Le parc urbain du futur prend forme à Saint-Jean

Par

Marie-Pierre Demarty

Le

La future aire de jeux et les grands arbres déjà présents
Parmi les mutations en cours dans la métropole clermontoise, plusieurs parcs urbains sont en cours de création. D'un nouveau genre, ils sont conçus notamment pour s'adapter au changement climatique. A l'image du parc Saint-Jean, qui sera ouvert dès l'été prochain. Visite de chantier.

Le pourquoi et le comment   [cliquer pour dérouler]

Petite confession personnelle : l’âge avançant, il m’arrive d’éprouver de la nostalgie pour toutes les choses qui étaient auparavant plus simples, plus naturelles, plus conviviales, moins envahies par la technologie. Mais il y a une chose que je ne regrette vraiment pas du tout, c’est l’époque pas si lointaine où on ne pouvait pas faire trois pas en ville sans croiser un panneau « pelouse interdite ».

Les parcs urbains ont longtemps été conçus comme des expositions botaniques ornementales, contenant les visiteurs dans des allées de goudron, sur des bancs bien éloignés les uns des autres, et cadenassés à la nuit tombée (les parcs, pas les visiteurs).

Aujourd’hui, ils sont pensés en fonction de leurs usages potentiels, dans un contexte où on va avoir besoin de sérieuses armes pour lutter contre la chaleur écrasante, pour préserver de la vie et de l’oxygène, pour refaire de la place au vivant. Les parcs urbains du futur promettent d’être des petits paradis de convivialité et de luxuriante verdure.

Vous comprendrez donc mon impatience à visiter le premier exemplaire de cette nouvelle génération de jardins publics clermontois, alors même qu’il est à l’état d’ébauche. Mais une ébauche déjà très concrète et très parlante…

Marie-Pierre

Trois infos express   [cliquer pour dérouler]

  • Le quartier Saint-Jean forme un triangle de 40 ha en pleine métamorphose,incluant une première tranche en zone d’aménagement concertée destinée à terme à devenir un quartier animé, avec 1300 logements, des bureaux, des commerces… Mais avant même leur construction, l’aménagement a commencé par les équipements qui pourront séduire les futurs habitants. Après le lycée et le gymnase, une nouvelle tranche se termine : la création d’un parc urbain de 2,5 ha, sur l’emprise des anciens abattoirs.
  • Ce parc a été conçu pour répondre à l’évolution des modes de vie urbains et aux contraintes futures du changement climatique. Complètement ouvert, il a été pensé pour accueillir les habitants et les actifs notamment lors de très fortes chaleurs estivales : ombrage abondant, allées non goudronnées, brumisateurs
  • Afin d’accueillir aussi un maximum de biodiversité, de nombreux espaces seront laissés en friche et les pelouses seront en fait des prairies. Et des noues (ou petits fossés non bétonnés) conduiront à une zone humide. L’abondance de la végétation de toutes hauteurs et les revêtements perméables contribueront à préserver la fraîcheur et l’humidité, au bénéfice de tous les usagers, humains comme non humains.

Au fil des années, Clermont-Ferrand se transforme et endosse des habits de métropole. C’est particulièrement visible en ce moment avec les travaux d’Inspire. Mais d’autres chantiers plus discrets sont en cours. Plutôt que de s’étendre en artificialisant des espaces plus utiles au naturel, ou en cultures pour nous nourrir, la métropole auvergnate s’efforce désormais de reconquérir, de transformer ou de densifier d’anciens quartiers, de rendre habitables des friches ou autres secteurs ayant perdu leur vocation industrielle.

Rendre habitable ne signifie pas seulement empiler des appartements dans de nouvelles constructions, mais aussi apporter des services, des infrastructures et même de la verdure, car la ville doit aussi penser son adaptation aux mutations futures, surtout climatiques.

« C’est important pour attirer des habitants de leur montrer qu’il y aura des services. »

Le quartier Saint-Jean en est un bel exemple. Sur l’emprise des anciens abattoirs (fermés en 2002), après le lycée Gergovie et son gymnase, et avant les premiers immeubles, le parc Saint-Jean est en train de prendre forme.

« C’est important pour attirer des habitants de leur montrer qu’il y aura des services : d’abord l’îlot éducatif et les espaces verts. Les commerces sont moins prioritaires car la présence de l’hypermarché en face, avec un boulevard qui aura changé d’allure, peut déjà les intéresser », explique Romain Sarry, chef de projet urbaniste à la SPL Clermont Auvergne, à qui a été confié l’ensemble de ce triangle de 40 hectares encadré par le boulevard Saint-Jean, les rues du Pré-la-Reine et du Charolais, et le début de l’avenue Edouard-Michelin.

Plan du quartier Saint-Jean
Sur la palissade qui borne le chantier, rue Toni Morrisson, de grands panneaux (conçus par la Fabrique Oblik) informent sur le projet. L’un d’eux (ici) présente le projet général du « triangle Saint-Jean ». La partie en couleur fait ressortir l’emprise du futur parc.

Sur les 14 ha de la zone d’aménagement concertée qui constitue une première phase d’aménagement, sont prévus à terme 1300 logements, 20 000 m² de bureaux, 10 000 m² de petits commerces en rez-de-chaussée des immeubles. L’entreprise charcutière Limoujoux reste implantée vers la pointe de ce périmètre, mais si un jour elle décide de déménager, une autre tranche de construction est d’ores et déjà intégrée à la vision finale du quartier.

Vision finale, car on est là sur du long terme. « L’achèvement du projet de la zone d’aménagement concertée est prévu pour 2035 ou 2036 environ », précise Romain Sarry.

Romain Sarry face aux palissades, commentant le plan
Romain Sarry, chef de projet pour tout le triangle Saint-Jean, me sert de guide, d’abord devant les palissades pour présenter le projet général et les grands enjeux de l’aménagement, puis sur le chantier.

La deuxième phase de cette lente mais certaine mutation est donc en cours d’achèvement : les 2,5 hectares du parc Saint-Jean accueilleront le public au début de l’été.

Ce ne sera pas le seul espace vert du quartier : il sera encore prévu un square de l’autre côté de la cité scolaire, un autre quasiment encastré dans l’emprise du lycée, qui pourrait accueillir, selon des idées apportées par les concertations avec les Clermontois des jardins partagés et des équipements sportifs complémentaires au gymnase Edith-Tavers. Et encore un, voire deux mails végétalisés qui traverseront la zone des immeubles entre le parc et le boulevard, créant une agréable porosité entre les espaces verts et les secteurs construits.

Sur la construction du lycée, lire le dossier réalisé fin 2022 : « A la pointe de l’efficacité environnementale, le lycée Gergovie interroge l’impact des grands projets dans le bâtiment »

Entrée de ville

Mais pour l’instant, c’est dans ce parc principal du quartier, conçu comme un parc d’entrée de ville, que se concentrent les travaux. « L’idée est d’en faire un projet métropolitain à l’usage des gens du quartier, mais aussi des actifs aux alentours, y compris du Brézet où il n’y a aucun espace vert. Il pourra aussi être traversé par des personnes en provenance du futur parking relais, et peut même intéresser les habitants de Montferrand, car il est prévu d’améliorer le passage sous la voie ferrée », explique l’urbaniste.

« Nous avons fait le plus possible avec l’existant. Les arbres ont dessiné le projet. »

Le parc lui-même représente une opération de 8 millions d’euros, dont 1 million financé par l’État sur le Fonds Vert en tant qu’opération de dépollution et recyclage d’une friche. Car, comme le précise Romain, « le site des abattoirs était pollué. Il avait été dépollué à la fermeture, mais nous avons dû affiner et parachever ce nettoyage. »

Étonnamment, quelques grands arbres avaient réussi à y persister. De beaux platanes, des tilleuls, deux peupliers blancs, un antique saule pleureur… Le site présentait aussi des reliefs : une pente douce s’inclinant vers le boulevard, un talus côté ouest. « Nous avons fait le plus possible avec l’existant. Les arbres ont dessiné le projet », souligne-t-il.

Montage présentant quelques-uns des grands arbres présents
Quelques-uns des grands arbres encore présents sur l’emprise du futur parc. De gauche à droite : un érable pourpre près des aires de jeu, deux peupliers blancs au fond de la future zone humide, un des deux alignements de platanes.

On aura donc dès cet été un bel ombrage et une vraie allure de parc, mais aussi la surprise de découvrir un « parc du futur », avec quelques différences notoires par rapport au jardin Lecoq, archétype du modèle XIXe siècle. D’où l’envie d’aller faire une petite visite du chantier. C’est donc parti : point par point, découvrons ce qui a été pensé pour les futurs usagers.

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Par où on entre ?

Plan du parc

Arrêtons-nous encore sur un des plans présentés sur la palissade, le temps de comprendre une différence avec notre historique jardin Lecoq : ici, pas de grille, pas de portail, pas d’horaires de fermeture. Le parc sera ouvert sur les rues qui le bordent, un peu comme place du 1er-Mai. On pourra donc y entrer plus ou moins de partout, même si différentes allées traceront des cheminements naturels. « En cas de mésusages, la possibilité de clôture du parc a également été étudiée et pourra être déployée », prévient tout de même Romain.

Echantillons de matériaux et revêtements
Échantillon test des différents revêtements.

Justement, ces allées… croyez-vous qu’elles seront goudronnées selon les traditions bien ancrées dans les siècles où on interdisait de marcher sur les pelouses ? Rien de tout ça ici, mais des revêtements plus accueillants, en matériaux souvent naturels, voire locaux, laissant pour la plupart s’infiltrer l’eau dans les sols.

Dans un coin du chantier hors du futur parc, ces différents matériaux ont été testés en échantillons, « pour vérifier leur rendu et pour expérimenter la façon dont les différents corps de métiers doivent intervenir dans l’aménagement », explique mon guide. On distingue dans cet échantillonnage du béton (constitué en partie de gravats du chantier d’Inspire) pour les allées où doivent pouvoir circuler des véhicules de service ou d’urgence, du platelage de bois en chêne massif non traité, un pas japonais en basalte d’Auvergne, du sable, des copeaux pour amortir les éventuelles chutes autour des jeux d’enfants…

En scène !

Le long de l’allée la plus à l’ouest (en n°4 sur le plan), sera étudiée la possibilité d’installer un vieux wagon – plus exactement une « voiture » pour parler le langage SNCF – qui rappellera la vocation ferroviaire du quartier. Pour en faire un bar ? une bibliothèque ? un food truck ?… Son usage n’est pas encore défini et reste, comme le dit Romain, « un projet dans le projet ». Mais ce petit train comme amarré le long du quai-allée de bois pourrait être un des nombreux pôles de vie du parc, non loin de l’endroit où l’allée en question s’élargira en une scène faisant face à ses gradins.

Les gradins en cours d'aménagement
Les gradins du futur théâtre de verdure, dont la scène sera constituée d’un simple renflement de l’allée en bois.

Conçus pour environ 120 spectateurs, ces gradins sont aménagés sur une butte déjà existante, mais qui a dû tout de même être nettoyée. « C’était un tas constitué d’apports extérieurs contenant des matières organiques, qui le rendaient instable. Nous avons dû retirer des matériaux et reconstituer le relief », explique Romain Sarry.

L’usage de cet amphithéâtre ? Des spectacles de plein air bien sûr. Mais pourquoi pas aussi un lieu de cours en plein air, pour le lycée tout proche…

Pique-niquer au frais

les salons de fraîcheur dessinés sur la palissade, avec personnages en pique-nique

Il n’y a pas encore grand chose à montrer des futures pelouses qui occuperont une large partie du parc (n°5 sur le plan). « Ce ne sera pas du gazon mais plutôt de la prairie diversifiée et coupée pas trop rase », précise Romain Sarry. Sauf si on préfère les tables de pique-nique, on pourra installer sa nappe à même l’herbe, s’y rouler ou y faire la sieste à loisir.

Y compris en plein été, car des espaces entre les arbres ont été conçus comme des « salons de fraîcheur ». Ces trois terrasses et deux pergolas seront non seulement ombragées, mais aussi équipées de brumisateurs. Ces halos blancs que les graphistes ont inclus dans les représentations de la palissade ne sont pas des taches sur le dessin… mais la matérialisation des gouttelettes qui seront bienvenues en périodes de canicule.

« L’effet brumisant est bien plus efficace pour rafraîchir le corps qu’en s’aspergeant à une fontaine. »

Romain Sarry en explique le fonctionnement : « On pourra déclencher par un bouton une brumisation, par exemple de 20 secondes – et pas plus, même si vous appuyez plein de fois sur le bouton. La consommation annuelle est estimée équivalente à celle de trois ménages et l’effet brumisant est bien plus efficace pour rafraîchir le corps qu’en s’aspergeant à une fontaine. C’est un système à haute pression, qui puisera sur le réseau d’eau potable : une nécessité parce qu’on peut facilement aspirer et avaler des goutelettes. »

La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)

« Les imaginaires, médiation culturelle de la résilience territoriale »

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Merci pour votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.

Autour du vieux saule

Vieux saule pleureur
Ce vieux saule pleureur torturé n’a pas dit son dernier mot. Des branches menaçant de tomber ont été éliminées, mais des chatons apparaissent sur les rameaux encore verts et il a été décidé de lui donner sa chance.
Friche en fleur

Un pas japonais traversera la zone des salons de fraîcheur pour conduire vers une zone contrastée : d’un côté, auprès du vieux saule pleureur qui semble décidé à prolonger sa vie dans l’ère du futur parc, une zone de friche sera laissée comme à l’abandon.

Abandon seulement par les jardiniers, ce qui devrait permettre à ce fouillis de verdure d’abriter un grouillement de vie tellement utile à notre environnement : insectes, oiseaux, hérissons, petits mammifères… De telles zones en libre évolution permettent de créer de petits écosystèmes de biodiversité en ville. « Et même si le saule ne survit pas, nous le mettrons en sécurité et le laisserons se décomposer pour enrichir encore l’accueil de nouveaux hôtes », poursuit l’aménageur.

Il précise que la friche sera entourée d’un cordon protecteur de lierre, qui la délimitera tout en offrant les bénéfices de cette liane au feuillage persistant et à la floraison tardive, aubaine pour les pollinisateurs et pour les oiseaux.

Les futures platebandes de fleurs

Par contraste, le carré voisin, délimité par un alignement de charmes encore jeunots, est un modèle de rigueur géométrique. De grands rectangles matérialisent de futurs parterres prévus pour offrir au regard une débauche de fleurs que les enfants des écoles du quartier sont peut-être en train de planter, si vous lisez cet article peu après sa publication.

« Sur le long terme, les concepteurs du parc ont imaginé d’implanter ici une serre horticole s’il y en a l’utilité pour les services municipaux. En attendant, nous aurons ici ce que les paysagistes appellent un ‘jardin de fleuriste. Ce sera aussi une évocation des cités Michelin avec leurs jardinets. Autrement dit, un trait d’union entre le passé et le futur », explique Romain.

Rendez-vous sur l’esplanade

La double rangée de platane

Depuis les platebandes, si on tourne la tête vers l’est, on sera étonné de découvrir deux rangées de platanes. Pas aussi imposants que ceux qui trônent sur les places de village ou autrefois le long des nationales, mais déjà bien développés, prêts à prodiguer dès cet été un copieux ombrage. Non qu’ils aient poussé en vitesse accélérée après la fermeture du site, mais ils matérialisaient autrefois le parking des abattoirs.

Leur ombre pourra donc être recyclée pour accueillir une esplanade (n° 7 sur le plan) propice à des événements festifs, guinguettes éphémères, ciné en plein air, rassemblements conviviaux…

Forêt de ginkgos
La future forêt de ginkgos. On distingue encore au sol le système d’arrosage, qui sera dissimulé dans la verdure et permettra durant trois ans un arrosage automatique des jeunes arbres.

Au fond de cette esplanade, on aboutira à un endroit qui devrait à terme être très singulier « mon endroit préféré », confie Romain : une forêt de ginkgos biloba, ces arbres d’Extrême-Orient à la longévité exceptionnelle, surnommés « arbres aux quarante écus » en raison de la teinte jaune vif de leurs feuilles à l’automne. Une trentaine d’arbres plantés en bosquet promettent non seulement de la fraîcheur pour affronter le climat du futur, mais aussi un spectacle époustouflant.

« C’est un investissement pour l’avenir. »

Romain en profite pour m’expliquer le parti d’installer des arbres déjà assez grands : « On dit qu’en ville il vaut mieux planter des arbres très jeunes pour qu’ils puissent avoir une chance de s’acclimater et de survivre. Mais ici ils sont en pleine terre, dans un environnement moins contraint, et nous les arroserons les trois premières années. C’est un investissement pour l’avenir : cette forêt contribuera à garder dans le parc de la fraîcheur et de l’humidité. »

Tilleuls et pédagogie

Les tilleuls en L
Une partie des tilleuls, disposés en L autour du futur refuge de biodiversité. En attendant le retour de la végétation, un hôtel à insectes a été installé entre les deux arbres du premier plan.

Progressons encore vers ce qui ressemble encore à un carré de terrain complètement nu, mais entouré sur deux côtés de solides tilleuls qui ont dû voir passer des générations de bouchers et débardeurs. Ils ont été taillés par sécurité, mais bien plus décemment que les coupes en moignons qu’ils ont manifestement subies autrefois.

Ce grand carré est destiné à devenir un sanctuaire de biodiversité. Clos et laissé lui aussi en friche, il ne sera que partiellement accessible, pour protéger la faune et la flore invitées à s’y développer. Peut-être accueillera-t-il un sentier pédagogique, un accompagnement par des associations de protection de la nature, des animations de sensibilisation à la nécessité de préserver le vivant…

allée en bois contournant la partie en libre évolution

D’autres bandes de terrain non travaillé, le long d’un autre cheminement en platelage de bois, retrouveront un aspect naturel. Ne cherchez pas dans ce parc un parterre de pétunias reconstituant l’écusson de la ville !

Jouer à tout âge !

Aires de jeux
Les plantations vont bon train mais laissent encore apercevoir, en contrebas, les aires de jeux pour petits en grands. Sur la droite (terre-plein gris) sera aménagé le terrain de pétanque, entouré par un grand banc de bois.
Ces poteaux de bois figureront une forêt de roseaux que les enfants pourront s’amuser à parcourir : un terrain d’aventure où le jeu consistera à effectuer le parcours sans mettre le pied au sol.

Le parc étant conçu pour accueillir toutes les populations et toutes les générations, l’aire de jeux pour les grands pétanque et autres jeux de lancer voisinera avec les belles constructions en bois où les enfants pourront dépenser leur énergie, affuter leur imaginaire et exercer leur agilité. Passerelles, champs de roseaux, planches à ressorts, cabanes sur pilotis et autres invitations à acrobaties amorties par le revêtement de copeaux pourront accueillir des enfants de 3 à 12 ans selon chacun des cinq équipements.

Quelles plantations ?

Romain Sarry montre le plan de végétalisation sur les palissades
Le plan de végétalisation, commenté par Romain Sarry. On voit comment les paysagistes se sont appuyés sur les arbres existants (les points vert foncé) et on peut appréhender la proportion des zones (en orange) qui seront laissées en friches particulièrement accueillantes pour la petite faune.

Pour faire face aux canicules en ville, la meilleure parade est bien sûr la végétation la plus abondante possible. À côté des zones laissées en friches, d’autres secteurs ont été abondamment plantés. Les palissades informatives annoncent 280 arbres (comprenant les 40 existants), 21 500 plantes vivaces, 4 400 arbustes et 16 000 plantes à bulbes.

Romain Sarry explique pourquoi le choix ne s’est pas spécialement porté sur des essences locales : « La métropole a un microclimat particulier, qui va évoluer encore. De sorte qu’il est plus pertinent de planter ici, aujourd’hui, ce qu’on plantait il y a vingt ans à Montpellier, voire en Espagne. »

Plantations récentes dans le parc
La plupart des plantations ont été effectuées. Elles mettront à profit le printemps pour développer de la verdure, tenter leur première floraison, coloniser les sols encore nus.

Les paysagistes, ajoute-t-il, ont plutôt pris le parti de créer des ambiances particulières : ici un « salon d’hiver », là des plantes bruissantes, tactiles, etc. Tout de même, les concepteurs du parc ont pris soin de dialoguer avec les associations locales de protection de l’environnement. Le Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne a guidé la plantation d’amandiers, près du jardin des fleurs : un rappel du passé lointain du quartier, avant la construction des abattoirs, où il était comme une grande part de l’actuel territoire de la métropole dédié à l’arboriculture fruitière.

La LPO, de son côté, a aidé à installer des nichoirs à oiseaux et gîtes à chauve-souris, pour favoriser un peu plus l’accueil de (vraiment) tout le monde.

« La métropole a un microclimat particulier, qui va évoluer encore. »

La stratégie consiste aussi à adopter une végétalisation multi-strates, associant des plantes de hauteurs différentes pour qu’elles puissent mieux affronter la chaleur, les unes bénéficiant de l’ombrage des autres, ou s’accompagnant pour créer de la fraîcheur et retenir l’humidité.

Sur les aménagements prévus à Clermont pour lutter contre les îlots de chaleur, lire aussi le compte rendu de la Rencontre Tikographie : « L’espace public clermontois et le défi des ilots de chaleur »

Et au milieu coule…

La future noue, petit fossé planté de végétaux
Cette future noue permettra à l’eau de s’acheminer vers la zone humide.

Justement de l’eau, il y en aura. Plutôt que des canaux très contraints et bétonnés, le parc sera veiné d’un petit réseau de noues. Ces fossés peu profonds et végétalisés draineront les eaux de pluie principalement vers une zone humide, située au point le plus bas du parc et elle aussi plantée de végétaux spécifiques.

Dominée par deux majestueux peupliers blancs qu’on croirait jumeaux, et traversée par une grande passerelle qui permettra de rejoindre la rue Chappe, cette zone aura l’allure d’un petit marais plus que d’un plan d’eau. Elle retiendra l’humidité, tout en la laissant rejoindre doucement le réseau des eaux pluviales.

Gageons que le jour où on commencera à y voir voleter des libellules ou chanter des grenouilles, le pari de faire de ce parc urbain un secteur d’accueil de la nature en ville sera gagné.

la future zone humide du parc.
La future zone humide a été plantée de végétaux aimant l’humidité, dont le saule tortueux au premier plan.
Passerelle
En cours de finition, cette grande passerelle enjambera la zone humide pour rejoindre la rue Chappe, qui borde le parc côté nord.

Bien sûr, le parc a encore une allure de chantier où les pelleteuses, les terrains nus et la tuyauterie sont plus visibles que la verdure, alors que le printemps pointe à peine le bout de son nez. Mais les travaux avancent dans les temps et devraient laisser place cet été à un lieu accueillant planté d’une verdure encore jeune. Il aura encore quelques années – du moins peut-on l’espérer – pour se fortifier en vue des étés où le climat des villes poussera les habitants à trouver refuge dans l’ombrage des arbres et la fraîcheur des prairies urbaines.

Clermont s’y prépare en créant d’autres espaces verts, dont le parc de la Muraille de Chine, également piloté par la SPL. Il sera encore plus spectaculaire avec sa falaise de basalte, son miroir et son mur d’eau, sa vue panoramique sur la métropole. Déjà en travaux lui aussi, il ouvrira quelques mois plus tard.

De là à dire qu’on n’a plus à redouter les prévisions extrêmes du changement climatique… Hum, pas tout à fait quand même. Si on poursuit nos bêtises humaines au même rythme, à un moment, la verdure la plus luxuriante ne résistera pas.

Reportage (texte et photos) Marie-Pierre Demarty, réalisé le mercredi 19 mars 2025. A la une : l’aire de jeux en cours d’aménagement et quelques beaux arbres en second plan.

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