et de bonnes valeurs. Leurs cabanes sont d’équerre, esthétiques, fonctionnelles, baignées par la nature à 900 m d’altitude, avec une vue fabuleuse sur le puy de Dôme. Le rêve !
10. Votre commissaire aux comptes
Retour à la réalité et aux affaires. Vous avez besoin de faire certifier vos comptes… Le croiriez-vous ? Même à la rubrique « commissaire aux comptes », la doume vous trouve quelqu’un en proximité qui accepte la monnaie locale. Et qui peut-être, sera à son tour client d’un prestataire, lui-même client d’un autre prestataire qui aura besoin des services de votre entreprise. Et qui, dans cette chaîne locale, vous trouvera dans l’annuaire de la doume et deviendra votre client. C’est tout bénéfice pour le territoire… et pour vous.
11. Et même les salaires !
Tant que vous êtes dans les comptes, pourquoi ne proposeriez-vous pas à vos salariés de les payer en doumes, au moins en partie ? Peut-être allez-vous leur faire connaître la monnaie locale et, s’ils l’acceptent, allez-vous renforcer ce système économique local avec ces apports de nouveaux adhérents. À moins que ce ne soit eux qui vous réclament ce mode de rémunération particulier… et, disons-le, encore très peu usité. Serez-vous parmi les pionniers ?
12. En bonus : L’Année Tiko
Il n’y a pas grand’chose à acheter ou à vendre dans le projet Tikographie. Parce que nous considérons que le sujet que nous traitons est trop important pour le réserver à ceux qui ont les moyens de payer, tous nos articles sont accessibles gratuitement en ligne, et nos tables rondes aussi, notamment les Rencontres Tikographie aux Volcans.
Les dons, adhésions, pré-commandes, réservations (à la soirée Tiko du 5 décembre) passent principalement par des plateformes numériques peu propices aux paiements en monnaie locale. Mais si vous avez l’occasion de nous rencontrer dans la vraie vie, vous pouvez nous remettre une contribution ou acquérir (à partir du 5 décembre) le recueil « L’Année Tiko » en doumes. Et vous repartirez avec 16 superbes reportages couchés sur le papier.
Et ça, vous allez voir que c’est vraiment, mais vraiment, une excellente raison de vous convertir à la monnaie locale !
Texte Marie-Pierre Demarty. Photo à la une, Marie-Pierre Demarty : un assortiment de billets de la monnaie locale puydômoise..
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