Le pourquoi et le comment [cliquer pour dérouler]
Parce qu’on est le premier avril.
Damien
Trois infos express [cliquer pour dérouler]
- Je vais vous répondre en trois points. Le premier me permet de vous remercier d’avoir posé la question, qui est d’ailleurs une bonne question, et donc de me laisser le temps d’imaginer la réponse pour…
- … le second, qui sera une rapide compilation de propos vagues et non engageants, voire lénifiants, sur l’écologie non punitive, l’objectif étant de vous faire perdre le fil et l’intérêt de la conversation…
- … tout en espérant que vous ayez oublié la question initiale avant mon troisième point.
Donald Trump, Vladimir Poutine, effet de serre, pollution, raréfaction des ressources, tournée de Francis Lalanne… les mauvaises nouvelles ne manquent pas et nous allons tous y passer comme des poussins dans un mixeur.
Tous ? Et non, peut-être pas vous. Car, écolo futé que vous êtes, survivaliste au grand coeur, vous aurez prévu de quoi survivre à l’effondrement qui s’annonce. Ce ne sont pas les solutions qui manquent, il suffit de batifoler sur le DarkNet pour s’en rendre compte. Mais comment faire qu’on n’a pas le budget pour acheter le SafeCylinder numéro 27 (500 mètres carrés avec piscine à débordement) encore disponible dans la résidence hyper-sécurisée de Nouvelle-Zélande ? Si, si, vous savez, celle co-fondée par Elon Musk et Jeff Bezos, et qui propose…
Bref, vous ne pouvez pas aller en Nouvelle-Zélande, d’accord (et, non, vider le livret A ne suffira pas). Que reste-t-il ? Une solution locale, de proximité forte et de distance réduite tout en restant du coin : l’écobunker.
Survivre à l’apocalypse dans son nid douillet
Le concept a été développé par le beau-frère de Michael Reynolds, qui avait imaginé et commercialisé le principe du earthship aux Etats-Unis. Le earthship ? Une maison semi-enterrée, pensée pour l’autonomie et la résilience, qui essaime un peu partout dans le monde depuis les années 70. L’écobunker en est le dernier avatar, spécialement adapté à un monde où François Bayrou est premier ministre.
Mais mais mais, qu'est-ce donc que ce earthship ? Pour en savoir plus : « Escale en géonef, l’habitat résilient et autonome »
Première caractéristique : les éco-matériaux adaptés à l’architecture bunker. Comment encaisser le choc d’une ogive nucléaire « Tsar Bomba » – 57 mégatonnes, impact sur 200 km, pouvoir vitrifiant, dégraissant et ultra-absorbant – quand on tient à utiliser uniquement de la paille, des enduits terre et éventuellement un tissu géotextile ? Une solution s’impose : le mélange paille-terre argileuse-poussins broyés (je ne les ai pas évoqués sans raison), transformant la structure moléculaire de votre botte de paille en celle d’une brique en titane iridié – à condition de laisser sécher au soleil quinze jours.
Seconde caractéristique : l’autonomie complète. Les plans de l’écobunker, disponibles en Creative Commons licence BY NS FA NE HH NE FI EE JS RR 2.0, proposent plusieurs niveaux de circularité des réseaux, selon votre ambition. Au niveau 1, vous récupérez l’eau de pluie qui passe dans l’évier puis dans les toilettes. Au niveau 2, vous récupérez l’eau de pluie qui passe dans les toilettes puis dans l’évier, et vous vous dites que vous teniez le plan à l’envers, et qu’il va falloir reprendre tous les tuyaux, oh punaise. Au niveau 3, les toilettes sont sèches, l’eau vient de l’humidité de l’air ambiant absorbée par les murs en sopalin bio (qu’il convient d’essorer toutes les 20 heures – on n’a rien sans rien). Etcaetera, jusqu’au niveau 27 que vous laisse découvrir en ligne (#AlerteDivulgâchis : l’eau y est lyophilisée).

Sam Suffit en low-tech
Troisième caractéristique : la discrétion. Un bunker, ça s’est toujours bien fondu dans le paysage, un petit tour sur les plages normandes le prouvera. Votre écobunker est pensé pour perturber le moins possible la faune et la flore locale (systèmes racinaires, réseaux de rhizomes, terriers et galeries) tout en bénéficiant des apports géothermiques car, franchement, les pellets, « non merci ». C’est pourquoi le dernier modèle dispose d’un puits de descente avec des barreaux en bambou sur 600 mètres de galerie verticale, permettant d’accéder à une profondeur où vous ne risquez de déranger personne. Mon conseil plus : vérifiez de temps en temps la solidité des bambous.
Tout cela vous permettra de creuser votre véritable petit nid douillet, dans la douce chaleur émanant du manteau terrestre et sans risque de subir la perceuse de votre voisin à 22h30. En effet, l’écobunker est conçu avec des lignes douces, des courbes aériennes (même à 600 mètres sous terre), des lumières tamisées et des couleurs pastels.
De plus, tout le mobilier est issu du réemploi – une ressource qui sera facilitée dans un monde post-apocalyptique – et tout l’électro ménager est frugal, à commencer par cette version du Thermomix sans électricité ni électronique, repensé en mode « fiches perforées » par les meilleurs ingénieurs du low-tech lab de Concarneau.
Et il y a une table de ping-pong.
La suite de votre article après une petite promo (pour Tikographie)

« Les imaginaires, médiation culturelle de la résilience territoriale »
Notre prochaine table ronde réunira des intervenant.es puydômois.es autour des « imaginaires » et de la manière dont ces représentations culturelles façonnent notre engagement
48ème Rencontre Tikographie, jeudi 10 avril 17-19h (au KAP) – tous publics, accès libre
Merci pour votre temps de cerveau disponible ! Le cours de votre article peut reprendre.
Bien se nourrir à 600 mètres sous terre
Reste la question de l’alimentation. Quel régime adopter quand on habite à une telle profondeur et que, accessoirement, on n’a plus de poussins ?
D’aucuns penseront d’abord aux stocks de nourriture « du soleil » : ratatouilles, aïolis, bouillabaisse, couscous, tajines, tous ces plats du sud qui chantent les cigales et la Méditerrannée, qui exhalent les senteurs de garrigue, de lavande, que dis-je, de ces pierres chaudes dorées dans l’après-midi torride d’un mois d’août de Sicile, tous ces plats s’avèrent se transformer en bouillie grise et putride après 6 mois de lacto-fermentation. Donc on oublie.

Reste le plan B : les champignons de Paris. Et les endives. Cyrille Zen travaille actuellement sur un guide gastronomique post-effondrement, intitulé « 7 jours en boucle, 7 recettes éternelles », ou l’art de combiner endives et champignons de Paris. Astuce gourmande : un steack de chauve-souris, si vous parvenez à en attraper, se mariera idéalement avec la purée d’endives (jeudi) ou l’émincé de champignons de Paris (lundi). A moins que ce ne soit avec la mousseline d’endives à l’espuma de champignons de Paris (samedi), voire le vol-au-vent de champignons de Paris relevé d’un sorbet d’endives (dimanche). A voir.
Un chantier participatif dans la joie et la bonne humeur
Mais l’écobunker ne serait pas « éco » s’il fallait utiliser des pelleteuses et des grues : tout a été pensé pour être réalisé par un chantier participatif, où des bénévoles vous rejoindront (lors d’une permission sur le front russe, ou américain, on ne sait pas bien encore) et coconstruiront dans la joie votre tranchée.
Encore mieux : un « ecobunker survival kit » a été développé sur le modèle du fameux vaisselier NordStrüm de Ikea. Résultat : une notice visuelle, quelques sacs de visserie et un semi-remorque de paille, avec seulement 584 étapes d’assemblage. Le petit plus ? Les plaques d’isolation en laine de mouton clipsables, qui ont permis d’attribuer à l’écobunker le label « habitat léger 2025 ».

Vous pouvez d’ailleurs découvrir des prototypes d’écobunkers lors de la prochaine Journée du Patrimoine, en visitant les caves de la butte clermontoise. Si vous êtes sensible aux morsures de rats ou aux araignées poilues qui galopent dans le noir, la visite est cependant déconseillée. Cela reste néanmoins une expérience immersive passionnante, et ce n’est pas le groupe de touristes coréens qui s’est égaré une semaine en 2023 à 50 mètres sous la cathédrale qui dira le contraire.
Reportage par Damien Caillard (photos Canva), réalisé le 1er avril 2025. A la une : l’entrée de l’écobunker Hilton Paradise, dans la campagne bourbonnaise.
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