Le pourquoi et le comment [cliquer pour dérouler]
Ça a l’air d’un petit pas de côté hors de nos sujets de prédilection, mais pas tant que ça. Parler éducation aux médias, c’est parler désinformation, fausses nouvelles, invisibilité de certains sujets, manipulation sur les réseaux sociaux…
Et s’il y a bien un sujet qui est victime de tous ces phénomènes contemporains, c’est bien le nôtre. Ce sujet des urgences climatiques et environnementales, avec son cortège de complexité, d’appel à la précision scientifique, de regards appuyés du côté du low-tech, voire de la (terrifiante !?!) décroissance, c’est un véritable empêcheur de médiatiser en rond et en creux.
En prendre conscience, c’est déjà faire un pas dans la bonne direction (en tout cas de notre point de vue de média indépendant et de quelques autres, tout de même).
En prendre conscience durant cette période de la vie où on apprend sur les bancs de la fac à se documenter, à analyser avec méthode et à raisonner pour mieux comprendre un sujet, ce sera d’autant plus simple à assimiler et à garder en mémoire.
D’ailleurs la résidence de Déborah a aussi une facette sur les sujets environnementaux.
Pour toutes ces raisons, il m’a semblé naturel que Tikographie s’y intéresse. Et participe, sur l’invitation de la journaliste, à la dernière table ronde organisée dans le cadre de cette résidence. « Les médias et journalistes sont-ils à la hauteur des enjeux environnementaux ? », sera la question posée. Je ne sais pas trop ce que sera la conclusion, mais pour ce qui nous concerne, on fait notre possible…
Marie-Pierre
Trois infos express [cliquer pour dérouler]
- L’Université Clermont Auvergne accueille du 27 janvier au 4 avril une résidence de journaliste basée au Kap, le centre de ressources et bibliothèque de l’UCA. L’intention est de sensibiliser les personnels et surtout les étudiants à la nécessité de vigilance sur la façon dont on s’informe, de nourrir la réflexion du Kap sur son offre de médias et son travail sur ces thématiques, et de faire découvrir le métier de journaliste aux étudiants.
- La journaliste accueillie, Déborah Adoh, ancienne étudiante de l’UCA, a fondé un média atypique où elle expérimente un travail participatif et citoyen, en immersion dans des territoires. Son intention est de créer du lien et de la rencontre entre des publics ou des communautés qui ne se comprennent plus et ne se parlent plus, et de se rapprocher de ces publics qui n’ont plus confiance dans les médias.
- Pour cette résidence universitaire d’un format très court, elle a conçu des interventions multiples et ciblées : ateliers, rencontres, conférences… La thématique environnementale, incluse dans l’intitulé de l’appel à projets initial, est abordée, mais l’éducation aux médias, appréhendée par Déborah comme un enjeu majeur, préalable à la prise de conscience des urgences climatiques, a pris une place prépondérante.
Elle a installé les étudiants en cercle, dans cette petite salle du Kap qui favorise la proximité. Ils sont une quinzaine. Pendant que l’autre moitié du groupe entame l’exercice auquel ils viennent de se plier, Déborah se lance avec eux dans une mini-conférence, qu’elle s’efforce de rendre la plus interactive possible.
Son but : les faire réfléchir sur l’abondance des fausses nouvelles, sur ce qui les caractérise et comment s’en prémunir. Malicieusement, elle a introduit un petit mensonge dans sa présentation d’elle-même que personne n’a relevé car il est complètement plausible : non, son plat préféré n’est pas la truffade, car elle est végane. Elle en déduit sa première leçon : les fake news s’appuient toujours sur une part de vrai, et la jeune journaliste reconnaît qu’elle aurait pu élire la truffade comme plat favori quelques années en arrière.

Le quart d’heure passe vite, mais lui laisse le temps d’aborder quelques notions, comme le rôle des biais et des émotions, le croisement des sources, la différence entre un fait et une opinion. Elle interpelle et fait réagir ces étudiants de Master 1 Information et Communication, sur leurs pratiques, leurs ressentis, leurs connaissances.
Escape game
Dans l’autre salle où ils alternaient avec l’autre groupe, un petit escape game sommaire les invitait à découvrir l’histoire de l’éducation aux médias : des bouts de textes à récupérer et à replacer dans l’ordre, des mots-fléchés pour découvrir un indice. Et une leçon à tirer du tout.
Mais les étudiants ont voulu faire les malins en reconstituant le texte d’après les découpes du papier plutôt que d’après le fond du texte. Et ils n’ont pas pu retrouver dans les temps ce qui clochait : quelques grossières erreurs de dates glissées là en guise de fausses informations. À défaut d’avoir découvert ce qu’est l’éducation aux médias, on peut espérer qu’ils auront retenu la leçon : se méfier de ce qu’on nous raconte dans des textes trop bien faits, sur des réseaux sociaux consultés par habitude, sur des sources qui procurent plus d’émotions que de clefs de compréhension.

C’est l’un des buts de Déborah Adoh. Cette jeune journaliste est revenue pour deux mois dans les murs de l’Université où elle a fait une partie de ses études (en licence de langues étrangères), avant de les parachever dans la prestigieuse École supérieure de Journalisme de Lille et de créer son insolite média participatif et (jusqu’ici) itinérant : Endémik.
Travailler autrement
« Je suis arrivée dans le journalisme à l’époque des gilets jaunes ; ça m’a passionnée, mais j’ai dû faire face à une défiance à laquelle je ne m’attendais pas. Durant mes stages, j’étais hyper volontaire pour sortir sur le terrain, faire du lien. Mais ce n’était pas toujours possible, ou alors il fallait produire trop vite, ou je rencontrais de la réticence des personnes interviewées. Ça m’a amenée à vouloir travailler autrement », se remémore-t-elle pour expliquer la naissance de ce média.
Elle a d’abord un peu tâtonné, intégré un incubateur, a tenté des réunions de rédaction dans des bars… Puis par deux fois, dans le Pas-de-Calais, Déborah s’est installée dans des périmètres urbains pour travailler en résidence de journaliste.
« J’ai dû faire face à une défiance à laquelle je ne m’attendais pas. »
Rémunérée pour entrer en contact avec les populations et notamment les jeunes, pour créer des liens, sensibiliser à la désinformation, écouter, comprendre, transmettre… « Je me suis éclatée », dit-elle. À Saint-Omer, elle a eu l’occasion de travailler avec des artistes eux aussi en résidence. « Ils m’ont apporté un côté créatif, un peu de folie, d’envie de théâtraliser pour mieux sensibiliser », explique-t-elle. Puis dans l’agglomération d’Hénin-Carvin, fief du Rassemblement national, elle a mieux compris le sentiment d’abandon et de mépris qui conduisait vers le vote extrême. Et a confirmé son besoin de donner à son métier un rôle de lien social direct, au contact avec les habitants qui l’entourent.
Un Kap à suivre
Réinstallée en Limousin, elle ne pouvait pas rester indifférente à l’appel à projets de l’Université Clermont Auvergne et sa candidature a été retenue. « Nous avons entre autres un rôle à jouer dans l’insertion des étudiants, en leur faisant découvrir des métiers. Et le fait que Déborah soit passée par l’Université de Clermont est stimulant : ça peut leur montrer une voie qu’ils n’auraient pas imaginée pouvoir suivre », souligne Fabrice Boyer, le directeur du Kap.
C’est en effet le tout nouveau centre de ressources de l’UCA, où des étudiants de toutes disciplines se croisent dans les salles de bibliothèque, de travail et d’autres ressources multimédias, qui pilote la résidence. Déborah y est accueillie pour deux mois, depuis fin janvier et encore jusqu’au 4 avril.

Deux mois, c’est très court. Une résidence de journaliste est généralement un peu plus longue, mais, explique Fabrice Boyer, « ce format correspond à la présence des étudiants, après les partiels et avant qu’ils ne partent en stage. » Déborah sait, autant que ceux qui l’accueillent, qu’elle ne risque pas de toucher les quelque 38 000 étudiants d’Auvergne durant ces quelques semaines. « Sur le mois de février, j’ai eu des contacts avec 110 étudiants », précise-t-elle.
Mais elle a proposé un programme par petites touches qui permettront, espère-t-elle, de semer quelques graines de réflexion et de questionnements, quelques vocations, quelques clefs pour des enseignants ou pour les personnels du Kap.
Créer la rencontre
« Vu le temps court, j’ai mis en place des interventions peu nombreuses mais ciblées, en m’efforçant de créer de la rencontre entre étudiants », explique-t-elle. Il y a donc eu (en vrac) des conférences et tables rondes, des ateliers, un plateau radio avec les étudiants en journalisme de Vichy en ouverture de résidence, un travail vidéo proposé aux Licences 2 en Info Com…

Pour ces derniers, la proposition était d’aller interviewer des étudiants internationaux et notamment réfugiés, sur des sujets intimes et en apparence décorrélés de leur parcours : l’amour, l’amitié, la famille, le temps libre… « Plus que l’aspect technique de la vidéo, j’ai insisté sur le côté humain avec eux. Le reportage était un prétexte pour créer de l’échange. J’avais comme objectif de casser des préjugés pour éviter le racisme, la xénophobie. Et c’est impressionnant, ce qui s’est passé. Avec des questions qui ont surgi spontanément, des réponses étonnantes… », raconte Déborah.
Elle a aussi été surprise de remplir l’amphi du Kap, et pas forcément avec des étudiants ou autres publics qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer, lors de la conférence qu’elle a proposée sur le thème « Comment les médias jouent-ils avec nos émotions ? ».
« La presse est lue énormément par les personnels et enseignants, mais peu utilisée par les étudiants. »
Elle a aussi pris soin de s’adresser aux personnels du Kap, très à l’écoute car assez décontenancés par l’attitude des étudiants face à l’information, comme le confirme Fabrice Boyer : « Nos bibliothèques sont la vigie en matière d’usages. Nos statistiques anonymisées nous font constater que la presse est lue énormément par les personnels et enseignants, mais peu utilisée par les étudiants. Forts de ce constat, nous nous posons la question de la façon dont les étudiants s’informent. Et cela signifie peut-être que l’offre que nous mettons à leur disposition n’est pas pertinente. Cette résidence a aussi vocation à nous questionner là-dessus. »
Sur les ambitions environnementales de l’Université Clermont Auvergne, lire aussi l’entretien : « Pour Mathias Bernard, « les préoccupations écologiques sont au cœur de l’identité de l’Université Clermont Auvergne » |
La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)

« Les imaginaires, médiation culturelle de la résilience territoriale »
Notre prochaine table ronde réunira des intervenant.es puydômois.es autour des « imaginaires » et de la manière dont ces représentations culturelles façonnent notre engagement
48ème Rencontre Tikographie, jeudi 10 avril 17-19h (au KAP) – tous publics, accès libre
Merci pour votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.
Stage multifacettes
Les enseignants sont aussi convoqués dans cette réflexion, mais ont finalement assez peu répondu, probablement faute de disponibilité, analyse Déborah. Ils auront tout de même été la « cible » principale de certains temps forts, notamment une table ronde où certains d’entre eux sont amenés à témoigner. Et une enseignante de la filière Info-Com, Cécilia Brassier, s’est montrée enthousiaste à inclure des temps de sensibilisation dans le cursus de ses étudiants. D’où l’escape game avec les L3, les interviews vidéo avec les L2, etc.
« On ne sait pas encore trop vers quel métier s’orienter, et pas forcément vers le journalisme. »
Mais finalement, ce sont sans doute Lucie et Enzo qui auront le plus profité de la présence de Déborah dans les murs de l’UCA. Tous deux étudiants en Master LLCER, ils assistent la journaliste durant ces deux mois en tant que stagiaires.
Alors que nous accompagnons les licences Info-Com vers les salles du Kap où ils vont les guider, notamment dans l’escape game, ils m’expliquent leurs motivations : « On ne sait pas encore trop vers quel métier s’orienter, et pas forcément vers le journalisme. Ce qui nous a intéressés, c’est la diversité des missions. Il y a du journalisme, de l’événementiel, de la communication, de la recherche… Ça nous permet de découvrir plein de choses concrètement et ça pourra nous aider dans nos choix. »

Cette découverte multifacettes aura permis entre autres de couvrir en majeure partie l’une des dimensions de la résidence : « Par la volonté du président de l’UCA, nous avions pris comme fil conducteur la thématique environnementale, en chapeau général, sans exclure d’aller vers d’autres questions, pour traiter de la fabrique de l’information », comme le précise Fabrice Boyer.
Lucie et Enzo ont, parmi leurs missions, celle de rechercher et de cartographier les médias qui traitent de l’environnement. « Nous devons recenser les médias aussi bien nationaux que locaux, et les qualifier un à un en détaillant leur support, leur format, leur ligne éditoriale… C’est un gros travail car on s’aperçoit qu’il y en a énormément. Et c’est très enrichissant », témoignent-ils.
Enjeu de société
L’environnement sera également au cœur d’une dernière table ronde, le 25 mars, sur la thématique « Médias, journalistes : sont-ils à la hauteur des enjeux écologiques ? ». Mais c’est davantage sur les attentes en matière d’éducation aux médias que Déborah a concentré la plus grande part de ses interventions – les deux sujets étant bien liés dans son esprit, tant la désinformation et la difficulté à faire exister les questions environnementales dans les médias grand public sont importants face à ces enjeux.
« Dès que j’ai été sélectionnée pour la résidence, on m’a parlé du sujet des fausses informations. Je ne l’avais pas creusé jusqu’à présent mais je me rends compte que ça devient un gros enjeu de société. Cette résidence en milieu universitaire me permet de mieux le mesurer et de le creuser », reconnaît-elle.

Sans avoir mené d’étude précise, elle perçoit à travers les témoignages des bibliothécaires, des enseignants et des étudiants rencontrés l’importance de sensibiliser : « Les jeunes s’informent surtout sur les réseaux sociaux ; ils ont plus confiance dans des influenceurs et youtubeurs comme HugoDécrypte qu’en des médias classiques. Et plus généralement, ils s’arrêtent sur la première source qui leur donne une information sans avoir le réflexe de vérifier sa fiabilité ou de recouper avec d’autres sources », dit-elle.
« Ils s’arrêtent sur la première source qui leur donne une information. »
Y compris lorsqu’ils sont conscients du risque, comme le reconnaissent Enzo et Lucie, ou les Master en Info-Com lors de l’atelier auquel j’assiste. « Depuis le début de l’année, on nous parle beaucoup des fake news. Au point qu’on en devient paranos. On ne sait plus quoi croire… C’est pénible. Est-ce qu’on ne pourrait pas juste se laisser aller et prendre les infos des réseaux sociaux comme elles viennent ? », interroge ainsi Coline, une de ces étudiantes. Ce à quoi Déborah répond avec calme qu’il peut y avoir des conséquences à se laisser influencer, et que la vigilance, « c’est comme un sport, ça s’entraîne. »
Le directeur du Kap énumère lui aussi les constats qui alarment ses équipes et qui ont motivé cette résidence : « Le morcellement de la société, le primat du visuel et des formats courts, le refus de toute tentative de complexifier le discours, le primat des commentateurs notamment dans la sphère des médias Bolloré, le décalage entre le raisonnement et les comportements, l’irruption de l’intelligence artificielle, le projet techno-politique des Gafam… »
Pour un autre regard de journaliste sur les médias et les sujets environnementaux, lire aussi l’entretien : « Anne-Sophie Novel prône une information sensible, locale mais sans concession » |
Deux mois et au-delà
Beaucoup d’enjeux donc, qui ne seront pas tous traités en deux mois. Mais cette résidence s’inscrit aussi dans une action plus générale qui aura occupé le Kap toute l’année, axée sur une thématique « Kap sur les médias ».
« Ils sont curieux, ils ont envie d’apprendre. »
Accompagnant la réflexion de l’équipe des bibliothécaires sur le sujet, celle-ci inclut des opérations comme la résidence de journaliste ou un insolite concours de fake news, mais aussi une unité d’enseignement (UE) libre, accessible à tous les étudiants de l’UCA, axée sur l’éducation aux médias et à l’information, dans laquelle Déborah est aussi intervenue. « Cette UE est intéressante car elle réunit une quinzaine d’étudiants de disciplines très diverses : informatique, droit, Staps, sociologie, histoire… Ils sont curieux, ils ont envie d’apprendre. Cette rencontre dans la diversité permet de s’ouvrir et de réfléchir différemment ; c’est très fructueux », témoigne-t-elle. Au point qu’elle a suggéré de pérenniser cet enseignement, initialement prévu uniquement le temps de l’année dédiée à cette thématique.

Ce serait (éventuellement) l’un des legs de cette résidence, qui en aura d’autres, assure Fabrice Boyer : « Ce qu’on veut, c’est qu’il reste quelque chose, notamment par les conférences captées, les capsules vidéos des étudiants, les podcasts… Ces productions resteront à disposition des étudiants sur la plateforme de ressources pédagogiques. Et in fine, j’attends que ça nous permette de travailler sur les formats de presse et de retravailler nos compétences, en prolongation de sa résidence. »
« Ce qu’on veut, c’est qu’il reste quelque chose. »
La journaliste, qui reconnaît aborder ses résidences avec « une casquette de citoyenne autant que de journaliste », est en phase avec cette approche. D’où sa conclusion : « J’ai envie d’amener les gens à s’informer sur les transitions à l’ère du numérique, de transmettre une réflexion, d’ouvrir, de favoriser l’empathie, de pousser à être curieux dans un monde où on ne se comprend plus. J’espère que j’aurai allumé de petites étincelles. »
Reportage (texte et photos) Marie-Pierre Demarty, réalisé entre le mardi 18 février et le jeudi 13 mars 2025. A la une : Déborah en conférence le 18 février, face à l’amphi du hall du Kap, pour évoquer la thématique « médias et émotions »
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