Sommaire
- L’intervenant
- Le podcast
- La synthèse : État des lieux rassurant… avec traces de toxiques
- Autres ressources
- Les crédits
L’intervenant
- Gilles Mailhot, directeur de recherche CNRS – Université Clermont Auvergne ; directeur du Laboratoire de Météorologie Physique (LaMP) ; chercheur associé à l’Institut de Chimie de Clermont-Ferrand (ICCF)
Le podcast
Vous pouvez accéder à un enregistrement « nettoyé » – pour une meilleure écoute – de la Rencontre ici :
La synthèse : État des lieux rassurant… avec traces de toxiques
Tout d’abord, coup de chapeau à Gilles Mailhot qui, à la suite d’un désistement d’invité, a assuré à lui seul une table censément ronde et a eu réponse à toutes les questions, prouvant (comme s’il en était besoin !) que les scientifiques savent de quoi ils parlent et sont tout sauf inutiles, ne serait-ce que pour répondre aux questions que le buveur d’eau lambda se pose. #StandUpForScience
À part ça, les questions à se poser sur l’eau de notre robinet sont effectivement nombreuses, à la mesure du nombre de composants toxiques que, comme le souligne le chercheur, « notre société produit de plus en plus, sans se soucier de leur impact sur l’environnement. » Beaucoup de ces substances se retrouvent dans l’eau captée pour notre consommation. Celle-ci doit donc être traitée de plus en plus finement, au fur et à mesure que s’accumulent les polluants que nous dispersons dans la nature.
« Nous sommes chanceux. »
Cependant Gilles Mailhot se veut « rassurant », terme qu’il emploie régulièrement dans son discours : « notamment à Clermont, on a une eau de très bonne qualité », dit-il, une usine de potabilisation « ultra performante », un laboratoire métropolitain pour les analyses qui est « un bon équipement, avec de bonnes compétences ». Bref, insiste-t-il, « nous sommes chanceux. »
On retiendra tout de même qu’il reste diverses composantes potentiellement toxiques, mais en très faibles quantités ; un état de fait obligatoire dans notre société dont le mode de vie apparaît polluant par définition. Si on sait de mieux en mieux analyser et mesurer les composants, « on n’éliminera pas tout, car ça aurait un coût énorme et il faudrait en plus faire une reminéralisation. »

Une fois passées les premières considérations sur les conséquences aussi bien des crues soudaines que des périodes de sécheresse, voire de (potentielle) pénurie d’eau, ont été passées en revue les grandes familles de substances qui peuvent (ou non) se faufiler jusqu’à votre robinet. Surtout celles dont « personne ne peut dire si sur le long terme elles auront des conséquences. »
« Les microplastiques, on en retrouve énormément et partout »
Pour les pesticides (voir ci-dessous la vidéo de Christophe Bras), « les pratiques s’améliorent », mais « les produits remplaçant ceux qu’on supprime ne sont parfois pas mieux » car « on fait les études trop tard. »
N’accusons donc pas trop vite ou trop exclusivement l’agriculture, car viennent ensuite les plastiques qui ont envahi notre vie quotidienne : « On en retrouve énormément et partout », ce qui fait que « c’est un sujet très chaud ». Gilles Mailhot précise qu’« on progresse dans leur détection, dans leur dégradation et dans la connaissance de leur impact qui peut perturber tous les cycles du corps. »
La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)

« Les imaginaires, médiation culturelle de la résilience territoriale »
Notre prochaine table ronde réunira des intervenant.es puydômois.es autour des « imaginaires » et de la manière dont ces représentations culturelles façonnent notre engagement
48ème Rencontre Tikographie, jeudi 10 avril 17-19h (au KAP) – tous publics, accès libre
Merci pour votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.
Ne soyez pas impatients… nous en arrivons aux PFAS, ces polluants dits éternels dont on parle de plus en plus. L’invité du jour a rappelé qu’ils sont utilisés depuis les années 1950, appréciés pour leur extrême résistance qui leur a valu des applications aussi bien dans la cuisine que dans la protection ou la lutte contre les incendies (entre autres), mais qui « a aussi pour conséquence leur persistance » : « On s’est affolé, souligne-t-il, car on en a détecté jusque dans la graisse des ours polaires » (en Arctique les ours polaires – prenez note M. Mailhot ;-).
« La Limagne est une des zones les plus contaminées aux PFAS en France. »
Le chercheur nous apprend au passage que « certains PFAS se retrouvent même dans des pesticides, ce qui explique que la Limagne est une des zones les plus contaminées aux PFAS en France. » PFAS qui ne se retrouvent quasiment pas dans les eaux captées et potabilisées par la Métropole – seulement « une infime quantité, à l’état de traces ».

Il faudrait encore citer les molécules de médicaments, dont « aucun n’est détecté » ; les canalisations en PVC, qui ont été « un scandale sanitaire » mais ne sont plus utilisées ; la présence éventuelle d’oxydes de fer ou de manganèse (mais plus de plomb) quand l’eau circule dans de vieilles canalisations : « pas très toxique, c’est plutôt une pollution visuelle », ou la présence de cuivre et de zinc, mais là encore en très petites quantités.
On se reportera à la vidéo d’Arnaud Morin (ci-dessous) pour le sujet des captages en zones rurales, dont Gilles Mailhot souligne l’importance de les protéger, suggérant la création de parcs hydrogéologiques. De même qu’on se reportera à l’article du média Vert, cité par Damien, pour les différentes solutions passées en revue pour agir individuellement à l’échelle de la sortie du robinet, plus ou moins onéreuses et plus ou moins efficaces, à condition au minimum de changer très régulièrement les filtres.
« Tout ce qu’on produit consomme de l’eau. »
Reste encore deux options radicalement opposées. D’un côté les eaux minérales embouteillées : « une aberration » selon Gilles Mailhot, qui pointe la quantité énorme de nanoplastiques que vous risquez d’y trouver, sans parler de leur empreinte carbone.
De l’autre, la solution complexe mais impérative, urgente et globale prônée par le chercheur : la sobriété, aussi bien dans nos usages de l’eau que dans notre consommation en général, pour réduire les pollutions de toutes sortes, et encore parce que « tout ce qu’on produit consomme de l’eau. »
En résumé : boire ou acheter tout et n’importe quoi, il va vraiment falloir choisir.
Synthèse par Marie-Pierre Demarty
En complément utile pour comprendre le cheminement de l’eau, les risques, les traitements et les équipements notamment dans la Métropole, lire aussi nos précédents articles : « Par quoi passe l’eau de nos robinets ? » « Trois-Rivières 1/2 : comment fonctionne la station d’épuration de la Métropole ? » « Trois-Rivières 2/2 : comment évolue l’assainissement à Clermont ? » « Et si l’eau venait à manquer à nos robinets ? » |
Prochaine Rencontre Tikographie :
Autres ressources
Vidéo : la qualité de l’eau des rivières et des nappes en amont
Interview de Christophe Bras, responsable du pôle Santé et Environnement à FREDON AURA
Vidéo : traitement et analyses sur Clermont Métropole
Interview de Christophe Vial, vice-président à Clermont Auvergne Métropole en charge du cycle de l’eau
Vidéo : la problématique de la desserte en eau potable des zones rurales
Interview d’Arnaud Morin, responsable technique au Syndicat Mixte de l’Eau (SME) de la région d’Issoire
Les crédits
Merci à la librairie les Volcans d’Auvergne pour le partenariat de réalisation des Rencontres Tikographie pour cette saison, et en particulier à Boris, Philippe, Lénaïc, Olivier et Gaëlle. Merci également au KAP, à Fabrice et à l’Université Clermont Auvergne pour leur accueil.
Merci à nos invités, aux participants et à l’équipe de l’association Tikographie qui porte et organise les Rencontres.
Pour cette Rencontre spécifique ont œuvré :
- Damien à la préparation éditoriale et à l’animation ;
- Claire à la prise de son ;
- Marie-Pierre aux photos et au compte rendu.
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