Comment les stations thermales anticipent leur adaptation

Par

Marie-Pierre Demarty

Le

Panneau Etablissement thermal et buvette Eugénie à Royat
Thermauvergne et la Route des Villes d'eaux du Massif central pilotent deux programmes européens de coopération pour travailler sur la vulnérabilité et le potentiel des eaux thermales et sur les politiques publiques dans le contexte des changements climatiques et écologiques. Un vaste chantier en mode peignoir.

Le pourquoi et le comment   [cliquer pour dérouler]

Soyons transparents. Cela va faire bientôt dix ans que je connais la sympathique équipe de la Route des Villes d’eaux, pour avoir remporté un jour, à l’époque où mon activité principale était la communication éditoriale, un appel d’offres pour imaginer un scénario de storytelling permettant de rajeunir l’image des stations thermales. J’ai donc eu le plaisir d’être la maman (je salue au passage le papa, Sébastien Saint Martin !) d’un concept et d’une marque assez loufoques et plutôt durables puisqu’ils se portent encore très bien : les Accros du Peignoir.

Cette déclaration de sympathie (car pour les intérêts, il y a prescription !) étant faite, ces projets européens me semblent intéressants à la fois par leur pluralité d’approches, leur démarche mutualisée d’aller s’inspirer à l’international et leur anticipation qui permet de réfléchir plus sereinement que dans d’autres filières où soit on ne fait pas grand chose parce qu’on ne voit pas le problème, soit on doit faire des choix dans l’urgence parce que le changement climatique ou autres impacts vous tombent dessus sans qu’on les ait vu venir. Au risque de faire les mauvais choix.

Le parallèle avec les stations de ski de moyenne montagne est tentant, d’autant plus que, comme il est dit dans l’article, les deux activités partagent les mêmes situations géographiques et se retrouvent éventuellement dans les mêmes communes.

Mais là où ça diffère, c’est que le manque de neige, c’est maintenant. Et donc aussi l’aiguillage décisif pour choisir entre canons à neige et retenues collinaires ou arrêt total des télésièges et diversification quatre-saisons (est-ce que je caricature ?).

Alors que dans des stations comme l’emblématique Chaudes-Aigues, le changement climatique ne devrait pas avoir d’impact sur les eaux thermales avant plusieurs milliers d’années. Et pourtant, on y prend les devants dès maintenant, on projette de mesurer la vulnérabilité de la ressource, on se porte volontaire pour être pilote des études sur le sujet.

Si ça, ce n’est pas de la slow-démarche d’Accros du Peignoir…

Marie-Pierre

Trois infos express   [cliquer pour dérouler]

  • Les stations thermales d’Auvergne et du Massif central ne sont pas encore vraiment impactées par les changements climatiques et environnementaux, dans la mesure où elles utilisent des eaux remontant de grandes profondeurs qui sont filtrées dans le sous-sol sur des temps extrêmement longs. Mais il peut être important d’anticiper sur les vulnérabilités de l’activité thermale et de l’écosystème particulier des Villes d’eaux, ainsi que sur les opportunités offertes par les propriétés thermiques et énergétiques de ces eaux.
  • Nos villes d’eaux locales sont organisées en deux associations qui leur permettent de mutualiser et d’anticiper les réflexions sur leur avenir autant que la promotion de leurs activités. L’une, Thermauvergne, regroupe 11 villes d’eaux principalement en Auvergne sur les actions liées à l’activité thermale. L’autre, la Route des Villes d’eaux du Massif central, regroupe 17 stations de cette aire géographique et prend en charge les aspects de diversification sur les activités touristiques. Chacune est chef de file d’un projet européen en lien avec l’adaptation au changement climatique et la transition écologique.
  • Le projet ThermEcoWat, plutôt technique, propose d’étudier la vulnérabilité et le potentiel des eaux thermales, sur des territoires en Auvergne, en Catalogne et au nord du Portugal. Le projet GreenSpas réunit des régions de six pays européens sur des échanges de bonnes pratiques et des orientations de politiques publiques. Dans un cas comme dans l’autre, la dimension européenne permet de comparer les approches diverses sur des préoccupations partagées, avec la limite de cadres règlementaires différents eux aussi.

S’intéresser au thermalisme suppose d’abord de démonter quelques idées reçues. Même en Auvergne, où les villes d’eaux font pourtant partie du paysage et de la vie économique. Commençons donc par rappeler que les eaux thermales n’ont rien à voir avec les eaux proches de la surface qui alimentent nos robinets.

Elles viennent des profondeurs et se sont installées loin sous nos pieds – par exemple 84 mètres à La Bourboule, même 300 mètres à Chaudes-Aigues. Et elles remontent par des failles, après un lent et long parcours dans les entrailles de la croûte terrestre. Ce parcours leur a permis de se charger en minéraux à un point que même Bourvil n’oserait pas les vanter.

Panneau pédagogique sur la géologie thermale dans le parc de Royat
Ce panneau pédagogique dans le parc de Royat montre le parcours souterrain des eaux thermales (en bleu foncé) qui cheminent en profondeur et remontent dans les failles.

Elles sont impropres à la consommation quotidienne mais ont d’autres vertus : « Ce n’est pas une eau banale. On n’y a accès qu’avec une prescription médicale : c’est une eau minérale, profonde, souterraine et stable, qui a des effets sur la santé reconnus scientifiquement. Elle est assimilée à un médicament », décrit Eric Brut, directeur de Thermauvergne et de la Route des Villes d’Eaux du Massif Central.

« Ce n’est pas une eau banale. On n’y a accès qu’avec une prescription médicale. »

Dernière caractéristique commune, comme leur nom l’indique, les eaux thermales sont… chaudes. Plus ou moins selon les cas, certaines vont faire dans les 12 à 20°C, mais souvent bien plus et jusqu’à 82°C pour celles de Chaudes-Aigues, qui sont les plus chaudes d’Europe.

Ces eaux cantaliennes se sont infiltrées à travers les roches jusque vers 5000 à 7000 mètres de profondeur avant de remonter ; la durée de leur cheminement depuis qu’elles ont pénétré dans le sol est estimé à plus de 5000 ans. C’est dire si ce ne sont pas nos bouleversements actuels du climat qui vont pouvoir les tarir.

Quelles vulnérabilités ?

Alors pourquoi se préoccuper d’adaptation des stations thermales au changement climatique ? « Nous avons des données mais elles ne sont pas précises et peuvent varier d’une ville thermale à une autre. On ne peut pas se contenter d’une réponse du revers de la main ; je veux qu’on identifie les vulnérabilités », poursuit Eric Brut.

« Les stations thermales comptent sur nous pour prendre de la hauteur. »

Et quand bien même les eaux ne seraient pas vulnérables, les stations, elles, peuvent l’être. « On ne ressent pas d’impacts aujourd’hui, si ce n’est sur le confort des curistes, détaille-t-il. Parce que l’architecture des établissements thermaux utilise beaucoup le verre, les coupoles, les grandes baies vitrées pour faire entrer la lumière ou mettre en valeur de belles vues, les canicules se ressentent. Mais il s’agit surtout pour nous d’anticiper pour l’avenir. Les stations thermales sont dans la gestion opérationnelle du quotidien, autour d’un métier central qui est difficile car soumis à de nombreuses contraintes. Elles comptent sur nous pour prendre de la hauteur, se poser les bonnes questions et structurer une réflexion collective. »

Les communes vivant dans le contexte de l’activité thermale doivent aussi, à l’instar des zones touristiques, se préoccuper des enjeux de mobilité et de capacité d’accueil avec l’afflux saisonnier de curistes venant de l’extérieur, et de préservation de l’environnement lié à leur image de santé et bien-être.

Eau et neige, presque même combat

Un peu à l’image des stations de sports d’hiver, elles dépendent d’une activité centrale qui dépend elle-même d’une ressource susceptible de se fragiliser, et qui fait vivre tout un écosystème. Elles ont cependant la chance de pouvoir anticiper beaucoup plus, car la vulnérabilité de l’enneigement, au moins dans les stations de moyenne montagne, s’avère d’actualité quand celle du thermalisme a encore du temps pour travailler à son adaptation.

« Nous prêtons attention à leur expérience et à leurs choix de stratégie, d’autant plus que la moitié des villes d’eaux en France sont situées en moyenne montagne et un quart ont les deux activités ; cela nous donne des occasions d’échanger sur ces sujets. On n’en est pas encore à suivre l’exemple des stations qui décident d’arrêter définitivement le ski, mais dans certains pays d’Europe, des stations thermales commencent à se répartir les rôles entre soins médicaux, médecine de prévention et bien-être plutôt que de trop prélever sur la ressource », explique encore le directeur des deux structures basées à Royat.

Vue générale du Mont-Dore avec le Sancy en arrière-plan
Comme Le Mont-Dore, un quart des villes d’eaux en France se partagent entre thermalisme et sports d’hiver : deux activités qui ont des problématiques communes, mais avec, pour la seconde, une urgence beaucoup plus grande de faire face au dérèglement climatique.
Sur la santé intégrative, une approche multidisciplinaire et préventive de la santé que les stations thermales pratiquent activement, lire aussi l’entretien : « Être acteur de sa santé suppose un nouveau rapport à l’environnement »

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Deux structures, deux projets

Chacune à son échelle et avec ses spécificités, les deux structures ont un rôle à jouer dans cette fonction de prospective. Thermauvergne, association née il y a 40 ans, regroupe 11 communes thermales (d’Auvergne principalement, à l’exception des voisines Evaux-les-Bains et Bourbon-Lancy) pour promouvoir l’activité thermale.

La Route des Villes d’eaux, à l’échelle des 17 stations du Massif central, a pour mission de travailler sur leur diversification dans le domaine du tourisme, sachant que ces cités à l’histoire particulière ont à valoriser un riche patrimoine architectural, une vocation d’activités liées au bien-être, des allures de cités-jardins, un environnement de paysages souvent magnifiques, une vie culturelle et festive et en résumé, tous les atouts de presque improbables « villes à la campagne ».

Vue sur la grande esplanade de Châtel-Guyon avec les monuments typiques d'une station thermale
La grande esplanade de Châtel-Guyon avec les monuments typiques des villes d’eaux : le théâtre, le casino et les thermes. Les stations thermales sont de véritables cités jardins, souvent situées en montagne, qui ont tout intérêt à préserver les conditions d’une qualité de vie inséparable de leur image.

Thermauvergne et la Route des Villes d’eaux – qui peuvent facilement coordonner leurs actions puisqu’elles sont animées par la même équipe – sont chefs de file de deux programmes européens pour travailler à ces questions de transition et d’adaptation. Preuve d’une belle dynamique, puisque ce sont deux des trois programmes de ce type engageant des stations thermales, le troisième étant porté en Nouvelle-Aquitaine.

L’énergie des profondeurs

L’enjeu n’est d’ailleurs pas seulement lié aux vulnérabilités, mais aussi aux opportunités que la ressource thermale peut apporter dans le contexte des problématiques environnementales, notamment sur la question de la transition énergétique, pour le chauffage par géothermie. Et pourquoi pas avoir aussi une réflexion sur les possibilités de renaturation, d’alimentation saine, d’économie circulaire, de réutilisation de l’eau puisée…

Anticiper, pour les stations thermales d’Auvergne et du Massif central, cela signifie donc aller chercher des sources d’inspiration, des modèles, des échanges d’idées et d’expériences à l’échelle de l’Europe, les deux associations étant familières de ces collaborations au-delà des frontières – sans compter bien sûr les opportunités de financement qui permettent de se saisir de ces questions. Dans le cas présent, elles le font par deux approches très différentes mais complémentaires.

Marion et Eric posant devant l'affiche des Accros du peignoir avec son décor de thermes en trompe-l'oeil
Mes deux interlocuteurs devant la belle affiche en trompe-l’oeil des « Accros du Peignoir » : Marion Roussel, directrice des coopérations nationales et européennes, et Eric Brut, directeur de Thermauvergne et de la Route des Villes d’eaux du Massif central.

« Le projet porté par Thermauvergne, intitulé ThermEcoWat, est plutôt technique, explique Marion Roussel, directrice des coopérations nationales et européennes des deux structures. Dans le cadre d’un programme qui nous associe à des territoires thermaux en Espagne et au Portugal, il s’agit de se doter d’expertises et de données pour comprendre précisément les vulnérabilités de la ressource thermale liées au changement climatique. C’est pourquoi ce partenariat inclut des organismes scientifiques, dont le BRGM et le CNRS pour la France. » Leurs équivalents de la péninsule ibérique sont également mobilisés, notamment sur les questions de géologie et de géothermie.

« Il s’agit de se doter d’expertises et de données pour comprendre précisément les vulnérabilités. »

Car le projet table à la fois sur l’étude des vulnérabilités et la nécessité de préserver la ressource, mais aussi sur les possibilités de la valoriser dans le contexte de fragilités croissantes de l’environnement, « où les difficultés sur l’économie agricole, dues au climat, peuvent être amorties par l’industrie touristique durable et l’énergie verte », précise la présentation du projet sur le site des programmes Interreg-Sudoe. Elle ajoute que « l’énergie thermique pourrait être mieux utilisée. Les technologies utilisant les ressources géothermiques à basse température et le stockage de la chaleur peuvent permettre de développer une économie décarbonée basée sur les sources thermales sans compromettre leur usage actuel. »

Déjà lancées

Les résultats attendus (pour fin 2026) sont notamment une base de connaissance commune et un outil d’aide à la décision pour les acteurs des stations thermales, ainsi qu’un plan d’action concret pour les trois « cas pilotes » sur lesquels s’appuie le projet.

Eric Brut précise que le constat remonté à l’occasion des premiers diagnostics montre que « les stations thermales ne nous ont pas attendus pour s’emparer de ces problématiques : elles sont même plutôt en avance par rapport à d’autres filières ; mais les solutions ont besoin d’être optimisées. »

« Les stations thermales ne nous ont pas attendus pour s’emparer de ces problématiques. »

Des progrès sont réalisés partout, à des degrés divers, sur l’utilisation des ressources : réduction de la capacité des baignoires ou du débit de l’eau dans les douches, éclairage en leds, recyclage des produits, matériaux décarbonés… À Chaudes-Aigues ou à Evaux-les-Bains, les eaux chaudes des profondeurs, par exemple, alimentent déjà des réseaux de chaleur. Mais la collaboration entre les établissements thermaux et les collectivités pourraient être encore plus poussée à ce sujet.

Un pilote dans le Cantal

Et ce n’est pas un hasard si Chaudes-Aigues a été choisie comme cas pilote, avec l’espagnole Caldes de Montbui en Catalogne et la portugaise Sao Pedro do Sul.

Certes, en termes de chauffage urbain, le cas de la station cantalienne apparaît facile, voire atypique. « Mais Chaudes-Aigues a une problématique liée à la canicule et il n’est pas si simple de faire baisser la température d’une eau aussi chaude. L’intérêt de cette station est qu’il y a déjà beaucoup de données scientifiques qui vont nous faire gagner du temps », explique Marion Roussel.

« L’intérêt de cette station est qu’il y a déjà beaucoup de données scientifiques. »

« De plus, il existait déjà des démarches liées à l’adaptation au changement climatique, mais qui n’aboutissaient pas parce qu’elles émanaient à la fois de l’établissement thermal, de la commune et de la communauté de communes, et chacun travaillait de son côté, ajoute Eric Brut. Le projet pilote a l’avantage de mettre autour de la même table ces acteurs, qui sont prêts à travailler ensemble. Les solutions imaginées pour Chaudes-Aigues ne seront peut-être pas transposables aux autres stations, mais la méthodologie peut l’être, sur la façon de mener les études géologiques, de réunir les parties prenantes pertinentes, etc. »

La source du Par, dont l'eau jailllt d'un mur et s'écoule dans une vasque de pierre
La source du Par à Chaudes-Aigues, la plus chaude d’Europe. Outre ses qualités thermales, elle offre des solutions de chauffage par géothermie, déjà exploitées, mais qui seront étudiées plus précisément dans le cadre du projet pilote. – Photo BUFO88, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

L’intérêt de mener à bien ces trois cas pilotes est de pouvoir comparer des sites ayant « une histoire, une sociologie, une hydrologie, des usages de l’eau, des projets de développement différents », poursuit-il. Le Massif central apparaît ainsi plus avancé en matière de données scientifiques, précise Marion Roussel, mais une règlementation plus souple et des usages différents ont permis aux stations espagnoles et portugaises d’être « en avance sur nous dans leur capacité de diversification. »

Fort d’une centaine de stations en Espagne (soit 293 établissements : bien plus qu’en France) et de 48 au Portugal, le thermalisme de la péninsule ibérique a obtenu par exemple de pouvoir développer de la réhabilitation fonctionnelle basée sur des soins à l’eau thermale et mobilisant des compétences utilisées aussi dans le thermalisme. Dans ces pays où le changement climatique se fait déjà plus fortement ressentir qu’en France, les villes d’eaux expérimentent aussi l’utilisation des eaux thermales à des fins d’irrigation, ce qui ne peut pas être pratiqué en France.

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« Les imaginaires, médiation culturelle de la résilience territoriale »

Notre prochaine table ronde réunira des intervenant.es puydômois.es autour des « imaginaires » et de la manière dont ces représentations culturelles façonnent notre engagement

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Stratégie et bonnes pratiques

On touche là à des problématiques abordées dans le deuxième projet européen, enclenché par la Route des Villes d’eaux du Massif central. GreenSpas – c’est son nom – s’intéresse aux politiques publiques d’adaptation au changement climatique et de transition écologique de sept régions thermales en Europe. Une autre région portugaise est impliquée, mais aussi des partenaires en Autriche, en Italie, en Lituanie ou en Pologne, où les stratégies, les politiques et les bonnes pratiques des régions engagées apparaissent d’ores et déjà très inspirantes.

« Nous devrons démontrer que des politiques publiques ont été directement inspirées par les travaux de GreenSpas. »

« C’est un projet qui vise un plus long terme que ThermEcoWat. Il s’agit d’anticiper l’adaptation et la transition environnementale, en prenant en compte les enjeux sociaux, économiques ou encore les questions d’acceptabilité », expose Eric Brut.

Les principaux objectifs de ce deuxième projet sont d’identifier et relayer les bonnes pratiques à l’échelle des territoires, en associant l’ensemble des parties prenantes, d’organiser des échanges d’expériences à travers six visites d’études, et d’impacter concrètement les politiques publiques.

La délégation de GreenSpas devant le complexe thermal Aïga Resort
Le projet prévoit six visites d’études, dont la première en juin 2024 a permis à la délégation transnationale de découvrir les équipements thermaux et les politiques déjà engagées à Royat, au Mont-Dore et (ici) à Châtel-Guyon. – Photo Marion Roussel

« Nous devrons démontrer que des politiques publiques, telles que des appels à projets ou des orientations de financements, ont été directement inspirées par les travaux de GreenSpas. Dans le cas de la France, nous visons un infléchissement des politiques de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui est associée au projet dans cette optique », expliquent mes interlocuteurs. Le document de présentation du projet précise que le programme ciblé est le programme FEDER piloté par la Région, avec l’objectif précis de « promouvoir l’adaptation au changement climatique, la réduction des risques de catastrophes et la résilience, en tenant compte des approches écosystémiques. »

Chacun des autres pays a défini ses propres livrables quant à l’institution publique partenaire et la thématique d’amélioration attendue, en fonction de chaque situation locale.

Inspiration européenne

En termes de bonnes pratiques, les voix sont très ouvertes et pourront mener vers des adaptations au changement climatique, des perspectives de diversification des activités, des choix de réorganisation sociale et économique moins impactante…

Eric et Marion ont les yeux qui brillent en citant par exemple « la Ville de Montegrotto Terme en Italie qui a fait le choix d’une politique sociale forte en mettant gratuitement à disposition des habitants un système de chauffage par l’eau thermale » ou ailleurs un plan de mobilité ingénieux, une plateforme énergétique, un système de renaturation en contexte de sécheresse par la captation des brouillards…

Vue extérieure des thermes de Royat
Les stations thermales d’Auvergne vont bénéficier en complémentarité de ces deux projets européens, qui apporteront des éclairages et inspirations dont les territoires devront s’emparer.

« Il s’agit d’élargir le spectre des usages. Mais le projet devra tenir compte des freins qui existent, qu’ils soient budgétaires, règlementaires, sociaux… », relève Eric Brut. Marion ajoute la complexité du choix d’y travailler de façon transnationale : « La dimension européenne est intéressante et limitante en même temps, car les règlementations sont différentes, mais il y a un état d’esprit commun qui vient de la nature de notre problématique. Nous avons les mêmes préoccupations, et nous pouvons comparer les réponses et les contraintes, les propositions qu’on ne peut pas transposer mais qui peuvent inspirer des changements de politiques. »

« La dimension européenne est intéressante et limitante en même temps. »

Connaissance et solutions techniques d’un côté, stratégies et politiques publiques de l’autre : « Les deux projets s’enrichissent et se nourrissent l’un l’autre et peuvent aussi alimenter la réflexion à l’échelle nationale : nous sommes des têtes de pont pour convaincre de l’intérêt des sujets que nous portons, conclut Eric Brut. Nous n’en sommes qu’au début de ces deux projets où on creuse sans savoir exactement ce qu’on va trouver, mais l’enjeu est qu’il y ait des retombées et que nous proposions des orientations concrètes. Et ce sera aux territoires de s’en saisir. »

Pour plus d’informations, on peut consulter la page dédiée au projet ThermEcoWat du site d’Interreg-Sudoe et celle (en anglais) du projet GreenSpas sur le site d’Interreg Europe.

Reportage Marie-Pierre Demarty, réalisé jeudi 20 février 2025. Photos Marie-Pierre Demarty, sauf mention contraire. A la une : les abords des thermes de Royat et la buvette Eugénie.

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